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The Carrie Diaries - Avis sur le début de la série prequel à Sex and the City

The Carrie Diaries: My So-Called Prequel

Par Jéjé, le 18 janvier 2013
Par Jéjé
Publié le
18 janvier 2013
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The Carrie Diaries était la seule série dont j’avais envie de vous parler pour ma première critique de 2013. Je ne pouvais pas imaginer mon année pErDUSienne commencer différemment. Cette série était à moi. Personne d’autre que moi n’avait le droit de vous donner son avis sur ce premier épisode.

(Oui, oui, comme la CW, moi aussi, j’ai décidé de me lancer dans le recyclage).

C’est quoi ?

Un projet un peu débile.

The Carrie Diaries entreprend de raconter la jeunesse de l’héroïne de Sex and The City, sous la forme d’un teen soap façon CW.

Un peu comme si ABC Family avait décidé de mettre à l’antenne une dramédie de 20 minutes consacrée à un jeune Tony Soprano incarné par Justin Bieber.
Ou bien si Disney Channel avait lancé une sitcom basée sur les premiers amours d’Omar Little dans son petit collège de Baltimore. Aussi incarné par Justin Bieber.

Il n’y a de quoi crier au scandale et sûrement pas au sacrilège. Les variations, les prolongements, les ré-interprétations d’histoire connues, c’est la base de la fiction.

Mais, juste comme ça, sur le papier, ça sent de très loin la grosse idée pourrie très paresseuse.

C’est avec qui ?

AnnaSophia [1]Robb incarne Carrie Bradshaw.

Et, attaquons d’emblée, son physique est le premier faux-pas de la série.
Je n’attendais pas le sosie d’une jeune Sarah Jessica Parker, mais on (je dis « on » pour inclure tout ceux qui ont aimé - vraiment beaucoup - Sex and the City à une époque, et qui tentent, sans y parvenir, d’oublier le finale de la série à Paris !) pouvait quand même espérer retrouver chez elle l’un des traits distinctifs de l’héroïne de Sex and the City, à savoir un visage en dehors des stéréotypes hollywodiens.
Au lieu de ça, on récupère une bubble-head blonde, avec un nez au retroussement qui ne semble d’origine et un sourire en facettes fraichement collées.
C’est problématique pour parvenir à faire adhérer le spectateur à l’idée de base de la série.

A ses côtés, on trouve Rosie Larsen, dont le charisme fait penser qu’elle ne retrouvera pas de meilleur rôle que celui du cadavre principal de The Killing, quelques garçons blonds tout aussi fades, et bizaremment Freema Agyema. Vu le niveau général de présence et de jeu de cette distribution, c’est plutôt Karen Gillian qui y avait sa place.

Ca parle de quoi ?

D’une jeune et jolie et gentille bourgeoise de 16 ans d’une bourgade proche de New York, pour qui la vie n’est pas si simple et qui pour se venger a décidé de lire aux spectateurs de sa série une compilation des meilleurs aphorismes de Mary Alice Young et de Gossip Girl.

Ah oui, et ça se passe en 1984.

C’est bien ?

Je ne vois rien à sauver dans ce pilote.

J’ai déjà dit tout le mal que je pensais de la distribution, mais le plus gros ratage, à mon sens, concerne le contexte de la série.

Peu importe que le personnage de Carrie ne semble n’avoir aucune correspondance avec celui de la série d’HBO (je me demande si les producteurs auront l’envie et le temps de développer une explication au fait que Carrie va couper tous les ponts avec sa famille dans le futur), comme la série se réclame de Sex and the City, le minimum était de réussir à faire vivre, comme son aînée, l’atmosphère de New York et de donner une idée du New York des années 80, un petit aperçu, quelques sensations…

Rien.

On a en permanence l’impression d’être devant une soirée déguisée "années 80" pour laquelle les invités ont fait le strict minimum (des chouchous dans les cheveux, des couleurs fluos, quelques motifs géométriques…). Le DJ, lui, s’est contenté de faire tourner en boucle le Best-Of Années 80 de Radio Nostalgie. Quant à la déco, l’hôte n’a même pas fait l’effort de trouver un plan de New-York de l’époque.

Pas une vue des Tours Jumelles de tout l’épisode…
Lorsque son père conduit pour la première fois Carrie à Manhattan, on a un plan sur son visage émerveillé, puis un plan panoramique de la ville qui s’arrête pile poil avant Wall St. Le premier magasin dans lequel elle se rend se trouve littéralement à 20 mètres du World Trade Center, mais là encore, rien.

La créatrice de la série aurait fait ce "choix" visuel [2] pour ne pas distraire le spectateur des vrais enjeux de la série, à savoir la découverte de l’amour et le passage à l’âge adulte…

J’ai rarement lu quelque chose de plus débile ! Comment peut-on parler des sentiments et de la façon de les vivre en mettant de côté le contexte social et historique des protagonistes ?
Je comptais un peu poursuivre la série pour voir comment serait traitée la découverte de l’homosexualité d’un des amis de Carrie.
En 1984. A quelques kilomètres de New York. A l’épicentre de l’épidémie du SIDA. La série pouvait tenir quelque chose de passionnant.

Mais avec ce genre de déclaration d’intention, je n’ai aucune raison d’espérer quoique ce soit, et en premier lieu, la moindre amélioration.
Les personnages et les situations sont condamnés à rester au mieux, les stéréotypes les plus plats mis en scène dans cet épisode du côté de la petite ville intemporelle (il y a tout ce qui faut, la meilleure amie qui découvre que le garçon avec lequel elle a perdu sa virginité ne l’aimait pas vraiment, l’arrivée d’un joli garçon mystérieux au lycée, la petite sœur qui fait sa crise, la méchante fille populaire du lycée, le meilleur ami gay…) au pire, quand on bascule à New York, les fantasmes anachroniques et invraisemblables d’une scénariste qui ne veut surtout pas parler du Manhattan des années 80 autrement que par une bande son la plus banale possible et des fringues piochés dans trois magazines de mode de l’époque.

Non, le seul et unique mérite de cet épisode est de réussir à offrir à l’univers de Carrie Bradshaw un prolongement encore plus consternant que Sex and The City 2, le film

Je ne pensais pas que c’était possible.

Jéjé
P.S. Ou bien, c’est que Strike Back m’a abîmé pour toujours. Parce que j’ai bien aimé Banshee, aussi...
Notes

[1Non, ce n’est pas une erreur, il n’y a pas d’espace entre Anna et Sophia. Encore une victime de l’agent de Shereè Winfield (oui, Feyrtys, cette référence est pour toi !)

[2"I appreciate that some people may feel that we should show them, but I really just feel that we’re telling a show about love and coming of age, and it didn’t seem like the appropriate place to make that statement." - Amy B. Harris - The Hollywood Reporter.