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Desperate Housewives - Critique de l'épisode 1 de la saison 3

Listen to the Rain on the Roof: Back on Tracks !

Par Jéjé, le 1er octobre 2006
Par Jéjé
Publié le
1er octobre 2006
Saison 3
Episode 1
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Marc Cherry l’a juré haut et fort dans tous les médias américains : la nouvelle saison de Desperate Housewives sera celle de la résurrection de la série.
En même temps, on l’imaginait mal rétorquer à ceux qui avaient pointé une baisse la qualité la saison passée : « Et bien, c’est vraiment dommage, mais la saison 3 va être encore pire ! Vous n’aimiez pas les Applewhite ? Vous allez voir qu’ils vont vous manquer cette année. »

De tels propos m’auraient peut être rassuré, ils auraient traduit une bonne dose de confiance en la nouvelle saison, et j’en aurais eu bien besoin, car à mesure qu’approchait la diffusion de ce season premiere, mon inquiétude atteignait des sommets, alimentée principalement par trois éléments :

1) la déclaration suivante de Marc Cherry :
« And if that’s what [fans] want, we’re going to give it to them... »
Je ne vais pas faire l’affront aux lecteurs de pErDUSA de citer à nouveau la phrase de l’ami Whedon, mais il est vrai que le créateur d’Adam, de la clé et de Connor peut parfois tenir des propos plutôt pertinents. Oui, « Project Runway justifie l’existence des émissions de télé réalité », mais ça, c’est de Jane Espenson, pas de Joss. Lui, c’est celui qui explique que même si les fans veulent que Miss Fines et M. Scheffield sortent ensemble, ce n’est peut être pas la meilleure des idées que d’aller dans leur sens. Sauf s’ils souhaitent que Susan soit écartelée et démembrée lors d’une cérémonie satanique dans la cave des Applewhite.

2) L’annonce que les intrigues de cet épisode débuteraient six mois après les événements de la saison passée.
Astuce scénaristique connue aussi sous l’appellation « l’ellipse comme solution de facilité » - les gars de 24 pourraient écrire un bouquin de 500 pages sur le sujet -, l’aveu le plus éclatant de l’impuissance de scénaristes à assumer ce qui a été écrit auparavant. La continuité des intrigues est, pour moi, la base du contrat de confiance entre le spectateur et sa série. Ah quoi bon investir du temps à la suivre si à la moindre difficulté tout repart à zéro ?

3) Le retour de Nip/Tuck.
Sa saison précédente avait été un ratage complet. Ryan Murphy, son créateur, l’avait admis pendant l’été et promis un retour aux sources qui satisferait les fans. Une situation vaguement familière, non ?
De façon « surprenante », on retrouve les héros de la série plusieurs mois après les événements de la saison passée. Et pendant la première heure, il n’y a pas une seule référence aux dangereux psychopathes qui ont défiguré et mis en danger tous les protagonistes de la série pendant quinze épisodes. Pas d’allusion non plus au fait que l’un d’entre eux a du émasculer un autre personnage. Tout le monde est super serein et on s’occupe des petits histoires d’amitié/d’amour de Sean et Christian !
C’est un doigt encore plus grand au visage du spectateur que les méta références de Seth Cohen dans la saison 2 de The OC qui répétaient à quel point la série était mieux à ses débuts !

Se moquant de mon état de stress, les filles de Wisteria Lane ont fait leur retour dimanche dernier.

Comme dans Nip/Tuck il y a quelques semaines, la séquence d’ouverture de DH est une variation de celle du pilote de la série. Une femme au foyer accomplit ses tâches ménagères dans la régularité et la méticulosité de son quotidien. Avant de prendre la décision de changer sa vie du tout au tout et d’échapper à l’emprise apparemment trop lourde d’un mari dictatorial. Sa tentative tourne à l’échec quand elle est surprise par ce dernier. Kyle MacLaclhan. Le méchant dentiste qui a renversé Mike la saison dernière.
Premier bon point : il n’a pas été effacé comme par magie.

Mary Alice non plus d’ailleurs (et ça, tout de même, c’est moins bien !) qui commente la scène avec sa voix à la douceur toujours si molle qu’elle réussirait à faire vomir l’ourson de Soupline. Elle présente Carolyn, la voisine, venue aux nouvelles de son amie et qui tombe sur le dentiste en grand nettoyage. Il faut croire que toutes les banlieues chics des Etats-Unis ont leur Martha Huber. C’est d’autant plus pratique quand on veut retrouve le charme de sa première saison... Ce n’est certes pas très subtil, mais Cherry a eu le bon goût d’engager la géniale Laurie Metcalf, la sœur inoubliable de Roseanne, pour sa Martha 2.0.

Mary Alice revient ensuite à Wisteria Lane pour faire le bilan un jour de pluie ce qui avait été laissé en suspens en mai dernier : Bree et notre ami le dentiste - que nous appelerons Orson désormais (ça tombe bien, c’est le prénom de son personnage) se fréquentent, Lynette gère comme elle peut l’arrivée dans sa vie de famille de la fille cachée de Tom, Gaby a demandé le divorce d’avec Carlos et vit maintenant seule avec Xiao Mei, la mère porteuse de son enfant, enfin Susan s’est rendu à l’hôpital au chevet d’un Mike Delfino dans le coma.
Dans son intervention, Mary Alice fait référence au pouvoir nettoyant des eaux de l’orage, nécessaires pour se débarrasser des tâches inhérentes à la vie mouvementée à Wisteria Lane... Difficile de ne pas percevoir l’allusion aux errements de la saison dernière. Mais cette allusion ne restera pas une observation stérile, elle va prendre la forme d’une déclaration d’intention des scénaristes dans la dernière minute de l’épisode. Dans sa conclusion, Mary Alice déclare : “Every storm brings with it hope that somehow by morning everything will be made clean again and even the most troubling stains might be cleared. So we wait for the storm to pass, hoping for the best. Even though we know in our hearts some stains are so indelible nothing can wash them away.” Avec optimisme, j’ai entendu Marc Cherry dire que la saison 2 sera assumée et que plutôt que de faire disparaître les erreurs ils vont tenter de les rectifier.

Un espoir sur lequel on peut raisonnablement compter puisque cet épisode illustre assez bien cette direction. Six mois plus tard, les intrigues n’ont pas changé du tout au tout : Bree n’a pas jeté son dentiste, Mike n’est pas sorti du coma pour se mettre en couple avec Eddie, Lynette n’est pas en prison pour avoir assassiné Nora, la mère de l’enfant naturel de Tom... Non, pendant six mois, il n’y a pas eu de rebondissements soapesques bien pratiques, les personnages se sont justes installés dans leurs nouvelles situations.

Rien n’a changé pour Gabrielle, sauf que maintenant le ventre de Xiao Mei l’empêche « apparemment » de faire le moindre effort. Elle est donc obligée d’être aux petits soins avec son ancienne bonne, ce qui ne correspond pas vraiment à ses aspirations et est évidemment la source de nombreux moments comiques. Les répliques cinglantes fusent, Eva Longoria possède la plus drôle de l’épisode : ‘Talk to my chinese friend : Sue Me’.
Longoria est formidable également dans les scènes où les filles sont ensembles. Oui, cet épisode marque le retour des filles en tant que groupe ! C’est ce à quoi Marc Cherry faisait référence quand il annonçait que les exigences des fans seraient satisfaites : plus de scènes où les actrices principales sont ensembles ! Peut -on vraiment lui en vouloir ? Quand les fans ont du bon sens, autant les suivre ! Même si, oui Feyrtys, le déjeuner avait peut être des airs trop marqués de Sex & The City au Country Club !

Chez les Scavo, Tom essaye tant bien que mal d’intégrer ses deux familles. Heureusement que Lynette a suffisamment de ‘couilles’ pour deux : elle réussit à mater, pour l’instant, son mari et Nora, qui semble vouloir s’incruster dans leur vie de façon aussi subtile que les références phalliques dans les intrigues de Nip/Tuck. J’ai une tendresse particulière pour Nora : on dirait une version jeune de Mary Louise Parker qui se serait échappée d’Agrestic avant de perdre tous ses neurones.

La plus grosse surprise de l’épisode concerne Susan : elle parvient à être émouvante, ce qui n’était pas arrivé depuis... depuis jamais en fait. Elle était supportable dans les premiers épisodes, parfois drôle, mais elle n’avait jamais dépassé le stade de la gentille cruche. Ici, dans la scène, où avant d’accepter une invitation à dîner (de la part d’un autre visiteur de l’hôpital dont la femme est dans le coma depuis des années), elle supplie Mike de se réveiller, elle est tout bonnement déchirante.

Enfin, le gros du morceau se situe du côté de la maison Van De Kamp avec la mise en place du fil rouge mystérieux de la saison. On a bien saisi que Orson allait y jouer une grande part, mais il y a un point très positif dans cet épisode : les filles de Wisteria Lane rattrapent rapidement leur retard sur les spectateurs : à la soirée de célébration des fiançailles de Bree et d’Orson, Martha 2.0 interrompt la petite fête, accuse le dentiste du meurtre de sa femme et lance véritablement un mystère déjà plus épais que « y’a quoi dans la cave des Applewhite ? ». Ce n’est cependant pas une petite accusation de meurtre qui va écarter Bree de son idéal masculin. Elle vient d’avoir son premier orgasme dans cet épisode, avec un homme qui en connaît plus qu’elle sur le nettoyage de la vaisselle.
Il y a fort à parier qu’Orson n’a pas tué sa femme (les indices sont trop gros pour que ce soit si évident), mais alors où est-elle ? Etait-ce la femme à laquelle il avait rendu visite dans la maison de repos où il a rencontré Bree pour la première fois ? Mais si Orson n’est pas si méchant, pourquoi a-t-il renversé Mike ? Et a qui appartient le corps que l’on vient de découvrir au milieu des travaux du golf ? Et pourquoi Danielle n’était pas à la soirée de fiançailles alors que Joy Lauren est toujours créditées en régulières ? Quoi, je me pose des questions à propos d’un épisode de Desperate Housewives ? Mais que se passe-t-il ? Marc Cherry aurait-t-il réussi son pari ?

Je me rappelle bien que j’avais apprécié le season premiere de l’année dernière, mais il était une conclusion à la première saison. Celui là, au contraire, est une introduction à la nouvelle. Qui semble lancée sur de bons rails... (Même s’ils ont l’air un peu trop parallèles à ceux du tout début de la série.)

Jéjé