Critique des meilleures nouvelles séries télé (et des autres)
Regarde critique sur les séries TV actuelles

Ma Semaine à Nous - Critique de l'épisode Semaine de la saison Semaine

N°61: Semaine du 10 au 16 mars 2008

Par la Rédaction, le 17 mars 2008
Publié le
17 mars 2008
Saison Semaine
Episode Semaine
Facebook Twitter
On parle de comédie musicale, d’Arrested Development, de Buffy, de The Wire : pas de doute, vous êtes bien sur pErDUSA, le seul site à caractère légèrement monomaniaque. Mais on garde même un peu de place pour parler des séries qui pourraient malheureusement passer inaperçues, comme Aliens in America, Eli Stone et Breaking Bad.
Adhir Kalyan, le Rajaa d’Aliens in America, est en page d’accueil pour cette soixante-et-unième semaine.

My Musical
Gizz a fumé un gros joint jaune

Quand on a passé trois jours dans les théâtres du West End Londonien entre deux sessions d’une nouvelle intégrale d’Arrested Development, il y a des associations logiques qui se créent. En l’occurrence, l’idée d’une adaptation idéale de série télévisée en comédie musicale. Car oui, ADev est la série parfaite à adapter aux planches de Broadway (même si Drum a démontré l’an dernier que 24 serait un candidat envisageable), et en voici les principales raisons.
Tout d’abord, une partie du casting a déjà fait ses preuves en matières de compétences vocales et chorégraphique. David Cross est un Dieu vivant, Tony Hale est le fondateur du car-break-dance, et Michael Cera chante (sic) et joue de la guitare. Certains passages de la série sont même déjà des grandes réussites musicales, je ne citerai que le Big Yellow Joint, Afternoon Delight, Teamocil, et la grande palette (à compléter, pour la plus-value) de Chicken-Dances. Les éléments dramatiques sont même déjà complètement ancrés dans l’histoire de la série. La prison est un lieu idéal pour les chorégraphies de groupe, l’amour interdit (de George-Michael et Maeby) est un grand classique toujours efficace, l’homosexualité latente et la période de travestisme de Tobias sont même complètement en accord avec les valeurs tolérantes du Musical. Je passe les détails sur les différentes morts/disparitions/tours de magie/trahisons qui peuplent la série et dynamisent une scène comme il faut. Et surtout, élément primordial, comme l’a si bien chanté Spamalot "you won’t succeed on Broadway if you don’t have any Jews", est un problème surmonté grâce à la conversion du père de famille pendant son incarcération.

Et pour donner un avant goût du résultat, voici une idée de ce à quoi pourrait ressembler la tracklist de ce futur hit.
01) Welcome to the O.C. / The Most Important Thing Is Family
02) We need Michael
03) I am an actor !
04) Les Cousins Dangereux
05) Say Goodbye To These
06) Chicken Dance
07) Caged Wisdom
08) My Twisted Family
09) Saddam & Some More...
10) We Need Michael (reprise)
11) I’ve Made A Huge Mistake
12) The Most Important Thing Is Family (reprise) / Finale

J’en bave d’avance...


Aliens : The Justin Tolchuck Chronicles
Drum n’est pas un alien à pErDUSA, enfin presque

Il y a surement de meilleures séries qu’Aliens in America. Et la plupart n’ont pas Scott Patterson dans leurs distributions. Pourtant, chaque semaine, je suis agréablement surpris par cette sitcom.

Aliens in America est l’histoire d’une famille typique américaine qui accueille un étudiant pakistanais musulman. La série, en apparence, véhicule un message de paix et de tolérance... vite oublié, passé le second épisode. Rajaa aurait pu être Hindou, Africain, Chinois, ou être littéralement alien, Aliens in América est juste une sitcom familiale où un élément extérieur permet une (légère) analyse sociologique très drôle. Comme dans Third Rock from the Sun ou... Larry et Balky.

On parle de sexe, d’alcool, de racisme et de religion dans la série sans passer par la case ’tonight, a very special episode of’.
Cette semaine, Lindsay Tolchuck a passé la nuit en boite avec une fausse carte d’identité et n’a pas l’air d’avoir bu que du Champomy. Elle n’a pas failli se faire violer et elle n’a pas failli avoir d’accident de voiture, elle est bien sûr punie, mais il n’y a pas de message moralisateur sur les méfaits de l’alcool.

Les personnages sonnent vrais dans Aliens. Justin est un ado typique. Gentil, un peu benêt, pas assez intelligent pour être geek, au physique banal, Justin n’a pas de but dans la vie, à part celui de passer totalement inaperçu et de survivre au lycée.
C’est peut être ma confession musulmane ou le fait que la série soit écrite par les auteurs d’Happy Family, mais je passe d’excellents moments devant Aliens in America.


My Wire Sense is Tingling !
Ju parle de The Wire tout en parlant d’autre chose

Cette semaine était diffusé le dernier épisode de The Wire. Mais je ne vais pas vous en parler, et je ne vais pas vous parler non plus de la cinquième saison. Non, plutôt, j’ai envie de vous parler d’un des invités de Stephen Colbert.
Il faut savoir que, même si je regarde tous les épisodes du Colbert Report, il m’arrive très souvent de zapper l’interview qui conclut l’émission, en fonction du sujet abordé. Hors, cette semaine, Stephen recevait Sudhir Venkatesh, un sociologue spécialisé dans les classes sociales défavorisées aux Etats-Unis, qui venait faire la promo de son dernier bouquin « Gang Leader for a Day ». Mon Wire Sense n’a fait qu’un tour, je me devais de regarder l’interview, et effectivement elle était à la fois drôle et intéressante.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là, puisqu’en surfant à droite à gauche, j’ai découvert que Venkatesh avait également écrit une série d’articles où il raconte son visionnage de la saison 5 de… The Wire… en compagnie d’anciens dealers dont il a fait la connaissance pendant les plusieurs mois passés sur l’écriture de son livre. Ca s’appelle « What Do Real Thugs Think of The Wire », c’est assez surréaliste, mais je pense que ça vaut la peine d’y passer quelques minutes et je vous le conseille.

Et puisque, bien malgré moi, j’ai commencé à parler de The Wire, je vais quand même vous dire la seule chose qui m’est passée par la tête quelques secondes après la fin du dernier épisode, à savoir une envie irrésistible de revoir très vite la première et la quatrième saison.
Non pas que les autres ne valent pas le coup d’être revues, loin de là, mais ces deux saisons représentent le mieux ce que j’adore le plus dans cette série qui ne ressemble à aucune autre. La première impose son ambiance et son rythme avec une facilité incroyable. La quatrième relève tout simplement du chef d’œuvre télévisuel. L’écriture est d’une précision diabolique, les 13 chapitres forment un bloc d’une cohérence inégalée, et pour éviter d’en rajouter avec les superlatifs, j’ajouterais juste qu’il est impossible de ne pas être envoûté dès les premières notes du générique de chaque épisode.

Que ceux qui se plaignent qu’on parle toujours de la même chose se rassurent, il est fort probable que c’était la dernière fois que je vous embêtais avec The Wire. Réjouissez-vous, dès la semaine prochaine je pourrais recommencer à vous parler de Survivor. Youhou…


La télé sur papier continue (Buffy spoiler alert !)
Blackie a quelque chose à dire à Joss et à Drew

Cela fait un an que la saison 8 de Buffy a commencé en format comics, sans grève au milieu, et l’œuvre fétiche de Joss refait autant parler dans la presse et sur le net qu’à son premier numéro. Tout cela à cause du nouvel arc intitulé Wolves at The Gates et qui vient de démarrer sous la plume du grand, très grand Drew Goddard, le seul homme au monde à pouvoir prendre jusqu’à huit personnes de la rédac dans ses bras en même temps (dommage Gizz, y’a plus de place !). Les réactions ont depuis explosé de toute part, positives comme négatives, et m’agacent considérablement pour la majorité. La raison, c’est que je les trouve à côté de la plaque.

Pour rappel, le sujet d’autant d’attention est une planche où l’on apprend que Buffy vient de coucher avec Satsu, une slayer amoureuse d’elle. Joss Whedon n’a pas tardé à expliquer à son public que Buffy est à un âge où elle expérimente, qu’elle est ouverte d’esprit et n’est pas devenue gay tout à coup. C’est-à-dire qu’il ne nous ressort pas la même chose qu’avec Willow, car le réchauffé d’intrigue serait franchement indigne de lui et bien le seul point sur lequel il a intérêt à nous rassurer.

Pour résumer, non seulement il n’y a pas d’âge pour explorer sa sexualité (oui je le contredis un peu), mais Buffy a fait du chemin mentalement concernant sa vision de l’homosexualité (sa première réaction face à Willow n’était vraiment pas terrible) et elle s’est énormément décoincée sexuellement au fil des ans. Quand on est morte deux fois, il paraît normal de vouloir tout essayer dans sa vie. Ce moment avec Satsu n’est donc pas "out of character".

Non, la seule chose sur laquelle les lecteurs devraient débattre concerne la façon abrupte par laquelle ce moment non anodin arrive. Dans le numéro précédent, Buffy rembarrait longuement mais gentiment Satsu, soulignant bien qu’il n’y avait aucune chance entre elles malgré la flatterie d’un tel intérêt. Quelques pages plus tard, elles ont déjà fini leurs galipettes et discutent de la façon de gérer cela. Bonjour l’ellipse… Où sont ses pensées, ses sentiments qui l’ont amenée à changer d’avis ?

Même s’il est certain que nous aurons droit à plus d’introspection par la suite, il n’empêche que je trouve l’entrée en matière de cette sous-intrigue maladroite et semblant vouloir créer des réactions vives plus que donner sens aux actions des personnages, comme cela a toujours été le cas. Car peu importe finalement que Satsu soit une femme ou un homme, le seul problème de cette sous-intrigue est qu’elle mal amenée. Je préfère tout de même croire qu’il s’agit là d’un petit faux pas, peut-être dû à un format permettant d’en dire moins qu’à la télévision, plutôt qu’un coup marketing un peu naze de la part de Joss et Drew.

Tout cela pour dire que le faux-débat autour de cette scène me paraît inutile et que surtout, les coucheries de Buffy m’indiffèrent un peu. Ne pourrait-on pas avoir plutôt droit au coming-out d’Andrew, histoire de rectifier l’erreur (c’est Joss qui l’admet) commise dans The Girl in Question ? Ou nous dire enfin qui est ce fichu Twilight ? Cela, c’est un sujet prise de tête !

Mais ce que je retiendrai le plus de cette première partie de Wolves at the Gates est le retour d’un personnage que j’adore grâce à Drew. Celui-ci était à l’origine d’Antique, mon histoire préférée issue de Tales of the Vampires (seul recueil canonique du Buffyverse avec Tales of the Slayers et Fray, avant cette saison 8 ), et y reprend des éléments faisant la liaison entre son nouvel arc et l’épisode Dracula de la saison 5. Et moi, rien que de penser à Manservant et son Master me fait sauter au plafond d’anticipation.
Merci, Drew.


Say "God" one more time, and I’m gonna puke...
Gizz a des choses à dire sur Eli Stone

Oubliez ce titre. C’est relativement faux. Car, fait exceptionnel, je ne lève pas les yeux au ciel (athéiquement parlant, je ne regarde personne là haut) quand j’entends "God" ou "Greater purpose" depuis quelques temps. Le coupable ? Un ancien drogué écossais aux cheveux blonds, devenu un brillant avocat doté d’une éthique et d’un trou dans la tête. Eli Stone. Les raisons de son succès sur un Déiphobe comme moi ? Tout d’abord, comme l’a dit Jéjé la semaine dernière, Jonny Lee Miller est d’une efficacité redoutable dans ce rôle. Eli est attachant, drôle, bon avocat, touchant... Ensuite, la série est tout simplement bien construite.
Les personnages secondaires sont presque tous géniaux (j’ai des réserves sur Natasha Henstridge et Tom Cavanaugh, même s’ils m’ont agréablement surpris plusieurs fois au cours de ces sept premiers épisodes), Victor Garber victorgarbise comme il faut dans le rôle du patron froid mais paternaliste et droit. Julie Gonzalo est d’un charme redoutable quand elle met les pieds dans le plat, et Sam Jaeger rafraichit le poste de petit con arrogant. Les procès qu’on a pu voir jusqu’alors sont relativement originaux, et les différentes manoeuvres judiciaires et argumentaires tiennent plutôt bien la route. En plus de ces réussites personnelles, les différentes interactions entre tout ce beau monde sont des petites réussite à chaque essai. Que ce soit quand la classique confrontation d’amour vache entre Eli et son patron Jordan ou dans l’improbable collaboration entre Taylor et Matt. De nombreuses situations du même acabit restent à explorer, et chaque personnage a vraiment de quoi apporter de l’eau au moulin de plusieurs manières toutes plus touchantes ou drôles les unes que les autres. Et parlons-en, de l’humour. Il est sobre, parfois burlesque, mais plus souvent discret, et on n’appuie surtout pas dessus, ce qui en fait son charme. Les acteurs balancent leurs phrases à zygomatiques au sniper à silencieux plutôt qu’au canon scié (j’ai gagné un prix au Concours de la Métaphore), et l’effet en est beaucoup plus agréable. Morceaux choisis approximatifs :
"- Is he my son ?

- Yes.... I’ve been pregnant for eight years...
"

"First George Michael, and now a Gospel Boy Choir, aren’t you starting to question yourself ?"

Mais toutes ces réussites ont eu du souci à se faire du côté de mon estime. Car au milieu de tout ça, flotte tout de même un gros nuage de surnaturel, que de nombreuses allusions à Dieu et à un "Greater Purpose" (envoyez une traduction correcte sur perdusa@gmail.com si vous avez l’illumination) tentent d’expliquer. Et c’est généralement là que le bât blesse... Or, la légèreté de ces explications, l’agnostisme global, et les petites piques contre les institutions religieuses m’aident à garder mon repas au fond de l’estomac. J’espère que la série ne me décevra pas par la suite, son capital sympathie venant surtout du fait que je n’attendais rien d’une série de ce type.

Mais j’ai foi en elle.


La drogue, c’est mal ! Les séries dessus avec Bryan Cranston, strobien !
Blackie is breaking bad

A peine démarrée, à peine le temps de dire que son Pilote est extrêmement prometteur, que Breaking Bad s’en va déjà. Neuf épisodes commandés pour une saison aussi magistrale (je n’exagère même pas), c’est très peu. Seulement sept de produits au final, pour cause de cette fichue grève qui continue à nous casser les pieds (yeah pour les scénaristes, mais recommencez pas, merci), et je suis passée trop rapidement d’une bonne appréciation à un amour total. Dire que je suis accro serait une blague un peu naze, mais assez véridique. En cette saison creuse, je ne pensais pas tomber sur un bijou pareil.
La série de Vince Gilligan est tout bonnement fascinante, crue, honnête, et sait parfaitement enchaîner ses moments comiques et tragiques, comme ses épisodes intenses et ses souffles nécessaires. Rien à redire, rien à expliquer sur trente lignes, il suffit de voir pour comprendre.

Malgré un manque de publicité qui sera peut-être corrigé grâce aux rediffusions, l’accueil critique fut favorable et les scores d’audience sont revenus à un nouveau raisonnable. Donc je ne m’inquiète pas trop sur le fait qu’il y aura une saison 2.
En attendant, Walter, Skyler, Jesse et les autres me manquent terriblement et si je m’écoute la chanson "Who’s Gonna Save my Soul" en boucle, ce n’est pas uniquement parce que j’aime beaucoup Gnarls Barkley, mais parce que c’est la dernière chose que l’on ait entendue dans la série. Me refaire une intégrale me semble nécessaire.

Si vous ne l’avez toujours vue, que vous aimez les drames intelligents, l’humour noir, les personnages et les situations traités de manière réaliste, il ne faut surtout pas passer à côté de Breaking Bad. Sachez également que la fabrication d’amphétamines n’est qu’une excuse et non le coeur même de la série. Et étant donné qu’il n’y a pas grand-chose en ce moment, il n’y a aucune excuse pour passer à côté.


la Rédaction