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Lone Star - Critique du premier épisode (soit la moitié de la série)

Lone Star: La Meilleure Série (Bientôt Annulée) de la Rentrée

Par Ju, le 22 septembre 2010
Par Ju
Publié le
22 septembre 2010
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Pour un amateur de séries, cette semaine c’est un peu Noël (ou la fête pseudo-religieuse à base de cadeaux de votre choix). Après des mois de vache maigre, toutes les séries ou presque reprennent en même temps, et toutes les nouveautés apparaissent les unes à la suite des autres. Mais ces nouveautés n’apparaissent pas seules, elles sont en effet accompagnées de quelque chose de bien moins agréable. Un doute. Celui de passer à côté d’une vraie, bonne série, perdue dans la masse.

Heureusement pour vous, pErDUSA est là (et par "pErDUSA", je veux dire "moi et mes parenthèses"). Permettez-moi donc de vous rappeler (bien cordialement) de regarder le meilleur pilote de cette rentrée très chargée : celui de Lone Star.

Qu’est-ce que c’est ?


Lone Star, c’est la nouvelle série de la FOX diffusée le lundi soir après House.

Elle a été créée par un nouveau venu dans le monde de la télé, Kyle Killen, dont les inspirations sont principalement Breaking Bad et Mad Men. Mais comme il n’y connait rien, le bonhomme, la FOX lui a associé les anciens scénaristes principaux de La Vie à Cinq. Ensemble, ils ont concocté le pilote ayant reçu les meilleures critiques de cette rentrée 2010.

Environ trois personnes ont regardé le premier épisode cette semaine.

De quoi ça parle ?

Lone Star, c’est l’histoire d’un chic type qui s’appelle Bob.

Bob, en plus d’avoir un prénom vraiment formidable, est un arnaqueur professionnel. Sa spécialité, c’est l’abus de confiance. Il embobine ses victimes avec des mensonges bien rodés et leur vend des parts dans des exploitations pétrolières fictives. Et comme Bob a une bonne tête, il y arrive très bien. Tellement bien, en fait, qu’il en est venu à mener une vie super compliquée où il jongle avec deux maisons, deux boulots, deux groupes entiers d’amis Facebook (son statut : It’s complicated), et deux femmes superbes.

Trop dure, la vie !

Là où ça devient complètement invraisemblable, c’est quand on se rend compte que la moins séduisante de ses femmes est interprétée par Adrianne Palicki.

Le reste, ses deux vies, tout ça, je peux comprendre. Je m’identifie même bien à ses difficultés, ses frustrations, moi qui mène également une double-vie (en tant que playboy millionnaire de jour, et rédacteur vedette de pErDUSA les nuits où je ne combats pas le crime [1]). Le problème de Bob, c’est qu’il veut arrêter les arnaques. Il veut se ranger. Avec ses deux femmes.

En d’autres termes, Lone Star aborde les petits problèmes de nos vies à tous.

C’est avec qui ?

Un mélange de nouvelles et d’anciennes têtes.

James Wolk (un nouveau) est impeccable dans le rôle de Bob, et il est responsable à lui seul d’une grande partie de la réussite du pilote. Les deux femmes de Bob sont jouées par Adrianne Palicki (une ancienne dissimulée derrière une nouvelle couleur de cheveux) et Eloïse Mumford (une nouvelle).

Du côté des "méchants", on retrouve Jon Voight (un ancien) dans le rôle de J.R. Ewing, tandis que le père de Bob est interprété par David Keith (un anc... putain mais qu’est-ce que c’est que cette tête ???).

Et c’est bien ?

C’est mon pilote préféré de la rentrée.

Et je sais de quoi je parle, en plus de celui-ci je n’ai eu le temps de regarder que ceux de Nikita et Hellcats.

C’est dans ce genre de moment, quand je suis vraiment enthousiasmé par une série, que j’aimerais travailler pour une organisation moins noble que pErDUSA, dans une publication destinée aux petites gens où j’aurais tout loisir de simplifier à l’extrême mon opinion au moyen d’un chouette logo "Coup de Coeur de la Rédaction", un torchon où j’aurais pu attribuer trois ou quatre Ju d’Or à ce pilote.
Voire même une Patate Super Contente.

Malheureusement, je bosse sur un site élitiste, donc je vais développer un minimum.

Lone Star, c’est un pilote super bien réalisé, bien interprété, et très bien écrit.
Et à la vue de ce qu’on nous propose à côté, même en ayant une vision encore assez incomplète des nouvelles séries, c’est déjà beaucoup.

Du côté visuel des images qui bougent, c’est Marc Webb qui s’y colle. Marc Webb, c’est le réalisateur de (500) Days of Summer (que je n’ai pas vu, parce qu’un abus de séries m’a rendu incapable de me concentrer pendant 1h35), et il fait un excellent boulot sur la réalisation de ce pilote.
Visuellement, c’est très travaillé. Comme dans Friday Night Lights, le tournage au Texas donne un charme certain aux images. Et la musique, omniprésente, est parfaitement utilisée. Ici, pas d’enchainement de chansons à la mode, la plupart des morceaux proviennent d’un seul groupe (Mumford & Sons) et tiennent une place intégrale dans les scènes où ils sont utilisés. Dans l’idée, et encore une fois, on n’est pas trop éloigné de Friday Night Lights et Explosions in the Sky.

Mais un emballage soigné n’aurait que peu d’intérêt si le contenu manquait d’intérêt. Demandez à Boardwalk Empire. Heureusement, le pilote de Lone Star est loin d’être chiant, et il propose surtout une intrigue principale originale. Ce n’est pas une énième série policière, pas un remake, pas une série mystérieusement pompeuse, non. C’est une idée de série toute neuve.

Parmi les critiques que j’ai pu lire sur ce pilote, celle qui revient le plus concerne la viabilité de son intrigue sur la durée. En d’autres termes, il s’agirait d’une idée de film, pas de série, il n’y a pas de quoi tenir plusieurs saisons.
Je suis d’accord, et curieux de voir comment les scénaristes vont gérer leur affaire. Cependant, ce n’est pas forcément ce qui m’inquiète le plus. Là où certains n’arrivent pas à s’imaginer qu’il y ait de quoi faire une série entière, moi j’ai presque vu le problème inverse : il y a deux séries bien différentes dans ce pilote.

La première, c’est une série sur un arnaqueur, ses boulots plus ou moins longs, la façon dont il gère ses mensonges de plus en plus énormes. Derrière cette idée se cache un vrai potentiel pour une série passionnante.
La deuxième série, très clairement, c’est le primetime soap qui se joue du côté de la famille de riches exploitants de pétrole. On nous fait la totale : une société qui vaut des millions, un patriarche qui fait peur, un beau-frère jaloux, en bref, c’est Dallas 3.0 [2]. Et là, c’est moins mon truc.

Ce qui me fait peur c’est qu’avec les prochains épisodes l’équilibre soit rompu entre le soap et la série ambitieuse sur un arnaqueur. Dès le départ, il y a quand même un gros déséquilibre : on passe beaucoup plus de temps chez les riches que dans l’autre vie de Bob et, surtout, l’intégralité des personnages principaux (hormis la deuxième femme et le père) appartient à la famille Ewing. Potentiellement, ça pourrait poser problème. Surtout si la série avait la mauvaise idée de tomber dans des intrigues répétitives où Bob échapperait chaque semaine à la malveillance de son beau-frère mesquin.

Le dernier problème de ce pilote, un peu plus anecdotique, c’est que les personnages secondaires sont à peine esquissés. Autant ce premier épisode nous rend Bob très sympathique, très vite, avec une efficacité redoutable en dépit du fait qu’il soit un parfait salaud, autant il est difficile d’en dire autant des autres personnages. Pour l’instant, les deux épouses ont des caractères un peu interchangeables, et les méchants sont vraiment méchants.
Et si la scène où Bob se fait draguer est là pour nous montrer qu’il est amoureux de ses deux femmes, je n’ai pas vraiment ressenti son attachement à son « Épouse La Plus Moche Jouée Par Adrianne Palicki » dans le reste de l’épisode. Tout ça ne demande donc qu’à être un peu plus creusé.

Mais bon, ces petites imperfections et les problèmes potentiels de la série ne sont finalement que peu de choses. Ce qu’il faut retenir, c’est que ce premier épisode était parfaitement enthousiasmant.

Ça, et le fait que Lone Star ne devrait pas tarder à être annulée.

Ju
Notes

[1Je suis Batman.

[2Le 2.0, c’est ringard.