Signature
Par le Village • 22 avril 2011

La nouvelle mini-série d’Hadmar et Herpoux.

Un tueur. Une journaliste. L’île de la Réunion... Six épisodes diffusés à partir du 22 avril 2011 sur France 2.


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Par pol gornek • 23 avril 2011 à 01h28

Signature, épisodes 01 & 02 :

C’est un pari audacieux que proposent Hervé Hadmar et Marc Herpoux dans le pilot. Laisser autant de place au silence et à la contemplation, réduire les dialogues à un degré infime (je serai curieux de connaître le nombre de lignes), c’est attendre une certaine exigence de la part du public. Bien sûr, ce choix n’est pas gratuit, quand il s’agit de suivre Toman, homme de peu de mots, sorte de Dexter animal (la comparaison semble inévitable). On suit les mouvements de ce prédateur humain réduit à une notion quasi primale. Personnage réactif, insondable, obsessionnel (une composante « maison » que l’on retrouve aussi bien dans Pigalle, la Nuit que Les Oubliées) et surtout fascinant. Hadmar caresse régulièrement le corps de son personnage, le découpant pour mieux l’examiner, sublimant la plastique de Sami Bouajila, beauté ténébreuse.

Une nouvelle fois, Hadmar joue l’immersion. A l’opposé de la citadine Pigalle, La Nuit, on plonge dans l’île de la Réunion. Dualité du procédé, quand plans larges se marient à son filmage serré, à l’épaule. Et attention particulière accordée à la nature, dans un mouvement presque « Malickien » (sans la force tellurique de ce dernier). On sent la volonté du réalisateur d’utiliser le lieu comme un personnage, de jouer avec ses différentes strates (la ville, l’aspect sauvage des montagnes et forêts), jusqu’à parfois tomber dans l’illustration façon carte postale. Mais on assiste à une vraie identité visuelle et une narration qui privilégie le détail et l’observation.

Il faudra attendre la fin de cette mini-série pour se prononcer, mais il semblerait que le duo est en train de bâtir une oeuvre cohérente et passionnante.

Mes excuses pour le doublon dans le sujet "en vrac".

Par Jeff Gautier • 24 avril 2011 à 09h53

Je ne savais pas trop à quoi m’attendre avec Signature, notamment à cause d’un article preview sur le site du Village. ;) Pourtant, et même si le rythme est en effet très lent et contemplatif (pas bête la comparaison avec Malick, même si je ne la tenterais pas, comme je vais l’expliquer plus tard), j’ai été pris par l’ambiance. Parce que celle-ci colle parfaitement avec le personnage de Toman qui est à mes yeux vraiment bien construit et vraiment intéressant. Dans le 20Minutes de jeudi ou vendredi dernier, le journaliste avait osé la question qui tue en comparant Toman à Dexter : Bouajila s’en était sorti en rappelant que Toman est mu par ses pulsions. Et en effet, il n’y aucun rapport entre les deux. Certes, ils tuent des personnes morales condamnables ; mais cela s’arrête là. Toman n’aspire à aucune normalité, ne cherche pas à s’intégrer et existe uniquement à travers ses pulsions meurtrières. Pourtant, les auteurs ont réussi à le rendre attachant, ce qui est assez pervers il faut bien le reconnaître.
Alors oui, durant ces deux premières heures, il ne se passe rien, ou presque. Et ça ne parle pas. Mais ce n’est pas une tare, bien au contraire. Au niveau de l’approche, une série comme Rubicon a été encensée par la critique ; Signature a donc ses chances. Mais il est clair que ce n’est pas une oeuvre accessible. Mon petit doigt me dit qu’il ne se passera pas grand chose non plus durant les épisodes suivants et qu’il n’y aura aucun grande révélation à la fin. Qu’importe.
Mais moi aussi je vais attendre la fin pour me prononcer définitivement. Car il y a un risque que Hadmar se complaise dans cette atmosphère et s’y enlise. Même si le fait d’avoir tout écrit et tout tourné d’un bloc me paraît être un garde-fou certain.

Cependant, il y a quelque chose qui me gêne profondément dans cette série. Je l’avais déjà noté dans Les Oubliées (je n’ai pas vu Pigalle). Et je ne saurais dire si cela est le fait d’Hervé Hadmar ou de son directeur photo attitré Jean-Max Bernard. Mais je déteste les cadres. Cela bouge, beaucoup (trop). J’ai lu que c’était pour donner un côté réaliste à la mise en scène, mais je ne suis pas du tout d’accord. Cela ne donne rien. Je trouve même que c’est mal cadré, même si je me garderais bien de dire que c’est gens ne sont pas compétents : il s’agit véritablement d’un choix, mais d’un mauvais à mes yeux.
Tout tourner au steadycam ou à l’épaule va à totalement à l’encontre de l’idée de mise en scène qui est basé sur la contemplation, l’atmosphère. Cela bouge, c’est de travers, cela gêne car cela casse totalement l’ambiance.
C’est d’autant plus marquant que je regarde également la version américaine de The Killing, qui elle est intégralement tournée au pied (les mouvement étant exécutés au travelling ou à la grue). L’ambiance n’en est que plus lourde car les cadres sont propres et n’attirent jamais l’oeil du téléspectateur, qui plonge dans l’intrigue. Tout le contraire de la réalisation de Signature.
S’il y a un grosse erreur, c’est bien celle-ci.

Par pol gornek • 25 avril 2011 à 02h00

Je vois un travail beaucoup plus subtil (et inconscient ?) sur la réalisation qu’une simple envie de réalisme. On peut voir une fissure dans le filmage d’Hadmar qui semble correspondre - très justement - à deux états. Des plans fixes ou mouvements amples et progressifs quand il s’agit de filmer la nature et la caméra à l’épaule et ses plans tremblants quand il filme Toman ou plus généralement les personnages. Cette dichotomie peut s’expliquer par l’opposition que semble observer H&H entre l’homme et la nature. Le chaos de l’homme d’un côté, la majesté de la nature de l’autre. Et comme on sait quel soin et importance peut relever le cadre dans l’oeuvre du duo (importance du lieu comme personnage principal), cette distinction particulière place les enjeux formels au centre de l’histoire.

Par Jeff Gautier • 30 avril 2011 à 18h49

Mouais...
Sauf que je n’ai vu absolument aucun plan fixe dans Signature (et il me semble que c’était déjà le cas des Oubliées). Tout est filmé caméra à l’épaule ou au steadycam. Cette dichotomie que tu pointes pourrait fonctionner si les plans de la nature étaient filmés au pied ou à la grue, ce qui n’est pas le cas. Même les plans en hélicoptères semblent avoir été réalisé "à la main", avec un caméraman à bord de l’appareil au lieu d’utiliser une caméra gyroscopique qui permet justement des plans parfaitement stables. La Réunion est belle, les plans sont bien choisis ; mais pourquoi ça bouge autant tout le temps ?
Je citais The Killing précédemment. Mais il y a un bonhomme qui aime filmer la nature et qui va sortir un film bientôt (d’où son apparition dans mon esprit en regardant la série de F2) : Terrence Malick. Après, j’en conviens, Hadmar n’a probablement pas les mêmes moyens que Malick. Ce qui pourrait aussi expliquer certains "choix"...

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30 avril 2011 à 18h49
par Jeff Gautier

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