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Silk - Pourquoi regarder la série Silk avant le début de la saison 3

Silk: 5 Bonnes Raisons de Regarder la Série

Par Jéjé, le 28 août 2013
Par Jéjé
Publié le
28 août 2013
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Les temps sont durs pour les accros aux séries judiciaires américaines. Il n’y a presque plus qu’Alicia Florrick pour lancer à l’antenne une ou deux objections par semaine. Et ce n’est pas cette saison décevante de Suits>3.05 qui va leur permettre de patienter sereinement jusqu’au retour des avocats de Lockhart/Garner.

Le salut doit donc venir d’ailleurs.

Mais avant de s’aventurer sur les terres volcaniques de RétturP ou de pousser jusque dans l’hémisphère sud à la rencontre de Rake<1.03, on peut déjà prendre l’Eurostar et commencer avec Silk>2.06, la série judiciaire anglaise du moment, car, oui, tout simplement...

1 Silk, c’est un peu The Good Wife

Silk est donc une série judiciaire centrée sur une femme avocate et son travail au sein d’un cabinet londonien (la série est anglaise). Chaque épisode suit une ou deux affaires dont on a le verdict dans ses dernières minutes et en toile de fond se développe une trame feuilletonnante autour des luttes de pouvoir au sein du dit cabinet.

Comme dans The Good Wife>4.22, les motivations des personnages sont loin d’être les plus altruistes (on est loin de l’image perrymasonienne de l’avocat défenseur des veuves et des orphelins innocents) et leurs actions sont guidées par leurs ambitions professionnelles et la survie financière du cabinet, même si comme Alicia, Martha Costello, notre héroïne, est la plus attachée à la justice et la vérité.

Comme dans The Good Wife, on découvre en première saison l’univers de la série par l’intermédiaire de deux "stagiaires" mis en compétition pour un poste plus définitif chez Shoe Lane Chambers, la différence étant que Martha n’est pas l’un des deux, mais l’un des mentors.

2 Silk, c’est un peu l’anti The Good Wife

Martha n’a rien à voir avec notre bonne vieille Alicia, bien qu’elles soient à peu près du même âge. 

Célibataire, issue d’un milieu modeste, elle ne doit sa réussite professionnelle qu’à son travail acharné et à son talent, et elle assume pleinement son côté ’bête de travail agressive’ pas très glamour. 
Son rouge à lèvres, très rouge, qui détonne dans les prétoires austères, n’a rien d’une concession aux atours socialement requis de la féminité, il est à mon sens sa façon de rappeler à son milieu professionnel machiste et népotique que les femmes ont et doivent avoir leur place.

J’ai su que Martha allait devenir l’un de mes personnages féminins préférées avec cette seule réplique :
"I don’t wear stillettos. Ever."
(Je ne porte jamais de talons aiguilles. Jamais.)

3 Silk, c’est un peu compliqué

(... Quand votre seule référence en matière de système judiciaire anglo-saxon, c’est celui de Steven Bochco, de Dick Wolf et de David Kelley.)

Et ça fait tellement bien d’être complètement perdu dans un genre qui peut sembler très codifié et formaté.
On voit dans l’épisode pilote les avocats se faire assigner des dossiers par des greffiers, les avocats se faire dicter leurs lignes de défense par les accusés, les stagiaires vieillir leurs petites perruques en les plongeant dans du thé, les avocats ne pas être contents parce qu’ils ne sont pas sur les bonnes affaires pour obtenir de la soie (Oui, oui, le Silk du titre, c’est pour la Soie, la matière fabriquée par les petits vers... L’héroïne de la série ne s’appelle pas Martha Silk !)...

Dans cet épisode, tout va très vite et même si les anciens expliquent deux trois petites choses aux stagiaires, c’est loin d’être suffisant pour se sentir complètement à l’aise.
Au bout de quelques épisodes (et de quelques petits tours sur Wikipédia), on commence à comprendre ces histoires de barristers et de sollicitors (oui, y’a deux types d’avocats en Angleterre) et de clerks, de soie et de conseil de la reine, et on se rend compte surtout que ce système est une aubaine pour raconter des histoires juridiques de façon excitante, parce que...

4 Silk, c’est un peu Red Team/Blue Team tout le temps

Pour les non-fans de The Good Wife, Red Team/Blue Team, l’un des meilleurs épisodes de la série, sépare en deux équipes les membres du Lockhart/Garner et les fait s’affronter lors d’un procès-exercice d’entraînement. 

Dans Silk (et le système anglais), les barristers (le type d’avocat que l’on suit) peuvent en fonction des dossiers être chargés de la défense ou représenter l’équivalent du parquet. Et parfois (souvent dans la série) se retrouver opposés lors d’un procès alors qu’ils sont du même chambers (cabinet).
Les interactions professionnelles changent ainsi constamment entre les personnages principaux, et rendent dès lors leurs relations personnelles savoureusement complexes. Et drôles.
(Evidemment que Silk manie admirablement le changement de registre et l’humour, c’est une série anglaise.)

5 Silk, c’est un peu The Wire

Alors, attention, je ne dis pas ça dans le sens "c’est la meilleure série du monde de tous les temps".
Il y a quand même quelques petits défauts, dont le plus commun pour les séries judiciaires (et que The Good Wife avait rapidement corrigé) qui est cette propension pour les personnages principaux d’obtenir miraculeusement l’indice qui fait tout basculer deux minutes avant la fin du procès.
(L’autre gros défaut est qu’elle n’a que douze épisodes pour l’instant, même si six autres sont attendus pour la fin de l’année.)

Si je fais référence à la série de David Simon, c’est pour son côté "critique du système". 
En mettant l’accent sur le "silk" et tout ce qui entoure cette distinction plus qu’honorifique dans le monde des barristers [1], la série montre comment la justice anglaise entretient une organisation népotique et élitiste de son système.
Mais la critique est légère, en filigrane, et permet à Silk de conserver son esprit de divertissement très très savoureux, et un brin optimiste.

Et contrairement à The WireALL, il est très facile de s’enfiler une saison entière en une soirée.

Jéjé
Notes

[1Je n’en dirai pas plus, à vous le plaisir de découvrir ce fonctionnement fascinant.