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Hell on Wheels - Avis sur les premiers épisodes de la série Western plutôt train-train

Hell on Wheels: Vengeance !!! (chez les Cowboys)

Par Ju, le 16 novembre 2011
Par Ju
Publié le
16 novembre 2011
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Ah, quelle est loin l’époque où on pouvait encore encenser aveuglement chaque nouvelle série AMC sans en avoir vu le moindre épisode ! Je ne sais pas combien de temps j’imaginais que ça pourrait durer, mais le fait est que la lune de miel est terminée, la réalité a repris le dessus, et j’ai été obligé de regarder Hell on Wheels avant de pouvoir donner mon avis. Dur !

Alors, ce Western made in American Movie Classics, qu’est-ce qu’il vaut ? Et il se situe où sur l’échelle AMC [1] ?

Après avoir vu les deux premiers épisodes de la série, j’ai envie de dire que malgré un pilote assez faible elle se situe vers le milieu du tableau. J’ai aussi envie de dire que Hell on Wheels est une série très différente de ce que AMC nous a proposé jusqu’à maintenant.

Mais avant de développer, place aux formalités.

Qu’est-ce que c’est ?

Hell on Wheels est la sixième production originale de la chaine AMC.

La série débarque en plein pendant la Période Sombre du network, alors qu’on attend la saison 5 de Mad Men depuis un an, et que The Walking Dead puis The Killing ont prouvé que la Chaine qui Avait Tout Bon pouvait aussi sortir de bonnes merdes (jolies à regarder).

C’est avec qui ?

Le rôle principal de la série, celui du cowboy solitaire Cullen Bohannon, est tenu par Anson Mount, bien connu par les amateurs de séries pour avoir un nom rigolo à prononcer.

Elam, ancien esclave devenu rabat-joie professionnel, est joué par l’ex-rappeur Common. Colm Meaney est le Méchant Durant. Christopher Heyerdahl est le Méchant Suédois. Et Dominique McElligott joue le rôle de Lilly Bell, dite « la seule femme de toute la série ».

De quoi ça parle ?

C’est une histoire de VENGEANCE au Far West, juste après la Guerre de Sécession. Un ancien soldat du Sud, notre fier et courageux héros, cherche à se VENGER des méchants nordistes qui ont tué, violé, brûlé et mangé sa femme (probablement, et vraisemblablement dans cet ordre là, on n’est pas chez les sauvages).

Ce scénario de Western classique se déroule à « Hell on Wheels », la ville ambulante où vit toute la communauté qui travaille à la construction de la première ligne de chemins de fer traversant les États-Unis d’Est en Ouest.

Hell on Wheels est donc une histoire de cowboys, d’indiens, et de trains, coécrite par tous les petits garçons de 5 ans du Monde entier.

Et c’est bien ?

Si j’ai attendu deux épisodes avant de faire cette critique, ce n’est pas uniquement parce que je n’avais pas le temps d’écrire quoi que ce soit la semaine dernière. C’est aussi, et surtout, parce que le pilote m’avait laissé une impression assez marquée d’inachevé. Difficile, dès lors, de se prononcer dans un sens (« Nul ! ») ou dans l’autre (« Génial ! »).

Après avoir vu le deuxième épisode, mon incertitude a presque entièrement disparu.

De son pédigrée AMC, Hell on Wheels hérite son aspect léché. Malgré une utilisation un peu trop poussée des filtres de couleur, c’est très beau à regarder, les costumes sont parfaits, et l’univers est soigné.
A travers ses séries, AMC a fait de la qualité de la réalisation sa vraie marque de fabrique, et sur ce point elle ne déçoit jamais, et pas même ici alors qu’il s’agissait a priori de son projet le plus coûteux. D’accord, des économies ont été faites du côté des décors, il n’y a ici aucune ville « en dur » comme dans Deadwood puisque les habitants de « Hell on Wheels » vivent dans des tentes… mais au moins on ne passe pas les trois-quarts des épisodes dans une putain de forêt.

Je n’ai jamais douté de la qualité esthétique du produit. La vraie question n’a jamais été là.

Non, ce qui plombe The Killing et The Walking Dead par rapport aux autres séries de la chaine, ce sont leurs gros problèmes d’écriture, et rien d’autre.
En effet, la liberté presque totale qu’AMC laisse à ses créateurs est à double-tranchant. Aux mains de scénaristes compétents comme Matthew Weiner ou Vince Gilligan, la stratégie paie. Mais quand on laisse la même liberté à des personnes moins douées, comme Veena Sud ou les petits rigolos qui écrivent la série des zombies avant de se faire virer chaque semaine pour avoir explosé le budget, ça pose problème.

Pour Hell on Wheels, la variable était bien à chercher du côté de l’écriture, et le premier épisode est loin de m’avoir rassuré : derrière l’esthétique soignée et le simple plaisir que procure un Western, l’histoire était d’une banalité totale (comme c’est souvent le cas, avec la VENGEANCE).
Au mieux, les personnages étaient des stéréotypes ambulants et les dialogues n’avaient rien de remarquable. Au pire, les scènes avec le Méchant Constructeur de Voies Ferrées étaient plus ridicules les unes que les autres, culminant dans un monologue final aussi ridicule que déplacé. Entre ces deux extrêmes, l’histoire du gentil Sudiste qui avait arrêté la traite d’esclaves avant même le début de la guerre (parce que, bon, c’est un gentil gars), donnait légèrement l’impression qu’on se foutait de notre gueule.

Malgré tout ça, j’ai laissé une chance au deuxième épisode. Par professionnalisme (un peu), et parce que j’aime les westerns (un peu plus). Et j’ai bien fait, car je suis ressorti étonnamment satisfait de Immoral Mathematics.

Mais là où c’est vraiment surprenant, c’est quand on remarque que ce deuxième épisode fait exactement la même chose que le premier. L’histoire n’a toujours rien d’originale. Les dialogues n’ont toujours rien de David Milch (Cocksuckers). Les personnages restent de vagues stéréotypes. Et on nous refait même le coup du Méchant Caricatural qui claquent deux monologues différents en quarante minutes.

Sauf que cette fois, ça marche.

Non seulement « The Swede » (c’est le nom du méchant), malgré sa démesure, m’est apparu bien moins overzetop que son prédécesseur Durant, mais en plus il m’a obligé à réévaluer la série sur d’autres critères. Parce que le Suédois, il était « fun ». Et parce que le deuxième épisode de Hell on Wheels, il était « cool ».
Quand, au début de la critique, j’écrivais qu’Hell on Wheels était une série bien différente de ce qu’AMC propose habituellement, je parlais de ça. Hell on Wheels est la première série de la chaine à ne pas se prendre au sérieux.

...

J’espère.

...

Mad Men et Breaking Bad savent être drôles quand elles le veulent, mais elles se prennent indiscutablement au sérieux. De la même façon, les scénaristes de The Walking Dead, qui qu’ils soient, sont persuadés de nous pondre un chef d’œuvre chaque semaine. Enfin, The Killing est la série la plus ouvertement prétentieuse depuis Studio 60.

Hell on Wheels propose autre chose.

Ce deuxième épisode m’a beaucoup plus, tout simplement parce qu’il était « fun » :
- Le héros a cinq répliques en tout, et autant d’expressions. Il s’évade d’un train, échappe à sa pendaison, et obtient même une promotion. C’est débile. C’est aussi très fun.
- Le Suédois (qui vient de Norvège) est une caricature absolue, il a un accent qui fait peur, enchaine monologue sur monologue, et s’habille en noir des pieds au chapeau. Il est très fun.
- La seule femme de la série recoud sa plaie en pleine nature, sans anesthésie, avec un bout de son soutien-gorge. C’est génial.
- Les indiens parlent anglais entre eux. C’est con. Et très drôle.

Hell on Wheels est une série fun, stupide, et jolie comme du AMC : je prends.

Enfin, au moins jusqu’à ce que le troisième épisode me fasse complètement changer d’avis.

Ju
Notes

[1Rappel : Mad Men > Breaking Bad > Rubicon > The Walking Dead > The Killing.