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Dossier - Les Séries du Mystérieux JJ Abrams

Abrams: Mais qui est JJ Abrams ?

Par Conundrum, Lyssa, le 10 février 2005
Publié le
10 février 2005
Saison J
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Pourquoi une telle question ?

JJ Abrams, c’est le bonhomme qui monte à Hollywood.
Alors qu’Alias vient de reprendre aux Etats-Unis engrangeant ses meilleures audiences depuis jamais, que Lost demeure le succès surprise de l’année, il était temps de nous attarder un moment sur le petit homme qui se cache derrière ces histoires d’espions et de naufragés.

Le fait est qu’on se voyait mal vous vanter les mérites de Mr Abrams au travers de son scripte d’Armaggedon, et qu’on a du coup décidé de s’attarder sur chacune de ses séries, avant de vous présenter ses projets.

FELICITY | ALIAS | LOST | PROJETS




FELICITY
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(SERIE CAPILLAIRE)
(The WB, 1998-2002)

Il y a plusieurs constantes dans les séries de JJ Abrams : des intrigues imprévisibles, des scénarii béton, un excellent cast mais surtout un triangle amoureux.

Kate a beau avoir le choix entre Sawyer et Jack, Syd a beau préférer Vaughn à Will, mais le triangle amoureux de base dans les séries de JJ, celui par qui tout a commencé et que les autres vénèrent restera quand Felicity/Ben/Noel.

N’ayons pas peur de voir la vérité en face. Felicity était une série intelligente, superbement filmée, interprétée avec talent et souvent très drôle. Une série bien au dessus des autres teen dramas de la WB (oui, c’est de vous, Dawson et autre vulgaire Youg Americans que je parle). Une série sous estimée souvent réduite au frasques capillaires de son héroïne. Mais quoi qu’on en dise, Felicity c’est surtout un triangle amoureux et au fond, y’a pas de honte à ça.

Felicity est une fille spéciale. Formée à 70% de masse capillaire et 30% d’une niaiserie sans fond, Felicity n’était pas une fille comme les autres. Parce qu’un vulgaire gars plutôt beau gosse, Ben, qui ne lui a quasiment jamais adressé la parole lui écrit un mot doux sur son yearbook, Felicity annule ses projets et le suit à New York. Oui, elle est un peu conne aussi, Felicity. Elle retrouvera Ben, mais rencontrera aussi Noel, l’anti Ben.

Ben, pour ceux qui le connaisse pas, c’est un peu comme un kinder surprise. L’aspect extérieur est attractif, c’est plutôt bon, et on découvre agréablement qu’à l’intérieur il a une surprise, et que n’avons pas, contrairement à ce qu’on pensait, quelque chose de creux et vide entre les mains. Oui mais voilà, la surprise se révèle difficile à monter, la notice est à la fois simpliste et inapplicable, et après beaucoup d’effort, le résultat final se révèle über-décevant et on se maudit d’avoir passé tant d’effort dessus. Oui, parce que Ben, n’ayons pas peur des mots, est un demeuré, recouvert de chocolat certes, mais un demeuré quand même.

Noel en revanche, lui, est un peu benet sur les bords. Il le sait alors, il se rattrape en étant sensible, intelligent, contrairement à Ben, en apprenant plein de mot avec plus de trois syllabes dedans. Oh, et Noel à un Mac. Je ne sais pas si c’est important, mais je pense qu’il faut que vous le sachiez. Malheureusement pour lui, pour Felicity, Noel aurait pu avoir toutes les qualités du monde, Noël n’est pas Ben. Evidemment, la loi de l’évolution qui veut que seuls le plus fort survit, empêche Felicity et Noel de procréer car leurs enfants avec la niaiserie de leur mère, et le coté benêt de leur père, se ferait bouffer par le reste du Monde.

Alors Ben ou Noel ? Parsemés de ‘Dear Sally’, Felicity nous proposera des prises de tête quelque fois jouissive, quelque fois ridicule, en faisant un léger détour vers le fantastique à 2 reprises dans la série, mais souvent juste pour prendre sa décision au bout de l’ultime épisode de la série.

Réduire Felicity a un simple triangle amoureux est évidemment simpliste. Felicity avait une galerie de personnages secondaires garantie sans boulets, et la série leur faisait toujours la part belle parce que, que ce soit sur une île déserte, au sein de la CIA ou dans une fac, ce qui importe dans les dramas de JJ Abrams, c’est les relations entre les personnages. Ca, et s’arranger pour Greg Grunberg (1) ne soit jamais au chômage.

(1) Greg Grunberg est un ami d’enfance de JJ qui a participé aux 3 séries et qui est le héros du prochain drama de JJ, The Catch.


ALIAS
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(SERIE FAMILIALE)
(ABC, 2001-...)

On a trop souvent tendance à oublier qu’Alias est une série d’action, et non un soap opera centré sur deux personnages dont les existences sont terriblement compliquées et dont les chemins de l’Amour n’ont de cesse de s’entrecroiser sans jamais pouvoir fusionner, parce que vous comprenez, la vie, elle est super dure vu qu’il est marié et que elle, elle est sans amis. Bref, les états d’âme de Sydney et de Vaughn featuring Lauren n’ont pas toujours été la base de la série. Oh que non.
Jadis, soit trois ans en arrière, il était une fois un programme télévisé nommé Alias. L’héroïne principale était interprétée par une actrice que JJ Abrams aimait tout particulièrement : Jennifer Garner.

Cette héroïne, agent double pour la CIA, se nommait Sydney Bristow. Parsemez sa vie de déguisements, d’action, de rythme et du suspens et vous obtiendrez un petit bijou télévisé, un bijou doté de la Abrams Touch.
La Abrams Touch est un petit neurone qui n’existe dans le cerveau que d’un seul être. Redoutable carnivore, elle saute sur ses proies et s’aide de ses petites pattes pour les dévorer. Mais ceci est sans importance comparé à ce qu’elle peut créer : une réalisation tonique, esthétique et travaillée, des acteurs éblouissants d’authenticité, un juste équilibre entre le calme et la tempête, et surtout, surtout, des évènements imprévisibles et inimaginables. Elle est vraiment trop forte, cette Abrams Touch.

Mais elle est également sournoise, et se cache là où on ne l’attend pas forcément. C’est ce qu’on appelle l’Abrams Implicit Touch. L’AIT, comme l’appellent les chercheurs, intervient donc également derrière la caméra, là où, nous, simples petits spectateurs et critiques, ne pouvons intervenir. Mais elle intervient aussi grâce à son hôte, JJ Abrams. Car, soyons francs : celui-ci n’est pas un Aaron Spelling qui se met à la place du téléspectateur pour le berner. Il est un téléspectateur. C’est là toute la différence, et c’est là toute la qualité de ses programmes puisqu’il parvient, dès lors et en toute logique, à nous devancer.

Du fait de ces deux notions, intervient une troisième : l’intelligence des scénarii.
Puisqu’il n’est pas Spelling, il sait que les téléspectateurs ne sont pas (tous) des sombres crétins. Puisqu’il en est lui-même un (De téléspectateur, pas de sombre crétin), il le sait doublement. Aussi sait-il être assez sadique pour distiller petit à petit des éléments farfelus et nous faire nous triturer les méninges, puisque lui-même l’a fait avant nous.
Si Alias, Buffy, Gilmore Girls ou Dead Like Me sont réussies, c’est bien sûr grâce à des scénarii de taille, de bons acteurs ou une belle réalisation, mais c’est aussi et surtout parce que le créateur sait que le téléspectateur n’est pas idiot. Il sait qu’il est capable d’analyser, de réfléchir, de chercher les indices, il sait qu’il est capable d’être un fan acharné qui regardera quinze fois les épisodes pour trouver LA clé à l’énigme de la saison. Il sait que, dans un sens, il est complètement fou.
L’avantage d’Abrams intervient ici : il l’est tout autant que nous, et il a compris que pour réussir une série, il faut avoir un wagon d’avance sur le téléspectateur.


LOST
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(SERIE DE VACANCES)
(ABC, 2004-...)

Pour Lost, c’est un concept du même acabit qui se met en place.
J’aurais toutefois envie de dire que c’est l’inverse : nous faisons partie de la série. Nous connaissons la plupart des petits secrets qui y circulent, nous savons qui a fait quoi, nous connaissons leurs sentiments (sauf ceux de Kate parce qu’on peut être perspicace, mais y’a des limites...). Un peu comme dans Columbo, en fait.
On connaît l’assassin mais on peut rien dire parce que : a) c’est à eux de trouver, b) ça ruinerait la série, c) on peut pas bande de geeks, on fait pas VRAIMENT partie de la série.

Les points de vue externe, interne et omniscient s’enchaînent et s’emmêlent quant aux personnages... Ou presque tous. Car l’île nous reste totalement inconnue, mystérieuse et même inquiétante. Et puisque, personnellement, bien installés sur nos fauteuils de PDG, sirotant nos cocktails et grignotant nos toasts de caviar (Ca paye bien, rédacteur chez Edusa), on ne craint pas grand-chose, tout ce qu’on demande, c’est d’en savoir plus. Plus sur ce lieu étrange et hostile où un gros dino-qui-en-fait-n’en-est-pas-un semble vouloir prendre Jack et Kate pour des toasts au caviar. (Ca paye bien aussi, Dino sur l’Ile.). Le mystère, les interrogations en suspens, les maigres indices... On sent le continuel amusement d’Abrams au travers des différentes storylines.
Pourquoi parait-il génialement tordu ? Parce qu’à suivre ainsi, sans réellement connaître ses capacités rédactionnelles, on peut penser qu’il ignore tout de ce qu’il va faire, qu’il est un Howard Gordon en puissance. Il part dans tous les sens, explore des voies pour les abandonner et les reprendre un peu plus tard... Et parallèlement, il construit une série aux bases bien ordonnées, avec des flashbacks gentiment montés, et donne à chaque personnage son épisode. Il y a cette dualité dans le travail d’Abrams qui fait que ses créations sont passionnantes : d’une seconde à l’autre, Lost peut passer d’un suspens insoutenable à une scène on ne peut plus douce. Il sait ce que l’on voudrait avoir... Et il ne nous le donne pas. Mais c’est pour notre bien, hein.

Un autre aspect d’Abrams qui se reflète dans sa dernière création est bien évidemment sa fidélité aux acteurs. Greg Grunberg, Amanda Foreman, mais surtout Terry O Quinn, qui possède un rôle prépondérant dans Lost, que ce soit par la qualité de son jeu ou de son personnage, un personnage clé dans l’histoire, et la compréhension, de l’île.
Ici aussi, Abrams évolue et tente le coup : il ne fait pas de Locke un héros. Tout le monde se lasse du héros. Will, Jack ou Irina ont bien vite été préférés à Sydney, Jack a fait une overdose de sa Kief’ Cool attitude à force de trop appuyer dessus, et Jarod est devenu le plus énorme Boulet que la Terre aie jamais porté. Locke, en personnage secondaire, ne peut lasser les gens et ne peut qu’être l’une de ces personnes que l’on veut revoir toujours plus. C’est frustrant, je sais, mais c’est comme ça qu’on fait marcher une série. Et Abrams l’a compris même si bon, là, je vous l’accorde, il était pas tout seul. Preuve en est, d’ailleurs, que les scénaristes avaient à l’origine décidé de tuer Jack dès le pilote, et se sont finalement ravisés.

Et puis, cela va sans dire, la diabolique Abrams Touch joue de nouveau avec nos nerfs en nous faisant croire que nous avons tout deviné alors qu’en réalité, il n’en est strictement rien.


PROJETS
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C’est la saison des pilotes pour la prochaine saison, et JJ est très demandé visiblement. Plusieurs pilotes ont été commandés mais attention, cela ne veut pas dire que toutes les séries annoncées arriveront l’antenne l’année prochaine. Sur une centaine de pilote commandés, seuls une trentaine donneront suite à une série.
Voici un petit tour d’horizon de ce que nous reserve JJ pour la saison prochaine. Et ce en plus, des films ’Mission Impossible 3’ qu’il écrira et réalisera ainsi que ’The Good Sailor’ sur le naufrage tragique de USS Indianapolis, l’un des plus meurtriers de l’histoire de la Navy US.

(THE CATCH)
The Man(ABC, Drama, de JJ Abrams et John Eisendrath)

J.J. Abrams a pour but d’empêcher son pote Greg Grunberg de pointer à l’ANPE. Après l’avoir engagé dans Felicity, Alias et Lost, il était temps qu’il lui écrive sa propre sa série. ABC a donc commandé un pilote intitulé ‘The Catch’ qui se situe dans le monde des chasseurs de primes. Dans la distribution, on retrouve Orlando Jones qu’on a pu voir dans le film Evolution avec David Duchovny et Julianne Moore, et Kim Whitley de Polly et Moi.

(SIX DEGREES)
(The WB, Drama, de Raven Metzner et Stu Zicherman)

Cette fois, c’est en tant que producteur exécutif qu’on retrouve notre bon vieux Jeffrey. The WB lui a commandé un pilote autour de six jeunes gens fraîchement diplômés qui vivent à New York qui sont amenés à devenir amis. D’après les co-créateurs de la série, l’idée leur est venue en voyant la facilité de se faire des amis New York. Nous, tous ce qu’on leur demande, c’est, que puisque la série est basée New York, d’utiliser un max de personnages de Felicity et on sera devant notre écran.

(WHAT ABOUT BRIAN)
(ABC, Drama, de Dana Stevens)

C’est l’un des derniers projets annoncés de JJ. Toujours en tant que producteur éxecutif, What About Brian suivra la vie d’un trentenaire célibataire alors que tout ses potes sont mariés. Pas de casting annoncé. Là encore, la clause Felicity énoncée dans le paragraphe précédent s’applique évidemment ici aussi.

(PROS AND CONS)
(ABC, Drama, de Raven Metzner et Stu Zicherman)

JJ producteur encore une fois, avec un principe vu, revu et re-revu : d’anciens criminels qui sont engagés par le FBI. Le pitch est ce qu’il est, c’est dans le casting et l’exécution que la difference se verra.

(PROJET AVEC CHERI OTERI)
(ABC, Sitcom, de JJ Abrams et Cheri Oteri)

Un projet assez surprenant puisqu’il s’agit de la première sitcom de JJ. Felicity avait des moments plutot marrants (merci Meghan, Javier, Sean et Richard !) donc on est plutôt confiant. Et puis, Cheri Oteri est plutôt cool, on se rappelle encore dans son rôle d’assistante de Maya dans Just Shoot Me ! Ici, Cheri serait l’animatrice d’une émission pour enfants.
Mais contrairement à tous les autres projets énoncés plus haut, aucun pilote n’a été commandé pour le moment, juste un script.

Et il faut en conclure quoi de cette question du mois ?

Que JJ Abrams est un chic type qui risque d’être très, très débordé dans les prochains mois.
Mais bon, si dans le futur toutes ses séries s’écroulent, que ses scriptes sentent le réchauffé , bref, s’il perd toute son Abrams Touch, on pourra toujours faire porter le chapeau à Lena Olin, ça marche à CHAQUE FOIS.

Reste intouchable le plus grand mystère de Mr Abrams, celui qui fait passer les secrets de Rambaldi et de l’île de Lost pour des devinettes de cours de récré : "il veut dire quoi, le deuxième J de JJ ?"

Conundrum, Lyssa