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Lost - Critique de l'épisode 14 de la saison 4

There’s No Place Like Home (3): La Mort du Docteur Ducon

Par Ju, le 10 juin 2008
Par Ju
Publié le
10 juin 2008
Saison 4
Episode 14
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Bonne nouvelle les amis ! En raison d’un phénomène spatio-temporel inexplicable, la critique que je viens seulement de commencer à taper est déjà complètement terminée au moment où vous finissez cette phrase. Et puisqu’il n’est pas dans mon caractère de créer des paradoxes dans le continuum espace-temps susceptibles d’engendrer la destruction totale de l’Univers, je n’ai pas d’autre choix que de vous donner mon avis sur le dernier épisode de la saison 4 de Lost.

Si cette critique a été un peu plus longue à venir que d’habitude, ce n’est pas uniquement parce que l’épisode était très dense, et certainement pas parce que le trouble obsessionnel-compulsif qui m’oblige à rendre mes reviews à l’heure semaine après semaine a été guéri. Non, c’est simplement parce qu’il m’a fallu un peu de temps pour digérer ce que j’avais vu et pour me rendre à l’évidence : ma saison préférée de Lost s’était achevée sur un épisode sympa.

Et ça, c’est une énorme déception.

Autant être clair tout de suite, je suis conscient que ma légère indifférence vis-à-vis de There’s No Place Like Home est en partie de ma faute. En effet, il était impossible que l’épisode puisse satisfaire à mes attentes (que j’avais pourtant essayé de réduire au maximum) ou encore rivaliser avec le season finale de l’année dernière.
Malheureusement, le problème ne vient pas uniquement de moi, et je pense que les scénaristes se sont vautrés sur plusieurs points assez importants. Ce que je vais donc faire dans la suite, c’est aborder les thèmes majeurs de l’épisode et essayer de voir ce qui m’a empêché d’être complètement enthousiaste face à ce final.

Et pour commencer, parlons flash-forward.

WE HAVE TO GO BACK ! BUT NOT YET !

Il y a un an, quand après le quarante-septième indice je me suis enfin rendu compte que la Barbe du Docteur Ducon était en réalité la Barbe de Jack du Futur, je ne pensais pas que la série allait autant embrasser le concept de flash-forward.
Autant j’imaginais bien que les scénaristes puissent en utiliser un de temps en temps, calé entre un interminable flash-back sur la petite enfance de Kate et une amusante anecdote sur le début de calvitie de Locke, mais je ne croyais vraiment pas qu’ils allaient autant inverser la donne.

Après tout, c’était le meilleur moyen de tuer tout suspens, non ?

Pourtant, une saison plus tard, l’expérience avait tout d’une réussite : la désagréable impression typiquement lostienne de perdre son temps devant une intrigue bouche-trou avait quasiment disparu (la vie sexuelle de Juliet faisant office d’exception), le teasing qui consistait à nous faire deviner de façon plus ou moins subtile ce qui était arrivé aux Oceanic 6 fonctionnait bien. En bref, tout allait pour le mieux… jusqu’au dernier épisode où, finalement, les flash-forwards ont montré leurs limites.
Une fois arrivé au season finale, on en savait beaucoup trop sur ce qu’il allait se passer, il ne restait presque plus aucune surprise, et vous avouerez qu’il y a plus excitant pour un final que de passer son temps à remplir les trous dans une intrigue dont on connaît déjà le dénouement. Sawyer allait trouver une raison pour rester sur l’île, les Oceanic 6 allaient être sauvés, Jin allait « mourir », Ben être téléporté dans le désert tunisien dans une doudoune très saillante… où est le suspens ?

Le pire, c’est que je suis sûr que cette impression aurait été nettement moins marquée si les scénaristes s’étaient gardé une petite surprise sous le coude : la disparition de Lildelost. Je pense que si on n’avait pas su à l’avance ce que Ben et Locke voulaient faire en descendant dans la station, l’épisode aurait été bien plus surprenant. A moindre frais. Sauf que non, apparemment, il fallait absolument tout nous raconter il y a trois semaines…
Là, désolé, mais j’ai du mal à comprendre l’intérêt.

La Barbe de Jack ne comprend pas non plus...

Dans le même ordre d’idée, j’aimerais qu’on m’explique en quoi il était audacieux de terminer la saison sur la révélation du cercueil. Soyons sérieux, il ne pouvait s’agir que de Locke ou Ben, et même si j’étais persuadé qu’il s’agissait de ce dernier (et que j’étais content d’avoir tord), le mystère est un peu faiblard pour achever la saison.
Encore une fois, ça contribue à mon indifférence plutôt qu’autre chose, et le fait qu’on ne dépasse chronologiquement le final précédent que de quelques scènes est assez réducteur au niveau surprise.

Ceci dit, et sans vouloir retirer quoi que ce soit à une critique bien plus dure que ce que à quoi je m’attendais, c’était quand même trop cool de reprendre exactement là où la saison 3 s’était terminée.

LE MEILLEUR MOMENT DUCON DE LA SAISON

Parfois, il en faut peu pour me faire sortir d’une scène, et rigoler bêtement tout seul.
Alors quand les personnages sont bloqués dans une situation invraisemblable, devant un fond bleu, dans le but de faire monter le suspens de façon complètement artificielle, j’ai encore plus de mal à rester concentré.

Petite illustration. Victorieux, nos héros sont confortablement installés dans l’hélicoptère et rejoignent gaiement le bateau de PapaPenny. Les oiseaux chantent. La vie est belle. En bref, tout serait absolument parfait si le trou par lequel leur carburant était en train de s’échapper n’avait pas été plus gros qu’une pièce de deux euros.
Rapidement, tout le monde s’active, Lapidus tapote sur son tableau de bord en faisant semblant de ne pas entendre les hurlements hystériques du Docteur Ducon, tout objet inutile est jeté par-dessus bord, et après une blague un peu déplacée sur le poids d’Hurley, Sawyer « décide de rester ».

Au moment même où Sawyer touche l’océan, Jack lance un regard plein de regret en direction de son rival, un regard hilarant qui ne peut vouloir dire qu’une chose : « Mince, un sacrifice héroïque ! Pourquoi je n’y ai pas pensé plus tôt ! Sois maudit, Sawyer ! Tu ne me laisses pas d’autre choix que d’oublier immédiatement ce que je viens de voir, et de réécrire cette scène dans ma tête de façon à en être le seul, l’unique, héros ! »
Ce qui explique, entre autres, la scène dans Something Nice Back Home où le bon Docteur Ducon rappelait à Kate qu’elle n’avait aucune raison de rendre service à Sawyer parce qu’il avait « décidé de rester », alors que lui, Jack, était revenu, et que lui, Jack, l’avait sauvée.

Effectivement, présenté comme ça…

Sawyer se sacrifie, donc, dans une scène un poil ridicule, un poil overzetop, mais pas complètement incroyable. Contrairement au sauvetage de Claire il y a quelques épisodes, je peux croire que Sawyer décide de sauter pour aider Kate, Hurley, et dans une moindre mesure Sayid et Jack, des personnages avec qui il a… vous savez… partagé quelques scènes depuis le début de la série. Pas comme Claire.
C’est d’autant plus crédible qu’il ignore, à ce moment là, que ses « amis » n’auront jamais l’occasion de revenir le chercher par la suite, bien trop occupés qu’ils étaient à éviter d’exploser et se crasher dans l’océan.

Après avoir battu le record du Monde du 4km Nage Libre à Contre Courant en Jeans, Sawyer rejoint Juliet sur la Plage des Cons, juste à l’heure pour l’apéro. Je vais passer rapidement sur le côté pseudo-érotique de la scène pour parler un peu de cette pauvre Juliet, plongée dans sa bouteille de Rhum, bien triste d’avoir vu son bateau exploser (et tuer plein de monde, accessoirement), et complètement anéantie à l’idée de n’avoir été d’aucune utilité pendant toute la saison.
Un point commun qui, par la suite, la rapprochera sans doute de Sawyer. Et de Claire. Et de Charlotte. Et de Jin. Et de Miles. Et de Locke. Et de la Statue Géante de Pied à Quatre Orteils.

LES PARACHUTISTES DE L’INUTILE

Au milieu d’un double épisode rempli de scènes d’action haletantes, de coups de couteau dans le cou, d’embuscades de Les Autres, et d’explosions… explosives, trois personnages ne semblent avoir qu’un seul objectif : nous rappeler qu’ils existent.

Sur la Plage des Cons, la scène qui réunit Miles, Charlotte et Farfadet, puisqu’il s’agit d’eux, ressemble plus à l’admission d’une défaite qu’à autre chose, une excuse à demi-mots en provenance de scénaristes bien trop conscients d’avoir introduit une grosse poignée de nouveaux personnages, de ne pas s’en être servi, et de ne pas avoir eu le courage de faire ce que tout scénariste un peu respectueux de son travail aurait fait : les enterrer vivants.
Dès le départ, l’arrivée du scientifique génial, de l’anthropolomorphisteuse et du… heu… médium, semblait venir d’une volonté de nous donner des réponses sur Lildelost, aussi bien à travers les secrets de l’électromagnétisme, les mystères de la civilisation disparue sculptrice de pieds, et les… heu… fantômes. Le problème, c’est que les scénaristes n’avaient aucune envie de répondre à ces questions cette année, aucune possibilité d’introduire les personnages plus tard, et du coup ils n’ont servi quasiment à rien.

Et non, au passage, je suis loin de considérer la désactivation d’un gaz mortel en combinaison antiradiation dans un épisode indépendant centré sur Juliet comme quelque chose de nécessaire à l’intrigue.

Au final, on se rend bien compte que les vraies victimes de la grève des scénaristes, ce sont les membres d’équipage du bateau. Regina, Minkowski, le Docteur Ray, le capitaine, Keamy et Omar, « They Took My Son », et les Parachutistes de l’Impossible, autant de personnages qui ont vu leur importance diminuer drastiquement quand un des épisodes qui devait leur être consacré a été le premier à disparaître pour cause de bataille en rangs serrés pour l’obtention de 3 centimes de plus sur les ventes de DVD.

Chaque grande cause à ses martyrs.

Donc, pour en revenir à nos Parachutistes de l’Inutile, leur scène a tout d’une tentative désespérée de nous faire croire que Charlotte et Miles sont des personnages à part entière. Du coup, Miles a cinq répliques (youhou !), et Charlotte fait son possible pour qu’on s’intéresse à autre chose qu’à son physique et son accent adorable.
Peine perdue. Qu’elle soit née sur Lildelost ou non, ça ne change pas rien au fait qu’elle a passé les trois-quarts de la saison sur la plage à faire des gros yeux en écoutant Farfadet parler du bruit des vagues qui n’est pas tout à fait le même que dans le Monde réel.

En même temps, on la comprend un peu.

D’ailleurs, pour un scientifique brillant aux arguments indisputables, et même s’il était sans conteste le meilleur nouveau personnage de la saison, Farfadet n’est pas trop fute-fute comme mec. En effet, il aurait quand même dû savoir que c’était une idée modérément intelligente de monter sur un petit bateau rempli uniquement de figurants.

LA LAPINE A VOYAGÉ DANS LE TEMPS

Assez bizarrement, je n’ai pas grand-chose à dire sur la disparition de Lildelost. Elle était là, tranquille, au milieu de l’océan, à s’occuper de ses affaires. Puis, il y a eu une jolie lumière blanche dans le ciel. Puis plus d’île, juste l’océan. Rien de bien surprenant..

On savait déjà que l’île allait être déplacée puisque, dans le futur, Widmore ne peut pas la retrouver. On savait aussi que la station botanique servait en réalité à mener des expériences sur l’espace-temps. On savait enfin que Ben allait être téléporté en parka dans le désert tunisien.
La seule chose qu’on ignorait vraiment, c’était par quel moyen l’île allait bouger. Et là, je l’avoue volontiers, je n’avais pas deviné qu’il suffirait que Ben tourne une Roue Surgelée pour que Lildelost s’évapore dans un PLOP ! solennel, au moment même où, à travers le Monde, les fans qui espéraient encore une explication rationnelle aux mystères de la série ont vu tous leurs rêves se briser.

Pauvres, doux naïfs.

Une jolie photo qui n’a rien à voir

En dehors du fait que je préfère toujours les voyages dans le Temps aux fantômes, ce que j’ai beaucoup aimé dans cette intrigue c’est le moment où Ben balaie en une seule réplique tout le mysticisme qui pouvait encore rester autour de Dharma : l’Orchidée, comme toutes les stations de l’Initiative, avait pour unique fonction de mener des expériences idiotes.
Au moins, ça a le mérite d’être clair.

L’idée réapparait aussi dans la juxtaposition entre la vidéo du Docteur Halliwax qui nous explique fièrement que la machine derrière lui sert à faire voyager les lapins dans le Temps de quelques dixièmes de seconde, et le mécanisme primitif, à peine quelques mètres plus bas, qui a le pouvoir de faire disparaître toute une île.
C’est une façon bien élégante de rendre à Lildelost tout son mystère, et même si j’aime autant les lapins qui voyagent dans le Temps que n’importe qui, j’accueille volontiers cette nouvelle vision de Dharma, la communauté de hippies qui n’exploite même pas une portion du potentiel réel de l’île.

Ce que j’aime moins, par contre, ce sont les effets spéciaux foireux qui ont pas mal réduit l’impact de cette scène… et d’un paquet d’autres. Les îles générées par ordinateur ? C’est pas mon truc. Sayid et Jack qui sortent la tête de l’hélico pour voir le carburant s’envoler ? Fond vert évident. L’explosion du bateau ? Images de synthèse grotesques. Le crash de l’hélico ? Inutile et mal foutu.
En étant gentil, je veux bien mettre ça sur le compte de la précipitation (ils étaient encore en train de tourner 2 semaines avant la diffusion de l’épisode), mais quand même… c’était moche, et comme souvent avec les effets spéciaux, ils auraient peut-être dû se contenter d’en montrer le moins possible.

MENSONGE MENSONGE

Avant de passer à un sujet bien plus intéressant, essayons tous ensemble de suivre les méandres du raisonnement du Docteur Ducon pour tenter (en vain ?) de comprendre la raison exacte qui l’a poussé à taire la vérité sur ce qui est arrivé aux Oceanic 6.

Oui, je sais, c’est un peu fatiguant, mais il y a de quoi se poser des questions.

Si j’ai bien tout compris, la première explication qui se cache derrière ce mensonge, c’est que le Docteur Ducon est un mec à la fois prétentieux, borné, et hyper influençable. Alors quand Locke lui dit qu’il va devoir mentir, évidemment, il commence par le prendre de haut. Puis, après y avoir un peu réfléchi, il se rend compte que demander à ses « amis » de mentir et les voir obéir bêtement sans poser de question a quelque chose de très satisfaisant pour son ego, ce qui transforme la suggestion toute bête de Locke en la plus chouette de toutes les bonnes idées du Monde.
Et quelque part, jusque là, je suis d’accord avec Jack.

Si on entre un peu plus dans l’explication telle qu’elle nous est présentée, elle continue à avoir du sens : l’idée est d’embrasser le mensonge qui existe déjà à propos du crash, pour ne se pas se mettre à dos les gens forcément très puissants qui se cachent derrière cette conspiration, des personnes suffisamment importantes pour mériter des majuscules et des noms communs très vagues comme « Eux » ou « Ils ».

Apparemment, « Les Autres » était déjà pris.

Par contre, et il fallait bien que ça arrive, la dernière partie de l’explication n’a aucun sens. D’après Jack, puis plus tard Sayid, si les Oceanic 6 ne doivent rien dire de Lildelost, c’est pour protéger ceux qui, pour reprendre l’expression consacrée, ont « choisi de rester ».
Alors là, je veux bien que ça soit très gentil de se faire du souci pour les gens qu’ils ont lâchement abandonnés derrières eux, et d’avoir peur que « Eux » s’en prennent à… heu… eux, mais moi, à leur place, si j’avais vu le gros tas de terre qu’on appelle Lildelost se volatiliser d’un seul coup, emportant avec elle ses Montagnes, ses Forêts et ses Iles aux Trésors, je n’aurais pas trop peur qu’on les retrouve.

Est-ce que ça n’aurait pas été un peu plus simple, franchement, de dire qu’ils ont choisi de mentir parce que la vérité était trop incroyable ?

DES&PEN4EVA !

Je vois que ceux qui ne se sont pas endormis commencent à s’impatienter, il est donc grand temps de parler de Desmond David Hume et Penelope Widmore, d’utiliser des mots compliqués pour décrire leur amour maudit, leur destinée digne d’une tragédie grecque, et faire le portrait de ces deux amants perdus qui jamais, non Jamais ! ne….

Bon, ok. La seule surprise de ce final, c’était les retrouvailles de Penny et Desmond.

Même si je me doutais bien que Penny, la Reine des season finales, ne pourrait pas s’empêcher de faire son apparition annuelle dans cet épisode, je ne m’attendais vraiment pas à ce qu’elle retrouve Desmond aussi vite. Il reste encore deux saisons, les cocos. Et s’il y a bien une chose à laquelle je ne m’attendais pas, c’est à ce que la scène soit aussi peu émouvante. Voilà, c’est dit, pour moi elle ne fonctionne qu’à moitié, et c’est quand même un peu dommage.

La première chose qui m’a dérangé, c’est la surprise. Contrairement à The Constant, ici le suspens n’a pas le temps de monter, on n’a pas le temps d’anticiper, et l’investissement en est nettement réduit. L’avantage c’est que cette impression se dissipe au second visionnage, donc tout n’est pas perdu.
Mon deuxième souci est plus grave : à mon avis la réunion n’a pas été vraiment méritée dans cet épisode, et elle arrive peut-être un peu trop tôt dans la série. Si ce deuxième point peut se comprendre (Sonya Walger ne manque pas de boulot…), le premier est plus embêtant dès lors qu’on parle d’une histoire qui avait jusque là un côté épique très prononcé. Déjà, Desmond ne fait pas grand-chose pendant l’épisode, à part répéter « Boom ! » sur un ton dramatique (ce qu’il fait très bien), et manquer de se noyer (ce qui n’est pas très flatteur, vous l’avouerez). Pour le côté épique on repassera. Ensuite, le sauvetage de tout le monde par Penny est quand même un poil pratique… On se retrouve avec un Penny Ex Machina qui aurait pu laisser un très mauvais arrière-goût si toutes mes pensées négatives n’avaient pas disparues au moment où, ENFIN, ils se sont retrouvés !

Qu’est ce que vous voulez que je vous dise ? C’était beau !

Awwwww !

Reste à savoir ce que ce rebondissement aura comme conséquences sur la suite, et plus précisément sur l’avenir de Desmond et Penny dans la série. Si on sait qu’il n’est jamais trop bon d’avoir le droit à un happy end avant la toute fin d’une histoire, on peut au moins se réjouir de ne pas être devant une série de Joss Whedon, où, inévitablement, dans la scène suivant leurs retrouvailles, Penny aurait été attaquée par une horde de requins. Une mort douloureuse soulignant ainsi tout le côté tragique du personnage, et renforçant la règle qui veut que personne n’échappe à son destin et que les gens heureux en couple finissent toujours par voir leurs organes internes exploser.

La moins bonne nouvelle, a priori, c’est qu’on peut deviner une implication réduite de Desmond dans les saisons suivantes. Je pense.
En gros, deux intrigues semblent indiquer des retours obligatoires : d’un côté Ben veut tuer Penny pour se venger, et de l’autre Desmond va peut-être être forcé de retourner sur Lildelost avec les Oceanic 6, Lapidus, le corps sans vie de Locke, et le vieux Walt, qu’il le veuille ou non. En somme, deux intrigues incontournables qui pourront être fusionnées en une seule, selon la disponibilité des (formidables) acteurs, mais qui semblent impliquer des retours limités…

Ce qui n’est pas totalement une mauvaise nouvelle en ce qui me concerne, car même si j’aime beaucoup les personnages, il faut bien admettre que Desmond est rarement bien utilisé, voir utilisé tout court, en dehors de ses propres épisodes. Autant ne s’en servir que lorsque sa présence est vraiment nécessaire à l’intrigue.

ILS SONT TOUS MORTS ! OU PAS !

Ceux qui sont tristes de devoir quitter Desmond peuvent s’estimer heureux, quand on voit le sort qui a été réservé à ses deux compagnons de toujours, ses grands amis, enfin… aux deux autres personnages qui n’avaient rien d’intéressant à faire pendant ce final, et qui se sont du coup retrouvés de corvée de déminages. Je parle bien sûr des autres membres fondateurs des Fabuleux Démineurs Intercontinentaux, Michael et Jin.

Pour faire simple : Boom.

Commençons par le plus drôle des deux, celui dont le retour avait été annoncé avec fierté un peu partout l’été dernier, Michael. Ce qui est drôle n’est pas tant le fait qu’il a explosé… quoique… mais plutôt qu’Harold Perrineau soit revenu, en gros, pour un épisode et plusieurs petites scènes. Quelque part, je comprends bien la réaction un peu énervée de l’acteur lors de son interview pour TV Guide le lendemain de la diffusion de l’épisode.
Oui, effectivement, Lindelof et Cuse se sont foutus de lui en le faisant revenir pour si peu, et je le plaindrais presque s’il n’avait pas été payé grassement pour une saison toute entière où il n’est quasiment pas apparu. Le fait est que son personnage ne me manquera pas plus que ça.

Jin, quant à lui, n’est sûrement pas mort. Il a échappé à son terrible sort, il a survécu à l’explosion d’une montagne de C4 grâce à ses mouvements de Kung Fu. Ou un autre truc, je ne sais pas. En tout cas, il n’est pas mort, ça non.
Il faut un intérêt scénaristique au retour de Sun sur Lildelost, et je ne crois pas qu’il faille aller chercher plus loin que ça. Par contre, je n’aime pas beaucoup la manipulation qui consiste à ne pas nous révéler son sort, car dans tous les cas, l’intérêt est très limité. Si Jin est effectivement en vie, la surprise sera nulle, on s’en doutait. Si Jin est mort, il fallait absolument le confirmer immédiatement, sans quoi l’impact émotionnel est non-existent. Pour s’en convaincre il suffit de voir la scène de l’explosion, à peine émouvante (et uniquement grâce au talent de Yunjin Kim). Merde, ils ont réussi à ce que je m’investisse dans la mort du Hobbit, et là, rien ? Le seul vrai suspens, j’en ai peur, réside dans une mignonette conduite en état d’ivresse de Daniel Dae Kim, qui m’empêche de trouver toute cette intrigue d’un ennui total.

Mais passons. Il est nécessaire d’observer une minute de silence pour honorer la mémoire de ceux qui ont donné leur vie pour ce final : nos amis les figurants ont été décimés, et c’était encore plus drôle que lorsqu’ils se faisaient tirer dessus les uns après les autres devant un Sawyer qui leur hurlait de se mettre à l’abri. Ici, personne ne leur dit qu’il y a une bombe, personne ne les prévient qu’ils vont exploser avant qu’ils ne soient trop tard, et pas un n’essaye même de monter dans l’hélicoptère.

Ils connaissent leur place, c’est bien.

En temps normal, j’aurais bien continué à me moquer de la disparition de tous ces gens pas très malins qui ne servaient à rien, mais là j’ai un peu de mal à garder le sourire quand je pense qu’on vient de nous ajouter, d’un coup, plein d’autres figurants. Plein de Les Autres figurants, pour être plus précis, des nouveaux gens pas très malins qui ne servent à rien et qui (nouveau !) s’habillent comme des ploucs.
J’imagine en tout cas qu’on les retrouvera l’an prochain en compagnie de leur nouveau Chef Suprême, Locke… au moins jusqu’à sa mort, un suicide inévitable quand il s’est rendu compte que c’était la seule possibilité qui lui restait pour avoir une quelconque influence sur la saison.

Faut le comprendre, c’est pas son truc les saisons paires.

ET MAINTENANT ?

Maintenant, chers lecteurs, cette critique touche à sa fin. Oui, je sais, déjà. Mais séchez vos larmes, sous peine de manquer le dernier point que je voulais aborder. Il faut quand même que je vous parle deux minutes de la saison 5, et de ces nombreuses intrigues qui ne manqueront pas de nous passionner.

Peut-être.

En fait, j’ai un gros doute.

Je crois l’avoir déjà écrit plus haut (qui se souvient encore du début de cette critique ?), mais le principal problème de ce final par rapport au précédent c’est qu’il laisse très peu de place à l’imagination. Non seulement la fin de la saison 3 nous offrait de gros indices sur la suite directe de l’intrigue (l’arrivée du bateau), mais elle se permettait en plus de nous montrer quelques éléments encore plus distants avec l’introduction des flash-forwards.
Rien de tel ici, on est à peine plus avancé quant à la suite de l’histoire qu’il y a un an.

Si dans un sens c’est une bonne chose de garder des éléments secrets pour préserver la surprise, le problème vient du fait que ce qui nous est révélé n’a rien de très enthousiasmant. Voir la fine équipe se rassembler et essayer de retourner sur Lildelost pendant toute une saison, moi ça me branche moyennement. Et si les deux scènes où Sun se prend pour une femme d’affaire impitoyable étaient sensées me donner envie de voir la suite, c’est raté.

Trop. Bien.

Quant au tout petit aperçu qu’on nous donne de l’histoire sur l’île, j’ai rarement vu aussi navrant. De mauvaises choses se sont passées après leur départ, c’est terrible ! Si c’était pour faire du teasing générique qui ne fait pas du tout rêver, il aurait sans doute mieux fait de se taire. Surtout que, bon, les Oceanic Six n’avaient pas besoin de ça pour se motiver, non, pas eux, après tout il fallait porter secours à leurs « amis », Sawyer et Juliet !

Hmm… c’est tout ?

Non… il faut aussi sauver le chien et quelques figurants !

Le seul espoir qu’il me reste repose sur la structure de la série. En effet, tout laisse à croire que les flash-forwards sont terminés pour de bon, et je commence à penser qu’il n’y aura peut-être pas du tout de flash-backs traditionnels en saison 5, et que les scénaristes pourraient garder ceux de Ben ou Rousseau, entre autres, pour la toute fin de la série… J’avoue que s’ils arrivent à nous donner envie de revoir des flash-backs après en avoir dégouté tout le monde pendant 3 ans, je serais assez admiratif.
Reste donc une saison 5 qui se déroulera potentiellement en temps réel, avec d’un côté la Team Ducon, et de l’autre les événements qui se sont passés sur Lildelost après leur départ… tout ça en gardant en tête la possibilité que l’île peut avoir voyagé dans le Temps, et que la période à couvrir n’est pas forcément très longue. J’adore écrire ce genre de phrase.

Dans un an à la même époque, j’espère juste ne pas avoir l’impression de m’être tapé une saison dont le seul but était de gagner du temps en attendant la fin de la série.
A priori, on sait déjà que la cinquième saison sera consacrée au retour sur Lildelost, et pour des raisons évidentes, on peut deviner que ce retour ne se produira pas avant la toute fin. Libre alors à la suivante d’en explorer les conséquences, et d’apporter quelques réponses plus ou moins satisfaisantes. On verra si, en dépit d’une histoire dont on connaît à l’avance la structure et les grandes étapes, les scénaristes arriveront cette fois à maintenir le suspens jusqu’au bout.

En attendant, le Docteur Ducon est mort, vive la Barbe de Jack.

Ju
P.S. La semaine prochaine, rien du tout. Repos. Vacances. Cure de désintox. Au choix.
Et en 2009, on parlera un peu de Lost.