Canal+ poursuit ses développements de séries longues de fiction, de 10 ou 12 épisodes, au lieu de 8 pour les premières salves de séries produites par la chaîne, a confirmé mardi soir Fabrice de La Patellière, directeur de la fiction française de la chaîne lors d’un dîner avec la presse à l’occasion du MipCom.
Le chantier a été lancé avec la saison 3 d’
Engrenages (Son et Lumière), dont l’écriture vient de démarrer en 12 épisodes. Après une saison 1 menée par Guy-Patrick Sainderichin et une saison 2 par Virginie Brach, « une jeune auteur, Anne Landois, va commencer à travailler à l’arc de la saison 3 », a-t-il expliqué. Précisant que Virginie Brach, qui a des « projets personnels », n’avait « pas envie de se remobiliser une année de plus sur ce projet ».
Parallèlement, la saison 2 de
Reporters (Capa Drama) est ainsi en développement, sur 10 épisodes, pour une mise en production en 2008 et une diffusion l’année suivante. La série conservera ses deux rédactions, ses personnages principaux mais sera dotée d’un « fil rouge (qui) démarrera dès le premier épisode, (qui) sera plus visible », a-t-il raconté. Par ailleurs, Canal+ a aussi lancé la suite de
Mafiosa (Image et Compagnie) ; après Louis Choquette, elle sera cette fois réalisée par Eric Rochant, qui en sera également le co-auteur aux côtés de Daniel Tonachella et Pierre Leccia. Le tournage de cette 2ème saison devrait débuter avant la fin de l’année.
Des séries longues, dès leur première saison
La chaîne va par ailleurs commencer, pour 2009-2010, à initier des séries longues dès la première saison et a déjà signé plusieurs conventions d’écriture. Ainsi, la société Haut et Court développe avec le réalisateur Robin Campillo une série baptisée
Les revenants, basée sur le même principe que son film éponyme : des morts reviennent sur terre. Par ailleurs, Boxeur de Lune (groupe Telfrance) a mis en écriture, en 12 épisodes, un projet de série en costumes, Conspiration, sur la prise de pouvoir de Bonaparte. « C’est un projet très lourd qui nécessitera des coproducteurs internationaux », a précisé Fabrice de la Patellière. Autre projet cité : la société Eskwad travaille quant à elle actuellement au développement d’une série « thriller ésotérico-gothique » en 10 épisodes,
Le Galiléen, qui a un prêtre pour personnage principal.
La chaîne développe d’autres nouvelles séries, faisant là aussi notamment appel à des producteurs ou réalisateurs cinéma : outre Haut et Court (Carole Scotta) et Eskwad (Richard Grandpierre), elle a signé une convention d’écriture avec Fidélité pour un projet de série intitulée
Pigalle, thriller autour de ce quartier parisien, mais aussi avec Légende (Alain Goldman) pour une série sur la résistance ou encore avec Nord-Ouest Production (Christophe Rossignon) sur un projet non dévoilé. Et outre Eric Rochant, Olivier Assayas prépare avec Daniel Leconte (Films en Stock) une fiction en 3 x 90’ sur le terroriste Carlos, dont le tournage devrait débuter en début d’année prochaine.
Investissement de 6-6,5 M€ pour les séries en 8 épisodes
« Nous développons en parallèle plus d’une dizaine de projets », a expliqué Fabrice de La Patellière, qui estime qu’en budget comme en volume, la chaîne a atteint, en matière de fiction française, sa « vitesse de croisière ». « En 2007-2008, nous investissons 30-35 M€ dans la fiction », soit « la limite que nous nous étions fixée », avec un apport Canal, pour une série de 8 épisodes, de 6-6,5 M€ « voire un peu plus », soit « des séries au budget global de plus de 1 M€ l’épisode ». Cet investissement se traduit, en terme de programmation, par la diffusion annuelle de quatre séries de 52’, de quatre unitaires et d’une « série événement » de 26’,
Nos enfants chéris.
Interrogé sur l’ouverture potentielle de 2èmes fenêtres pour ses séries, Fabrice de La Patellière a indiqué que la chaîne « bloque la vente ». « Nous essayons de les financer seul, car on veut les garder, elles font partie de l’identité d’une chaîne. Cela a plus de sens encore quand il y a une 2ème saison. En parallèle, a-t-il ajouté, nous donnons aux producteurs des moyens suffisants. » En revanche, Canal+ est « favorable à la 2ème fenêtre » pour les unitaires : « Cela complète un financement relativement lourd et ne pose pas de problème. » France 2 a ainsi pris la 2ème fenêtre d’
Opération turquoise (Cipango) et Arte celle de
La traque (Elzévir Films).
En matière d’audience, le succès d’une fiction se traduit par 800 000, 900 000 à 1 million de téléspectateurs, contre 1,5 million pour une grosse soirée cinéma, a-t-il expliqué. « Aujourd’hui, la fiction n’est pas directement (un produit d’appel), mais elle fait partie d’une offre plus large. A terme, on espère que la fiction sera, parmi d’autres, l’un des produits d’appel de la chaîne », a espéré Fabrice de La Patellière.
Il a par ailleurs déclaré recevoir « très peu » de propositions intéressantes, voire, pour la comédie, « très peu de propositions » tout court. Il a toutefois estimé que « la crise (de la fiction française) ne vient pas que des auteurs ». « TF1 et France Télévisions ont inventé des personnages dans les années 90 et ont vécu quinze ans avec. On ronronnait. Dire que c’est la faute des auteurs ou des réalisateurs serait réducteur. Même s’il n’y a pas beaucoup de bons auteurs, comme il n’y a pas beaucoup de bons romanciers ou pas beaucoup de bons réalisateurs ».
N.B. : La seconde saison de Reporters est bien développée sur 10 épisodes, et non 8 comme l’indique Satellifax à l’origine.