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Heroes - Critique de l'épisode 4 de la saison 2

The Kindness of Strangers: Les Cousins Dangereux

Par Ju, le 17 octobre 2007
Par Ju
Publié le
17 octobre 2007
Saison 2
Episode 4
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God bless the daylight, the sugary smell of springtime, remembering when you were mine in a still suburban town. When every Thursday, I’d brave those mountain passes and you’d skip your early classes and we’d learn how our bodies worked. God damn the black night, with all its foul temptations I’ve become what I always hated when I was with you then...
Oui, bon, moi, je n’ai pas vu Wicked. Mais je ne vois pas pourquoi ça m’empêcherait de commencer en chanson comme mes petits camarades.

Voilà, une autre semaine passée dans le monde réel, un épisode de Heroes en moins, sept jours qui me rapprochent encore un peu plus de cette douce échéance, du moment où, enfin, je serais libre. Malheureusement pour vous, nous n’y sommes pas encore, et pire que cela, je suis d’humeur à écrire de longues phrases prétentieuses et dépourvues de verbes.
Allez, courage, le 19 novembre approche.

TIM KRING ET SES FEMMES

L’épisode de cette semaine, écrit par Ze Brain of Ze Série himself, nous offre quatre intrigues, et seulement quatre, pour à peine une vingtaine de personnages récurrents. Oui, Tim Kring fait preuve ici d’une grande retenue, mais ce n’est pas juste en ceci que l’épisode est exceptionnel, non, là où il marque des points, c’est lorsque chacune de ces quatre intrigues nous dépeint son propre personnage féminin hors du commun.
Partant des respectivement « bien brave » et « pleine de piment » Maya et Monica, en passant par Claire, « héroïne fragile qui se cherche », pour finir par Angela Petrelli, pleine de désillusions mais d’une « grande force de caractère », Kring utilise avec talent ces facettes pour dresser un portrait d’une grande richesse de la Femme dans le monde des Héros.

Figure tragique que cette dernière, qui, même si elle n’a plus personne, même si le seul fils qui lui reste la déteste, n’hésite pas à se sacrifier en endossant l’effroyable meurtre de son ancien amant pour sauver ses semblables mutants d’un monde qui ne manquerait pas de les détester s’il venait à découvrir leur existence.
Tantôt diabolique, tantôt grand-mère aimante qui parle dans un français approximatif, peut-être un peu girouette (« Mais les femmes ne le sont-elles pas toutes ? », demanderait sans doute Tim si il était là), Angela Petrelli est une vraie Kring Woman à la caractérisation sans faille, une femme qui en a vu beaucoup, beaucoup trop peut-être, certainement plus, en tout cas, que cette gourdasse de… heu… que ce magnifique archétype d’adolescente troublée mais tellement vraie, cette gourdasse de Claire.

En effet, les aspects les plus réalistes de la rébellion typique de l’adolescence se ressentent derrière chaque réplique de Claire. Ici, c’est la confiance envers ses parents, qu’on perd peu à peu lorsqu’on découvre qu’ils ne sont qu’humaines et qu’ils font, eux aussi, des erreurs, qui apparaît en trame de fond, légère, presque anodine, mais avec une justesse sans égale dans cette intrigue passionnante qui se poursuit depuis maintenant quatre épisodes.
Certains pourraient y voir un remplissage cliché et sans saveur, une façon pour Claire de perdre son temps dans une histoire mal écrite et futile, frôlant la débilité profonde, à la fois insignifiante et inconséquente, mais il n’en est rien. Que les mauvaises langues se taisent, c’est à la vraie vie qu’on assiste ici, dans toute sa prévisibilité et son immense monotonie.

Mais le don de Tim Kring ne s’arrête pas là. Il se moque complètement des considérations de classe sociale ou de race, Tim sait aussi capter la sensibilité de femmes appartement à des groupes socioculturels à l’opposé complet du sien (les mecs blancs, riches et sans talent). La Grande Fresque des Femmes Tim Kring dépassent les frontières.
Notre amie Maya est ce qu’on appelle une femme « bien brave ». Puisqu’elle vient de l’Amérique d’En Bas, ce pays lointain, dissimulé derrière de très nombreuses frontières, où tous les gens vivent en harmonie avec des chèvres, Maya ne s’étonne pas du tout de trouver un homme à moitié mort au milieu de la route, et c’est sans la moindre peur qu’elle l’invite à se joindre à elle et à ses compagnons dans leur road trip sponsorisé par Nissan. Plus tard, dans la langue pleine de couleurs et bizarrement hilarante qui est la sienne, Maya lui parle de tout, de sa vie, de ses rêves, de ses amours, de l’homme qu’elle se voyait épouser lorsqu’elle avait 4 ans, seule, dans la pièce sans fenêtre qui lui servait de chambre à la ferme de ses grands-parents au beau milieu des grandes plaines agricoles de l’Amérique d’en Bas… C’est dans sa nature de paysanne, Maya est « Bonne mais Conne », et Tim la comprend parfaitement, jusque dans ses plus simples « Dios MIO ! OLÉ ! GOAAAAL ! », et dans le noir de ses grands yeux poissonneux qui en disent tellement, quand ils ne sont pas trop occupés à secréter du Super Mascara Qui Tue.

Quelqu’un qui ne serait pas habitué au travail de Tim Kring pourrait déjà être épaté par tant de finesse et pourrait être tenté d’applaudir dès maintenant, mais ce serait sans compter sur Monica, la Super Nouvelle de la Semaine.
Sans surprise, Monica est une jeune femme forte qui s’assume, toute en détermination, d’une volonté sans faille, mais qui derrière une joie de vivre apparente dissimule le terrible souvenir de la catastrophe qui les a ébranlées il y a peu, elle et la ville de la Nouvelle-Orléans. Encore une fois, on ne peut-être que sous le choc devant la finesse d’un Tim Kring qui sait parfaitement utilisé son propre vécu pour insuffler au personnage une personnalité absolument pas caricaturale, et pour retranscrire la détresse des habitants de la Nouvelle Orléans qui, pendant les 5 minutes de pause du job minable qu’ils ne pourront jamais quitter, prennent quand même le temps de se remémorer les images de Katrina qu’ils auraient pu voir à la télé dans d’autres circonstances. La grande classe.

Oh, et même si je n’ai pas très bien compris le lien de parenté entre elle, son frère insupportable, sa Grand-Mère Mystérieuse, et cette tête à claque de Micah, je suis quand même plutôt sûr que leur petit câlin était bizarrement long.
« A ‘relative’ masterpiece of complex erotism. », indeed.

UN ÉPISODE À MOITIÉ TOUT POURRI…

… il y a donc du mieux.
On a sans doute affaire ici au meilleur épisode de la saison, toutes proportions gardées.

Pour faire simple, les intrigues respectives de Claire et Monica sont à jeter, la première parce qu’elle est vraiment stupide, la seconde parce qu’elle est un peu beaucoup stéréotypée (mais où est le groupe de jazz ?) et que je m’en tape vraiment de découvrir de nouveaux personnages qui ne sont pas joués par Kristen Bell. Même si, en l’occurrence, Dana Davis s’en sort plutôt bien avec les effroyables répliques qu’on lui a refilé.
Par contre, j’ai bien aimé l’intrigue des Vieux Héros de la Photo (oh, Joanna Cassidy !) qui avance un petit peu cette semaine, et celle du Gros Papa de Gros Greg Grunberg qui se trouve être le méchant de Molly. Oui, Molly, les Gros Vieux sont vraiment effrayants.
Ce n’était pas désagréable, le couple Mohinder/Parkman est de plus en plus drôle, et le cliffhanger était efficace à défaut d’être très surprenant.

Oh, et j’aime beaucoup le fait que Sylar et Los Hermanos Trukchos fassent maintenant du covoiturage, ne serait-ce que parce que ça permet de concentrer deux intrigues à la con en une seule.
Il reste une place dans la Nissan, Claire, fais vite !

Ju
P.S. Une épisode qui sent bon les œstrogènes, et pas de nouvelle de Super Stripper Girl ? Vraiment ? En tout cas, avec de tels personnages, Kristen ne pourra être que formidable, o-bli-gé. On y croit. Allez...