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Agents of S.H.I.E.L.D. - Alors, Agents of S.H.I.E.L.D., c’est toujours naze ?

Un Point sur la S.É.R.I.E.: Howard le Canard n’était pas disponible, c’est ça ?

Par Conundrum, le 14 février 2014
Publié le
14 février 2014
Saison 1
Episode 13
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Dire que "Marvel’s Agents of S.H.I.E.L.D." est une série à problèmes est un euphémisme. Blackie a parfaitement décrit le consensus ressenti (tout du moins du côté de pErDUSA).

Son titre bancal résume le challenge que la famille Whedon doit surmonter. Sans le Marvel devant le titre, le grand public ne ferait peut-être pas le lien avec l’univers cinématique Marvel et encore moins avec ses comic-books. Même un lecteur avide de comics pourrait avoir du mal à comprendre l’intérêt de cette série.

Et à juste titre.

Si le S.H.I.E.L.D. est une organisation bien ancrée dans les comics Marvel, tout ce qui touche à cette série est une extension des films Marvel, principalement absent des comics. Phil Coulson, notre héros, est une invention des films incorporée a posteriori aux comics. Et l’Agence Tout Risque qui l’entoure est une pure invention des Whedon que l’on légitimise avec l’apparition de personnages de troisième catégorie des comics peu connus du grand public comme Victoria Hand ou d’une apparition surprise/furtive/inutile de Nick Fury.

Le problème vient aussi de la source du matériel. Au sein même de l’univers Marvel, il y a un sérieux clivage entre les personnages. Mis à part un noyaux de personnages crées dans les années 60 comme Spider-Man, The Avengers en équipe ou en solo, The X-Men, The Fantastic Four ou Daredevil, Marvel peine à instaurer de nouveaux personnages ou concepts. Ces personnages qui donneraient matière à des séries marquantes sont presque tous réservés à une exploitation cinématographique [1].
Et même Nick Fury, difficilement dissociable du S.H.I.E.L.D., ne fait qu’une apparition clin d’oeil dans le second épisode. Il ne reste que les personnages de seconde catégorie qui passionnent moins. Si le haut du panier que Agents of S.H.I.E.L.D. a le droit d’exploiter est Deathlok, ça promet pour la suite. Et même cette révélation a dû être spoilée par anticipation par la production de la série pour limiter l’hémorragie de l’audience et/ou retrouver un peu de crédit auprès de son public cible.

En soi, ce n’est pas un drame, mais quand on cherche à attirer le public avec Marvel dans le titre, et qu’on se retrouve avec uniquement le mari de la Vieille Christine comme point de repère, les nouveaux personnages ont intérêt à marquer, et très vite. Et c’est malheureusement là qu’est le gros échec de la série.
Indépendamment de son origine, si on fait abstraction de tout lien avec les univers Marvel, il ne reste pas grand-chose à la série. Une once de mythologie diluée autour de Coulson aboutit à une révélation tiède et sans impact majeur sur son public. Coulson a été ressuscité contre son gré, et donc ? A part une vilaine sensation de recyclage d’une intrigue de Buffy, quel est intérêt de traîner cette histoire sur dix épisodes et nous assommer à répétition d’un « It’s a magical place » qui fait saigner les oreilles ?

La série a la bonne idée de recentrer sa mythologie autour des origines de Skye. A défaut d’être passionnante, cela a le mérite de donner un peu de profondeur à la galerie de personnages secondaires. Parce qu’être incapable de différencier Fitz de Simmons après 13 épisodes, et être toujours aussi affligé du jeu sans vie de ses acteurs n’aident absolument pas à s’attacher à la série. Skye est peut-être le seul membre de l’équipe qui montre un semblant de potentiel. On peut au moins accorder à la série le fait que, depuis quelques épisodes, elle s’est décidée à passer la deuxième vitesse, mais elle a intérêt à bien jouer ses cartes sur la fin de saison.

En effet, même si les débuts sont très poussifs, à défaut de s’attacher aux héros, on peut plus facilement trouver un intérêt aux antagonistes comme la « Femme à la Robe à Fleurs », Ian Quinn et à The Clairvoyant. La série est sur la bonne voie en laissant suggérer une montée en puissance et en augmentant le danger auquel nos héros sont confrontés.
Voir Skye se faire tirer dessus à bout portant était le premier vrai élément de surprise de la série. C’était bien plus fort que la découverte de ses origines ou le flash-back sur la « résurrection » de Coulson. Cela prouve, malgré tout, que l’attachement commence à se faire mais c’est surtout les ramifications qui me laissent espérer un intérêt pour la suite.

L’intérêt de tout ce qui est Marvel ne réside pas dans uniquement dans les personnages, mais dans leur tragiques intrigues de soap opera. Tony Stark est un alcoolique, Peter Parker affronte les responsabilités qui viennent avec ses pouvoirs, Steve Rogers vit dans un monde qui remet ses valeurs en question et les X-Men protège une population qui les persécutent. Jusque-là, rien ne définissait Agents of S.H.I.E.L.D., il s’agissait de gentils petits soldats confrontés à des méchants très méchants. C’était une série lisse et fade qu’on a du mal à associer à Marvel et encore moins aux Whedon.

Mais cette semaine, un espoir a surgi. Même Ward montre un intérêt, une première pour la série, quand il explique à May qu’il en veut à Coulson. L’attaque sur Skye motivera sûrement Coulson à être moins passif. De la motivation, de la passion, des tensions et une vraie identité propre est ce qui manquait à la série.

Au fond, il n’y a pas besoin de Deathlok. La vraie empreinte Marvel qui justifie la présence de ce logo au début de chaque épisode est d’honorer cette idée de mettre des personnages attachants et humains confrontés à des situations exceptionnelles. Maintenant, je suis quand même preneur de "Howard le Canard, Agent of S.H.I.E.L.D".

Conundrum
Notes

[1Marvel semble le comprendre, puisque Daredevil, malgré un film et un spin off, ne sera pas le sujet d’un reboot cinématographique mais d’une série pour Netflix.