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The Good Fight - Reddick, Boseman, Lockhart et Agacement

Day 436: The Great Flop

Par Nico, le 16 avril 2018
Par Nico
Publié le
16 avril 2018
Saison 2
Episode 5
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Non, pErDUSA n’a pas abandonné les aventures de Reddick, Boseman & Lockhart. Les critiques par épisode rattrapent à partir de ce jour leur retard, avec un segment où l’on parle violences policières, #MeToo, influence des mentors… enfin, vite fait.

Ne nous mentons pas. Si le rythme de ces publications a pris du plomb dans l’aile, c’est parce que 1/ Nous étions tous bien occupés (notamment à débattre sur la malice de American Crime Story : The Assassination of Gianni Versace), 2/ Legion a repris, 3/ Cette première partie de saison 2 fait un peu grincer des dents.

Day 436, diffusé au début du mois, illustre assez bien ce qui ne fonctionne pas vraiment dans The Good Fight en ce moment.

Les prémisses de chaque intrigues sont prometteuses. C’était le cas au début de l’épisode précédent, où les avocat·es de la firme sont tou·tes réuni·es en salle de conférence pour apprendre à réagir en cas d’attaque de déséquilibré. Mais lorsqu’il faut aller dans le dur, creuser les sujets abordés… eh bien, il n’y a pas de quoi être fier.

Des thèmes forts…

D’un côté, Maia et Lucca se retrouvent embarquées dans des patrouilles de police. De l’autre, Adrian et Diane prennent la défense d’une présentatrice télé mise en cause alors qu’elle s’apprête à diffuser un sujet sur une star de cinéma très populaire accusé de viol par des femmes.

Les violences policières et leur prise en compte par la justice et les mécanismes de plainte et de défense depuis le début de libération de parole des femmes. Thématiquement, ce sont des questions taillées pour la série des King. Et il y a des choses qui marchent.

L’idée de proposer deux patrouilles totalement différentes pour les deux jeunes avocates permet de jouer sur deux rythmes et deux tonalités différentes. À Maia le petit tour plutôt sociétal, à Lucca, la virée plus intimiste. L’humour est présent par petites touches, les séquences s’enchaînent vite et la vie privée de la seconde connaît une avancée intéressante.

… mais une approche superficielle

Le problème, pour moi, se situe plus du côté de Maia et de ses aventures. L’intrigue est relativement classique et l’idée de sortir d’une perception binaire des actes policiers, de contextualiser véritablement tel ou tel acte prêtant à discussion, est toujours intéressante sur le principe.

Il n’en demeure pas moins qu’ici, cette démonstration est assez pataude et ne renouvelle pas vraiment l’approche de sujets abordé à maintes reprises par le passé.

Petite digression : il m’est arrivé de penser, en voyant des épisodes de Chicago Fire ou Chicago PD, que certains scénaristes télé prennent le pari que, puisque toute une génération de téléspectateurs n’a pas vu les premières saisons de Law & Order ou les épisodes de NYPD Blue, Homicide voire Third Watch, il est tout à fait envisageable de reprendre ses questions sans chercher à renouveler leur approche. Ça me fait un peu grimacer… mais à la limite, pourquoi pas. À condition d’explorer frontalement ces sujets.

Les séries de la franchise Chicago de NBC ne le fait que très peu (en tout cas, dans ce que j’ai vu). La seconde série des King à Chicago file un mauvais coton à ce propos. Notamment dans la façon dont elle construit ses intrigues.

Le rôle du mentor

Cela se voit avec ces histoires de flics… mais aussi et surtout dans l’intrigue de Diane et Adrian. Le cœur de l’intrigue, ici aussi, est fort. Très fort, même. En l’occurrence : comment #MeToo et le détonateur qu’a constitué l’affaire Weinstein ont braqué un projecteur médiatique sur des attitudes, des actes qui ont longtemps été tus… sans nécessairement faciliter la prise en compte de ces actes et attitudes.

L’intrigue, assez riche, est l’occasion d’aborder le passé d’Adrian, ses activités d’enseignant et les conséquences de son comportement sur la trajectoire professionnelle d’une jeune femme (qui est aussi sa cliente). J’avoue avoir trouvé ça intéressant même s’il m’a semblé que de ne pas vraiment donner la parole à la cliente en question sur le sujet amoindrit l’effet recherché.

Pense-t-elle avoir raté un pan de sa vie parce qu’elle n’a pas fait le métier auquel elle aspirait par le manque de considération de son professeur ? Est-ce qu’elle ne se reconnaît pas dans son choix de carrière, en ayant composé avec ce qu’on lui a visiblement refusé ? Je n’ai pas la réponse à ces questions. Mais j’aurais trouvé pertinent qu’on les pose. Ne serait-ce que pour explorer la logique systémique effleurée ici.

Les rois de l’évacuation rapide

Ce qui nous renvoie à un vrai problème de cette saison 2 : la conclusion de l’intrigue judiciaire. Diane, Adrian et leur cliente se battent pour obtenir la diffusion d’un sujet TV. Ils collaborent avec l’avocat du diffuseur et affrontent les avocats du comédien. La négociation est âpre, complexe, argumentée. Mais le tout est évacué rapidement pour arriver à une impasse dans la négociation.

Si tout ce petit monde se retrouvera au tribunal (ce que l’on ne suivra pas, ici), il y a de quoi rester vraiment sur sa faim. Pas parce qu’on ignore qui va gagner, qui va perdre cette confrontation… mais parce que finalement, la « dimension post #MeToo » n’aura été qu’un prétexte facile, un prétexte assez vain, pour mieux aborder la question de la personnalité d’Adrian.

C’est dommage. C’est frustrant. Et ça devient une sale habitude.

Nico
P.S. La suite sera-t-elle plus encourageante ? Croisons les doigts. Le prochain épisode sera chroniqué par Max’, puis le suivant par Jéjé. Restez donc dans les parages !