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Interview : Jeremy Piven au micro : "Mr Selfridge n'est pas une série sur le shopping."
le Lundi 24 Juin 2013
Medias

Le 2 juillet, la chaîne OCS débute la diffusion de la série britannique Mr Selfridge, qui raconte l'histoire romancée d'un américain venu à Londres ouvrir l'un des tout premiers grands magasins de luxe au début du 20è siècle. Afin de se préparer à l'événement, AnnuSéries et le Daily Mars vous proposent de retrouver les interviews de deux de ses comédiens, réalisées au Festival de la Télévision de Monte Carlo : Jeremy Piven (qui joue le rôle principal et produit la série), et Gregory Fitoussi (Engrenages).

Retrouvez ci-après celle de Jeremy Piven, et cliquez ici pour celle de Gregory Fitoussi.

Bonne lecture !



AnnuSéries : Que diriez-vous aux gens pour les inciter à regarder Mr Selfridge ?

Jeremy Piven : Je leur dirais d’abord que ce n’est pas une série sur le shopping. C’est une série sur des personnes qui ont vécu à l’aube d’un nouveau siècle, et sur un Américain qui a changé leurs vies. Encore aujourd'hui d’ailleurs, Selfridges est élu meilleur magasin au monde. Mais qui était cet homme ? Cet entrepreneur américain qui a transformé la culture du shopping ? Il a donné aux femmes le pouvoir d’être celles qu'elles voulaient être, de porter du maquillage à une époque où cela n’était pas répandu et de faire du shopping en public. C’était aussi quelqu'un de controversé qui n'avait pas peur d'oser. Il avait un fort penchant pour les femmes et avait donc des relations extra-conjugales, tout en étant très attaché à sa femme et à ses enfants. Beaucoup de gens me demande comment j’ai fait pour créer un personnage qui fait des choses détestables mais auquel on s’attache quand même. C’est là tout le travail de l’acteur : trouver le moyen de ne pas juger son personnage et de le jouer à fond, en lui donnant autant d’intégrité que possible et en le rendant accessible. Ça rend merveilleusement bien à l’écran et j’ai la chance de faire partie d’une distribution fantastique. Je m’amuse beaucoup sur cette série et je m’en sens incroyablement béni.



Que cela vous a-t-il apporté de travailler avec un cast international, notamment avec un acteur français, Gregory Fitoussi ?

Je suis sans cesse en apprentissage, je serais toujours étudiant. Gregory Fitoussi est un acteur formidable. C’est quelqu’un de très ouvert et humble, qui ne s’enferme pas dans son égo. Il joue un personnage, Henri Leclair, qui est un artiste caractériel alors que Gregory est à l’opposé de cela. Quand il se glisse dans la peau de son personnage, il est très authentique dans son interprétation, et avoir un vrai Français dans l’équipe lui donne un côté exotique, toutes les femmes l’adorent, et c’est génial. J’adore ça et j’apprends beaucoup en le regardant travailler. Et tous les Britanniques sont très bons, en particulier avec leurs accents. Katherine Kelly par exemple, qui joue Lady Mae, vient de Manchester et a un accent très spécifique du Nord. Pourtant, elle arrive à s’exprimer avec un accent très snob sans le moindre défaut. J’ai vraiment beaucoup de chance de pouvoir travailler avec tous des acteurs aussi talentueux.

Comment vous êtes-vous renseigné sur le vrai Harry Gordon Selfridge avant de tourner la série ?

Lindy Woodhead a écrit un très bon livre intitulé « Shopping Seduction & Mr Selfridfe »* pour lequel elle a fait beaucoup de recherches sur Harry Selfridge. Et puis il y a aussi la famille Selfridge elle-même qui a beaucoup de documents et de photos de lui. Alors pour mon travail d'acteur, j’ai eu accès à beaucoup d’informations à son sujet et j’essaye de le jouer de la façon la plus authentique possible.

Alors comment était le véritable Harry Selfridge ?

Ses héros étaient des gens comme P.T. Barnum, que l'on peut considérer comme étant l’homme qui a inventé le cirque. Un critique américain a dit de moi que j’avais l’air de jouer PT Barnum dans Mr Selfridge, et quand j’ai vu ça je me suis dit qu’il avait tout compris ! J’aime jouer cette dualité du personnage, le fait qu’il pense le shopping comme on pense le théâtre. Pour lui, l’idée c’est vraiment de faire du spectacle. Pour tout vous dire, dans un monde où les acteurs cherchent désespérément à donner des performances subtiles, ce que je donne là est un jeu gargantuesque où je m’appuies sur la positivité avec un grand sourire aux lèvres. Mais dès que les portes se referment, mon personnage plonge dans l’obscurité. J’aime vraiment cette dualité et cette idée de voir l’homme côté coulisses, et dans la saison 2 vous verrez beaucoup cet aspect « envers du décor ».



En parlant de la saison 2, que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?

Nous sommes au beau milieu du tournage. La saison 2 se passera pendant la Première Guerre Mondiale, cette période tragique pendant laquelle personne ne savait dans quoi ils s’embarquaient et qu’il y aurait des milliers de victimes, et tous ces jeunes hommes forts et travailleurs s’en allaient alors combattre pour leur Roi et leur pays. C’était véritablement tragique et il faut presque parvenir à oublier ce que vous savez qu’il va se produire. Je pense que cette saison est plus pesante, sombre, et pourtant plus drôle que la saison 1. A mon avis elle sera meilleure que la première, et c’est notre job de mieux faire. Nous avons cette responsabilité car nous avons fait tellement bien avec la première saison en matière d’audiences au Royaume-Uni, qu’il est important que nous améliorions le niveau.

Quelles sont selon vous les différences fondamentales entre le modèle de production américain et le modèle de production britannique ?

Pour moi, la plus grosse différence, c’est qu’aux États-Unis on aborde les choses comme un business, et je pense que les producteurs ont un but final, qui est de produire un certain nombres d’épisodes afin qu’une série entre en syndication** et que tout le monde puisse en bénéficier. En Angleterre, je pense qu’ils ne sautent pas les étapes et qu’ils se disent plutôt « tâchons de faire cet épisode correctement, on n’a pas besoin d’en faire trop et on ne fera que le nombre que l’on pense pouvoir bien faire. » Ils ne pensent pas en terme de quantité, c’est ça la différence. Alors ils font moins d’épisodes mais pourtant, sur le plan créatif, ils sont très ambitieux.



Que pouvez-vous nous dire de l’éventuel film Entourage ?

Je pense que la dernière pièce de ce puzzle, c’est que tout le monde arrive à trouver un accord avec le studio. Je pense que le scénario a été écrit et Warner Bros. veut faire le film. Je tourne Mr Selfridge jusqu’en octobre, donc s’ils veulent faire le film avec moi, ils devront attendre jusque là.

*La série est basée sur ce livre
**la syndication est le processus qui permet à un studio de vendre les droits de rediffusion d'une série. En règle générale, il faut un minimum de 100 épisodes pour pouvoir bien négocier. Même si la règle est toujours de 100, aujourd'hui, cela peut descendre à 75/80 épisodes.

What would you say to people who, at first, might not be interested in the subject of the show?

I would say this : the show is about so much more than shopping. That’s the first thing. It’s about people’s lives at the turn of the century, and about this one American and how he affected everyone’s lives. To this day, a hundred years later, Selfridges was voted the best store in the world. And who was this man? This American entrepreneur who transformed the culture of shopping? He empowered women to be whoever they wanted to be, and to wear make up when it was very uncommon to wear make-up, and to shop in public when they wouldn’t do it. He was also incredibly racy and controversial, he had affairs and loved his wife and kids, but loved women. So people come up to me and say “how did you create a character that does some despicable things and I still care about him?” And that’s your job as an actor, to figure out a way to not judge your character, play him fully, infuse as much integrity as you can, and make him accessible. And it shot beautifully, the actors in it are the best cast I ever been in, so I’m having the time of my life, I feel incredibly blessed.

What did it bring to you in your job to work with an international cast, especially with a French actor like Gregory Fitoussi?

I’m always learning, I’m a student. Gregory is a great actor and he is such an open, unpretencious person. He doesn’t live in his ego, and he is playing a character, Henri, that is temperamental artist, while Gregory Fitoussi is not. The way he slips in the character is so authentic, and to have real French man on set is very exotic and all the women love him and it’s great I love it. I learn a lot from watching him. And the Brits are all so good with their accents. Katherine Kelly, who plays lady Mae, is from the North, from Manchester, and has a specific accent but she puts on a very posh accent, which is flawless. I’m just very lucky to work with all these accomplish actors.

How much did you know about the real Selfridge before playing this part?

There is a really great book called “Shopping seduction and Mr Selfridge” by Lindy Woodhead, and that was a great book, she was tireless in her research with Harry Selfridge. And between that, the Selfridge’s themselves have extensive research, pictures, stuff on him, so as an actor it was like an embarrassment of riches, lot of information on him and I played him as authentically as I possibly could.

So how was the real Harry Gordon Selfridge?

His heroes were people like PT Barnum, who basically is the guy who created the circus. An American critic said “Jeremy looks like he is playing PT Barnum,” and I think it was supposed to be a slam and I thought “wow you got it, it’s exactly what I’m doing !” I love playing this duality. He thinks of shopping as theater so he literally says in the script “guys what are we doing? We need to put on a show.” So it’s a show for him. And listen, in a world where actors desperately tries to do a subtle performance, I’m doing big and larger than life American performing with positivity. You know, smiling and taking the highroad ray of sunshine, and then as soon as the doors are closed, it’s the darkness. So I love the duality of that and seeing a man behind the curtain, and series 2 you’ll see mostly behind the curtain, which I love.

What can you tell us about series 2?

We are in the middle of shooting, almost halfway through. It takes place in the Great War, 1914 it’s the backdrop, and it’s tragic because no one knew what they were getting into. No one knew there was going to be thousands of casualties, and so all of these young strong male workers are off to fight for King and country. It’s just so tragic you know and you almost have to erase what you know is going to happen. I believe this year is heavier, darker, and yet funnier, so I think this season is better than the first season, but that’s our job to get better. It’s our responsibility, we did so well, we had so many viewers in the UK, that it’s important that we come through and that we raise our level, it’s our job.

What are the main differences between the US model of production and the UK one?

I think the main difference is that, in the States, I do think they have an end goal. They are in a business, so they know that if they reach a hundred episodes they can go into syndication and everyone can benefit from that; and I think in the UK they don’t get ahead of themselves and they think about “okay let’s just try to get this episode right, we don’t need to do too many, we’ll do however many we feel we can do well.” They don’t think about quantity, that’s kind of the difference. So they do less episodes and yet creatively, they are widely ambitious.

What’s coming up with the Entourage movie ?

I think the last piece of that puzzle is for everyone’s deal to be made. I think the script has been written. Warner Brothers want to make the movie. I’m shooting Mr Selfridge until October, so if they would like to shoot it with me, they would have to wait until then.

Propos recueillis en table ronde lors du Festival de Télévision de Monte-Carlo par Marine Pérot, en présence d'autres journalistes.

Auteur : Marine Pérot

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