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The Killing - Présentation et avis très positif sur la saison 3 de The Killing

Réintroduction à la Série: 14 Bonnes Raisons de Regarder la Saison 3

Par Ju, le 26 août 2013
Par Ju
Publié le
26 août 2013
Saison 3
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... même si vous n’avez pas vu les deux premières saisons. Oui, je sais, c’est contre-nature. Je suis un traditionnaliste, j’ai bien conscience qu’il ne devrait rien avoir de compliqué au fait qu’une série comme The Killing doit absolument être regardée dans l’ordre, en commençant par son premier épisode et jusqu’à son dernier épisode. Il s’agit d’un contrat moral implicite entre une série et la personne assise sur son canapé.

Je vous demande juste de faire une exception.

Je vous demande simplement de faire comme si les deux premières saisons n’existaient pas. Et je vous encourage sincèrement à regarder la saison 3 de The Killing, même si vous n’avez pas vu le moindre épisode de la série.

Je vous promets que vous comprendrez tout. D’ailleurs, pour en être absolument sûr, je vous propose tout de suite un résumé complet et extrêmement révélateur des deux premières saisons. Attention, ça n’a aucun intérêt, mais je raconte tout !
En revanche, la suite de l’article ne contient aucun spoiler sur la saison 3.

Résumé Complet des 2 Premières Saisons de The Killing

Il pleut. Sarah Linden et Stephen Holder, deux détectives de la police de Seattle, enquêtent ensemble sur la mort mystérieuse de la jeune Rosie Larsen. Sous la pluie.

Au terme de deux saisons interminables, remplies de détours, de fausses pistes, d’autres fausses pistes, et d’humidité, Linden et Holder découvrent enfin la vérité : Rosie Larsen est morte parce qu’elle était au mauvais endroit au mauvais moment. Et à cause d’un énorme malentendu reliant le père de son petit ami, la course à la mairie de Seattle, et sa propre tante.

Linden démissionne.

Il pleut toujours.

Donc The Killing c’était nul, et maintenant c’est bien ?

Pour être très clair, les deux premières saisons de The Killing n’étaient pas entièrement nulles. Mais il s’agissait d’une série avec d’excellents acteurs, une réalisation très soignée, et des épisodes écrits par des débiles profonds.

Et, malheureusement, les deux premiers points étaient loin, très loin, de compenser le dernier. Pour preuve, mon dialogue préféré de la saison 1, qui n’auraient jamais pu être sauvé, même par la meilleure actrice du Monde. Linden y interroge un témoin.

Le témoin : He was wet, soaking wet.
Linden : What do you mean ?
Le témoin : Like he had been in water.

Pour vous faire une meilleure idée de tout le potentiel comique d’une série mal écrite qui se prend totalement au sérieux, je vous conseille également de regarder cette très courte vidéo par Vulture. C’est tellement formidable que je préfère ne pas vous dire de quoi il s’agit.

Enfin bref.

Puisque démonter les deux premières saisons d’une série n’est pas la meilleure façon de vous convaincre de regarder la troisième, je vais m’arrêter là. Car si, comme moi, vous vous étiez interrompu à la fin de la saison 1, ou si vous avez eu la bonne idée de ne pas en avoir regardé le moindre épisode, je vous recommande vraiment de mettre vos aprioris de côté et de laisser une chance à une très bonne saison de télévision.

Car avec sa saison 3, The Killing a réussi son meilleur retournement de situation jusqu’à présent : elle s’est transformée en une très bonne série.

Vraiment ?

Oui, vraiment.
Même pas une « très bonne série d’été ».
Une « très bonne série » tout court.

L’enquête de la saison tourne autour de meurtres dans le milieu de la prostitution de fugueuses mineures (oui, c’est très joyeux). En parallèle, on suit les derniers jours d’un condamné à mort avant son exécution (très, très joyeux), dans une intrigue qui a, peut-être, un lien avec l’enquête principale.

Là où ça devient étrange, c’est quand on se rend compte que plutôt que d’utiliser cette base pour aligner les retournements de situation invraisemblables et jouer la montre sur vingt-six épisodes, Veena Sud (l’adaptatrice en chef de la série danoise Forbrydelsen) a choisi de s’en servir pour nous raconter une histoire cohérente, bien foutue, assez intelligente, et parfois même émouvante.
Terminées les intrigues annexes superflues (plus d’avion à prendre ou de fils chiant pour Linden, plus de parents qui font lentement leur deuil ou d’intrigues politiques absolument ridicules non plus), en resserrant la saison sur seulement trois axes principaux (l’enquête, la vie des fugueuses, et la prison), The Killing a réussi à faire ressortir ce dans quoi elle excelle, tout en gommant joyeusement tous ses plus gros défauts.

Le résultat, c’est une saison propre et efficace, douze épisodes réalisant enfin tout le potentiel de la série.

Par exemple, si Joel Kinnaman a toujours été le plus gros atout de The Killing, son Holder est encore meilleur ici qu’auparavant. Très consciente de ce que la série possède, il n’y a pas un seul épisode sans une ou plusieurs grandes scènes pour sa meilleure création : le flic en sweat à capuche.
Linden, elle, n’a jamais été un personnage très facile à apprécier (elle est trop souvent réduite à l’état de robot qui mâche du chewing-gum pour ça), mais ses quelques sourires et surtout sa relation avec Holder lui font énormément de bien dans cette troisième saison. Pour ne rien gâcher, leur alchimie renouvelée n’est pas ternie, cette fois, par leur titre de « Pire Détectives de la Planète ». S’ils sont encore imparfaits, on a quand même nettement moins l’impression qu’ils sont là par hasard, et leur enquête avance (la plupart du temps) de façon beaucoup plus naturelle que dans les deux premières saisons.

Mais la bonne surprise vient de l’intrigue des jeunes fugueuses.
Si le discours qui y est tenu (sur l’abandon de ces enfants et sur le système qui est cassé) n’est pas extrêmement original ou subtil (malgré les ressemblances, on n’est pas devant la saison 4 de The Wire, aussi connue sous le nom de « La Meilleure Saison de la Meilleure Série de Tous les Temps »), elle réussit haut-la-main quelque chose d’indispensable : offrir un visage humain aux victimes et générer, de fait, de vrais enjeux.

Ce n’est donc pas simplement pour une question abstraite de justice qu’on veut voir Linden et Holder résoudre leur enquête, mais c’est en très grande partie grâce au travail remarquable fait sur le personnage de Bullet, la fugueuse dont on suit principalement le parcours durant la saison.
Un peu casse-couille, extrêmement bien interprétée, et au final très attachante, Bullet réussit en à peine quelques épisodes à nous investir dans cette enquête, exactement là où les vidéos pseudo-artistiques et la vague personnalité de Rosie Larsen avaient échoué pendant deux saisons.

À côté de ça, l’intrigue en prison est bonne.

Oui, c’est tout. Peter Sarsgaard est excellent dans le rôle de Ray Seward, le condamné à mort, mais le problème de cette intrigue est un peu similaire à celui de l’élection dans les saisons précédentes : elle est trop détachée du reste.
Certes, le temps qu’on y consacre est bien mieux justifié vis-à-vis de l’intrigue principale que dans les deux premières saisons (par le lien potentiel entre les deux affaires et le fait que Linden ait enquêté dessus), mais l’impression de diversion temporaire demeure. Malgré le fait que ça soit très bien foutu (je trouve l’univers carcéral et le sujet de la Peine de Mort intrinsèquement fascinants, et ça ne loupe pas ici, une nouvelle fois).
Pas de souci, on n’est donc pas devant une intrigue aussi profondément stupide que celle de l’élection du maire de Seattle, avec ses acteurs endormis et ses manipulations politiques risibles, mais pendant toute la saison, on attend quand même que le lien soit fait avec le reste, en se disant qu’on a déjà vu ça ailleurs, maintes fois, et parfois en mieux.

Mais sans déconner, il faut vraiment regarder The Killing ?

Oui, sans déconner, il faut vraiment regarder The Killing.
Mais par pitié, uniquement la saison 3.

Ju