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Persons Unknown - Critique du premier épisode de la série

Persons Unknown: Les Prisonniers du Restaurant Chinois de Nulle Part

Par Ju, le 4 juillet 2010
Par Ju
Publié le
4 juillet 2010
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Ah, l’été ! Cette période magique où les networks ressortent des cartons leurs programmes achetés sur un coup de tête dont ils ne savent plus trop quoi faire. Bienvenu dans le monde impitoyable des séries estivales aussitôt vues aussitôt oubliées. À la carte aujourd’hui, Persons Unknown, thriller paranoïaque à la sauce cheapos.

Et voilà, à peine une introduction d’écrite, et je commence déjà les généralisations basiques et très peu dignes d’intérêt. Oui, c’est un peu facile de juger une série uniquement sur la façon dont elle est traitée par sa chaine. Non, ce n’est pas parce que Persons Unknown est diffusée en plein creux de la vague télévisuelle qu’elle est forcément nulle.

Si elle est nulle, c’est pour plein, plein d’autres raisons.

Qu’est ce que c’est ?

Persons Unknown est une série dont l’origine est un peu inhabituelle.

Sans passer par l’étape de l’épisode pilote, elle a été produite à l’internationale avec pour objectif d’être vendue d’un seul bloc, en tant que produit complet de treize épisodes. C’était fin 2008. C’était pour Scifi Channel.

Deux ans plus tard, Persons Unknown débarque enfin, larguée au milieu de l’été, sur NBC. Et c’est dans cette genèse un peu particulière que repose toute l’originalité de cette série.

De quoi ça parle ?

Sept personnes se réveillent dans une ville fantôme. Ils ne se connaissent pas, ne savent pas pourquoi ils sont là, et sont surveillés en permanence par des caméras placées un peu partout. Oui, oui, ça rappelle un peu beaucoup Le Prisonnier.

Ou Big Brother.

S’en suivent plusieurs tentatives d’évasion plus ou moins intelligentes, de la parano de tous les côtés, des situations absurdes, et à peu près tous les clichés auxquels vous pouvez vous attendre dans une série conspirationniste dépourvue de la moindre idée originale.

Les personnages crient, les personnages pleurent, les personnages ont de terribles secrets. Ils manient répliques clichés et réactions incompréhensibles avec un talent évident. Le téléspectateur, lui, se fait un peu chier sur les bords.

C’est avec qui ?

Comme pour faire écho au titre, d’une façon tout à fait consciente ou bien parce que personne d’autre ne voulait signer sur le projet, on ne retrouve que peu de têtes connues parmi les acteurs.

Les amateurs de séries reconnaitront sans doute Alan Ruck (Spin City) et Jason Wiles (Third Watch / New Yor 911). Les amateurs de jolies australiennes connaissent peut-être Daisy Betts, qui tient le rôle principal. Les amateurs de jambes qui n’en finissent pas se souviendront longtemps de Kate Lang Johnson.

Le pilote a été réalisé par Michael Rymer, bien connu des fans de Battlestar Galactica pour avoir mis en image les meilleurs épisodes de la série (et son final).

Et c’est bien ?

Vous vous souvenez, il y a 20 secondes, quand j’ai dit que Persons Unknown manquait terriblement d’originalité et qu’on s’y ennuyait ferme ? Hé bien, les problèmes ne s’arrêtent pas là.

Car en plus d’être globalement chiante, la série est très frustrante.

Frustrante, parce que les personnages font parfois preuve d’intelligence, sauf quand ça arrange les scénaristes. Frustrante, parce que les intrigues pourraient être bien plus supportables si les dialogues étaient un peu plus travaillés.
Sur ce point, le premier épisode a failli me perdre très rapidement, quand les personnages ont commencé à vraiment abuser des mots « Eux ! » et « Ils ! » pour décrire les mystérieux responsables de leur enlèvement. C’était déjà un peu lourd il y a quinze ans dans une petite série intitulée Aux Frontières du Réel, c’était ridicule dans toutes les séries qui ont surfé sur sa vague (Dark Skies, L’Homme de Nulle Part...), mais aujourd’hui ça a dépassé la limite du supportable, pour aller directement dans le ringard.

Mais passons. En plus d’une affinité pour les pronoms personnels indéfinis, Persons Unknown adore imiter bêtement ses prédécesseurs.
Le Village du Prisonnier est à peine déguisé en ville américaine un peu rétro. Le Rôdeur s’est transformé en implants sous-cutanés, une idée tellement peu convaincante qu’elle est abandonnée dès le deuxième épisode au profit d’un remplaçant un peu plus amusant (mais tout aussi bon marché).
En guise de bizarrerie genre « Bonjour chez vous ! », on nous sert un restaurant chinois, une situation décalée derrière laquelle on sent une telle volonté de se faire remarquer par une idée étrange que ça en devient un peu exaspérant.

Ce n’est pas tout. Ce qui m’a poussé à découvrir la série à l’origine, c’est que je suis plutôt friand des histoires qui se déroulent dans un lieu unique avec une poignée de personnages. Sans me limiter aux séries télé, d’ailleurs, j’aime les huis-clos.
Malheureusement, sans doute pour des raisons économiques, sans doute aussi par paresse des scénaristes, Persons Unknown commet l’irréparable dès le départ et nous inflige une intrigue annexe, se déroulant à San Francisco. Loin du village. Loin des personnages. Loin de tout ce qui peut faire l’intérêt de la série.

Pour ne citer que deux exemples récents, les premières saisons de Lost et Prison Break s’étaient rendues coupables du même crime, et le résultat est tout aussi peu convaincant ici. À chaque fois qu’on quitte l’intrigue principale pour rejoindre celle du journaliste (reliée au reste de façon particulièrement artificielle), le rythme et surtout l’ambiance établis par les scénaristes sont complètement brisés. Chaque incursion dans le monde réelle tombe à plat et nous fait quitter l’univers étouffant qui a tant de mal à s’installer. Personne ne regarde Persons Unknown pour les tribulations d’un journaliste mal rasée et de sa rédactrice en chef. On s’en fout. C’est déjà assez difficile de prendre la série au sérieux sans qu’on nous demande, en plus, de nous investir dans une intrigue superflue et mal foutue, sans aucun rapport avec le propos initial.

Pour résumer, Persons Unknown est une série cliché, qui ne s’assume pas, déjà vue ailleurs aussi bien sur la forme que sur le fond, en mieux. Les acteurs sont bons dans l’ensemble, mais les personnages bien creux et les dialogues ridicules.

Mais comme, bien évidemment, je suis persuadé que toute la clef de l’intrigue est renfermée dans la scène des biscuits du restaurant chinois, je me sens obligé de me taper toute la saison pour vérifier que j’ai raison.

Ah, l’été !

Ju