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The X-Files - Alors, que penser de ce premier épisode indépendant ?

Founder’s Mutation: "D’où je dois marcher derrière ce type ?!?" - D. Scully, Septembre 1993

Par Conundrum, le 30 janvier 2016
Publié le
30 janvier 2016
Saison 10
Episode 2
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Quand la Fox a annoncé le retour de ses séries phares comme The X-Files, 24 et Prison Cassée, une certaine nostalgie s’est emparée de nous. Parce restons sérieux deux minutes, aujourd’hui, les héros de Gotham et Sleepy Hollow peinent à nous captiver autant qu’une Dana Scully ou qu’un Jack Bauer.

A une époque où les séries ayant une trame narrative sur toute une saison optent pour une approche sérialisée, The X-Files nous revient comme avant, avec un mix d’épisodes indépendants et mythologiques. Les lecteurs de Génération Séries se rappelleront, d’ailleurs, que le numéro des épisodes de ces derniers était sur fond foncé dans leur guide bien pratique.

Surtout que, pour cette saison 10, la Fox a mis les petits plats dans les grands à grand renfort de promotion, avec le retour du générique original et surtout, cette grande tradition de la diffusion dans le désordre.
Suite à la diffusion du premier opus, c’est en toute logique qu’on nous propose le cinquième épisode. Ça devrait m’énerver si ça ne rentrait pas complètement dans mon plan de revivre les années 90.

Et soyons honnête, ce n’était pas si dérangeant que cela. C’était même plutôt bien trouvé parce que, si le premier épisode m’avait un peu agacé dans son traitement de Scully, c’est son personnage qui mène le bal dans Founder’s Mutation. Dans l’épisode, écrit et réalisé par James Wong, fidèle collaborateur de Chris Carter et co-créateur de la sympathique et sous-estimée, Space : Above and Beyond, Scully et Mulder enquêtent sur un médecin qui traite des enfants atteints de sévères altérations génétiques.

La structure de l’épisode était très pertinente. Si le cas de la semaine permet aux maquilleurs de s’éclater avec les patients malades du Dr Matt de Melrose Place, il permet principalement d’aborder le thème de la famille pour Mulder et Scully.
Pour cette dernière, le cas d’une mère séparée de son enfant lui rappelle bien évidemment le destin de William, son enfant qu’elle abandonne pour sa protection en fin de série. Revenir une dizaine d’années plus tard permet d’explorer le fait que sa blessure ne s’est jamais renfermée et que le temps n’arrange rien. Le jeu d’Anderson avec une Scully bien plus triste et mélancolique que dans la série originale est particulièrement subtil. Faire revenir The X-Files après une si longue pause permet de voir l’impact du temps sur nos héros. William est l’expérience qui met Scully au même niveau que Mulder. Tout comme l’enlèvement de sa sœur, la séparation brutale d’avec son fils est un impact violent de la Conspiration/Invasion dont elle ne se remet pas. Mulder n’a jamais réussi à se construire en dehors des X-Files, et si Scully essaie de fuir ce monde, elle n’en est pas heureuse ou épanouie pour autant. Les scènes imaginées de Scully montrent un destin potentiel dont l’issue ne peut être satisfaisante.

Choisir d’aborder l’abandon de William via un épisode indépendant est une bien meilleure idée qu’en faire partie intégrante de la mythologie. Il est bien plus tragique et réaliste de ne pas montrer William dans sa nouvelle vie. Cela permet aussi à Gillian Anderson de faire autre chose que de suivre Mulder. Pour une fois, il a un rôle plus passif [1], et marche même derrière elle dans la scène où ils interrogent une nonne. Ce n’est peut-être pas grand-chose mais quand on se rappelle des interviews d’Anderson où elle expliquait que dans les premiers épisodes, elle devait marcher derrière Mulder, on ne peut s’empêcher de sourire devant son écran.

De manière assez fine, le dénouement de l’épisode réunit un frère et une sœur qui ne se sont jamais vu. Et malgré leur âge, le premier sait quand on essaie de lui mentir lorsqu’on lui présente, à tort, une jeune fille comme sa sœur ainée. Il est difficile de ne pas alors faire le parallèle entre Fox et Samantha, les frères et sœurs Mulder séparés, jamais réunis malgré les différentes tentatives de faire croire le contraire à notre héros lors de la série originale.
La famille est le grand sacrifice que nos héros doivent faire à maintes reprises. Lors des premières saisons de The X-Files, des Scully et Mulder trentenaires perdent leurs sœurs, et parents pour ce dernier, qui se retrouve alors littéralement sans la famille avec laquelle il a grandi. [2] Avec des héros qui ont pris deux décennies depuis le pilote, c’est la famille qu’ils auraient pu avoir que l’on aborde, à savoir, la vie qu’ils auraient pu avoir avec William. Contrairement à leurs parents et sœurs, il est bien plus difficile de faire le deuil de quelque chose que l’on n’a jamais eu. C’est une difficulté rarement montrée à la télévision.

Indépendamment de l’aspect science-fiction, Founder’s Mutation devient particulièrement pertinent lorsqu’elle s’attarde sur l’aspect humain. Il n’y a pas besoin d’extraterrestres et de complot pour explorer les regrets d’une vie non choisie où d’une décision majeure sur laquelle on revient toute sa vie. C’est une vérité et un conflit qui vient avec l’âge. Et malgré les dialogues qui auraient mérité d’être plus travaillés lors de ces scènes imaginées, cette thématique est puissante et propre à cette nouvelle mouture.
Il est aussi remarquable de noter que, même dans leurs visions avec leur fils, Mulder et Scully n’imaginent pas de vie de couple ou de famille à trois. Il s’agit toujours d’un parent et de son enfant. C’est une petite touche appréciable qui montre la complexité et l’intelligence de la relation entre nos héros qui est bien loin des conventions auxquelles on nous a habitué.

Le reste de l’épisode est un peu en deçà. Oui, parce qu’entre la saison 9 et la 10, Fringe est passée par là. La scène où le scientifique meurt en se perçant les oreilles [3] c’est très tiède comparé aux "What The Fringe ?!?" que l’autre grande série de science-fiction de la Fox nous a proposés. Cela reste une intrigue passable qui pourrait être soumise à un toutéliage en bonne et due forme avec la nouvelle mythologie

Sinon, les scènes avec Skinner étaient particulièrement bien foutues. J’aime beaucoup le double rôle de son poste où il doit à la fois aider nos héros tout en donnant le change à sa hiérarchie, mais j’attends plus pour ce bon vieux Walter et il ne reste que quatre épisodes. Dois-je rappeler qu’il mérite bien mieux et qu’il est au générique de la série maintenant ?

Conundrum
Notes

[1Et une scène très drôle dans les toilettes d’un bar gay

[2Je mets à part sa famille d’un point de vue génétique.

[3Qui ressemble étrangement à ce que j’imagine Feyrtys faire devant Keeping Up With The Kardashian