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The X-Files - Un retour sur la mythologie de The X-Files avant la nouvelle saison

En Attendant la Suite: Oh Putain, les Abeilles !

Par Conundrum, le 25 janvier 2016
Publié le
25 janvier 2016
Saison 10
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Il y a de cela quelques jours, tout le réseau A-Suivre a subi une attaque sans précédent rendant les sites inaccessibles. Par qui ? Pourquoi ? Une seule explication possible : nous empêcher de parler de The X-Files.

Sauf que nous, on n’a jamais trop aimé The X-Files.

Gillian Anderson, pour nous, c’est la classieuse dame de The Fall, Guerre et Paix et Hannibal. Walter Skinner c’est le super méchant de Dallas. Et David Duchovny, c’est l’ex-Monsieur Madame La Secrétaire. Mais s’il y a un truc qu’on déteste à pErDUSA autant que les gens qui mâchent la bouche ouverte et les petits pois, c’est de nous empêcher de parler. Alors, on va en parler de la Vérité qu’on nous cache !

Sauf que The X-Files, je m’en rappelais plus.
Et je crois que je me suis arrêté au premier film. Alors, j’ai décidé de me refaire les neuf saisons de la série, mais uniquement via les épisodes mythologiques. Parce que si The X-Files est connue pour les terreurs provoquées par des extraterrestres, des vampires, des monstres, un monsieur qui vous fera réfléchir à deux fois avant de prendre les escalators, et surtout la mention « Special Guest Star Mimi Rogers », c’est surtout la complexité grandissante de sa mythologie qui a marqué nos esprits. Et pas nécessairement dans le bon sens.

Alors avant de se lancer dans cette dixième saison, revoyons ensemble les bases de la mythologie de The X-Files.

A le début

A une époque où on pouvait tenir à plusieurs dans une chemise taille M, Chris Carter et sa machine à fumée ont vendu une série de science-fiction à la FOX mettant en scène deux lampes torches enquêtant sur des phénomènes paranormaux qui impliquent beaucoup de fumée.

L’Agent Dana Scully (Hmmmm Gillian Anderson !) est un médecin agent du FBI assignée au département des affaires non classés (ces fameux Dossiers X) afin de donner un regard scientifique et cartésien aux rapports de Fox Mulder (David Duchovny), un agent du FBI à la réputation peu glorieuse, fervent croyant aux phénomènes paranormaux et à l’existence d’extraterrestres.

Les premiers épisodes de The X-Files sont assez étonnants, car ils donnent d’emblée les réponses aux questions que la série va se poser pendant les trois premières saisons.
En deux épisodes, on découvre qu’un Mulder adolescent a assisté impuissant à l’enlèvement de sa soeur cadette par, selon lui, des extraterrestres. Leur existence nous est cachée par le gouvernement via une organisation secrète dont fait partie un homme sans nom qui fume beaucoup. Cependant, des hommes de l’ombre sont prêts à aider Mulder dans sa quête, comme le fameux Gorge Profonde, une sorte de Huggy les Bons Tuyaux dont les informations font avancer les enquêtes de nos Starsky et Hutch du paranormal. Il n’est donc pas étonnant que lorsque la série s’intéresse à son aspect mythologique, elle semble poser des questions auxquelles le téléspectateur a déjà les réponses.

Lors d’un visionnage des épisodes mythologiques de la série, on pourrait avoir l’impression que les épisodes tournent un peu en rond. Or, ce n’est que rarement le cas. Contrairement à ce que les scénaristes veulent nous faire croire, la série ne donne que très rarement une vision neutre des évènements qui permettrait de donner autant de crédit à la vision de Mulder qu’à celle de Scully. Sans une Gillian Anderson, le personnage de Scully aurait pu être relégué au rang de second de Mulder. Son jeu sobre et son charisme permettent de rééquilibrer la balance d’une série qui, dans un premier temps [1], donne trop la part belle à son héros.
On part déjà dans la série avec la volonté de croire à ce que dit Fox, et la série ne fait renforcer cette image. Dans ces premières saisons, on ne doute jamais de l’existence de vie extraterrestre, du fait qu’ils soient parmi nous ou qu’il y ait une conspiration. Mais, s’ils n’apportent que peu de choses à la mythologie, ce rythme lent est nécessaire pour faire venir les téléspectateurs qui découvrent la série sur le tard et qui ont loupé les premiers épisodes explicatifs à une époque où il était très difficile de revoir les épisodes d’une série dans l’ordre à la demande. Malgré tout, l’équipe des scénaristes ficellent des épisodes rondement menés qui explorent doucement la mythologie sans lasser le public fidèle.

La fin de la première saison donnera l’illusion de faire avancer l’histoire avec la découverte d’un foetus extraterrestre et la mort de Gorge Profonde qui apporte une sensation de danger à l’univers de la série. Mais le foetus est juste une nouvelle preuve d’une information que l’on connait déjà (l’existence d’extraterrestres) et Gorge Profonde sera remplacé par un autre homme qui aura exactement la même fonction.
En gros, en saison 2, avec un cliffhanger tellement gros (la fermeture des X-Files) qu’il se devait d’être résolu illico presto [2], la série allait reprendre avec les mêmes grosses ficelles.

Sauf que Gillian Anderson a la très bonne idée de tomber enceinte. Ce qui aurait pu nous embêter parce qu’on n’aime pas trop les scènes où Scully n’est pas là. Mais au final, cela permet l’arrivée d’un nouvel antagoniste dans la série, Alex Krycek, en tout que nouveau partenaire de Mulder.
Krycek est rapidement révélé comme un agent travaillant à la solde du vil Haleine de Cendrier, le leader de cette conspiration de vieux mecs blancs qui cherchent à cacher ... hmm... des trucs ! Mais surtout, pour permettre à Anderson de prendre un peu de temps pour elle, Scully est enlevée. Et la série réussit pour la première fois à émettre le doute sur l’identité de ses kidnappeurs.
L’enlèvement par des extraterrestres tient autant la route que l’enlèvement par des hommes qui font d’horribles expériences sur leurs victimes. Et ce mystère, contrairement à celui de la soeur de Mulder, est vu et ressenti en temps réel. Les différents allers et retours sur l’origine et les raisons de cet enlèvement donneront d’excellents moments et particulièrement tout l’arc du cancer de Scully.

D’un point de vue créatif, les épisodes mythologiques ne feront jamais mieux que la fin de saison 2, début de saison 3, avec le triptyque Anasazi qui voit l’introduction d’Albert Hosteen, l’indien Navajo qui aidera Mulder et Scully à décoder des informations confidentielles, et où les premières bases des sombres secrets de famille Mulder y sont posées.

Malheureusement, si la série reste de bonne facture, la mythologie va commencer à sérieusement tester notre patience.

Oh putain, les abeilles !

Et ça commence avec le gros boxon intitulé « Samantha Mulder ou l’art du comique de répétition ».

Assez régulièrement, la série joue la carte de « Fox Mulder, voici ta soeur ! ». Si la première version de sa disparition et de son retour permet la mise en avant de l’existence de clones extraterrestres, l’intrigue devient rapidement ridicule. Et c’est dommage, car l’idée de base est bien trouvée.
Samantha Mulder était une victime collatérale du complot. Chaque membre du Consortium de la Conspiration devait soumettre un membre de sa famille à des expérimentations. Bill Mulder a choisi sa fille. On découvre alors qu’elle a été retournée, non pas aux Mulder, mais à l’Homme à la Cigarette. Elle fut régulièrement kidnappée par la suite jusqu’à sa mort dans son adolescence. Mais la série ne s’est pas contentée de cette chic et tragique intrigue. En plus des clones adultes, on découvre les clones muets de la petite Samantha, des esprits qui sauvent des mômes au destin tragique en les tuant ( ?!?) et surtout les abeilles.

C’est bien dommage parce que l’une de ces versions de Samantha était bien trouvée. L’Homme à la Cigarette et à l’Haleine de Cendrier présente une Samantha adulte qu’il aime et qu’il considère comme sa fille. Si elle est heureuse de revoir son frère, elle a fait sa vie. Contrairement à Fox, elle a pu se construire malgré la tragédie et ne veut plus rien avoir affaire avec les Mulder. Cette vision donnait une fin douce, touchante mais non moins dramatique à cette intrigue. Mais non, les scénaristes ont préféré revenir sur leur copie en fin de série. C’est bien dommage car si l’émotion est réelle, le fait d’avoir étalé cette histoire sur 8 saisons et impliqué des esprits dont le rôle n’est pas très clair peine à convaincre.

Et aussi, il y a eu les abeilles.

Les abeilles c’est le symptôme idéal d’une phase de The X-Files où la forme compte plus que le fond. Des abeilles tueuses, de l’essence vivante, un extraterrestre guérisseur, c’est bien beau, c’est cool dans une bande-annonce, mais quand on s’y arrête deux secondes, on a du mal à comprendre ce qu’ils font là. On ajoute dans le lot, un nouvel informateur, Marrita Covarrubias qui semble agir comme si elle vivait dans le générique de Dynasty. Et pas celui avec Joan Collins, non, celui de Dynasty IIFallon se fait enlever par des extraterrestres ! Côté surjeu, on pensait faire difficilement mieux que Steven Williams, Laurie Holden nous prouve le contraire à chacune de ses apparitions.

Mais les talents d’actrice de Holden deviennent le cadet de nos soucis. Non contente d’avoir ruiné la vie de Tom Cruise, Mimi Rogers s’attaque à notre série. Elle incarne une ex de Mulder avec qui il a fondé The X-Files. Ce sera un traitre à la solde de l’Homme qui ne Finit Jamais Ses Cigarettes et comme les gitans dans Angel, ne parlons plus jamais d’elle.
Le film arrive alors où Scully crie beaucoup et préfère se faire kidnapper par des extraterrestres que d’embrasser Mulder. S’il affirme une bonne fois pour toute et de manière irréfutable l’existence d’êtres venus d’ailleurs, toute la saison qui suit le film verra une intéressante remise en question de Mulder qui ne croit plus en eux.

The X-Files redevient une série captivante jusqu’à ce qu’elle nous fasse beaucoup rire. Il est difficile de garder tout le respect qu’on a pour la série quand Mulder devient télépathe après avoir été en contact avec le calque d’une partie d’un vaisseau spécial extraterrestre contenant des passages de la Bible et du Coran en Navajo mais pré datant leur avènement. Mais juste lorsqu’on commence à perdre foi, la crainte de l’annulation convainc Chris Carter de résoudre quasiment toutes ces intrigues : c’est la fin du Consortium, la fin de l’Homme à la Cigarette, la fin de « Non, mais, sérieux, les gars, qu’est ce qui est VRAIMENT arrivé à ma soeur ? ».

C’est aussi la fin du contrat de David Duchovny. Et si la perspective d’une série où Scully et Skinner enquêtent sur des phénomènes étranges et vivent leur histoire d’amour au grand jour était la meilleure idée de l’histoire de l’Humanité, Carter a une autre idée : Et si on ne faisait que parler de Mulder, tout le temps et surtout quand il n’est pas là ?

Bon, elle finit quand la série ?

Si la série doit continuer, il nous faut un nouveau héros.

Oui, parce que Scully ne pouvait pas porter la série ses épaules, hein, Carter ? Ça aurait été con de faire confiance à l’actrice qui reste, elle, non, il faut ajouter un nouveau mec blanc qui défonce des portes et utilise son flingue, hein Carter ?!?

Bon, autant je suis déçu que la série ne tire pas le meilleur de garder Gillian Anderson, autant John Dogget n’était pas une mauvaise idée. Avec le kidnapping de Mulder par un vaisseau pour expliquer son absence, Skinner devient l’homme qui veut croire, Dogget est celui qui ne croit pas et Scully est au milieu.
Le trio devient très intéressant et la recherche de Mulder permet de donner une bonne diversion aux scénaristes qui viennent tout juste de se débarrasser de leur mythologie et qui agacent en faisant de Scully un vaisseau pour un divin enfant. Et lorsque X-Files se débarrasse de Mulder en début de saison 9, toute l’intrigue sur Knowle Rohrer, le Rural Juror Super Soldier, peine à convaincre et fait boiter la série jusqu’à la fin. Mais elle a quand même l’avantage de nous de divertir de l’horrible histoire de William, l’enfant messie de Mulder et Scully.

Cette fin de série nous donne quand même de bons moments, principalement lorsque Scully partage l’écran avec Monica Reyes, sa remplaçante aux X-Files. Le dernier épisode de la série réussit l’exploit, dans sa première partie, de faire un toutéliage qui impressionnerait les scénaristes de 24. La seconde partie impressionne beaucoup moins.
L’Homme à La Cigarette perd toute la profondeur qui lui avait été donnée aux meilleurs moments de la série, dans une scène idiote où il révèle qu’une invasion extraterrestre est prévue pour 2012. Cette scène (je vous ai dit qu’elle était idiote ?) dépeint le meilleur antagoniste de la série comme un simple méchant vraiment très méchant. Un peu comme Orangina Orange Sanguine. Mais au moins, il n’y a pas de fin heureuse où Mulder et Scully stoppent l’invasion. C’est une fin ouverte, où nos héros ne finissent pas gagnants et qui laisse le champ libre à une suite.

Si le film I Want To Believe permet de revenir à un statu quo, il n’aborde absolument pas la mythologie de la série. Et au vu de la déception du premier film, la mythologie sied mieux à une mini-série qu’à un nouveau film.

Espérons juste que Chris Carter soit mieux inspiré qu’il ne l’était en fin de série.

Conundrum
Notes

[1Et en fin de vie.

[2Avant d’être recyclé par deux reprises avant la fin de la série