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21 Drum Street - Les Morts Préférées de Conundrum dans les Séries

N°6: Why Can’t I Stay ?

Par Conundrum, le 23 août 2012
Publié le
23 août 2012
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Une belle mort dans une série est un exercice aussi difficile de manger un Paris Brest en gardant sa dignité. Bien trop souvent, et blâmons 24 pour cela, les séries jouent la carte de la mort d’un personnage pour le facteur choc et pour garder ou relancer artificiellement l’intérêt du téléspectateur.

Le pire dans tous ça, c’est que c’est très efficace.

L’annonce de la mort d’un personnage de Grey’s Anatomy m’a fait regarder, en avance rapide, un épisode d’une série que je ne suis même pas. [1] Bon, je n’ai pas aimé l’épisode, et je n’ai aucune envie de voir la suite, mais, alors que je m’ennuyais devant les derniers moments ridicules du personnage, j’ai commencé à lister mes morts préférées de série.

En voici quatre, et bien évidemment, spoilers si vous comptez découvrir Rubicon, Spooks, The O.C. ou The Sopranos.

1. David Hadas (Rubicon)

Même si elle a lieu dans le pilote et que, avec le recul, elle était un peu téléphonée, je ne l’ai pas vue venir et c’est le moment qui m’a vendu la série. Ce n’est pas tant son caractère choquant qui m’a plu, c’est l’exécution que j’apprécie.

Rubicon est série sur une conspiration, qui baigne dans la paranoïa. On voit David de dos mettre sa valise sur le porte-bagages, la caméra s’arrête sur une vitre, et on voit un train changer de voie et entrer en collision avec celui de David.

Alors qu’on la voit de nos propres yeux, pendant toute la série, je n’ai jamais été convaincu de la mort de Hadas. Entre ce qu’on choisit de montrer au téléspectateur (on ne voit pas le visage de David pendant la scène), et l’enquête de Will (la voiture du très superstitieux David est garée sur le chiffre 13), le téléspectateur, par cette mort, est plongée dans la série au même titre qu’un des personnages.

Le changement de showrunner après le pilote de la série, a peut-être joué dans l’évolution de Rubicon. Peut-être que le créateur de la série avait l’intention de faire revenir David, peut-être que l’enquête de Will allait l’amener à retrouver son mentor. En tout cas, une mort aussi bien traitée représente un moment parfait pour lancer une série.

2. Helen Flynn (Spooks)

Voici une autre mort forte de sens qui a lieu au tout début d’une série. Spooks, si vous n’avez pas encore écouté les bons conseils de Dominique de feu Le Village, est une série d’espionnage britanniques. L’une des caractéristiques de Spooks venait du fait qu’avoir son nom au générique de la série n’était absolument pas une garantie de longévité. Le CDI, ils ne connaissent pas chez Spooks. Et le téléspectateur le découvre dès le second épisode.

Un duo d’espions est découvert et sous les yeux de notre héros, le visage de sa partenaire rencontre une vilaine friteuse pleine d’huile toute bouillantissime. Cette mort, visuellement impressionnante, met en garde le téléspectateur : Spooks n’est pas une série américaine où les acteurs sont des atouts à garder à tout prix. Les départs d’acteurs ne doivent pas coïncider avec le calendrier des sweeps. Il n’y a pas d’épisodes spéciaux, et les morts ne sont pas toutes glorieuses ou héroïques. Un épisode anodin peut s’achever par le meurtre (ou le départ) d’un de vos personnages favoris.

En dix saisons, et surtout sur la fin, les morts devenait un peu prévisibles avec un fameux signe annonciateur : l’arrivée d’un personnage qui a exactement la même description de poste qu’un régulier téléphonait un peu la mort de ce dernier. Malgré tout, cet aspect donnait un caractère spécial à la série. Et c’est avec cette mort que tout a commencé. En tout cas, je vous assure que la série vaut le coup d’être écœuré des frites pendant deux, trois semaines.

3. Marissa Cooper (The O.C.)

The O.C. était une série destinée à suivre le chemin de Desperate Housewives. Avec un showrunner inexpérimenté à sa tête, la série a rapidement grillé toutes ses cartouches en saison 1. Après une saison 2 calamiteuse, il n’y avait plus trop de raisons de continuer la série une fois arrivée en fin de saison trois.

Il y avait plein de raisons à cela, mais nous, on le savait au fond de nous d’où venait le problème : c’était Marissa Cooper.

Après avoir été alcoolo puis lesbienne, après avoir changé d’école et d’amis, s’être mise avec puis séparée de Ryan et avoir trouvé le temps de se faire presque violer par le frère de son ex, il ne pouvait plus arriver grand-chose à Marissa. Les scénaristes de The O.C. sont alors arrivés à la même conclusion que nous : le Monde et la série seraient bien meilleurs sans elle.

La saison 4 commence sur de nouvelles bases, et alors que la série aurait pu plonger dans un mélo avec plein de chansons geignardes en bande sonore, The O.C. se découvre une nouvelle vie. Un nouveau personnage, incarné par Autumn Reeser de… The Thrilling Adventure Hour [2], donne un ton plus léger à la série. Mieux encore, le deuil de Ryan le rend plus mature et s’intègre parfaitement dans l’optique « passage à l’âge adulte » d’un teen show.

Comme quoi, une série, c’est bien mieux si on fait ce que pErDUSA demande.

4. Christopher Moltisanti (The Sopranos)

Ce n’est pas la meilleure mort de la série, Adrianna a ce privilège, mais lorsqu’elle survient lors de la dernière saison, elle met le téléspectateur face à une évidence : il n’y a pas de rédemption possible pour Tony Soprano.

Je dis souvent que je n’aime pas les séries du câble. The Sopranos a lancé cette vague de personnages à la morale vacillante qu’il est bien cool d’aimer, à la Don Draper, Dexter ou Walter White. Si certaines s’en sortent plutôt bien, la plupart n’ont pas le courage de confronter le téléspectateur face à ses sentiments.

Dans une scène particulièrement troublante, Tony décide qu’il est temps de tuer son neveu. C’est l’une des preuves les plus marquantes de ses troubles psychologiques. On ne peut plus justifier son attitude par un respect des codes d’honneur de la mafia, son instabilité ne peut plus être ignorée.

On parle beaucoup trop de la scène finale de la série. On oublie souvent le courage de cette fin de série qui confirme les craintes d’un téléspectateur impliqué à l’image d’un Docteur Melfi, dans l’avant-dernier épisode, qui découvre qu’elle ne peut rien faire pour lui.

Et quand Shonda la Merveilleuse sera capable de tuer un de ses personnages de cette manière (idéalement Sandra Oh), je pourrais peut-être me poser sur le canapé avec Iris et Jéjé lorsqu’ils regardent Grey’s à Casa pErDUSA.

Conundrum
Notes

[1Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas parlé de Shonda La Merveilleuse, vous et moi.

[2Avouez que vous ne l’avez pas vu venir celle là !