Depuis vendredi 11 janvier dit vendredi noir, tous les studios de productions annoncent la rupture des accords de talents pour cause de force majeure. ABC studios a ouvert la danse en se séparant d'environ 24 accords (personnes ou maisons de productions). Hier, 20th Century Fox TV, Universal Media Studio, Warner Bros TV., et CBS Paramount TV ont tous annoncé la rupture d'accords. En tout, environ 75 accords de talents ont été rompus pour cause de force majeure. Seul Sony n'a pas encore invoqué la clause. Le site du Futon Critic a publié un
tableau listant environ 300 accords et leur statut.
Le seul hic c'est que la force majeure dépend d'un événement dont ils ne seraient pas responsables. Mais étant les membres les plus puissants qui composent l'Alliance of Motion Pictures and Television Producers (AMPTP), ils sont par définition partie prenante aux raisons de la grève . Son utilisation est discutable et déjà discutée depuis le début de la grève car ceci faisait partie des choses à prévoir.
Il y a peu de grands scénaristes ou maisons de productions qui sont tombés, les vaches à lait ont été épargnées par le couperet. La plus part des scénaristes touchés sont ceux qui n'ont rien en préparation ou dont les séries en diffusion sont ou vont être annulées. On notera qu'ABC studios s'est séparé de Jon Robin Baitz, créateur de
Brothers & Sisters (diffusée sur Fox Life en France). Ceci n'a pas dû être une suprise pour lui puisqu'il a été évincé de la série il y a quelques semaines lors d'une sorte de coup interne.
Sachant que la saison des pilotes est pratiquement morte, il n'était pas nécessaire pour les studios de garder dans leurs girons des talents qui ne leur serviraient à rien dans un futur proche. Une façon de faire des économies alors que les studios commencent à vraiment perdre de l'argent. Une façon de publier de bons chiffres pour le premier trimestre 2008.
Il est un fait que depuis la mi-décembre, ces annonces étaient attendues. Il est probable que les studios ont attendu le moment opportun pour appliquer la force majeure. Appliquer la clause avant les fêtes auraient été catastrophique en terme d'images pour les studios. En revanche, à l'aube de l'annonce d'un accord entre la Directors' Guild of America (DGA) et l'AMPTP, le moment est bien choisi.
Depuis le samedi 12 janvier, la DGA et l'AMPTP sont entrées en négociations formelles et hier des rumeurs d'une annonce d'accord commençaient à circuler donnant du baume aux coeurs aux scénaristes. Ceci en dépit du fait que la WGA n'a aucune idée du contenu de l'accord et qu'elle le découvrira comme tout le monde au moment de l'annonce par les deux signataires. Cependant, ce que l'on sait, c'est que depuis le début de la grève, la DGA a rencontré des membres clés des studios pour des discussions non officielles. La DGA a toujours agi ainsi ; préférant aplanir le terrain avant de commencer les négociations officiellement. Ainsi, en début de semaine dernière, la DGA annonçait qu'ils étaient encore très loin de pouvoir discuter officiellement, ayant trop de points de désaccords. Quelques jours après, la situation s'étant améliorée, les négociations étaient annoncées pour le week-end. Il se dit que la grève a pu donner un levier supplémentaire à la DGA pour obtenir gain de cause sur les mêmes points qui bloquent pour les trois guildes : à savoir les droits résiduels sur les nouveaux médias voire même sur le calcul des droits résiduels pour la vente sur DVD.
En associant l'annonce d'un accord imminent avec la DGA, la possibilité d'un accord avec la WGA avant la cérémonie des Oscars le 24 février prochain qui pourrait être annulée si la grève ne prenait pas fin, l'application de la force majeure semble parfaitement logique du point de vue des studios.
Cependant, depuis que la force majeure est envisagée, tous les articles ont souligné son effet négatif. Les scénaristes, ainsi libérés, pourront aller voir ailleurs et dans de meilleures conditions. Les quelques agents interrogés après qu'ils aient reçu la mauvaise nouvelle ont fait savoir qu'ils feraient payer l'application de la clause.