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The Americans - Avis sur la première partie de la deuxième saison de la série

Un Point sur la Série: Au moins, on n’entend plus Phil Collins

Par Blackie, le 24 avril 2014
Publié le
24 avril 2014
Saison 2
Episode 8
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Je vous aurais bien sorti quelques platitudes sur les secondes saisons en guise d’intro, mais on connait tous le topo, et au bout de huit ans (!) je fatigue un peu. En bref, des fois c’est mieux, et des fois non. Pour The Americans, c’est une petite déception qui prime, sans à en venir à devoir l’abandonner non plus.
C’est bon, je peux développer maintenant ?

Si on en croit notre Tableau Bilan (qui nous sert surtout d’aide mémoire, admettons-le), j’étais la plus enthousiaste de la rédaction devant les débuts de The Americans. Plus que d’apprécier ses qualités, j’étais aussi impatiente qu’un psy en manque de protéines de voir chaque nouvel épisode. Elle savait me tenir en haleine.

Je ne peux pas en dire de même de cette seconde saison. Bien sur, l’effet de nouveauté est passé, mais l’écriture a subit de sérieux accros qui réduit ses personnages à des pions éparpillés plus qu’à différentes facettes d’un tout bien cohérent.

On a trois groupes distincts : les espions infiltrés, la Rezidentura, et le FBI.
Les personnages de ces groupes sont principalement liés par leurs interactions avec Stan Beeman (FBI) qui vit à côté des Jennings (espions) et couche avec son informatrice Nina (Rezidentura). Mais, alors qu’auparavant le professionnel et le personnel se confondaient constamment et créaient de nombreux conflits, ces liens finissent par être trop peu exploités.

Lorsque Philip et Stan se croisent dans cet épisode, ce n’est qu’un bref échange banal. Les Jennings ne se préoccupent plus d’avoir un ennemi sur le pas de la porte, ne l’utilisent plus à leur avantage, et Stan devrait déjà se rappeler de son travail avant de pouvoir les trouver louches à nouveau.

Certes, la porte a été ouverte à d’autres menaces pour le moment. Mais c’est le FBI dans son entier qui semble disparaître, réduisant ainsi un contre-poids efficace aux missions du KGB. L’agent Beeman se retrouve avec comme unique fonction d’être manipulé par Nina, nous faisant oublier qu’il est un agent doué en le transformant en idiot aveuglé par l’amour.
La situation dessert également Martha, avec qui on a coincé Philip dans un second mariage. Mis à part une scène très drôle avec Elizabeth, et des conséquences psychologiquement désastreuses pour celle-ci, il est clair que les scénaristes ne savent plus trop quoi faire de son personnage.

A l’Ambassade, l’arrivée d’Oleg a mis du piment dans les affaires du KGB comme dans la vie de Nina, qui était déjà dans une situation compliquée. Ne plus trop savoir qui manipule qui est fascinant. Si leurs manipulations et leurs risques (comprenant une scène de polygraphe intense) sont excellents à suivre, ils n’utilisent encore que Stan, l’homme, plus qu’un groupe opposé.

Il aura fallu la catastrophe d’un sous-marin russe pour rapprocher les actions des Jennings à celles dans la Rezidentura, et pousser Stan à se rappeler qu’il a un job au-delà de sa chambre d’hôtel. A un peu plus de la moitié de la saison, il était temps.

Je suis ravie que le groupe d’Arkady ait tellement de présence qu’il est impossible de détourner la tête cinq minutes sans rater des sous-titres, mais couplé avec les Jennings on se retrouve avec uniquement le regard des russes. Ce qui ne me gênerait pas si la saison dernière n’avait pas démontré qu’il fonctionnait mieux en parallèle avec celui des américains.

The Americans sait toujours créer des scènes fortes, mais la saison s’est un peu perdue dans ses objectifs.
Le season premiere avait frappé fort en voyant une famille semblable aux Jennings massacrée. Et creuser les conséquences de la vie dangereuse d’Elizabeth et Philip sur leurs enfants avait beaucoup de potentiel.

Cela avait plutôt bien démarré avec Paige cherchant des réponses aux mensonges de ses parents, et les doutes sur sa surveillance à travers une nouvelle amie. Malheureusement, cette focalisation sur les enfants a vite été oubliée. Et une scène touchante comme celle d’Henry, se sentant coupable d’avoir finalement suivit le modèle parental, a peu de poids sur le reste de l’histoire.
Avec le manque d’interactions entre les Beeman et les Jennings, la mise en danger des enfants et leurs questionnements auraient été un moyen idéal de continuer à brouiller les lignes entre la vie d’espionnage et de famille. Dommage.

Cette intrigue a bien engendré de bonnes choses, comme l’introduction d’une protégée pour Elizabeth. Mais la fin de Lucia rappelle fortement celle de l’amant l’an dernier, également converti et mort pour la Cause parce qu’il ne saisissait pas les choses comme elle. Et où est le danger semblant planer sur eux jusque dans leur maison ?
Ajoutons les soucis d’Elizabeth avec son viol refaisant surface, l’acceptation de la vie occidentale de Philip et sa culpabilité grandissante à faire du mal (en tuant des témoins ou blessant les sentiments de Martha), et on se retrouve avec une impression générale de stagnation plus que de progrès.

Il reste suffisamment de temps avant le final pour que la série corrige ces problèmes et rappelle à Margo Martindale que tout le monde se fout de sa sitcom avec GOB.

Ce n’est pas non plus comme si The Americans était devenue nulle à suivre.
Mais elle a clairement besoin d’un petit coup de fouet.

Blackie