Critique des meilleures nouvelles séries télé (et des autres)
Regarde critique sur les séries TV actuelles

Breaking Bad - Où on parle surtout du bordel de plus en plus évident qui règne chez AMC

Bullet Points: Heisenberg contre AMC

Par Ju, le 8 août 2011
Par Ju
Publié le
8 août 2011
Saison 4
Episode 4
Facebook Twitter
La semaine dernière, Breaking Bad a fait parler d’elle lorsqu’on a appris qu’AMC désirait réduire le nombre d’épisodes de la prochaine (et potentiellement dernière) saison de la série. En lieu et place des treize épisodes habituels, la saison 5 de Breaking Bad n’en aurait que six ou huit. Scandaleux !

Un peu de contexte.

En ce moment se jouent de grosses négociations entre AMC (qui diffuse Breaking Bad) et Sony (qui la produit), autour de l’avenir de la série. D’un côté nous avons la chaine qui, pour réduire les coûts, a émis le souhait de voir la prochaine saison raccourcie de quelques épisodes. De l’autre, nous avons la société de production qui ne voit pas ça d’un bon œil, et qui a fait savoir que, si nécessaire, elle n’hésiterait pas à revendre la série à un autre network (probablement FX).

Au milieu, nous avons les journalistes et blogueurs affamés de contenu et de trafic qui se sont fait un plaisir de relayer ces informations, rendant ainsi ces tractations complètement publiques… et, surtout, complètement exploitables autour de la table de négociations, puisqu’il est plus que probable que Sony a dévoilé cette histoire de façon à faire pression sur AMC.

Évaluation d’un Network en Perdition

En définitive, ça a plutôt fonctionné puisqu’il semblerait que les discussions touchent à leur fin.

Aux dernières nouvelles, on se dirigerait vers une saison 5 de treize épisodes, suivie d’une ultime saison 6 de sept épisodes, ce qui n’est pas forcément une bonne nouvelle pour les amateurs de séries dont l’histoire n’est pas artificiellement prolongée… mais bon, j’aurais l’occasion d’en reparler, passons là-dessus pour cette fois.

(Encore un petit effort, je vous assure que la critique de l’épisode commence bientôt.)

Si elle est autre chose qu’une simple machine à faire du buzz, toute cette histoire a au moins un avantage certain : elle illustre à merveille le bordel qui semble régner chez AMC depuis maintenant plusieurs mois.

Car ce n’est pas la première fois que la chaine favorite des critiques voit son linge sale déballé de cette façon.
Matthew Weiner s’en est fait une habitude dès qu’il s’agit de reconduire son contrat sur Mad Men, tous les deux ans, et de façon particulièrement combative (et fructueuse) après la saison 4. Il y a une paire de semaines, on a également eu le droit au départ surprise de Frank Darabont, en plein tournage de la saison 2 de The Walking Dead, et alors qu’il se plaignait quelques temps plus tôt de la réduction de son budget par AMC.

Toutes ces histoires, plus les polémiques autour de la première saison ratée de The Killing, ont eu pour conséquence directe d’entacher la réputation prestigieuse qu’AMC avait acquise après avoir lancé Mad Men et Breaking Bad coup sur coup.

J’aurais bien envie de dire que c’est bien fait pour eux. Que c’est le karma. Et que leurs ennuis ont commencé le jour où ces salauds ont bêtement décidé d’annuler Rubicon… Mais ça serait trop gentil. Et ce serait oublier un peu trop facilement le remake chiant comme la mort du Prisonnier qu’ils nous ont infligé fin 2009.

Je les ai vus, moi, ces six épisodes.

Et j’attends toujours mes excuses !

Et maintenant, pour quelque chose de totalement différent…

On ferme la parenthèse !

Qu’est-ce qu’il était chouette, cet épisode !

Bullet Points est construit très simplement, avec une première moitié où l’on suit Walt, puis une seconde consacrée à Jesse, encadrées par deux séquences avec Mike le Nettoyeur. Si je commence en vous parlant de ça, il y a une raison, c’est parce que j’ai un faible pour les épisodes un peu atypiques.

Vous voyez, ce genre d’épisodes me plait pour plusieurs raisons.
Sans doute, déjà, parce que j’interprète leur structure comme la preuve qu’ils ont bénéficié d’une attention toute particulière de la part des scénaristes. Sans doute, ensuite, parce que cette attention peut laisser espérer une thématique et une cohérence plus marquées que dans un épisode régulier avec son « simple » enchainement de scènes.
Et enfin, dans ce cas précis, sans aucun doute parce que cette construction était l’occasion de passer beaucoup de temps avec Jesse et Walt. En d’autres termes, un vrai soulagement après les distractions de ce début de saison (et l’overdose encore récente de Marie la gentille affabulatrice kleptomane et désespérée).

Un soulagement, également, car Bullet Points était d’une qualité bien supérieure à ce que nous a proposé jusque-là ce début de saison 4.

Le tout était d’un très bon niveau, mais la première moitié sur Walt m’est apparue comme plus convaincante que la seconde, peut-être parce qu’elle formait une (très bonne) histoire complète, là où l’intrigue de Jesse était surtout une transition entre le chaos des semaines précédentes et là où le prochain épisode le mène… quoi que ça puisse être.

Une tendre et touchante balade en voiture avec Mike ? L’occasion rêvée pour discuter de leurs sentiments ? Aucune idée. Mais j’ai hâte.

Même sans ce handicap, il était de toute façon très difficile pour Jesse de rivaliser avec la brillance des scènes de Walt. Toute la préparation avec Skyler et la farce de leur répétition générale avant l’annonce de « l’heureuse nouvelle » illustrent parfaitement ce qui fait l’originalité de Breaking Bad dans l’univers des séries s’intéressant au monde du crime.
Dans cette longue scène, il s’agit d’étudier un plan dans ses moindres détails, de s’attarder sur chaque point avec minutie, de ne rien laisser au hasard. Chose qui, ici, semble agacer Walt pour la première fois (sans doute parce que Skyler en est à l’initiative), et qui fait écho à sa propre tentative quelques scènes plus loin, lorsqu’il tente de forcer Jesse à s’épancher sur le meurtre de Gale.
Petit bonus, avant d’en finir pour de bon avec cette séquence, j’avoue préférer Skyler telle qu’on la voit dans cet épisode, pleine de volonté mais imparfaite (comme par exemple incapable d’écrire des dialogues convaincants), plutôt que comme le génie du crime qu’on essaie de nous faire avaler depuis plusieurs épisodes.

La suite chez Hank et Marie est encore plus réussie. Pour une simple raison. Parce que Vince Gilligan ne nous a pas fait patienter bêtement avant d’en arriver à la conclusion inévitable de la fin de l’épisode précédent.
Forcément, tout le monde l’avait compris, Hank allait finir par parler à Walt du cahier de notes retrouvé chez Gale. Quel soulagement que ça arrive aussi vite. Surtout que le résultat était foutrement à la hauteur de ce qu’on pouvait espérer.

Tant au niveau de la façon dont Walt apprend la nouvelle via karaoké que dans le suspense de la discussion autour du carnet, c’était particulièrement réussi. Et quand Walt et Hank échangent sur Heisenberg ou sur le propriétaire des initiales W.W., c’était même absolument parfait.

Dans un épisode super bien foutu et rempli de bonnes scènes, celle-ci arrivait encore à se démarquer.

Et à me rappeler, oui, ce que j’aimais autant dans Breaking Bad.

Ju