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Sons of Anarchy - Avis sur une saison 6 plus réussie pour SAMCRO, en attendant la fin

Un Point sur la Série: Un dernier petit meurtre pour la route ?

Par Ju, le 24 novembre 2013
Par Ju
Publié le
24 novembre 2013
Saison 6
Episode 11
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Sons of Anarchy est une série dont je n’ai aucun mal à parler. En effet, il est rare que je ressorte d’un épisode sans avoir été interloqué ou choqué par une de ses scènes ou un de ses rebondissements. C’est pour cette raison que je prends le temps d’en parler quasiment chaque semaine sur le forum, à défaut d’en écrire des critiques régulières.

En dehors de son côté provocateur, je crois que ce qui rend Sons of Anarchy aussi propice à la discussion c’est qu’elle est vraiment la série d’un auteur, Kurt Sutter, et que son empreinte se ressent à tous les niveaux. Sutter est partout, dans l’écriture bien sûr, dans l’arrogance manifeste du programme, ou encore dans les longs montages musicaux de début et fin d’épisodes où sa femme pousse régulièrement la chansonnette.

Certes, la formule relève du cliché, et je regrette déjà de vous l’infliger, mais, en bien ou en mal, je crois que Sons of Anarchy ne laisse personne indifférent. Et parce que j’ai quelques trucs à dire sur Kurt Sutter et son œuvre, pourquoi ne pas profiter de la mort de Clay pour dresser un petit état des lieux de la série ?

Vers une Meilleure Saison 7 ?

Sons of Anarchy c’est l’histoire de Kurt Sutter qui apprend tout doucement à contrôler ses pires instincts et à écrire une meilleure série.

Je me suis fait cette réflexion pour la première fois vers le milieu de la saison 6, après des premiers épisodes tombant dans les pires travers de la série (provocation gratuite et antagoniste caricatural, pour faire court), et elle ne m’a pas quitté depuis.
Cela fait quelques semaines que je trouve la série meilleure. Je ne saurais pas exactement comment l’expliquer (mais je suis là pour ça, donc je vais faire un effort), cependant, je suis bien forcé d’admettre que je retrouve un vrai plaisir à suivre les aventures (souvent grotesques) des membres de SAMCRO. Pour le coup, je ne crois pas que ça soit dû au Syndrome de Stockholm, mais bien à une écriture qui, petit à petit, corrige ses travers tout en n’oubliant pas ce qui fait sa spécificité. Ce que je veux dire par là, c’est que j’accueille la violence hyper accentuée de la série avec d’autres réactions que l’habituel « Tiens, Kurt Sutter avait vraiment envie de choquer son monde cette semaine ! ». Maintenant c’est plutôt « Putain, c’était vraiment dégueulasse, mais d’une certaine façon... justifié ? ».

Dernièrement, j’ai trouvé qu’un vrai effort avait été fait sur les personnages, et tout particulièrement sur ce qui pousse les personnages à agir comme ils le font. Pour la première fois, cette année, je comprends parfaitement ce qui motive Tara. Je peux me mettre à sa place, tout en étant absolument choqué par ses actions (la fausse fausse-couche, un acte atroce digne de la série, mais quelque part compréhensible), et ça rend toute son intrigue beaucoup plus passionnante que ses querelles incessantes avec Gemma dans les deux saisons précédentes.

De façon similaire, je trouve que les actions des personnages sont à la fois mieux justifiée, et moins excusée. Dans une chronique publiée l’an dernier, Jéjé parlait de Sons of Anarchy et de la façon dont la série se complaisait dans les actes horribles de ses personnages en les romançant, leur excusant tout sous des justifications de moins en moins convaincantes. C’était absolument vrai à l’époque, c’est quelque chose qui fait partie de l’ADN de la série, mais c’est également un gros défaut qui, à mon sens, tend à être de plus en plus gommé.

Vers la Fin du Mythe du Gangster ?

Je commence sincèrement à croire que la complaisance de Sutter envers ses personnages, et son amour aveugle pour leur univers, a atteint ses limites et qu’il nous amène, très volontairement, vers une fin de série où l’ambiguïté morale de SAMCRO sera au cœur du récit.

En effet, j’ai noté trois façons différentes dont le problème a été abordé cette année (admettons, avec plus ou moins de réussite). Trois circonstances où la moralité des membres du Club a été traitée avec un regard bien moins accommodant que dans les saisons précédentes.

Le premier sursaut provient du « rebondissement » du premier épisode, à savoir le massacre perpétré dans une école avec une arme provenant du trafic de SAMCRO. Sans aucun doute, il s’agit de la correction à la fois la plus ouvertement manipulatrice et la moins efficace. Ce n’était pas une idée bien exploitée ou particulièrement propre, mais il s’agissait sans contexte d’une volonté d’aborder les vraies conséquences du business auquel on assiste depuis des années.

Le massacre aura eu pour intérêt, par contre, d’introduire le deuxième sursaut de la saison, à travers l’arrivée du personnage du Procureur Patterson interprétée par CCH Pounder. Après le catastrophique Lee Toric, amalgame disgracieux de tous les flics pourris de la série, conduit de rebondissements aussi débiles que faciles, l’apparition d’une antagoniste honnête fait un bien fou à Sons of Anarchy.
Je ne suis pas forcément très objectif, puisque j’adore CCH Pounder depuis The Shield, mais je ne crois pas me tromper en disant qu’opposer SAMCRO à un membre des forces de l’ordre qui n’est pas moralement compromis est une bonne idée. Une bonne idée qui arrive bien tard. Et qui ne veut pas dire qu’ils ne la transformeront pas en June Stahl à la première occasion. Donc pour l’instant, c’est bien, Pounder est excellente, et on verra pour la suite.

Le dernier changement, sans doute le plus prometteur, est que la série semble s’être délestée de toutes ses illusions quant au « Bien » tout relatif que représentent ses personnages. Ce que j’entends par là, c’est que l’excuse préférée de Jax (« Juste un dernier petit meurtre avant de gagner honnêtement notre vie ! ») n’apparait plus du tout comme une éventualité réaliste. L’attitude de la série fasse à ça n’est plus du tout la même qu’en saison 4 (et son plan de partir pour l’Oregon) ou qu’en saison 5 (et son plan pour venger la mort d’Opie). Des voix s’élèvent contre cette idée. Juice ne crois plus du tout à leur style de vie. Nero semble être éreinté par ce cycle de violence. Et Unser n’hésite plus à déclarer très clairement que, non, les choses ne s’arrangeront pas et que, non, le Club n’est peut-être pas le meilleur environnement pour élever des enfants.

Mine de rien, à une saison (ou deux) de la fin de la série, il était vraiment temps de commencer à entendre ce genre de vérités.

Vers une Série Dérivée ?

A l’heure actuelle, on ne sait toujours pas si la série va s’arrêter après sa septième ou huitième année. Aux dernières nouvelles, Kurt Sutter ne s’interdit rien et décidera pendant l’écriture de la saison 7, FX lui laissant une énorme liberté pour faire ce dont il a envie avec sa série.

Oui, les épisodes de 60 minutes complètes, quasiment toutes les semaines, c’est à cause de ça.

Sons of Anarchy étant le plus gros succès de la chaine, elle est donc bien contente de pouvoir diffuser ses épisodes sur des cases d’une heure et demie, et ramasser les recettes publicitaires qui vont avec.
Personnellement, mon avis sur ces « super épisodes » a un peu évolué avec le temps. Pour faire simple, j’ai commencé la saison en levant les yeux au ciel à chaque fois que je voyais que l’épisode faisant encore une heure. C’était trop. Beaucoup trop. Et si je pouvais admettre une durée plus grande pour le premier ou le dernier épisode d’une saison, ça passait beaucoup moins bien dans les épisodes « normaux » qui puaient le remplissage, car rien ne justifiait leur longueur, autant par leurs intrigues que par leur (absence de) contenu.
Arrivé à la mi-saison, encore, j’ai commencé à m’y habituer. Et même à apprécier le côté « exceptionnel » que ces épisodes d’une heure donnent à la série. Grâce à ça, Sons of Anarchy est une série un peu à part. Grâce à eux, sa diffusion devient un (petit) événement.
Alors ok, si les scénarios pouvaient remplir une heure entière par eux-mêmes, plutôt que de nous mettre deux montages musicaux par épisode, ça serait encore mieux, mais le fait est que cette idée, à l’origine plus commerciale que créative, tient presque debout.

C’est pour cette raison que je ne veux pas trop me prononcer quand j’entends que Kurt Sutter désire lancer une série dérivée de Sons of Anarchy se déroulant avant la mort de John Teller. (Dans la suite, on va partir du principe que c’est officiel, que FX va forcément commander la série, et ne pas prendre la peine d’envisager que ça n’arrive jamais).

De manière générale, les « prequels » sont de très mauvaises idées. Déjà, parce que le mot prequel n’a pas de traduction convenable, ensuite parce que je déteste utiliser des termes anglais quand je peux faire autrement, encore ensuite parce que « antépisode » est un néologisme bizarre, et enfin parce qu’ils n’ont jamais rien d’intéressant à raconter, qu’on en connait la fin, et qu’ils représentent la façon la plus paresseuse d’exploiter un univers fictionnel existant.

Mais la série va arriver. Peut-être pas immédiatement après la fin de Sons of Anarchy, mais un jour. S’il fallait finir de s’en convaincre, le petit monologue de Gemma à Nero il y a quelques semaines, la scène où elle lui racontait les circonstances de la mort du père de Jax (tout en ajoutant plusieurs détails dont on n’avait jamais entendu parler et qui n’avaient pas de lien direct avec l’intrigue actuelle) fera bien l’affaire. Quand Gemma parle de « Mayan Wars » ou d’agents du FBI infiltrés dans les Clubs, c’est un petit clin d’œil à la future série dérivée, et rien d’autre. Une confirmation absolue de la future série dérivée.
Parions d’ores et déjà sur le fait qu’elle sera violente, barrée, fière d’elle, trop longue, bourrée de testostérone et d’accents irlandais imbitables, parfois grotesque, parfois passionnante et que, avec un peu de chance, elle ne laissera personne indifférent.

Putain de cliché.

Ju