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Gracepoint & Broadchurch - Avis sur la fin du remake et sur le début de la saison 2 de Broadchurch

Un Point sur les Séries: BroaderChurches

Par Conundrum, le 12 janvier 2015
Publié le
12 janvier 2015
Saison 2
Episode 1
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En l’espace d’un mois, nous avons eu le droit à la conclusion de Gracepoint, le remake U.S. de Broadchurch, et au premier épisode de la nouvelle saison de la série originale.

Comme je l’avais déjà expliqué dans une chronique, le remake, et même une suite, me paraissaient inutiles tant cette première saison se suffisait à elle-même. Broadchurch n’est pas un simple « mais qui a tué… ? ». Je dois quand même avouer que j’étais content de voir que ce n’est pas une jeune adolescente à la sexualité débridée qui a été tuée !

Broadchurch, c’est une série puissante sur la perte , le deuil et le fait de devoir vivre avec un lourd passé. C’était un sujet difficile que la série a su traiter avec brio et avec une finesse dont je ne soupçonnais pas l’existence chez le directeur d’écriture de Torchwood ! Un remake et une suite n’étaient pas nécessaires. A tel point que je ne pensais pas qu’elles méritaient leur propre critique, d’où, aujourd’hui, la double review du finale de Gracepoint et de l’épisode d’ouverture de la seconde saison de Broadchurch.

Et après avoir vu les deux, je dois avouer que je m’étais grandement trompé sur l’un de ces deux épisodes.

Même en nous promettant une fin différente et des épisodes en plus, un remake dans la même langue, avec les mêmes acteurs pouvait difficilement apporter plus à l’édifice. Sur ce point, Gracepoint a été un gros échec. L’intensité dramatique est peut être présente, mais l’émotion ressentie devant le finale n’égale en rien la déchirure face à l’oeuvre originale. Dan Futterman [1] et Anya Epstein, les showrunners américains ont fait une grosse erreur en partant sur l’idée que Gracepoint étaient destinée à ceux qui n’avaient pas vu Broadchurch. Les premiers épisodes du remake donnent l’impression d’être les épisodes anglais rejoués par d’autres acteurs. Partir du même point de départ était leur ambition. Mais même si les deux oeuvres n’étaient pas destinées au même public, proposer la même chose avec des acteurs qui n’ont pas le même accent invite la comparaison avec Broadchurch. Et sur ce point, elle ne peut pas aider la version américaine. Il n’y a rien de plus dans cette version américaine qui rend Gracepoint spéciale. Notre première impression de la série, c’est le déjà-vu.

Pire encore, lorsque la grande différence arrive, il est déjà trop tard. L’épilogue de Gracepoint est pourtant bien amené puisqu’il joue sur nos attentes de la série. En connaissant l’identité du meurtrier de Broadchurch, on s’attend à ce que le changement implique un meurtrier différent dans Gracepoint. Lorsque la caméra révèle la même personne, j’avoue avoir été étonné et agréablement surpris. L’identité du meurtrier de Broadchurch est la plus grande force de la série, mais pas pour l’effet de surprise de la résolution du mystère, mais pour tout ce que cela implique pour les personnages de la série. Puisqu’on nous promettait un épilogue différent, je m’attendais à la mort de Carver (David Tennant) à l’issue de l’épisode. Cela permettait d’avoir le même meurtrier mais une fin qui justifie de se taper une fanfiction rejouée par des acteurs de télé américains pendant 10 épisodes. Mais non, la production US a très bien amené, en se jouant du téléspectateur, l’identité du vrai tueur sans dénaturer la force de la révélation de l’implication du meurtrier original. Si Gracepoint était très loin de la qualité d’un Broadchurch, c’était un pari habile pour une suite potentielle et justifier l’existence d’un remake U.S. Mais jouer sa seule bonne carte en fin de jeu n’avance à rien, je me suis déjà lassé de la série. Et même si elle ne sera pas regrettée, ça n’a pas été assez pour sauver la série.

Gracepoint était un échec et j’attendais avec grande inquiétude la saison 2 de Broadchurch. J’avais très peur d’un nouveau meurtre dans la ville qui oblige à réunir Miller et Hardy. Avec de nouveaux meurtres, Broadchurch allait devenir aussi dangereuse que Wisteria Lane [2]. A ma grande surprise, le nouveau mystère de Broadchurch est bien trouvé puisqu’il s’agit du meurtre qui hante Carver lors de la première saison. La suite est aussi un prequel. Et vu l’impact de cette affaire sur Hardy, c’est une idée bienvenue. Mais ce n’est pas la meilleure de cet épisode. Parce que Broadchurch n’oublie pas qu’elle une série sur le deuil, l’autre grande intrigue de la saison est le procès de Joe. Et cela permet non seulement de continuer sur la lancée de la saison 1 mais surtout de justifier l’existence de cette suite sans faire perdre le caractère spécial de cette première saison.

Chris Chibnall, le créateur de la série, réussit habilement à continuer à explorer l’univers de la série sans s’éloigner de son sujet d’origine. Connaître la vérité ne signifie pas que l’affaire est close. Vivre avec l’idée que l’on a perdu un enfant est un processus sur le long terme qui passe par le fait que la justice soit faite. Mettre le procès de Joe et tout ce qui en découle au centre de la série permet aux scénaristes de continuer l’exploration de deuil des Latimer. La scène de l’exhumation du corps de Danny à l’issue de l’épisode est un excellent exemple de ce que cette saison peut nous apporter. Mis à part une scène où Joe annonce de manière cryptique qu’il y a d’autres mystères dans ce meurtre et les lourdes allusions au mystérieux mystère mystérieux entre Charlotte Rampling et Marianne Jean-Baptiste, cet épisode ne parait jamais artificiel. Chibnal a, à ma grande surprise, trouvé les bonnes raisons pour revenir à Broadchurch. Et quand on sait que l’une des inspirations de la série est Murder One, je me trouve étonnamment impatient de voir la suite.

Conundrum
Notes

[1Oui, oui, le mec qui apparaît au générique de Judging Amy !

[2Ou Cabot Cove comme le disent si bien les femmes du super podcast Stuff Mom Never Told You