Gordon, it’s my sister you’re wearing
Pauvre Peter Krause ! Il n’a vraiment pas de chance avec les Gordon : dans Sports Night, ils lui piquent ses chemises et ses copines, dans Parenthood, ils lui pourrissent son job, son Thanksgiving et sa relation avec sa sœur.
Gordon annonce donc à Adam qu’il a vendu l’entreprise. Mauvaise nouvelle pour l’ainé Braverman mais excellente nouvelle pour ceux qui, comme moi, pensent que la télévision américaine ne peut pas survivre avec plus de deux Baldwin sur la même chaine (même si Adam de Chuck n’a aucun lien de parenté avec Alec de 30 Rock).
L’évolution de cette intrigue met en avant quelque chose qui me plait dans Parenthood : la lenteur de l’avancée des intrigues. D’une semaine à l’autre, ce sont les mêmes thèmes qui reviennent. J’avoue que cela rend un peu difficile la distinction d’un épisode à un autre et la fâcheuse impression de se demander si on regarde un inédit ou une rediffusion. Cependant, chaque semaine, Gordon montre qu’il est un égoïste arrogant assez lâche et qu’il profite d’Adam. Et après huit épisodes, il s’est enfin passé quelque chose : Gordon a vendu l’entreprise.
J’aime le fait que la série ne cherche pas à montrer un problème et le régler en 42 minutes. Chaque épisode montre une facette différente du même problème, et dans cette intrigue, je trouve le traitement d’Adam particulièrement pertinent. Adam est censé être un chic type, le grand frère sur qui tout le monde peut compter, le bon chef d’équipe mais aussi le bras droit efficace, le bon père de famille et le mari aimant. C’est aussi et surtout le personnage le plus sombre de la série à mes yeux.
J’avais lu quelque part que NBC, suite au succès de Modern Family, voulait que les producteurs de la série, fassent de Parenthood un drama plus léger. Le problème dans ce raisonnement est que Parenthood n’a pas de moments vraiment dramatiques qui permettent de donner à la série plus de profondeur et de gravité. Sans tomber dans l’hystérie bipolaire permanente de Brothers and Sisters, Parenthood manque de scènes vraiment poignantes.
Pourtant, la direction et le jeu impeccable des acteurs, tant adultes qu’enfants, laissent penser que la série pourrait aisément flotter entre les deux eaux assez naturellement. Adam en est l’exemple parfait : la seule scène de cette saison deux qui m’a vraiment impressionnée a été la confrontation d’Adam et Zeke sur le bateau, dans l’épisode où Adam frappe un homme qui a insulté son fils. Adam est un chic type bourré de rancœurs, qui peut aisément craquer. Ses problèmes avec la maladie de son fils, et la pression qu’il se met au travail et dans sa famille font de lui un homme, d’apparence calme, toujours sous tension.
Peter Krause joue un peu toujours dans le même registre, mais contrairement à Lauren Graham, j’avoue que son jeu, où même dans les moments légers il arrive à garder le côté triste de son personnage, m’impressionne un peu. Et me fait penser qu’insister à regarder cette série pourrait me donner satisfaction dans le futur.
Ou pas.
Parce qu’après cette critique élogieuse de la série, il faut remonter les points qui font qu’on ne parle pas de Parenthood sur le site. La lenteur de la série est tout à l’avantage de l’intrigue d’Adam, en revanche, passer sept épisodes sur huit sur les monologues du vagin de Joel, c’est tout de suite moins cool. Lors de la première saison, je craignais que Joel ne soit la Julia ou le Joe de Parenthood. En personnage régulier qui n’a que quelques lignes de texte, je m’attendais un rôle assez limité. Et maintenant, qu’il parle en saison 2, j’ai du mal à accrocher au personnage. Et ce n’est pas l’insoutenable cliffhanger de l‘épisode précédent, où Joel quitte la direction de la pièce de théâtre des enfants suite à la ‘trahison’ de Crosby qui va aider.
L’autre gros souci que je n’avais pas vu venir est la présence de Lauren Graham. Après sept ans de Gilmore Girls, la voir dans un rôle similaire aussi rapidement me gène beaucoup. Graham joue encore dans le même registre et j’ai une mauvaise impression de ZachBraffisation de l’actrice. [1]
A sa décharge, l’utilisation de son personnage le limite aussi énormément. La saison 1 mettait déjà en avant la relation Adam – Sarah, et les faire travailler ensemble cantonne le personnage à son rôle de mère de famille ou de petite sœur d’Adam. Il est assez étonnant de voir le peu d’interactions qu’elle a avec le reste de la distribution. Même Joel, cette année, semble être mieux intégré que Sarah.
Autre fait qui joue contre elle, après une saison et demie, je regrette toujours l’absence de Maura Tierney. Je me dis que la version originale de la série devait être plus sérieuse et devait avoir un peu plus de cachet. Bref, que la série de base était surement la série que j’attendais. Mais malgré ses défauts, Parenthood est assez plaisant à suivre. J’espère juste qu’elle aura le temps de trouver son rythme de croisière avant que NBC ne l’annule.
[1] A savoir un acteur qu’on aime beaucoup mais qui avec le temps est devenu l’un des pires boulets de la télé.