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Mom - Retour sur Mom et ses épisodes un peu plus sérieux

Mom (Un Point sur la Série) : Il n’y a pas que Mad Men dans la vie !

Par Conundrum, le 9 avril 2015
Publié le
9 avril 2015
Saison 2
Episode 18
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C’est la première critique de Mom sur pErDUSA. Il est assez étonnant de voir qu’une série qu’on apprécie tant à la rédaction ne soit que très rarement mise en avant sur le site.

A notre décharge, ce n’est pas notre faute.

Une série co-créée par le mec qui nous a donné Two and a Half Men, ça ne donne pas envie. Se dire qu’il est aussi l’un des co-créateurs de The Big Bang Theory ne convainc pas non plus. Alors on a mis du temps à s’y mettre.

Faut dire que le type qui adore se positionner en tant que victime face à ces vilaines actrices et de leurs fichus sales caractères de femmes difficiles qui lui ont pourri la vie dans les années 90 n’est pas nécessairement l’homme qu’on aimerait voir à la tête d’une série aux thèmes aussi sensibles que ceux abordés dans Mom.
Mais ici, il n’y a pas trop à s’inquiéter, car il travaille, entre autres avec Gemma Baker.

Ancienne scénariste de Two and a Half Men, Chuck Lorre lui a présenté son idée d’origine de faire une sitcom sur une jeune mère à problèmes et qui aime beaucoup boire. Si rire d’une femme qui néglige sa famille au profit de la bouteille n’était la meilleure idée de Chuck Lorre, demander l’aide de Gemma Baker, en revanche, a mis Mom sur la bonne direction. C’est elle qui a eu l’idée de faire de Christy, une femme, membre des Alcooliques Anonymes qui essaie de devenir meilleure et de réparer ses erreurs.

Et cette version de Mom est bien plus intéressante que le postulat de base que Lorre cherchait à développer. Sous l’impulsion de Gemma Baker, Mom devient une sitcom drôle où l’on rit de sujets sérieux car nous sommes du côté de l’héroïne sans la juger. On n’échappe pas aux blagues un peu grasses et salaces, mais étrangement, de la bouche d’Allison Janney, ça passe beaucoup mieux que de celle de Charlie Sheen.

Et cette semaine, Mom nous a donné un épisode particulièrement réussi avec Dropped Soap and a Big Guy on a Throne. Tellement réussi que je suis surpris de son manque d’exposition médiatique. Et le retour de Mad Men n’excuse en rien cet oubli. Dans la première partie d’un double épisode, Bonnie retombe dans l’addiction. En règle générale, j’ai toujours un peu de mal avec les intrigues qui tournent autour de la drogue et de l’alcool. C’est souvent un prétexte pour un épisode avec une intervention et un arc plus ou moins long à l’issue duquel l’addiction ne sera que très rarement abordée.

Mais, de temps en temps, entre un Bailey Salinger et une Bree Van De Kamp, il y a un Leo McGarry. Sa définition de l’alcoolisme dans l’épisode de la saison 1 de The West Wing où on le menace de le dévoiler au grand public, et la justesse de traitement de cette intrigue sur le long terme était brillante. Elle l’est encore plus lorsque l’on écoute le commentaire DVD très touchant de son interprète. Mais cela reste un arc d’un personnage dans une série à la distribution importante. Mom en fait le thème central de sa série sans se répéter.

Bonnie a déjà replongé en saison 1, mais ici c’est très différent. Elle sort d’une période de deuil où elle a eu l’occasion de boire mais s’est montrée forte. C’est un événement anodin, une chute sous la douche, qui la fait chuter. Le tout dans un épisode bien amené où, initialement, le téléspectateur est amené à s’inquiéter pour Christy. Mom rappelle que rester sobre est un combat permanent, ce n’est pas juste une carte à sortir pour scénaristes en manque d’inspiration en période de sweeps. Être alcoolique ne définit par un personnage, mais la quête (ou non) de sobriété est un facteur majeur qui explique ses actions.

Mais le plus marquant est que cette efficacité dans la retranscription de cette lutte ne vient pas d’un drama d’un câble ou d’une dramédie d’une demi-heure, mais d’une vraie comédie de networks des plus classiques.
Le problème des comédies traditionnelles ne vient absolument de ces fameux rires enregistrés et de l’aspect théâtral qui leur donnent un aspect rétro. Être jeune et riche dans une grande métropole à la recherche de l’amour [1] semble être la seule raison de mettre une comédie traditionnelle à l’antenne quand on sort du cadre familial. Raconter une intrigue plus sérieuse sous couvert de comédie semble automatiquement exclure ce support de production et passer obligatoirement par une comédie à caméra unique plus stylisée. Mom montre régulièrement qu’on peut être pertinent, drôle, avoir des blagues un peu salaces, ces satanées rires enregistrés et ces décors en carton-pâte.

Si vous n’avez pas encore commencé la série, "Dropped Soap and a Big Guy on a Throne" est un très bon épisode pour réaliser ce que vous manquez. Et puis, si Matthew Weiner a commencé sa carrière dans The Golden Girls, c’est qu’il y a une raison.

Conundrum
Notes

[1ou d’un bon coup