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Fear The Walking Dead - Présentation et avis sur la première saison de la série dérivée de The Walking Dead

Fear The Walking Dead: Fear The Walking Dead’s Lawsuit

Par Conundrum, le 6 octobre 2015
Publié le
6 octobre 2015
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Contrairement à une idée populaire, Fear The Walking Dead n’est pas une série dérivée de The Walking Dead. Si c’était le cas, Frank Darabont serait en droit d’obtenir une part des bénéfices générés par la série.

Donc, Fear The Walking Dead n’est pas une série dérivée, mais une série sœur.

Cela veut aussi dire, pas de cross-over. Option naturelle et un peu obligée pour une série dérivée, cela devient de l’inceste avec une série sœur et on sait tous que l’inceste, c’est mal sauf si on est aussi beau qu’un Lannister.

C’est donc sur ce postulat étrange et inquiétant que Fear The Walking Dead a été lancé cet été et après sa courte première saison, il est temps de faire un petit bilan.

Qu’est-ce que c’est ?

Fear The Walking Dead, c’est la série co-créée par Robert Kirkman, l’auteur du comic book source des deux séries et Dave Erickson, créateur de l’autre série judiciaire avec Julianna Margulies, Canterbury’s Law et ancien scénariste de Sons of Anarchy, Low Winter Sun et Marco Polo.

De quoi ça parle ?

Dans un monde où les morts reviennent à la vie pour se nourrir des vivants, où personne ne connait le mot zombie, où chaque personnage afro-américain est sacrifié dès l’apparition d’un autre, une famille recomposée essaie de survivre dans cet univers post-apocalyptique.

Mais c’est totalement différent de The Walking Dead parce que AMC le dit.

C’est avec qui ?

On y retrouve la mère de Matt Saracen, si vous vous vu Trauma, Missing ou Gang Related, vous reconnaitrez le mec qui joue Travis, son copain. Ils ont tous deux des enfants incarnés par l’obligatoire anglais dans le rôle d’un américain, « t’es-pas-Dichen-Lachman-mais-on-t’aime-quand-même de The 100 », et un type qui a trois prénoms en guise de nom.

Le reste de la distribution est formé du chanteur Ruben Blades qu’on a vu dans Gideon’s Crossing, d’une habitante de 666 Park Avenue et d’une actrice d’Orange Is New The Black.

Et alors sans spoilers, c’est bien ?

Blague à part, si visuellement les séries se ressemblent, thématiquement Fear The Walking Dead est une série très différente de la série d’origine.

Et sur ce point, la série est une franche réussite.

L’idée de base de revenir aux premiers instants de l’apocalypse qui se sont déroulés pendant le coma de Rick permet une vision neuve et totalement affranchie des évènements narrés dans la série mère et surtout du comic-book. Faire deux séries sur des zombies va forcer de la répétition, de ce fait, partir d’une page blanche avec des personnages et une intrigue totalement inconnue était nécessaire pour donne une identité neuve à la série.

Mais surtout, Fear The Walking Dead n’a non seulement pas donné une trop forte sensation de déjà vu mais surtout semble avoir bénéficié de l’expérience acquise sur les cinq saisons de la série mère. Les zombies, au final, ne sont que très peu présents sur ces six épisodes, ils sont avant tout un prétexte pour présenter les thématiques que la série veut aborder.

Et avec spoilers, maintenant, pourquoi c’est si bien que ça ?

Le concept de famille recomposée est bien plus au cœur de la série que les zombies eux même.

Le pilote a la bonne idée de ne pas présenter l’intégralité de sa distribution et prend son temps pour montre une dynamique familiale où Travis peine se faire une place dans la famille de sa compagne où l’ainé lutte contre des problèmes d’addiction et où la cadette est pressée de quitter le domicile.
L’ajout de l’ex de Travis et de son fils met en scène une situation complexe qui l’on sait en danger face au cataclysme qu’ils devront affronter. Et cette saison 1 voit cette la famille s’unir face à l’adversité. Maddie, de par son passé mystérieux et trouble, et ses actes au cours des six épisodes devient la confidente de son fils. Chris, le fils de Travis, devient le frère qu’Alicia aurait aimé avoir. Dans une scène qui fait écho au pilote où Liza demande à Maddie de la tuer, Travis exécute son ex, condamnée, et montre une force que Maddie ne connaissait pas.

La seconde famille de la série, les Salazar, permet d’aborder l’autre thématique clé des deux séries : que seriez-vous capable de faire face à une situation extraordinaire ?
Si The Walking Dead avec son shérif Rick explore le concept de moralité et de justice dans un univers sans loi, Fear The Walking Dead est très différente et plus subtile. Le rôle de l’armée et ses visuels forts d’occupation et de loi martiale ancrent la série dans une réalité plus crédible et plus identifiable qu’une autoroute avec une horde de zombies. Rick est son équipe prennent leur destin en main, via un dirigeant, certes, mais ils ne sont régis par aucune règles autre que leur morale et leur volonté de survivre. Maddie et ses familles, eux, en revanche, sont contrôlés par l’armée. Deux visions s’opposent alors, celle d’un Travis qui n’a vécu que dans un pays en paix et qui enclin à faire confiance à l’autorité, et celle Daniel qui ne connait que trop bien ce qu’il peut en ressortir.

On réalise alors que si Rick a eu besoin de ce fameux épisode en saison 1 au CDC pour découvrir l’étendue de la contamination et a progressivement changé les saisons suivantes, certains individus comme Daniel ou Strand comprennent dès les premiers instants les nouvelles donnes du jeu.

Ici, il n’y a pas besoin d’amener le téléspectateur au même niveau de Rick, on sait déjà qu’il s’agit d’une situation sans retour. C’est aux personnages de nous rattraper. Fear The Walking Dead, via Travis, suit le passage obligé de voir des personnages avoir la lente et cruelle révélation qu’il n’y a plus d’espoir de retour, mais montre rapidement que des gens sont aptes à survivre.

Tout ce travail de présentation de l’univers a déjà été fait dans la série précédente, c’est une liberté qui affranchit encore plus Fear The Walking Dead. Mais surtout, ce titre symbolise tout l’aspect unique de la série.
Alors que la série a été développée sous le nom de "Cobalt" (le projet militaire secret qui déclenche les évènements des derniers épisodes), il a été imposé aux créateurs d’avoir "The Walking Dead" dans le titre pour des raisons commerciales. Mais lorsque que l’on connait ce que The Walking Dead signifie vraiment, Fear The Walking Dead prend un tout autre sens. Dans le comic book, comme dans la série, Rick explique que "The Walking Dead" ne se réfère pas aux zombies, mais aux survivants. Condamnés et sans espoir de vie normale telle qu’ils l’ont connus, ils sont les Walking Dead.

La scène d’ouverture du pilote de la série sœur, montre un Nick, un drogué, qui a une démarche proche de celle des zombies. Son premier réflexe à la découverte de leur existence est la remise en cause légitime de sa santé mentale. Régulièrement dans la série, on voit nos protagoniste, et souvent Maddie, observer des scènes de vie mondaine de personne qui s’accroche à la normalité.
Petit à petit, le groupe prend des décisions qui les séparent du reste de la population. Et ce que soit par des moments importants comme Maddie choisit d’aller explorer la ville seule, ou des scènes simples comme Alicia et Chris qui détruisent l’intérieur d’une luxueuse maison. Au fur et à mesure de la série, nos survivants se marginalisent d’un concept de normalité qui existe encore un peu. Ils comprennent que c’est leur seule solution pour survivre.

Dans le dernier épisode de la saison, il explique à sa mère qu’il a toujours ressenti ce que tout le monde ressent maintenant. Fear The Walking Dead implique que ce groupe de survivants est capable de décisions moralement contestables, qu’ils savent qu’ils ne peuvent pas sauver tout le monde et que, s’ils ne sont pas mauvais, ils feront tout pour survivre.

Pour une première saison courte, la série a su établir ses marques dans un univers connu. En six épisodes, elle a eu un rythme soutenu tout en abordant de manière intelligente et subtile de thématiques inexplorées dans la série mère qui entame sa sixième saison. C’est un fait remarquable, car si on la compare à la saison une originale de la série mère, Fear The Walking Dead lui est largement supérieure.

C’était vraiment bien.

Dites, on est vraiment obligés de retrouver ce connard de Rick, dimanche prochain ?

Conundrum