Critique des meilleures nouvelles séries télé (et des autres)
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Les Moments du Mois - Quatre moments séries qui nous ont marqués au mois de mai

2017: Mai 2017 en quatre Moments Séries

Par la Rédaction, le 1er juin 2017
Publié le
1er juin 2017
Saison Mai
Episode Mai
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Les "Moments du Mois", c’est le rendez-vous mensuel sur pErDUSA, publié chaque mois, environ tous les trente jours, presque à chaque nouvelle lune, où la rédaction se réunit dans une même chronique pour travailler sur son esprit d’équipe.

Et quoi de mieux qu’ajouter des membres à une équipe pour en consolider son esprit.
Ce mois-ci, Sebargio nous a rejoints et nous a fait part de son obsession pour une série portée par un acteur tout fade qui a fait ses débuts comme second rôle dans le remake de Nikita de la CW. Pile poil dans l’esprit.
Et Drum a fait le bilan de la première saison étrange de The Good Fight.

Et on n’a pas parlé de Twin Peaks.

1 The Handmaid’s Tale

Saison 1- Épisode 3 – Late

26 avril / Bye, Rory. Long live Ofglen !
Par Blackie

Avec The Handmaid’s Tale, je m’attendais avec certitude à plusieurs choses : à un sujet qui me toucherait profondément, à trembler et pleurer à chaque épisode, à être une fois de plus hypnotisée par Elizabeth Moss, à devoir répéter à tout le monde que c’est une série importante à regarder... Je savais aussi qu’Alexis Bledel y avait un rôle. Par contre, je n’aurais cru être un jour bluffée par son interprétation.

Oui, cette Alexis Bledel.
Au pire insupportable, au mieux vaguement charmante, elle ne se catégorisait par ailleurs que dans le médiocre. Entre une voix faible et un corps dont elle ne sait jamais trop quoi faire, son jeu a toujours eu l’air limité. Ce n’est pas même faute à ses rôles, parce que Mad Men aurait dû être l’occasion rêvée de démontrer un peu plus.

Il aura fallu Ofglen. Je ne sais pas ce qui a changé en elle, si c’est le sujet qui la touche énormément, si elle a pris des cours avec Moss... Si c’est le fait d’avoir plus de 30 ans, ou d’être devenue mère. Mais Bledel n’a jamais eu autant l’air d’une adulte mâture, avec une vie intérieure prête à exploser. Sa voix est tombée de plusieurs octaves. Son visage est bourré de subtilités. Et son petit côté niais a enfin disparu.

Dans une série qui accumule le tragique, Bledel a réussi l’exploit de me faire verser le plus de larmes. La trajectoire d’Ofglen est jusqu’ici la plus dure à suivre, notamment à cause d’une torture qui vise encore plus sa féminité que tout ce que subissent déjà les Handmaids.
C’est surtout à partir de son arrestation que les choses s’intensifient, et que le manque de dialogue pousse Bledel à jouer différemment. Le voyage dans le van est d’une force incroyable, tant il se passe entre les gestes et regards de ces deux femmes apeurées, qui s’aiment, et essaient de se soutenir un peu.

Mais le final à l’hôpital est encore plus brutal, et elle plus impressionnante. Ses grands yeux bleus, pleinement mis en valeur lors d’un long gros plan, font passer une superbe vague d’émotions qui submergent Ofglen en réalisant la barbarerie dont elle est victime.

Cet épisode me restera longtemps en mémoire, de par sa violence émotionnelle. Mais aussi parce qu’il m’aura fait dire "Merde... Alexis Bledel est une bonne actrice. »

2 The Keepers

Saison 1 - Épisode 7 - The Conclusion

19 mai / Voices against a crack
Par Feyrtys

Les deux héroïnes incontestées de la saison télévisuelle de 2016-2017 ne sont pas Jules et Ophelia de Sweet/Vicious, ni les amies de Big Little Lies, ni même Nora et Laurie dans cette ultime et brillante saison de The Leftovers. Les deux femmes qu’on aurait envie de suivre au quotidien pendant six saisons et un film, ce sont Gemma Hoskins et Abbie Schaub, deux habitantes de Baltimore d’une soixantaine d’années, à la retraite, qui se sont alliées pour éclaircir les circonstances des meurtres jamais élucidés de sœur Cathy Cesnik et de Joyce Malecki. Ce sont les héroïnes discrètes de The Keepers, série documentaire en 7 épisodes diffusée sur Netflix.

Si le premier épisode pose les bases classiques du documentaire de type « true crime », un revirement s’opère dès le deuxième, quand l’enquête sur ces meurtres mène directement aux accusations de viols perpétrés par le Père Maskell, aumônier de l’école catholique où avait enseigné Sœur Cathy Cesnik. Et là où The Keepers surpasse de mon point de vue très largement Serial, Making A Murderer ou The Jinx, c’est qu’au lieu d’être centrée sur Maskell, cette série documentaire donne la parole aux victimes du prêtre pédophile et rend hommage à Cathy Cesnik.

Une victime en particulier se retrouve au premier rang de cette enquête, que l’on apprend à connaître au fil des épisodes. The Keepers montre avec beaucoup de pudeur comment l’amour de son mari, de ses frères et sœurs, ainsi que le soutien de la communauté créée par Gemma et Abbie, ont permis de lui offrir un semblant de réconfort face aux injustices révoltantes dont elle a été victime.

Car bien évidemment, tout dans The Keepers donne envie de hurler : l’odieuse complaisance de l’église catholique envers ses prêtres pédophiles, la corruption évidente de la police, du bureau du procureur et même du FBI, la collaboration des hommes politiques qui refusent, sous pression de l’église, de changer la prescription des crimes pédophiles dans le Maryland.

Mais malgré ces injustices, malgré la lâcheté criminelle d’un système censé protéger tous ses membres, The Keepers et ses héroïnes m’ont apporté un certain réconfort. En montrant qu’elles ont survécu, qu’elles sont aimées et soutenues, la série documentaire est à contre-courant de ce que l’on voit habituellement dans les médias ou même dans les oeuvres de fiction. Là, les femmes ne meurent pas dans l’indifférence générale, ou uniquement pour donner une raison d’être à des héros torturés (coucou True Detective). Grâce à The Keepers et à ses enquêtrices déterminées et pleines de compassion, elles ont un nom, un visage, une famille et une vie à part entière. Ce ne sont plus des Jane Doe.

3 Arrow

Saison 5 - Épisode 23 - Lian Yu

24 Mai / La boucle est bouclée
Par Sebargio

À la différence de Drum qui nous disait récemment que « contrairement à un voyage en avion ou un cunnilingus, une fois commencée, nous ne sommes pas obligés de finir [une] série », j’ai un mal dingue à arrêter une série en cours. J’en compte six dont seulement deux arrêtées après une saison complète. Six sur les quelques cent dix huit que mon app dédiée aux séries recense, ça ne fait pas beaucoup.
Tout ça pour dire que j’aurais pu, j’aurais dû arrêter Arrow tellement ce fut affligeant lors des saisons 3 et 4. J’ai tenu, j’ai enduré des flashbacks d’un inintérêt abyssal, des vilains manichéens au charisme nul, des rebondissements pathétiques et téléphonés, des réactions de personnages à la psychologie que je ne peux pas décrire par des mots sans sombrer dans la vulgarité primaire et surtout des « je t’aime mais je ne peux pas être avec toi pour te protéger, c’est pour cela que je te mens »… Bref, à peu près tout ce qu’on subit depuis deux ans dans The Flash. Mais j’ai tenu.

J’ai tenu pour une chose, je voulais absolument voir la boucle se boucler, je voulais voir cette image d’Oliver lançant une flèche pour allumer un feu et prévenir un bateau de sa présence sur l’île.
Et je l’ai vue.
Enfin.
Après cinq ans d’attente, dix ans de vie pour le héros de l’histoire, cinq ans « avant » et cinq ans « après ».
Et je l’ai vue au terme d’une saison vraiment chouette en plus. Elle est arrivée comme une récompense pour ne pas avoir laissé tomber.
C’est vrai, la série se laisse toujours aller à énormément de facilités, de trahisons incohérentes, de rebondissements douteux, et oui, l’identité du méchant de l’année était à la fois évidente et totalement illogique, mais ces derniers épisodes de la saison font tout pardonner, avec un sacré feu d’artifice comme finale.

Il se termine malheureusement sur un cliffhanger. Parce que oui, il y aura une saison 6. J’aurais tellement aimé que cet épisode soit la fin et le début, qu’il soit l’alpha et l’omega, la boucle qui enfin se boucle et qu’on n’en parle plus.
Mais ça ne sera pas le cas, la série fait de l’audience, elle rapporte, elle est donc renouvelée. Tant pis, ça aurait été parfait. Et la morale de ces cinq saisons, c’est que finalement il y a de l’espoir quand on a touché le fond. J’espère que le message est passé, The Flash, si tu vois ce que je veux dire… Et que tu nous pondras une chouette saison 5 dans deux ans…

4 Law & Order : SVU

Saison 18 - Épisodes 20/21 - American Dream / Sanctuary

24 Mai / A Hell of An Episode
Par Jéjé

Cette saison 18, la première et la dernière sous la houlette de Rick Eid, me laisse une impression un peu plus mitigée que les cinq précédentes, celles showrunnées par Warren Leight, celles dans lesquelles Benson a pris le contrôle de la série. Beaucoup d’épisodes m’ont semblé manquer de rythme, ne traiter qu’en surface leur sujet et user d’une happy end trop souvent téléphonée.
(Mais cette impression vient peut-être seulement du fait que c’est la seule saison parmi les six mentionnées que j’ai visionnée en direct et pas de façon gloutonne...)

Ce season finale, dont l’histoire est racontée sur un double épisode (un format qui aurait profité à mon avis à certains sujets de la saison), m’a réconcilié avec Rick Eid et me fait presque regretter son départ [1].

L’épisode traite à nouveau de la montée du racisme dans un contexte de peur des attentats, faisant ainsi écho au season premiere, son épisode jusque là le plus marquant et le plus réussi. La grande différence est que, cette fois-ci, l’Amérique n’est plus celle d’Obama mais celle de Trump.
Il montre les conséquences de la libération de la parole raciste par le dirigeant du pays dans une New York effarée (représentée par les personnages principaux) qui se croyait à l’abri de ce genre de dérives. J’y ai découvert l’existence de "villes sanctuaires", des villes qui limitent la coopération entre la police locale et les services fédéraux de l’immigration, et par la même occasion, que la nouvelle administration ne semble pas prête à tenir compte de ce statut.
L’épisode joue formidablement avec le petit complexe de supériorité des New-Yorkais qui se voient devoir jouer avec des règles inédites et légitime des évolutions de positionnement des personnages principaux.
J’ai adoré que ma croyance en Benson soit mise à l’épreuve. Dans le season premiere, je n’avais aucun doute dans sa capacité à agir comme "il faut" (comme une bonne "white liberal"). Dans cet épisode, je me suis mis à douter. Dans ce nouveau contexte, dans ces nouveaux enjeux, tout devient possible.
Et j’ai donc été tellement ravi qu’au dernier moment, elle ne se parjure pas et qu’elle contredise la version (essentielle pour la victoire de Barba) de l’une des victimes.
J’ai également adoré que la happy end ne soit que momentanée et que l’épisode s’achève sur une répercussion tragique de l’affaire et des discours racistes trumpiens.

Cet épisode, d’une grande dureté envers l’administration actuelle, adoucit un peu mon exaspération envers la couardise des dirigeants de NBC qui bloquent toujours la diffusion de l’épisode du début de saison consacré au candidat Trump (en tout cas, à sa version SVUesque).
Que je ne désespère pas de voir un jour...

Fin : A hell of a case.
Olivia : A hell of a year.

la Rédaction
Notes

[1Il faut dire que l’annonce de l’arrivée de Michael Chernuchin, celui de... Chicago Justice, comme nouveau showrunner, est un chouïa stressante.