Critique des meilleures nouvelles séries télé (et des autres)
Regarde critique sur les séries TV actuelles

The Good Fight - Diane Lockhart et le combat de plus

– Day 408: Le temps a passé, le temps est compté

Par Nico, le 6 mars 2018
Par Nico
Publié le
6 mars 2018
Saison 2
Episode 1
Facebook Twitter
Après une saison 1 solide mais pas sans défauts, le spin off de The Good Wife signait son grand retour ce week-end. Diane revient au centre du récit, Barbara prend la porte de sortie et Liz Lawrence entre en piste. Autant d’éléments qui pourraient muscler le récit.

Un nouveau printemps s’annonce à Chicago et il y a du changement dans l’air. Si l’escroquerie montée par Henry Rindell, au centre de la saison 1, devrait encore avoir des répercussions sur le récit de The Good Fight, Robert et Michelle King esquissent, dans ce season premiere, plusieurs pistes prometteuses.

Quitte, pour cela, à opérer des changements dans la composition d’équipe.

Rebonjour Liz

L’épisode commence avec une disparition, celle de Carl Reddick, membre fondateur de Reddick, Boseman et Kolstad et « meilleur ennemi » d’Adrian la saison dernière. La disparition du patriarche permet de faire entrer en scène Liz Lawrence, la fille du défunt et ex-femme de Boseman.

L’introduction de ce personnage, déjà croisé dans The Good Wife, [1] est réussie.

Elle a surtout deux avantages : elle offre de la matière à Audra McDonald (la très horripilante Naomi Bennett de Private Practice) tout en donnant corps à ce qui devrait être une tendance de fond de cette saison : une exploration encore plus frontale de l’actualité américaine.

Le gros challenge des King

En soi, ce n’est pas vraiment nouveau. Depuis 2009 et le lancement de The Good Wife, les King et leurs scénaristes ont l’habitude d’aborder des questions très actuelles (notamment l’impact des nouvelles technologies sur nos vies). Mais si l’on se fie au résumé d’ouverture de l’épisode (très intelligemment construit) et au générique remanié, il semblerait que le couple de showrunners soit déterminé à aller plus loin.

Le but : questionner ce qui fait l’Amérique de Trump, aussi bien ce qui a amené l’ex-présentateur de The Apprentice à la Maison Blanche que les effets de sa politique. Ce faisant, ils prendraient le relai télé de David E. Kelley et de Boston Legal pendant le second mandat de George W. Bush, dans le rôle d’empêcheur sériel de tourner en rond.

De tous les scénaristes-producteurs américains, les King semblent aujourd’hui les mieux armés pour remplir cette délicate mission [2]. Contrairement à Aaron Sorkin, susceptible de tomber dans une forme de didactisme pataud avec The Newsroom, le duo peut réussir son coup sans jamais oublier la « dimension divertissement » propre à toute fiction télé.

Dans un récit de ce type, la seule façon de dénoncer « efficacement », c’est en utilisant des codes de jeu ludiques. C’est un joli défi. Ce n’est pas évident car c’est un équilibre à trouver. Mais les circonstances dans lesquelles Liz se voit proposer de rejoindre le cabinet de son père sont suffisamment subtiles et prégnantes (Le bureau du procureur lui reproche une prise de position contre Trump sur les réseaux sociaux) pour que cela fonctionne. Voilà qui est très prometteur.

Diane en quête de sens

Autre bonne nouvelle : le lancement d’une nouvelle intrigue autour de Diane. Confrontée à une série de disparitions, l’ex-fondatrice de Lockhart Gardner se retrouve dans une phase d’intense introspection alors qu’un cabinet d’avocats vient la solliciter.

Habilement, le récit amène le personnage à s’interroger sur le temps qui file à toute vitesse. Diane s’est consacrée avec cœur à sa carrière et elle en vient à questionner ses propres choix. Elle se retrouve en quelque sorte confrontée à une expression que j’aime beaucoup et qui m’a été soufflée par un ancien collègue : « Tu verras, en vieillissant, la mort devient une étrange compagne… ». C’est exactement ce qui arrive à l’avocate.

Dans Day 408, Diane touche du doigt la finitude des choses. Elle qui a l’habitude de se battre est en quête de sens. Pourquoi continuer ? Combien de temps ? Pour quels résultats ? À ce titre, l’ingestion de drogue est une idée intéressante mais éminemment casse-gueule. Mieux vaut donc attendre de voir où cela vous conduire.

Bye bye, Barbara

Maia, de son côté, continue de composer avec le FBI depuis la fuite de son père. Personnellement, c’est l’intrigue qui me laisse le plus circonspect : je ne suis absolument pas certain que cette histoire d’exploration de souvenirs va fonctionner. L’arc sur la pyramide de Ponzi, tout ce qui tourne autour du non-dit et de la capacité à se mentir à soi-même, était bien mené. Il était tout à fait possible d’en rester là. Mais là aussi, on verra.

L’épisode est également marqué par un départ, celui de Barbara Kolstad. Sous-utilisé l’an passé, le personnage incarné par Erica Tazel s’en va. Au départ, je me réjouissais de la voir rejoindre un autre cabinet sans quitter la distribution. Un peu comme le personnage de Cary avait gagné en densité en rejoignant le bureau District attorney en saison 2 de The Good Wife. Il semble que ce ne sera pas le choix retenu, hélas.

Dommage parce que son personnage, qui avait tendance à s’annuler avec celui de Diane au côté d’Adrian, aurait mérité mieux…

Gros plan sur une séquence à part

Un petit mot pour finir sur une scène. Celle du cimetière pendant laquelle Barbara et Diane essaient de convaincre un client de ne pas quitter leur firme. A mes yeux, cette séquence est essentielle : elle contient la quintessence de ce qu’est The Good Fight.

Diane explique alors que le cabinet combine l’idéalisme et le pragmatisme dont il a besoin. Et au fond, tout, dans la série, tourne autour de ces deux cordes impossibles à lier mais que Diane et tous les autres essaient malgré tout de nouer. Ça n’a l’air de rien... mais en vérité, tout est là.

Rien que pour ça, pour tout ce qui a été dit et tout ce qu’il reste à montrer, la suite du voyage promet énormément.

Nico
P.S. La semaine prochaine, c’est au tour de Drum de reprendre le clavier, pour chroniquer Day 415. Faites passer le mot : nous voilà repartis pour treize tours !
Notes

[1(Elle apparaît dans l’épisode 4.16, Runnin’ with the Devil, où elle est déjà présentée comme une ex-camarade de promo d’Alicia Florrick)

[2(Warren Leight, tu reviens quand tu veux. Même chose pour toi, John Wells : les Gallagher, c’est bien mais on sait que tu peux faire plus. Qui plus est, Shonda Rimes n’est pas tout à fait sur le créneau de Kelley dans les 2000’s)