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Fil Info - Cold Case

France 2 : Disparue : Critique des 2 premiers épisodes
le Mardi 21 Avril 2015
Medias

Disparue vient d'être projetée au Festival de Séries Mania, à un jour de son lancement sur France 2.

Retour sur sa création et critique des premiers épisodes par Sebastien Mardeley et Carine Wittman.



Marie Deshaires, Catherine Touzet et Charlotte Brändström ont adaptée à 6 mains la série espagnole connue en France sous le titre Patrica Marcos, la disparue.

Même point de départ pour Disparue. Le jour de ses 17 ans, Léa Morel (Camille Razat) disparaît sans lancer de traces. Marie Deshaires et Catherine Touzet qui travaillent ensemble depuis assez longtemps ont vu à plusieurs reprises l'originale, l'ont détricotée et l'ont réécrit en la transposant de nos jours - la série espagnole date de 2007 - pendant la fête de la musique. Là où la série espagnole se déroulait dans une petite ville de campagne, les trois femmes lui ont préféré Lyon, une grande ville qui permettait de toucher à beaucoup de choses. Pendant le tournage, Charlotte Brändström accompagnait la deuxième équipe pour obtenir des prises de vue de nuit de la ville.

On parle souvent de la mésentente entre scénaristes et réalisateurs mais là que nenni, elles ont travaillé ensemble de bout en bout. Marie Deshaires et Catherine Touzet ne voulaient absolument pas empiéter sur le travail de réalisatrice de Charlotte Brändström, qui a pas mal travaillé en Angleterre et aussi en Suède dont elle est originaire. Lorsque Charlotte pensait qu'il fallait faire des modifications au scénario, une scène qui ne fonctionnait pas, par exemple, elle contactait immédiatement les deux scénaristes pour une réécriture. Pour Marie Deshaires et Catherine Touzet, Charlotte n'a fait qu'améliorer à chaque proposition leurs propres idées. Elles ont été aussi été fortement soutenue par Carole Le Berre, qui travaille à la programmation de France 2 et qui est la raison pour laquelle la série est en 8 épisodes et non 6, le chiffre habituel des séries de ce type.

L’enthousiasme qu'on entend en les écoutant a été aussi partagé par les acteurs, en premier François-Xavier Demaison qui incarne le Commandant Bertrand Molina tout juste affecté à Lyon. Mais aussi Alix Poisson qui joue Florence Morel, la mère de Léa. Ce qui va surprendre peut-être, c'est qu'on va retrouver Alix Poisson reprenant à quelque chose près le rôle qu'elle joue dans Parents, Mode d'emploi, le programme court diffusé tous les soirs vers 20h40 sur France 2, donc quelques minutes avant le lancement de la série. Mais très vite, la maman rigolote disparaît pour laisser place à celle inquiète qui ne veut qu'une chose : retrouver sa fille. Au début, personne ne la prend au sérieux. Ni son mari, Julien (Pierre-François Martin-Laval), ni leur fils aîné Thomas (Maxime Taffanel) ni bien sûr la police qui pense qu'il est trop tôt pour s'inquiéter. Mais lorsqu'elle n'est ni avec sa cousine, Chris (Zoé Marchal) ni avec son petit-ami Romain (Léo Legrand), tout se met en branle. Le frère de Julien, Jean (Laurent Bateau), aide le reste de la famille à tenter de la retrouver.

Quant à Molina, qui vient de prendre son poste, il lance une enquête pour disparition inquiétante. Parce que Léa est peut-être presque adulte mais elle est quand même encore mineure. Il se met clairement à la place des parents de Léa ayant une fille un tout petit peu plus jeune que cette dernière.
Il se fait aider par Camille Guérin (Alice Pol), une jeune policière qui ne se laisse pas/plus faire. Peu à peu, l'enquête montre une Léa que ses parents ne connaissaient pas. La jeune femme qui semblait parfaite a beaucoup de secrets et les parents ont du mal à assumer qu'ils n'aient rien vu ou su.


Critique de Sébastien Mardelay :


Après Caïn, Chérif ou encore Les Témoins, France 2 continue sur sa lancée et avec Disparue se penche sur l’enquête sur la disparition d’une jeune fille le soir de la Fête de la Musique et des retombées que ce drame aura sur ses proches...
Pas original comme point de départ ? En effet. Mais des séries comme Forbrydelsen (version scandinave) / The Killing (version américaine) ou Broadchurch ont prouvé avec brio que l’on pouvait adopter un ton, un point de vue à partir d’un canevas archi rebattu : c’est donc plein d’espoir, et avec ce mantra en tête, que j’ai lancé le premier épisode.

Malheureusement, passée une introduction plutôt réussie qui nous fait découvrir rapidement et efficacement quelques­ uns des protagonistes principaux, Disparue s’enlise dans une narration qui ne semble jamais décoller. Ce n’est certes que le premier épisode mais celui­-ci ne propose pourtant jamais rien que l’on n’ait déjà vu ailleurs. Et souvent en mieux. Les personnages, moteurs de tout récit et particulièrement lorsque l’on investit un genre comme le polar, sont ici stéréotypés au possible et n’arrivent pas à dépasser leur simple “fonction” : le flic chevronné, la jeune inspectrice impulsive, l’ado tête-­à-­claques... Si dans Les Témoins, Hervé Hadmar et Marc Herpoux mettaient aussi en avant un couple de flic “classique”, ils avaient pourtant le talent de les faire vivre, de les faire exister. Soit tout le contraire de Disparueet de ses coquilles vides. Et quand un personnage n’existe pas, difficile pour le téléspectateur de s’impliquer...

L’ambition de voir un microcosme (pour le moment, les épisodes suivants nous amèneront peut­-être en effet à découvrir autre chose qu’une ruelle et un bar de Lyon...) réagir à un drame aussi fort qu’une disparition est certaine mais son exécution en est pour le moment maladroite et peu addictive. Heureusement que l’interprétation tout en justesse d’Alix Poisson et la mise en scène parfois inspirée (notamment un ralenti qui m’a beaucoup fait penser à Cold Case... hommage conscient?) permettent de tenir le cap pour découvrir le fin mot de l’histoire.

Il faudra cependant que Disparue passe la seconde et abatte ses cartes assez rapidement si on ne veut pas assister à une autre disparition : celle des téléspectateurs.


Critique de Carine Wittman :


Je n'ai pas aimé Les Témoins, j'ai adoré l'actrice qui joue le rôle principal dans la série et qui, par son talent, fait transcender un personnage que je considère comme un cliché sur patte. J'ai donc un avis assez opposé à mon partenaire dans cette critique. J'ai été absolument happée par l'histoire. Je reconnais en revanche que c'est très balisé, qu'il y a des choses que l'on voit venir mais cela a fonctionné sur moi. De la première à la dernière image.
Je trouve clairement la réalisation de Hadmar légèrement au-dessus dans le premier épisode si on doit comparer les deux. On y est un peu obligé, vu la diffusion proche des deux fictions. Mais là où Les Témoins était une pure enquête policière, ici, on est sur un autre registre, on est dans celui de Broadchurch. Au-delà de l'enquête avec un Demaison et une Pol absolument remarquables, humains au-delà de tout, avec une réelle connexion avec le père de Léa (moins avec la mère), le portrait d'une famille qui doit tenir debout mais qui est en train d'imploser ou d'exploser est absolument remarquable. Alors malheureusement, cela arrive après Broadchurch ; Disparue pourrait en pâtir. Mais regardez les deux premiers épisodes. En plus de bien gérer les passages d'épisode impair à pair, Marie Deshaires, Catherine Touzet et Charlotte Brändström ont véritablement mis le doigt dans le mille pour les attentes d'une semaine à l'autre.

Je dois aussi saluer le choix du silence ou plutôt de l'absence de dialogues au profit de montage montrant plusieurs scènes se déroulant en même temps à certains moments clés. Certaines scènes avaient été écrites ainsi par Marie Deshaires et Catherine Touzet, parfois la décision est venue de Charlotte Brändström, la réalisatrice. On va aussi tirer notre chapeau pour le choix de la petite Zoé (Stella Trotonda). Des enfants qui jouent malheureusement mal dans les séries françaises sont plus la règle que l'exception (à l'inverse des anglais). Charlotte Brändström a vu une cinquantaine d'enfants pour le rôle. Lorsque Stella a été auditionnée, elle savait qu'elle avait trouvé sa Zoé. Charlotte a raconté que de tous les acteurs, c'était celle qui improvisait le plus. Ils se sont rendus compte que s'ils la faisaient réciter, ça ne fonctionnait que rarement alors ils lui ont laissé le champ libre pour dire des dialogues ayant le même sens mais avec ses propres mots.

Au cours des prochaines semaines, on publiera des interviews de Marie Deshaires, Catherine Touzet et Charlotte Brändström. Pour éviter tout spoiler, ce sera toujours après les épisodes en espérant vous montrer un peu l'envers du décor.

Auteur : Carine Wittman
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