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Vegas - La nouvelle série avec des vieux sur CBS

Vegas: Où est William Shatner ?

Par Jéjé, le 3 octobre 2012
Par Jéjé
Publié le
3 octobre 2012
Saison 1
Episode 1
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Des vieux acteurs pour raconter une histoire du passé sur le network des vieux. La voilà, la série de la rentrée qui m’était destinée.

Qu’est-ce que c’est ?

Vegas, c’est l’incursion sur le petit écran du scénariste des Affranchis et de Casino, du réalisateur de Copland et de l’acteur principal des Dents de la Mer 3 et de l’Aventure Intérieure.

C’est avec qui ?

Pas que des gens du cinéma.
Heureusement.
On y retrouve Vic McKey de The Shield (Michael Chiklis), Carrie de Model’s Inc (Carrie-Anne Moss), un ancien de Terra Nova (Jason O’Mara) et… Oliver de The OC (Taylor Handley) !

Ca parle de quoi ?

De Las Vegas dans les années 60. Avec des enquêtes policières.

C’est bien ?

J’ai bien une réponse ferme, définitive et sans ambiguité.

Mais la dernière fois que j’ai été catégorique sur un pilote de drama de CBS, j’a dû faire six mois plus tard mon mea culpa sur le forum et reconnaître que la série qu’il avait lancée était la meilleure nouveauté de l’année sur les networks.
Alors sur le coup de Vegas, je vais être un tout petit plus circonspect et répondre, de fait, à deux questions.
 

C’était un chouette épisode de télé qui donne envie de voir la suite ?

Non.

L’affiche présente Vegas comme une série centrée sur deux personnages. Si le pilote ne se devait que de réussir un seul objectif, c’était bien celui de donner vie à ces deux-là. Ou au moins à un.
(On comprend bien qu’avec ces deux têtes d’affiche, il fallait leur donner la même place sur le poster.)

Le pilote choisit effectivement de se concentrer sur Lamb (Dennis Quaid), un cow-boy taciturne qui accepte les fonctions de shériff le temps d’une affaire sensible pour le maire, son ancien camarade de l’armée, au moment où il se rend compte que sa ville, en pleine mutation mafieuse, semble laisser de moins en moins en place à l’élevage.
Sur le papier, c’est très excitant, même pour moi, qui ne suis pas un grand fan des histoires de gangsters.

Mais son introduction au spectateur est plombée par l’enquête calamiteuse dans laquelle il est embarqué. Il a beau expliquer qu’enquêter c’est écouter ce qui se dit et surtout ce qui ne dit pas (là encore, c’est excitant, c’est un peu une façon d’annoncer que les enquêtes policières seront axées autour de personnages et de situations tragiques plutôt que de machinations alambiquées à détricoter) la série ne lui offre rien à entendre, rien à ressentir.

Résultat, on passe notre temps dans un intrigue fade avec un personnage qui fait la gueule pour faire la gueule. De temps en temps, il balance un coup de poing ou poursuit quelqu’un à cheval. Il faut bien qu’il fasse quelque chose comme il ne parle pas. Mais cette agitation sonne forcée, un poil ridicule (la poursuite finale à cheval) et gâche le temps qui aurait pu être utilisé à dessiner deux trois contours de l’entourage de Lamb. (Pour l’instant, tout ce que l’on sait de son frère et de son fils, c’est qu’ils sont plutôt jolis et qu’ils aiment se balader derrière lui pendant les enquêtes…)

Ce manque de temps (alors que l’épisode semble durer des heures) ne semblait pas propice à l’introduction du deuxième personnage important de Vegas, Savino, mafieux fraîchement débarqué en ville.
Pourtant, les scénaristes se forcent à le apparaître régulièrement dans l’épisode, en plus des deux petites scènes centrées sur lui, en le collant artificiellement dans d’autres où il n’est qu’un spectateur parmi les autres de l’intrigue menée par Lamb. S’il n’était pas interprété par Michael Chikilis, on ne lui accorderait pas plus d’attention qu’à un figurant un peu falot.

Avec sa narration complètement déséquilibrée, ce pilote rate à la fois la présentation de ses personnages et des enjeux de son univers.

Ca peut quand même donner une bonne série ?

Je ne suis pas Alison Dubois, il faudra donc attendre quelques épisodes pour le savoir, mais Vegas possède deux atouts qui bien utilisés pourraient en faire une série intéressante sur le long terme.

— Les années 60 : pour l’instant, on peut avoir l’impression que les producteurs ont choisi cette époque seulement pour s’autoriser à n’avoir que des bonhommes dans leur histoire. Mais s’ils arrivent à en faire la toile de fond générale de la série, en ancrant vraiment les enquêtes de la semaine dans l’air de ce temps et en brossant l’histoire locale de cette période à travers le destin de Savino, ça peut devenir passionnant et réussir à nous faire oublier (comme l’a fait Spartacus) l’utilisation pour l’instant bien visible des fonds verts et des images de synthèse.

— Greg Walker : ce pilote a été confectionné par des artisans du cinéma, ce qui explique peut-être certains flottements dans sa narration (Frank Darabont sur The Walking Dead, est le dernier exemple en date du fait que la translation cinéma-télé n’a rien d’évident…). Il y a heureusement ce gars-là, un vieux routard de la télé à la production exécutive, qui, pour moi, a réalisé le miracle de faire d’une série (The Defenders) avec Jim Belushi et Jerry O’Connell, située également à Las Vegas, l’une de plus belles surprises de la saison 2010/2011.

Je garde donc un peu d’espoir…

Jéjé