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Dexter

2.01 - It’s Alive !

Down and Damaged Dexter

lundi 1er octobre 2007, par Blackie

Notre tueur en série justicier est de retour pour une seconde saison, espérons-le, au moins aussi bonne que la précédente. On vous aurait bien écrit un Previously On… mais même Showtime aime piquer nos idées et nous ont devancés, ce qui a découragé tous ceux que j’ai suppliés de publier un résumé forcément moins drôle. Alors bon visionnage, et passons directement au premier épisode.

La chasse à Dexter par ses collègues est-elle partie pour être l’enjeu principal de la saison ?

Cette intrigue soulève de nombreux doutes quant à sa capacité à tenir en haleine sur treize épisodes, mais il suffit de se rappeler du Pilote pour réaliser qu’on en était au même point l’an dernier. Qui aurait pu se douter qu’un tueur inconnu laissant une Barbie dans un frigo allait nous révéler le fascinant passé de notre protagoniste tout en l’éveillant à sa vie actuelle ? Il y en a eu du chemin de parcouru et je suis persuadée que l’on n’est pas au bout de nos surprises. Il suffit de se laisser bercer une nouvelle fois.

Une chose est sûre, James Manos Jr ne mentait pas lorsqu’il annonçait s’éloigner de façon plus radicale des romans de Jeff Lindsay. Les personnages n’ont pas suivi la même direction, certains sont morts à la place d’autres et la trame générale avancée n’a plus rien à voir (je vous épargne les détails). J’espère d’ailleurs qu’on ne verra jamais l’œuvre du sadique du second roman, même en intrigue secondaire. Horrifier gentiment ses spectateurs, ça passe, mais les envoyer chez le psy pour cause de terreurs nocturnes ne serait peut-être pas une bonne tactique de pub de la part de Showtime. Faites-moi confiance, vous ne voulez pas non plus voir ça sur votre écran.


Mais revenons à la situation actuelle présentée. A peine plus d’un mois s’est écoulé depuis la mort de Rudy/Brian et c’est un énorme phénomène d’impuissance qui semble avoir envahit Miami.
Laguerta n’a plus aucun pouvoir depuis qu’elle a été renvoyée sous les ordres d’un autre lieutenant.
La police elle-même n’arrive pas à inculper un truand appelé Little Chino.
Paul tente vainement d’ouvrir les yeux de Rita sur la part sombre de son petit-ami, avant que celle-ci ne se sente responsable de n’avoir pas empêché sa mort.
Doakes, plus suspicieux que jamais, ne peut que surveiller Dexter à longueur de temps. On connaissait son antipathie naturelle envers lui, alors le voir mettre la vitesse supérieure depuis les derniers évènements n’a rien de très surprenant. Les deux hommes en étaient carrément venus aux mains, avant que l’Homme sans Reproches ne sauve comme par hasard sa sœur de justesse. Difficile de faire mieux pour encourager les soupçons du flic le moins stupide de la ville. Doakes est un homme étrange au côté sombre entraperçu l’an dernier, sur lequel j’espère que l’on creusera plus cette saison. Aurait-il aussi un Dark Passenger, qui serait la raison pour laquelle il voit si bien à travers Dexter, tout comme Dex reconnaît ses semblables ? L’instinct du Super-flic, c’est bien beau, mais celui de l’animal est nettement plus puissant. Il y a forcément quelque chose derrière la masse de colère et de grossièretés permanentes.

Debra, forcément traumatisée, a envahit l’espace vital de son frangin et canalise sa détresse dans le sport et le travail, qu’elle reprend à peine. Elle est la seconde personne la plus atteinte par les évènements de la saison une et c’est naturellement que l’on se sent plus touché par son combat personnel. En particulier quand on pense que la pauvre cherche à oublier les mensonges et les atrocités récentes, sans se douter qu’elle beigne dedans depuis son enfance. Rudy était un petit joueur à côté de la déception qui lui pend à la figure cette année, si tant est qu’elle apprenne la vérité sur son frangin. Pauvre, pauvre Debs. Moi qui ne l’aimais pas l’an dernier, je suis ravie de voir à quel point le personnage a été creusé et rendue attachante, tandis que Jennifer Carpenter a grandement amélioré son jeu. Elle nous offre une des meilleures scènes de ce season premiere, qui réunit uniquement les deux femmes de Dex, excellente combinaison jamais utilisée jusqu’ici, où elles peuvent enfin s’exprimer en ayant quelqu’un de compréhensif en face.


Enfin, ce cher Dexter n’a plus tué personne depuis Rudy.
Et l’impuissance qui l’envahit se propage à tous les niveaux de sa vie, comme une gangrène ne semblant pouvoir être éradiquée. La frustration de ne pouvoir tuer lui est d’abord imposée par Doakes, avant qu’il ne se l’inflige à lui-même lorsque l’obstacle tombe. Et c’est là que l’un des effets les plus intéressants de la série se produit : tout a toujours été fait pour que les spectateurs soient du côté de Dexter, tentent de le comprendre et le suivent pas à pas. Sa frustration sexuelle et au sein de son travail nous atteignent donc, à défaut de ressentir son besoin de meurtre (normalement). Ce qui nous amène à souhaiter qu’il règle ce souci qui lui gâche la vie, à se gratter là où ça le démange afin qu’il retrouve son mojo. Aimer et encourager un assassin sans pour autant être soi-même un psychopathe est l’un des aspects perturbants que créé la série, et que je trouve particulièrement fascinants.

Dex nous expliquait en première saison sa psychologie simple et sans concessions, faite de vide, de faux-semblants et d’un Code, tel un robot programmé. Rien qui ne laissait beaucoup de place à une évolution, de prime abord. On s’attacha donc à nous développer sa personnalité à mesure que son passé se découvrait. Après tout, il faut bien comprendre d’où l’on vient pour savoir qui on est et où on va. Pourtant, Dexter s’affirme encore aujourd’hui vide à l’intérieur, comme s’il essayait de nous persuader d’un fait auquel il ne croit pas lui-même. Alors qu’il recherchait sa part d’humanité, le voilà qui la refoule en niant avoir été affecté par la disparition de son frère, ce qui nous paraît plus qu’évident.

Ses déclarations ne sont donc pas des états de fait balancés pour nous simplifier la vision de la série, mais bien à titre de comparaison face à ce qu’on nous montre. Car Dexter se trompe totalement et ce qu’il ressent pour Rita et Debs sont très clairement ce qui se rapproche le plus de l’amour. Ses problèmes d’intimité ont disparu avec Rita, avec qui il a fait des efforts sur tous les plans et s’est probablement plus dévoilé à elle qu’à quiconque depuis son père. Choisir sa sœur adoptive plutôt que son frère de sang n’avait également pas le Code d’Harry comme excuse, mais bien un amour filial qu’il a lui-même exprimé verbalement ("I’m very fond of her"). Dexter est l’un des meilleurs exemples à la télévision sur la question du pouvoir de l’éducation sur la nature, puisqu’il ne fait pas qu’y obéir mais y adhère totalement, et c’est l’un des éléments les plus complexes le caractérisant. Mais jusqu’où peut-on encore nous amener sur ce sujet ? La peur semble avoir totalement envahit Dex, jusqu’à faire battre la chamade à son cœur, preuve ultime qu’il y a bien de la vie à l’intérieur de ce "monstre".

La peur est une émotion très puissante et ne risque pas de disparaître de sitôt, les meurtres de Dexter, autrefois vite réglés, n’étant plus d’actualité. Car ce n’est pas une mais deux victimes qui lui échappent. Ouch. La première est aveugle et n’a aucune chance de le reconnaître, mais Ouch quand même. Le premier pas dans la mouise a été enfoncé. Son ratage avec Little Chino nous prouve que son passe-temps nocturne n’est pas aussi facile que cela paraissait et cette affaire reste à terminer, histoire d’ajouter à la masse d’ennuis qui lui tombent dessus d’un seul coup. Ajoutons la suspicion grandissante de Rita grâce à Paul et la surveillance constante de Doakes, et il y a de quoi faire paniquer même un tueur soi-disant sans émotion. Tu voulais la preuve de ton humanité mon cher Dex, te voilà plus servit que jamais !

Après la trame résolue du Ice Truck Killer, où aucun risque de récidive n’est possible, nous passons aux cadavres retrouvés de Dexter. Hop, deuxième pas un peu plus profond dans la mouise. Monsieur a beau être méthodique, il n’est pas infaillible et a bêtement cru à la perfection des leçons de son père, comme n’importe quel gamin. Eh oui, jeter ses trente cadavres dans un même endroit, qui plus est ne rejoignant pas l’océan (c’est une baie), n’était absolument pas une bonne idée. Même si, effectivement, on est en droit de dire qu’il aura fallu au moins quinze ans à la police pour tomber dessus et qu’elle n’est pas prête de réaliser que le coupable est sous son nez. Moi, je blâme les crocodiles, ces idiotes de bestioles auraient pu avoir l’amabilité de bouffer ce qu’on leur servait gentiment. C’est un peu con un sac à mains vivant…


Bref, ce season premiere place aussi bien ses éléments de départ qu’il ouvre plusieurs pistes pour l’avenir, à l’instar du Pilote. Les yeux les plus avertis auront d’ailleurs remarqué que l’épisode démarre avec les mêmes images et le même monologue… pour mieux briser ce sentiment de terrain familier. La structure est également identique, la très longue mise en place de la situation actuelle se voyant bouleversée durant les dernières minutes par un fort élément perturbateur.
La psychologie de Dexter n’a pas fini d’être explorée et l’aspect policier commence tout doucement à redémarrer. Allez vite, la suite !


C’est repartit pour la joyeuse boucherie en compagnie de Dex ! La seconde meilleure nouveauté de l’an dernier va devoir prouver qu’elle tient la route passée l’effet de surprise. Croisons les morceaux de doigts.

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