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Glee - Critique des premiers épisodes de la série

Glee: Et tu chantes, chantes, chantes, ce refrain qui te plaît

Par Blackie, le 16 septembre 2009
Publié le
16 septembre 2009
Saison 1
Episode 2
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Etant officiellement le Season Premiere, je me disais que décortiquer cette suite qui tombe quatre mois après la découverte du Series Premiere ferait une review parfaite pour assurer une tonne de compliments que j’avais prédis et revenir sur le Pilote. Manque de bol, Showmance n’est pas complètement à la hauteur et cette review ne s’annonce pas très positive. Et moi, j’aime pas râler, c’est contre ma nature.

Pour ceux qui se demandant encore ce qu’est Glee, il s’agit d’une nouvelle série de la Fox diffusée le mercredi soir après So You Think You Can Dance, et qui avait eu droit à une avant-première de son Pilote au mois de mai juste après American Idol. La placer après des émissions de danse et de chant n’est bien sûr pas anodin, puisque le nouveau bébé de Ryan Murphy (Popular, Nip/Tuck) est une comédie musicale, une vraie, et pas juste une comédie qui se lance parfois dans des numéros musicaux sans raison.

L’histoire démarre lorsqu’un prof d’espagnol de l’Ohio, Will Shuester, décide de reprendre les rennes du Glee Club du lycée à cause de l’affection qu’il porte à cette chorale, avec laquelle il remporta le championnat national seize ans plus tôt. Seuls six gamins un peu paumés finissent par en faire partie, incluant le quaterback local (très réminiscent d’un des héros de Popular). Le but de Will est de les faire concourir aux championnats régionaux afin qu’un tel prestige convainque le principal de garder le club ouvert, mais il leur faudra faire face aux oppositions de l’entraineuse des Cheerios, ses cheerleaders, les footballers, la femme insupportable de Will, et bientôt une organisation secrète du gouvernement, parce qu’il n’y a pas de vraie triomphe face à l’adversité sans conspiration.

From the top !

Justement, pour revenir sur ce Pilote, c’est un Director’s Cut que l’on nous a promis pour cette rentrée à la place de la version tronquée du mois du mai. Hors, ce dont nous avons eu droit ne mérite même pas ce titre car à très peu de choses près, il s’agit de la même chose.Le montage est identique et la seule différence que j’ai pu noter sur ces trois minutes supplémentaires (Trois ! Qu’est-ce qu’on nous gâte) est la reprise de « Leaving on a Jet Plane » par Will lorsqu’il déprime à l’idée de partir. Cette scène est certes utile puisqu’elle permet de mieux se rendre compte que le jeune prof est réellement talentueux dans ce domaine et ne va pas faire que coacher son petit club, mais également participer. Accessoirement, cela permet aussi de profiter de la jolie voix de Matthew Morrison pour ceux qui n’ont jamais pu l’admirer à Broadway. Et mine de rien, c’est un très beau cadeau.

Cela ne m’empêche pas d’être extrêmement énervée qu’il n’ait pas s’agit de la version bien supérieure présentée aux Screeners de la Fox, ou au moins d’un montage proche. Surtout si ces malheureuses dix minutes en plus ont été utilisées pour montrer des vieux numéros de So You Think You Can Dance qu’on connait par cœur.
L’intérêt ne réside pas que dans le fait de rallonger des scènes et en rajouter, pour le plaisir des auteurs à montrer tout ce qui a été tourné. Il s’agit carrément d’un montage différent puisque toute la première partie devient un flashback et ne nous fait pas croire que certains moments ont lieu en même temps. L’introduction se faisant sur la victoire de Will en 1993 met dans une ambiance festive et fait comprendre le facteur nostalgique si important au personnage, puisqu’il s’agit de sa motivation principale et ce qui aide plus tard à le convaincre de rester avec le club.

De plus, la première voix off se fait tout de suite entendre et a du sens, plutôt que d’apparaître bizarrement un quart d’heure après. Les cinq premiers membres de New Direction sont introduits en groupe tout de suite et en chantant, et de façon générale le rythme est bien plus rapide. Rien de ce qui est ajouté n’est en trop, au contraire certains passages sont incompréhensibles dans le « Director’s Cut », comme le fait que Will fasse une remarque à Rachel sur son changement de costume. On ne fait pas du remplissage, on nous comble les trous, et les membres du groupe ne s’appelant ni Finn ni Rachel se font entendre un peu plus. En bref, il vaut mieux vous procurer cette version grâce à l’aide de votre tante américaine dont le concierge bosse aussi pour la Fox, car il s’agit là de la meilleure façon de juger l’entrée en matière de la série.

I want you to want me

Niveau intrigue, Showmance délivre exactement ce qui était promis à la fin du Pilote. La grossesse de la femme de Will ajoute toujours des soucis financiers qu’il faut surmonter, les carrés amoureux bougent très vite, et surtout le Glee Club doit trouver six autres membres pour concourir.

Sur les deux premiers points, je n’ai pas trouvé ça très folichon. On s’accorde tous sur le fait que Jessalyn Gilsig a juste un personnage qui doit mourir. Vite. Même si elle sert à rendre l’attirance entre Will et Emma plus tragique. Quant aux relations amoureuses, elles sont très mélodramatiques. Toutefois, j’aime le fait qu’on ne perde pas du temps à faire réaliser aux personnages leurs attirances, réciproques ou non. Parce qu’au lieu de soupirer d’exaspération à voir s’étirer toujours la même chose, je suis déjà dans l’incertitude totale quant à ce qu’on nous réserve. Et cela me permet de considérer Finn ou Emma comme des personnages intelligents qui se rendent compte autant que nous de leurs désirs, de leur situation avec les personnes concernées, et agissent en fonction.

Le gros problème de l’épisode est qu’il se concentre beaucoup trop sur ces problèmes sentimentaux, alors qu’il aurait mieux valu rester très focalisé sur ce qui concerne le club entier, la meilleure partie de l’épisode, car il est encore beaucoup trop tôt pour se permettre de s’étaler à ce point sur ce qui est secondaire. Nous sommes encore dans une introduction de la série.
A ce propos, j’aime beaucoup l’introduction de cet épisode. Contrairement aux commentaires du forum, je trouve certains éléments rappelant le Pilote nécessaires. L’arrivée de Will en voiture est une très belle façon de marquer le changement fondamental qu’il vit (et fait vivre à ses élèves), sa nouvelle plaque d’immatriculation n’étant plus conventionnelle mais annonçant fièrement ce qui définit dorénavant sa vie. Quant au jetage de Kurt dans la benne à ordures ou encore le lancer de slushies en pleine figure de Rachel, ils prouvent que les humiliations par les footballers sont une constante dans la vie de ces lycéens et que faire partie du Glee Club ne va pas améliorer cela en un clin d’œil. Je trouve même la scène de Kurt encore plus forte, car cette fois-ci Will le connait et le remarque en passant, mais ignore totalement une situation qui cloche visiblement et un appel au secours via un regard horrifié.

Bien sûr, j’aurais aimé que Kurt, Mercedes et Artie ne soient pas mis autant de côté au profit des carrés amoureux tragiques. Je sais qu’ils ont beaucoup de potentiel, et il n’y a jamais assez de place pour Artie à mon goût, j’adore chaque geste, chaque réplique de lui, chaque vanne sur lui. Un nerd en fauteuil roulant qui s’éclate en chantant et dansant, cela me tue. Par contre cela ne me dérange pas que Tina ne dise rien, non seulement parce que cela me paraît logique qu’elle n’ose pas s’exprimer mais surtout parce que Jenna Ushkowitz faisait très mal ses bégaiements dans le Pilote et cela me donne mal aux oreilles. Qu’elle reste au fond à être mignonne dans les chœurs.

Globalement, l’épisode contient tout de même beaucoup de bonnes répliques et d’allusions sexuelles qui n’ont bizarrement pas été censurées par la chaîne, tout ceci aidant à faire passer la pilule et garder un sourire sur les lèvres.
Le meilleur se trouve du côté de l’animosité grandissante entre Will et Sue Sylvester. Celle-ci un personnage non seulement exquis avec ses remarques acerbes, mais aussi un vilain nécessaire. Si le club n’a pas d’adversaire prêt à lui mettre des batons dans les roues régulièrement pour le faire échouer, on risque de tomber dans un énorme mélo où les gentils neuneus triomphent facilement. Et personne n’a envie de les entendre reprendre Coolio. Sue est là pour mettre du piment et créer une bonne dose d’humour vache, et Jane Lynch remplit superbement son rôle.

Matty Fresh is in da house

Malheureusement, c’est musicalement que cet épisode me pose le plus de problèmes, en partie parce qu’il s’agit de mon élément préféré dans le concept de la série. Déjà, il y a un souci au niveau du rythme car chaque moment musical n’arrive pas naturellement, semblant plus comme des disques lancés et coupés abruptement entre deux moments calmes. La faute réside principalement dans le son des chansons, qui ont l’air d’avoir été sur-produites en studio et tuent l’impression de performances live. On a très envie de nous vendre chaque morceau sur iTunes, et cela se sent.

Cet effet s’était entendu sur « Don’t Stop Believin’ » en fin de Pilote, où le chœur de trois sonnait comme s’il s’agissait de vingt personnes. Si cela pouvait encore passer pour une légère maladresse compensée par l’énergie véhiculée de la scène, la continuation de ce défaut est ici très décevante. Cela se fait principalement entendre sur « Gold Digger » et « Say A Little Prayer », même si écoutées à part elles sont plutôt agréables. Les solos se détachent, eux, plutôt bien et permettent de mieux profiter des voix des comédiens. Nous avons droit à la découverte de celle de Dianna Agron, simplement charmante, et accompagnée d’une jolie chorégraphie. Les Cheerios donnent clairement de l’espoir quant à l’amélioration niveau danse de New Direction. Cette chanson fut bien trop courte à mon goût et me rend dorénavant curieuse d’entendre la voix de Puck, notre dernier lycéen dans un rôle principal.

Même s’il y a de quoi reprocher la focalisation sur les mêmes personnages que dans le Pilote, question musique les choses se répartissent toutefois un peu plus. Mercedes est mise en avant de façon incroyable sur "Gold Digger" et boy, Amber Riley sait faire trembler les murs ! Artie a également ses petits moments de gloire. Après avoir été le leader sur « Sit Down You’re rocking the Boat » dans le Pilote, il se distingue également sur « Gold Digger » et « Push It ».
« Push It » est par ailleurs une scène qui fonctionne plus sur sa chorégraphie comique que sur la reprise même de cette horrible et irrattrapable chanson.

« Gold Digger » est mon numéro préféré de l’épisode, et pourtant je n’avais jamais entendu cette chanson de Kanye West, car de façon générale je n’écoute pas les pauvres types qui font pleurer les gamines à la télé. Mais cette reprise fonctionne grâce au plaisir qui se ressent chez les personnages et au talent de Matthew Morrison, simplement incroyable. Entendre Mr Broadway rapper est surprenant, le voir danser est… très agréable.

Je ne peux malheureusement pas complimenter aussi Lea Michele sur sa versatilité, car sa reprise de « Take a Bow » est d’une fadeur navrante. Avec des paroles telles que « You’re so ugly when you cry, please, just cut it out », il faut adopter une attitude méprisante et non pleurnicharde. Même si je sais qu’elle peut être très intense comme sur « On My Own », son style ne s’adapte pas du tout ici et paraît bien trop lisse.
Le pire avec ce morceau final est qu’il est visuellement à côté de la plaque. Ryan Murphy a décidé, et déclaré, que sa comédie musicale n’en serait pas une où les personnages se mettraient à chanter leurs sentiments et danser dès que cela leur prend, avec une musique qui ne vient de nulle part. Ils auraient des raisons réalistes, telles que des performances pour un concours, des auditions, des répétition, des musiciens sur scène ou des cds lancés en fond…. Mais comme cela le limite un peu, il faut se trouver des excuses. Les séquences rêvées ou fantasmées à la Drew Carey peuvent passer, mais ce coup-ci est très mauvais. Rachel veut répéter, soit. Comme par hasard, Mercedes et Tina sont là. Soit. Elle la chante aussi devant son miroir avec une brosse à la main. Totalement inutile. Mais en plus elle chante dans le couloir du lycée en restant plantée devant Finn ? Eh Murphy, c’est pas un peu le truc irréaliste que tu voulais justement ne pas faire ? Pour ajouter au calvaire, il a fallu que Lea Michele soit maquillée à la truelle et très mal éclairée, rendant la fin de cet épisode tout simplement moche, un peu stupide, et complètement mou. Pas la meilleure façon de conclure sur une note qui donne envie de revenir…

Au final, j’ai toujours envie de suivre la série malgré ma petite déception. Non seulement la prochaine promo annonce un troisième épisode bien meilleur et se concentrant enfin sur d’autres personnages, mais les nombreux spoilers de l’été me font toujours penser que ça va s’améliorer et qu’il y aura plein de bonnes choses à ne pas rater. Si, si, je suis convaincue.

Blackie