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Bail à perpétuité pour les «lofteurs» allemands
le Mercredi 09 Mars 2005
Distribution

«Big Brother» pour toujours. La nouvelle version de l'émission de téléréalité en Allemagne n'a jamais été aussi proche de la prophétie de George Orwell dans son célèbre roman 1984. Cinq ans après le lancement de l'émission outre-Rhin, les producteurs d'Endemol ont voulu aller encore plus loin : désormais, il ne s'agit plus d'enfermer des candidats dans un loft pendant quelques semaines, mais de recréer, sans temps délimité, une microsociété surveillée par les caméras de «Big Brother». Un monde où, comme dans la vraie vie, les gens travaillent, se marient et font des enfants, comme se plaisent à rêver les concepteurs. «Big Brother» devient de plus en plus une représentation de la société», a fièrement souligné le producteur Rainer Laux.

Un village miniature, comprenant notamment une ferme, un garage automobile ou encore un atelier de mode, a donc été construit de toutes pièces en l'espace de six mois sur 25 000 mètres carrés, dans la banlieue de Cologne. Pour donner plus d'authenticité, une église et une fontaine ornent la place du marché. Pour un peu, on pourrait se croire dans un petit bourg de Westphalie. Néanmoins, les clôtures de fil barbelé qui séparent ce monde du nôtre rappellent la spécificité de ce lieu artificiel. Une centaine de caméras et quelque 60 microphones doivent suivre «sans fin», du moins aussi longtemps que le téléspectateur le souhaitera, les faits et gestes de ces nouveaux cobayes de la téléréalité.

Quelque 26 000 personnes se sont portées candidates à l'aventure. Au final, quinze ont été sélectionnées. Sur ce nombre, onze d'entre elles, quatre femmes et sept hommes, ont fait leur entrée le 1er mars dans le village. Quatre autres personnes doivent suivre au mois d'avril et mai. Tout comme dans la précédente version de «Big Brother», les candidats sont répartis dans trois groupes sociaux : chefs, assistants ou Hiwis, de l'allemand Hilfarbeiter qui signifie «homme de peine». Autrement dit, les riches, les classes moyennes et les pauvres. Les premiers disposent d'une agréable maison de 200 mètres carrés avec jardin et piscine, les seconds d'un appartement fonctionnel de 60 mètres carrés tandis que les derniers s'entassent dans une pièce de 30 mètres carrés dont le confort ne dépasse pas les standards de la fin du XIXe siècle. Ainsi, pendant que les Hiwis doivent faire chauffer leur eau sur le poêle à bois, les chefs se prélassent sur leurs moelleux canapés.

Pour donner encore plus de réalité à ces rapports sociaux, un budget virtuel leur est affecté. Chez les Hiwis, il est limité à 210 euros par semaine. Aussi, pour améliorer le quotidien, les pauvres ont intérêt à effectuer des travaux de ménage ou de jardinage chez les riches. Cependant, la production veille à ce que, «comme dans la vraie vie», les rôles soient interchangeables. En fonction des performances accomplies dans le garage, l'atelier de mode ou la ferme, les chefs peuvent en effet perdre leur position sociale tandis que les Hiwis peuvent monter en grade. De même, selon le travail accompli, mais aussi grâce aux jeux et compétitions, les «villageois» peuvent gagner de l'argent, jusqu'à 1 million d'euros par an. Enfin, un café et un studio de fitness sont accessibles à tous les habitants.

Pour le reste, rien ne change. Toutes les deux semaines, les téléspectateurs choisissent ceux qui restent et ceux qui partent. L'émission est retransmise vingt-quatre heures sur vingt-quatre sur la chaîne à péage Premiere et fait l'objet de résumés quotidiens sur la chaîne privée RTL 2. «Nous faisons le Daily Soap le plus moderne du monde», a déclaré le patron d'Endemol Allemagne, Borris Brandt. Selon le producteur, de nombreux pays regardent avec grand intérêt le développement de cette nouvelle dimension de «Big Brother».

A l'intérieur du pays, le lancement du nouveau programme «sans fin» a été accompagné de son traditionnel cortège de critiques. «La nouvelle dimension de la folie Big Brother», a commenté le quotidien conservateur Frankfurter Allgemeine Zeitung. Pour le magazine Spiegel, le village est aussi «intime» que la prison américaine de Guantanamo qui détient des suspects des attentats du 11 septembre 2001. Cependant, dans le contexte d'un chômage massif, où plus de 5,2 millions de personnes sont sans emploi en Allemagne, «un toit où on n'a pas de loyer à payer est une véritable alternative au quai de la gare», ironise le magazine.

Auteur : OzGirl
Source : Le Figaro

Commentaires

Membre Commentaire
btvs27
12/03/2005 22:55
je crois que là on touche le fond et le pire de la télé-réalité...

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