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Dexter

3.01 - Our Father

Et ma nouvelle coupe, bordel ?

lundi 6 octobre 2008, par Blackie

Comment faire mieux ou au moins aussi bien après la tournure prise par la saison 2 ? Reste-t-il suffisamment de choses à explorer dans la personnalité de Dexter ? La police de Miami va-t-elle encore se concentrer sur un tueur en série sur-médiatisé ? A la vue de ce season premiere, faut-il se réjouir ou s’inquiéter du sort de la série ?

Répondre à cette dernière question inclu toutes les autres : à ce stade, je n’en sais fichtre rien. Certaines séries annoncent la couleur de leur nouvelle saison d’emblée, avec Dexter je me retrouve toujours dans un état à la fois rassuré par le terrain familier et méfiant sur ce qu’on nous réserve.

Nous sommes plus au moins revenus au point de départ puisque Dexter continue de tuer des criminels durant son temps libre, mène une relation tranquille avec Rita et travaille toujours comme analyste pour la police de Miami. Une vie faite de routines, comme il l’aime. La différence majeure est qu’il en a fini avec les "Bouh, pourquoi je ne suis pas comme les autres ?" et que la séquence d’ouverture ne comprend plus de chasse nocturne mais une simple visite chez le dentiste. C’est un moment banal du quotidien, certes perverti à la façon du générique à cause des secrets que l’on a en main, mais qui présente un homme ordinaire avec un hobby particulier et non plus un homme défini avant tout par ce passe-temps. La situation n’est plus tout à fait la même.
Soit dit en passant, cette scène m’aurait paru plus réaliste si le dentiste avait attendu de lui coller une fraise dans la bouche pour demander des nouvelles.

Ce qui m’étonne dans cet épisode est qu’à aucun moment Dexter ne mentionne avoir modifié ses rituels meurtriers, qui l’ont pourtant fichu dans la panade l’an dernier. Avoir eu ses cadavres découverts et été troussé de près par un flic devrait le rendre bien plus prudent. Mais non, rien sur ses balades en bateau (j’espère qu’il évite les baies maintenant), il se gare apparemment tout près de ses lieux d’attaque et les gants sont toujours le meilleur moyen de cacher son identité. What. The. Fuck ? Est-ce qu’on nous prend pour des cons ayant oublié le matraquage de leçons après la mort de Lila ou doit-on comprendre que le protagoniste est devenu très laxiste ?

Le sexe, c’est mal

Comme je fais encore confiance aux auteurs, je suis prête à croire que Dexter lui-même déconne pas mal. Parce qu’il est devenu plus humain, tout ça tout ça, la preuve avec sa relation amoureuse qui ne s’est jamais mieux portée. Quand elle se résume au sexe et à la bouffe, c’est que tout va bien. Ces moments illustrent parfaitement le bonheur et la paix que Dexter s’est trouvés, maintenant qu’il est débarrassé de tous ses poids. Et il n’y a pas à y voir plus loin qu’une image de sérénité, même lorsque la bombe finale tombe. Avoir des fringales chocolatières et un fort appétit sexuel ne doivent nullement être associés à une grossesse, merci, mais le fait est que Rita est enceinte. Parce que Dex ne connaît que le slogan "No Glove, No Murder".

La révélation a parfaitement fonctionné en ce qui me concerne et me semble être un arc prometteur. Les questions de relations paternelles ne sont pas une nouveauté dans la série, qui les a largement explorées à travers Harry et les enfants Bennett. L’annonce d’une descendance arrive donc à point nommé, au moment où Dexter rejette la mémoire de son propre père. Ses constantes remises en question, qui lui permettent de ne pas avoir une personnalité figée, sont exactement ce qui rend la série attrayante. Et cet évènement peut être une excellente source de réflexions et d’évolution. Puis au vu du traitement des enfants dans cette série, il n’y a même pas à craindre d’horrible bébé casse-pied sensé être un facteur mignon (c’est toi que je vise, Gracie Bell).

Seul bémol, je trouve cela bien gentil de prendre Cody comme exemple de gamin qui arrive à se détacher de l’ombre paternelle, mais je rappelle qu’Astor fut la plus traumatisée par Paul et s’en sort apparemment aussi bien. Cela aurait été pas mal que l’identification outrepasse pour une fois le manque de pénis, le propos serait revenu au même.

Pour en revenir sur Harry, il est à noter que James Remar est absent et qu’aucune envie d’éclaircir certaines zones floues abordées l’an dernier ne se profile. La liaison avec Laura Moser et le suicide d’Harry sont établis par Dexter comme des faits à partir desquels il compte se détacher, puisque nous sommes toujours devant sa vision du monde et de la vérité, et non devant un regard externe et neutre des évènements. Cela m’énerve quand même, j’aimerais qu’on me prouve que j’ai raison d’être suspicieuse.

La drogue, c’est mal

Voilà, Dexter n’est plus une victime de ses envies ni des obsessions de son père, et a même réussi à développer une palette d’émotions et des sentiments pour autrui. Le problème avec la mort du DexBot, c’est que les fonctions du tueur parfait, détaché et méticuleux, s’en vont avec. Et que la connerie peut faire surface, comme celle qui se produit chez le dealer Freebo, la Viande à Poissons du jour qui vit dans une maison rose avec un écran géant. Le genre de baraque miamienne typique où Ju a passé ses vacances de riche, quoi. Dans un moment d’auto-défense, Dex tue un type ayant également attaqué Freebo. Un type inconnu au bataillon, non prévu au programme, mort en dehors du Code.

Au-delà des prises de tête concernant le Code d’Harry auxquelles nous aurons forcément droit, cet évènement permet de présenter un nouveau personnage régulier en Miguel Prado, dont l’introduction dans cet univers ne semble pas forcée une seule minute. Malgré le fait qu’il soit à la fois le frère de la victime, un assistant du procureur et l’ancien grand amour de Laguerta. Cela peut paraître beaucoup, mais cela passe néanmoins comme du petit beurre.

En l’espace de quelques lignes de dialogues, il semble être un procureur intelligent et féroce, mais faire la connaissance de Dexter à un moment émotionnellement difficile est la meilleure façon de l’aveugler à son sujet. C’est bien là tout ce qu’on peut entrapercevoir de lui pour l’instant, mais Jimmy Smits n’a pas perdu une once de charisme avec les années, et ce malgré la bestiole ridicule qu’on lui a collé sous le nez. Ses scènes avec Michael C. Hall sont donc diablement efficaces car on ressent clairement deux fortes personnalités. Et il est bon de voir quelqu’un assez malin pour se rendre compte des coups fourrés peu discrets de l’analyste, car les vidéos de surveillance me restent encore en travers de la gorge.

On observe clairement qu’un certain rapprochement se créé immédiatement entre les deux hommes. Dexter a perdu un frère aîné, tandis que Miguel a perdu un cadet, et tous deux ont péri entre ses mains. Le hasard faisant que l’enterrement d’Oscar Prado tombe le même jour que l’anniversaire d’Harry est un poids de plus dans la balance des connexions. Cela signifie aussi que Dex s’éloigne de sa soeur alors qu’il était prêt à lui confesser son plus grand secret il n’y a pas si longtemps. Je suis un peu déçue, j’aurais adoré que cela se produise. Je sais, je sais, « Il veut mieux donner au spectateur ce dont il a besoin…blabla ».

L’alcool, c’est mal

Debra a droit à son intrigue secondaire concernant Quinn, le newbie de la brigade qui comble la place laissée par Doakes. Il est soupçonné par les Affaires Internes d’on ne sait trop quoi et Deb est sollicitée, avec une discrétion égale à la subtilité du jeu de l’actrice, pour s’en rapprocher. Honnêtement, le suspens à ce sujet n’a pas de quoi en faire exploser les forums de discussions. Mais ce qui va en découdre aura une influence sur la carrière de Debra, et c’est ce qui est en jeu.

La miss a décidé de devenir plus adulte et d’y arriver en virant la boisson, les clopes et les hommes de sa vie. Cela peut sembler assez mâture de sa part de vouloir mettre de côté, pour une certaine période au moins, les choses dont elle a l’impression d’être un peu dépendante. Et cette attitude fut probablement inspirée par sa relation avec Lundy, qui l’avait définitivement rendue moins autodestructrice. Se refaire une petite santé et arriver à vivre avec elle-même avant de replonger dans une relation sérieuse ou du sexe sans lendemain qui ne la rendait pas plus heureuse, c’est tout à fait compréhensible à la vue de son parcours. Mais Debra se fait des illusions si elle croit que se débarrasser de certains éléments de sa vie privée va faire grimper sa vie professionnelle.

Son retrait sur l’affaire Prado ne devrait pas la surprendre. Malgré ses progrès en tant qu’officier et une volonté d’être prise au sérieux après deux grosses enquêtes sur lesquelles elle eu un rôle important (une volonté matraquée à coups de réflexions sur sa nouvelle coupe de cheveux), c’est sa propre attitude qui lui barre la route vers le titre d’inspectrice. Dans tout boulot, la politique doit s’allier aux compétences (et encore !) pour monter en grade, comme en témoigne le succès mérité de Batista. Son approche (digne d’une mauvaise scène de drague, soit dit en passant) par Miss Affaires Internes est la solution qui pourrait lui permettre d’avancer. Debra doit d’abord apprendre certaines règles, comme de savoir quand s’écraser, et qu’à la fin de la journée c’est chacun pour sa gueule. Moi je lui conseillerais de prendre la Nouvelle Laguerta comme mentor, au pire ce serait assez comique.

Et ce season premiere, il est bien ?

Mon seul véritable souci est que l’enquête principale de la saison n’est pas aussi clairement annoncée qu’auparavant. L’intrusion du Ice Truck Killer dans la vie de Dexter arriva dès la fin du Pilote et sa prise en chasse par la police tomba dans le season 2 premiere. Ici, le meurtre d’Oscar implique une variation de comportement chez Dex et l’arrivée d’un nouveau personnage, mais l’investigation autour ne pique pas l’intérêt en elle-même. Si la marque étrange sur le corps de Teegan, la jeune droguée, est le signe d’une affaire bien plus compliquée qu’elle n’y paraît, alors il faudra un peu plus que cela pour me mettre l’eau à la bouche.

La grossesse de Rita est un nouvel élément sur le plan personnel, comme le fut Lila, et l’enquête sur Quinn ne concerne que la carrière de Debra pour le moment. On reste à se demander quel sera exactement le fil rouge de cette saison, la trame policière majeure qui créé le suspense général et permet aux personnages d’être bousculés. Il est donc encore plus difficile de se faire une opinion sur la direction dans laquelle on nous mène, et il est fort probable qu’il nous faille encore quatre ou cinq épisodes introductifs avant que le rythme général ne s’accélère.

C’est aussi le temps qu’il me faudra pour me rassurer concernant l’ajout de Michael C. Hall au statut de co-producteur exécutif, l’influence d’un acteur sur sa série n’étant généralement pas bon signe. Et sur le départ de Daniel Cerone en tant que showrunner et scénariste occasionnel, qui laisse Clyde Phillips se débrouiller tout seul. Dirty Sexy Money a intérêt à valoir le coup de cette désertion.

En attendant, je n’ai pas fait une seule partie de Spider Solitaire durant l’épisode et je ne me suis rongé aucun ongle de rage devant les comportements des personnages, donc tout va plutôt bien.

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