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The Walking Dead - Souvenons-nous de tous ces bons moments passés avec Andrea

Bilan de la Saison 3: Une Saison en Prison

Par Conundrum, le 30 août 2013
Publié le
30 août 2013
Saison 3
Episode 16
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Lorsque The Walking Dead reprend en saison 3, beaucoup de choses ont changé. Glenn Mazzara est bien installé, seul aux commandes de la série. Comme pour répondre aux plaintes du public qui a passé beaucoup trop de temps dans cette ferme, on injecte plus d’adrénaline à la série. Visuellement, il y a plus d’action, plus de gore, plus de zombies. [1]

Thématiquement, la saison 2 se posait la question, par la grossesse de Lori ou les zombies de la grange, de savoir si on pouvait vivre comme par le passé dans ce nouveau monde. Mais ses différents morts ont fait évoluer Rick et sa troupe : avec la mort de Sophia, ils perdent leur innocence, avec celle de Dale, la voix de la raison, et avec celle de Shane, ils perdent leurs identités pré-apocalypse. Ces trois morts ont redéfini les personnages et la série.

Les deux premières saisons forment un tout. Avec le final de la saison 2, on revient sur l’hélicoptère du pilote, et sur ce que Rick a appris au CDC en fin de saison 1, à savoir que peu importe la manière dont on meurt, on devient automatiquement un zombie.

La saison 3 part sur de nouvelles bases. Les protagonistes sont moins apeurés, plus résignés mais surtout prennent leurs destins en main. Même le générique reflète ce recadrage, il n’y a plus d’images du passé, juste des visuels du monde dans lequel les héros doivent vivre.
Mais, si « The group is broken » était la grande idée de la saison 2, la thématique de la saison 3 est le « We are not friends, we’re family » de Glen de l’épisode 3.05. Malgré cet aspect plus rude, le groupe est plus uni, mais aussi, plus renfermé sur lui-même. Rick n’accepte que très difficilement les inconnus, et même Merle et Andrea, séparés du groupe en saison 1 et 2 respectivement, ne sont plus acceptés.

Rick, à l’image de la série, est lui aussi rebooté. Il est plus rude, plus renfermé. Mais en ne résistant pas à l’idée d’en faire un anti-héros, les scénaristes perdent une partie de l’intérêt de Rick, à savoir un homme dont la conviction en ses valeurs est mise à mal tant par le nouveau monde dans lequel il se réveille que par ses proches (Shane et Lori).

Le fait de tuer un prisonnier instable qui testait ses limites peut être acceptée, celle d’en abandonner un autre aux mains de zombies est plus difficilement conciliable avec l’image qu’on nous a vendu de Rick pendant ces deux saisons. Entendre son anecdote inutile et très réac’ sur ses raisons de ne pas faire aux confiances aux prisonniers survivants nous éloigne encore plus du personnage principal de la série.

Bien évidemment, la mort de Lori n’arrange rien.
Et ce, dans tous les sens du terme. Les visions et les scènes au téléphone passent très mal et le quiproquo qui en découle avec le départ très attendu de Tyrese en devient risible. La mort de Lori arrive limite beaucoup trop tôt dans la saison. L’idée d’un couple sur le point d’avoir un enfant qui ne s’entend plus sans possibilité de divorce ou séparation est à peine abordée et on passe beaucoup trop de temps avec un Rick au bord de la folie.

Il faut attendre que Hershell le confronte à son discours du final de la saison 2 pour que le problème soit abordé. Rick était devenu le leader du groupe par ses qualités humaines d’homme droit. Malmené par Shane et pris entre l’intérêt de son groupe et le respect des volontés d’Hershell, son rôle a été remis en cause. Il en découle un choix de Rick d’imposer son avis sans discussion possible à qui veut le suivre. Mais Hershell, à juste titre, lui rappelle que cela implique qu’il a la responsabilité de toutes les personnes du groupe.
L’épisode suivant est encore plus révélateur. Avec un retour sur les lieux et personnages du pilote, on nous montre à quel point le monde et Rick ont changé. Le Rick du pilote aurait aidé l’homme croisé sur la route. Le parallèle entre Rick et Morgan est flagrant. Le « He wasn’t like this, then » du premier face au second est aussi valable pour notre héros. Sa réaction face à Morgan montre que le Rick du pilote n’a pas totalement disparu, mais il faudra attendre sa réalisation face à l’ultimatum du Gouverneur de lui livrer Michonne, son discours qui revient sur l’aspect démocratique du groupe et l’accueil des rescapés de Woodbury pour retrouver un Rick à la morale plus juste.

C’est un chemin bien long sur 16 épisodes !

A tel point, que j’en regrettais la recherche de Sophia en saison 2 ! Oui, parce que si les premiers épisodes sont très nerveux et nous paraissent si loin de la série promise par Darabont dans le pilote, The Walking Dead souffre toujours de l’incapacité de ses scénaristes à rythmer leur saison.

Tout va très vite dans la première partie de la saison en prison (Hershel se fait mordre ! Lorie meurt ! T-Dog ! Tyrese arrive !), tout est très très lent du côté d’Andrea et du Gouverneur. Vous savez, ce méchant tellement méchant qu’on a besoin de nous le présenter au ralenti en pleine fusillade pour nous montrer à quel point il est méchant.

Si la saison 2 jouait sur la menace zombie [2], la saison 3 joue sur une idée effleurée en saison 2 avec l’épisode du bar : la menace humaine. Mais deux problèmes majeurs sont alors mis en avant. Les zombies ne font plus peur, et n’inquiète personne. Andrea ou Michonne font régulièrement la navette à pied entre Woodbury et la prison sans trop de soucis. Les zombies sont relégués au rang de nuisances, un peu comme des moustiques.
Mais le second problème est plus grave. Le Gouverneur est très méchant, rappelez-vous le ralenti. Le Gouverneur est très flippant, il a une jolie collection de têtes de zombies. Mais surtout le Gouverneur parle beaucoup et est un orateur très ennuyeux ! Et sur 20 épisodes, dont un consacré intégralement à la vie merveilleuse de Woodbury, la pilule passe difficilement. Au moins, la saison de la ferme possédait moins d’épisodes !

Et c’était une très mauvaise idée de l’associer avec le seul personnage qu’on aurait aimé ne pas voir survivre au finale de la saison 2, Andrea.
La lente séduction d’une Andrea trop idiote ralentit considérablement l’histoire. Et, lors de la seconde partie de la saison, alors que la tension est censée monter pour s’achever dans un épisode avec des explosions, des mutilations et avec un peu de chance, des zombies, on a le droit à la place à un enchainement d’épisodes maladroits, à une Andrea au Q.I. qui diminue à vue d’œil [3] et un final des plus décevants où une poignée de l’équipe de Rick arrive à contrer les troupes plus nombreuses et mieux armées du Gouverneur ! Ce dernier prend la poudre d’escampette sans qu’on comprenne trop pourquoi.

On est juste content que la série se soit débarrassée d’Andrea pour de bon cette fois-ci !

Malgré leurs défauts, j’ai largement préféré les deux premières saisons à cette nouvelle mouture de The Walking Dead. J’avais déjà écrit sur l’intérêt d’une structure narrative similaire à celle d’un jeu vidéo. J’ai moins apprécié cette narration plus traditionnelle avec deux fils directeurs (la prison et Woodbury) censées se rejoindre dans un final épique. Malgré la frénésie des premiers épisodes, on peut lui faire les mêmes reproches qu’à la saison 2 : peu de matériel sur trop d’épisodes. La série a aussi très mal géré la mort de ses personnages. Celle de Lorie arrive trop vite, celle d’Andrea trop tard, et on se serait bien passé de celles de T-Dog ou d’Oscar. A la place de Tyrese, je serai très inquiet si un personnage black intègre la distribution de la saison en saison 4, d’ailleurs !

La nouvelle saison, qui début en octobre, amène un nouveau showrunner et potentiellement une nouvelle direction. Même si on semble rester en prison, l’une des forces de la série est de pouvoir se ré-inventer de saison en saison. Si le nouveau showrunner pouvait juste se rappeler qu’une horde de zombies est plus flippante qu’un borgne instable, ce serait un bon début.

Conundrum
Notes

[1La série tente même une pointe d’humour lorsque les prisonniers tuent leur premier zombie sous les yeux de Rick & Co.

[2J’étais très content de voir que l’hélicoptère du pilote n’avait pas disparu avec Darabont !

[3Pourquoi est elle incapable de voir qui est le Gouverneur ? Pourquoi n’explique-t-elle pas à Miles de Rubicon ce qu’elle appris au CDC lors de son expérience ? Pourquoi dit-elle qu’elle ne peut pas retourner avec le Gouverneur lors du face à face avec Rick et monte dans sa voiture ? Et, oh CE HANGAR !!!!!!