J.J. Abrams. Une catastrophe aérienne. Pacey de Dawson’s Creek. Un générique tout moche fait sur Powerpoint. Le grand monsieur tout maigre de The Wire et Lost. Les ‘‘scénaristes’’ de Transformers. Mark Valley et une vache.
Le pilote de Fringe c’est un peu comme la playlist du PC de Jéjé, il y a du bon (la bande originale de Wicked), du mauvais (le remix techno de ‘I Will Always Love You’ de Whitney Houston) et du n’importe quoi (le générique de Bibiphoque).
FRINGE
FOX – Mardi, 21.00
De J.J. Abrams, Roberto Orci, Alex Kurtzman
Avec : Anna Torv, Joshua Jackson (Dawson’s Creek), John Noble (Le Seigneur des Anneaux), Lance Reddick (The Wire, Lost), Kirk Acevedo (Oz), Mark Valley (Once and Again, Boston Legal), Blair Brown et Jasika Nicole.
Le pilote commence dans un avion qui relie Hambourg à Boston. Lors d’un orage, un passager particulièrement agité, prend son insuline et quitte son siège, lorsqu’il est rattrapé par l’hôtesse de l’air, le passager est pris d’une crise sévère d’acné. Un peu comme celui du capitaine Adama mais en pire. Rapidement, tout l’avion est infecté.
A son atterrissage à New York en pilotage automatique, deux agents du FBI qui cachent leur liaison, Olivia Dunham (Anna Torv) et John Scott (Mark Valley), sont chargés de découvrir la cause de la mort des passagers. Lors de leur enquête, Scott est blessé suite à une explosion et est infecté par le même virus. Dunham doit trouver un moyen de sauver son amant et partenaire. Sa seule chance est un chercheur, Dr Walter Bishop (John Noble), interné depuis 17 ans, qui ne peut être contacté que par l’intermédiaire de son fils Peter, (Joshua Jackon) qui ne lui adresse plus la parole.
ET….. ?
Le pilote a de beaux effets spéciaux, un Mark Valley totalement translucide, des passagers qui fondent comme neige au soleil, et des petits effets Powerpoint rigolos qui indiquent le lieu de l’action. Mais cela ne suffit pas à en faire un pilote captivant.
Ni la réalisation, ni le scénario et ni les acteurs n’arrivent à retranscrire une sensation d’urgence. La vie d’un homme est en jeu, mais il n’y a pas de suspens ou d’action (même artificielle comme dans 24) qui fait monter l’adrénaline. Un pilote comme Fringe devrait nous faire peur, nous surprendre, nous tenir en haleine. Et c’est loin d’être le cas.
Le premier problème est l’alchimie entre les acteurs. Pas une seule fois, Anna Torv nous vend qu’elle cherche à sauver l’homme qu’elle aime. Dans le pilote d’Alias, alors qu’il n’avait que très peu de scènes, le fiancé de Sydney était assez sympathique pour que sa mort signifie quelque chose. Ici, la relation entre Scott et Dunham paraît téléphonée et fade. Ce qui est plutôt étonnant venant de la part de J.J. Abrams. Généralement, le monsieur est assez doué pour concilier des événements extraordinaires avec la simplicité de la vie de ses personnages.
Encore plus étonnant, l’homme qui a découvert Keri Russell et Jennifer Garner, s’est vraiment trompé avec Anna Torv. L’actrice a l’air de s’ennuyer pendant l’heure et demie de ce pilote et manque clairement de charisme. Joshua Jackson est un peu la version masculine de Neve Campbell, un acteur limité avec une petite marque de fabrique. Son petit esclaffement lorsqu’il parle est aussi agaçant que le faux rire de Campbell.
Toujours du côté des relations humaines, le pilote met en place le trio de la série. L’agent du FBI, le scientifique instable et son fils. Le pilote ne montre que très peu l’évolution entre ces deux derniers personnages. Peter en veut énormément à son père, et n’est présent que parce que Dunham le menace de le livrer à un homme à qui il doit de l’argent. La relation, la mieux traitée ici, est conflictuelle, puis lors d’une des dernières scènes du pilote, Peter annonce que son père et lui ont commencé à renouer contact. Hors caméra ! Il aurait été plus judicieux de passer plus de temps avec Bishop et son fils, et montrer leur rapprochement dans la deuxième partie du pilote. Clairement présent contre son gré, le pilote se devait de mettre en avant les raisons qui ont fait que Peter décide de rester. Pour un pilote particulièrement lent, cette partie est traitée beaucoup trop rapidement.
En digne héritier de The X-Files, le pilote met les bases d’une mythologie complexe. Les trois personnages principaux semblent liés au mystère qui les entoure. Mais voilà, tout comme The X Files, il faudra trouver un bon équilibre entre épisodes mythologiques et anthologie. La série compte aller plus loin qu’Alias, en enquêtant sur des phénomènes paranormaux. Je ne suis pas contre, mais du côté des effets spéciaux, je suis partisan du ‘moins il y en a, mieux c’est’. L’une des scènes du pilote qui m’a le plus déplu est probablement la plus importante. Scott, dans le coma, partage un rêve avec Dunham. C’est une scène que j’attendais vraiment, et l’une des rares où les scénaristes prennent le temps de faire venir. Pourtant, les effets spéciaux ont gaché mon plaisir. Ils paraissaient peu réalistes et un peu cheap. J’espère qu’ils seront revus pour la version finale du pilote.
Contrairement aux autres projets de l’Eglise de l’Abramsologie (Six Degress, Cloverfield, What About Brian, Lost,…), J.J. compte participer activement à l’écriture de la série. Et c’est une bonne chose, parce que le pilote manque des marques de fabrique made in J.J. Abrams. Ces pilotes sont toujours originaux, et donnent des bases solides à ses séries. Ils ont un mélange équilibré d’action et mettent en avant la motivation des personnages. Ici, il n’y a même pas de triangle amoureux (si on exclut Dr Bishop, son assistante et la vache). Mais Fringe a le potentiel d’être un bon remplaçant d’Alias, si J.J. se décide dynamiser un peu sa série.
Malheureusement, pour le moment, j’ai trouvé le pilote peu enthousiasmant, aucun des acteurs ne sort du lot, et je ne suis vraiment pas pressé de voir la suite.
