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Rubicon - Critique de l'épisode 2 de la saison 1

The First Day of School: World’s Best Boss

Par Conundrum, le 7 août 2010
Publié le
7 août 2010
Saison 1
Episode 2
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Ah l’été ! Après que Desperate Housewives ait passé la saison à montrer qu’on ne peut ni faire confiance à ses voisins, ni à sa famille et que 24 nous ait démontré qu’il faut se méfier de ses collègues et des étrangers, il est bon de se relaxer avec des légères séries estivales comme Rubicon, la nouvelle série botanique d’AMC sur l’art méconnu de faire pousser des trèfles à quatre feuilles.

De qui devons-nous nous méfier cette semaine ?

L’épisode de dimanche nous apprend qu’il faut se méfier des chauffeurs de taxi, des avocats, des passants et des collègues qui vous draguent à la cantine du boulot.

Et pourquoi ?

Cette semaine, Will commence son nouveau job de chef d’équipe. La première tache qui lui est confiée est d’identifier deux personnes sur une photo en 24 heures. Will semble avoir du mal à trouver ses marques dans son nouveau job. Il arrive en retard, en ‘Casual Friday’ un lundi matin, et comme il est un peu occupé à s’amuser à déchiffrer des Sudokus Mystères de la Conspiration que son prédécesseur lui a laissé, il délègue le tout à son équipe.
Mais, à l’image de leur responsable hiérarchique, l’équipe n’a pas l’air de se préoccuper de leur tâche de la semaine. En effet, Tanya est sur la quête des Beignets Mystères de la Conspiration, Miles est entièrement focalisé sur la Guerre Africaine Mystère de la Conspiration et Grant est consumé par la Jalousie Mystère de la Conspiration. Du coup, Will devient tout colère, il pousse une bonne gueulante, montrant ainsi que c’est un homme, un vrai, un de ceux qui font pipi debout et l’épisode se finit.

L’intrigue était assez étrange pour un deuxième épisode. Certes, l’ajustement de Will à son nouveau poste était un passage obligé. Les implications morales (reprendre le poste d’un homme avec qui il était particulièrement proche) et professionnelles (comment une personne torturée et un peu effacée réussira à s’imposer à ce poste) ne peuvent pas être évitées. En revanche, la manière dont cela a été traité m’a déçu.
Au final, on ne sait pas trop qui est sur la photo. Si le seul intérêt de cette intrigue était de montrer que Will a les épaules assez larges pour diriger son équipe, il aurait peut-être été plus judicieux de le voir résoudre le mystère avec son équipe plutôt que le voir juste leur gueuler dessus. Mais bon, c’est bien connu que faire ton boulot ne fait pas de toi un bon manager, gueuler sur ton équipe, si.

Sur une saison de 13 épisodes basée sur une intrigue apparemment complexe, ce genre de faux-pas fait peine à voir, surtout après l’enthousiasme généré par le pilote. En revanche, le reste de l’épisode était dans la lignée de l’ouverture de la série. Tout d’abord, l’ambiance paranoïaque mais calme de la série est particulièrement plaisante. La scène où Will manque de se faire renverser et est pris en filature est particulièrement stylée. On est bien loin de la paranoïa musclée de 24.

D’ailleurs, la révélation de Maggie en tant que taupe est assez bien trouvée. J’aime l’idée que, lorsqu’elle fait son rapport au manager de Will, elle en sait autant que le téléspectateur. En ayant vu la même chose que nous, elle déduit que Tanya a peut-être un problème avec la boisson et que Miles cache peut être quelque-chose derrière son obsession de la couverture médiatique d’émeutes en Afrique. Maggie devient plus qu’une gentille mère célibataire, assistante de direction amoureuse de Will. Elle fait aussi preuve de bonnes capacités d’observation et de déduction. Elle choisit aussi de couvrir Will, ce qui laisse penser que ses sentiments sont bien réels. Le tout est très cliché — la femme engagée pour espionner qui tombe amoureuse de sa victime, ça sent un peu le renfermé — mais c’est plutôt bien amené dans cet épisode.

En tout cas, Will, lui, est bien loin de tout ça. Hal, l’obligatoire minorité ethnique et ressort légèrement comique de la série, fait sa première apparition. Hal est un analyste qui explique à Will qu’en 1983 un code secret est apparu dans les mots-croisés. Ce message était l’élément déclencheur de l’assassinat de membres du Hezbollah. Il y a donc bien quelque chose derrière cette l’apparition d’un nouveau code.
De plus, l’épisode commence et s’achève sur la même scène : Will sur le toit qui contemple le vide. Mais entre temps, il apprend que ses doutes du pilote sont sûrement bien fondés. En vidant le bureau de David, il découvre un code secret qu’il mettra l’épisode à déchiffrer en "They hide in plain sight" / "Ils se cachent à la vue de tous". Will est suivi pendant l’épisode et, lorsqu’il remonte sur le toit, voit le reflet des hommes qui l’espionnent.
J’ai beaucoup aimé ces deux scènes parce qu’elle laissent entrevoir l’évolution du personnage de façon moins bancale que celle de Will qui hurle sur son équipe. Will n’est plus l’homme qui a perdu sa raison de vivre avec la mort de sa famille. La conspiration donne un moteur, un sens à sa vie.

Enfin, un sens autre que d’avoir la meilleure coupe de cheveux de l’histoire de la télévision.

Tadaaa !

De son côté, Miranda Richardson découvre le fameux trèfle à quatre feuilles meurtrier, que son mari avait une garçonnière cachée, qu’il aimait y lire des livres, et surtout qu’il a mis à jour son testament deux jours avant de mourir. Évidemment, la mort de Tom n’est pas un simple suicide. Je doute d’ailleurs vraiment qu’il soit mort. À moins que Rubicon nous propose des flashbacks dans les épisodes à venir, je ne vois pas l’intérêt d’avoir engagé Harris Yulin, son interprète, juste pour la scène d’ouverture du pilote. M. Yulin, c’est quand même le juge qui se fait attaquer par les frères Scolari lors du procès des Ghostbusters dans Ghostbusters 2. C’est pas n’importe qui ! Au passage, je doute même de la mort de David, en renvoyant la scène de sa mort du pilote, on ne voit pas son visage lors de la collision.

En même temps, les scénaristes veulent peut être donner de fausses pistes au téléspectateur pour le maintenir dans un état paranoïaque. Ce serait d’ailleurs bien intelligent, et ce serait une manière sympathique d’impliquer le téléspectateur dans la série. En tout cas, bien qu’il ne soit pas du niveau du pilote, ce fut un épisode très agréable à regarder qui me laisse confiant pour la suite, malgré le changement de showrunner entre le premier et second opus de la série.

Conundrum