N°144: Sponsorisée par le Froid et les Grands Espaces
29 novembre 2010
Episode Semaine
No She Can’t
Jéjé prend conscience que Sarah Palin a été caricaturée et moquée par des médias démocrates à la botte d’Obama, le communiste
La déferlante Palin continue de s’abattre sur les écrans américains.
La mère prend la suite de Bristol Palin [1], qui s’est illustrée sur Dancing with the Stars en devenant la Sanjaya [2] de l’émission, sur TLC, une petite chaîne du câble.
Le but de ce programme, selon les producteurs, étant de faire découvrir les beautés d’un Etat américain méconnu à travers le regard de sa nouvelle emblème, Sarah Palin herself, TLC, anciennement "The Learning Channel", paraît le bon domicile pour une émission à vocation pédagogique. C’est déjà sur cette chaîne que l’on a appris qu’élever une paire de jumeaux et des sextuplés peut vous faire faire la une des tabloïds et participer à Dancing with the Stars (Jon and Kate Plus 8), que les nains ne sont pas que rigolos à regarder et qu’ils ont aussi une vie de famille (Little People, Big Life) et que l’obésité n’est pas incompatible avec la polygamie (Sister Wives). La chaîne parfaite, donc, pour une Sarah Palin qui sans aucune arrière pensée aucune souhaite présenter les merveilles de l’Etat dont elle a abandonné le poste de gouverneur en plein mandat !
Les paysages montrés dans le pilote sont effectivement à couper le souffle et servent de splendides plans de coupes à - ô surprise - l’opération de communication sinon subtile du moins intéressante pour qui regarde Survivor en boucle depuis 10 ans.
Toutes les techniques de la real-tv sont mises au service de la création du personnage Sarah Palin 2.0, (scénarisation, commentaires des protagonistes à postériori...) qui, et c’est l’angle principal d’attaque de l’émission), est avant tout une femme dont on peut se sentir proche.
Elle est donc désormais Sarah.

De la même façon que Parvati, Omarosa et Fabio ont perdu leur nom de famille en intégrant le monde de la real-tv...
Et elle fait la cuisine en famille, invite ses nièces à passer la journée, se fait gentiment manipuler par l’une de ses filles adolescentes, peut avoir peur des dangers de la nature et hurler qu’elle en a marre de marcher en pleine montagne... Elle est tellement normale... Tellement sympa...
Mais elle n’en oublie pas quand même son positionnement politique. Même dans le générique.


Mais Sarah est aussi une femme qui réfléchit. Et qui puise son inspiration dans l’observation même de la nature.
Une ourse, accompagnée au bord du lac par deux de ses oursons, qui se bat violemment avec un autre ours, rappelle à Sarah qu’elle aussi est prête à se battre pour ses enfants et pour assurer la survie de son espèce !
Pas besoin de lire des livres pour guider le monde, il suffit de regarder autour de soi quand on va pêcher du saumon.
Sarah est une femme qui travaille. Et c’est génial, elle a une studio de télé dans sa maison.
Sarah apprend de ses erreurs. Et si elle se fait un peu rouler dans la farine par son aînée qui a invité un garçon dans sa chambre, la situation ne dure pas longtemps et elle fait preuve d’une suffisamment grande autorité pour se faire obéir. Ouf, une deuxième grossesse hors-mariage a été évitée !
Sarah est une femme courageuse. Elle se lance dans l’ascension d’un pic de la montagne la plus haute d’Alaska. Elle se plaint, elle crie (on n’oublie pas, Sarah est une femme comme nous tous...), mais Sarah n’abandonne pas. Sarah a de la réserve.
Et enfin Sarah a de l’humour. Dans la séquence d’introduction, assise sur un rocher contemplant l’immensité de son territoire, elle ose une référence à sa phrase fameuse sur la Russie qui avait alimenté les blagues de Stewart, Fey & Co pendant des semaines... "We can see Russia from here... Almost."
Les hommes politiques changent. Les médias changent. Les modes de gouvernement changent.
Il est rassurant que TLC ne nous fasse pas oublier que le culte de la personnalité traverse toutes les époques.
On vous a dit à quel point Ju était beau, sympa et drôle ?
Les Liens de la Semaine
Ce n’est pas pErDUSA, mais c’est bien quand même !
Chaque semaine, en quelques clics, retrouvez le meilleur des entretiens, analyses, ou critiques du net... sauf pendant cette semaine de Thanksgiving, où les américains sont trop occupés à se goinfrer pour nous fournir de quoi remplir notre rubrique...
23/11 AMC vs. HBO :
Salon : The Extraordinary Rise of AMC
24/11 Le seul avis qui compte, sur une nouvelle vieille d’un an et demi dont on n’arrive vraiment pas à s’émouvoir :
The AV Club : Kristy Swanson : "Let Buffy Live"
Bisous, Bisous
La France vue par les Séries vues par Jéjé
Rien cette semaine.
Le stock est épuisé.
I need help !
La Femme dans le Réfrigérateur. Dans l’Espace !
Ju fait du lobbyisme. Dans l’Espace !
Je l’ai déjà dit, mais c’est toujours amusant à répéter et c’est important pour la suite : la franchise Stargate, c’est trois séries, treize ans à l’antenne sans interruption, dix-sept saisons cumulées pour environ 350 épisodes. Et j’en ai vu environ les deux tiers.
Ça peut paraitre énorme dit comme ça, mais il ne faut pas oublier que j’avais 12 ans lors de la diffusion du premier épisode. Vous savez, celui avec la femme nue en « full frontal » qui se fait « posséder » pas une entité alien en forme de « serpent gluant ». Ce même épisode où le personnage féminin principal de la série déclarait qu’il ne fallait pas la prendre moins au sérieux que ses confrères sous prétexte que « ses organes reproductifs étaient à l’intérieur de son corps plutôt qu’à l’extérieur ». C’était une scientifique.
Mais passons. Ce que je voulais relever c’est que les producteurs des séries Stargate sont les mêmes depuis le départ. Robert C. Cooper et Brad Wright étaient déjà à la tête de la série lors de la diffusion du premier épisode de SG-1, et ils seront certainement encore là dans quinze ans, avec la même franchise, sur la même chaine (dont on taira le nom ici, car je tiens encore à conserver un minimum de dignité).
En ce moment, la série de Brad et Robert c’est Stargate Universe, qui a pour principale différence par rapport à ses ainées de se passer intégralement dans l’Espace, et de mettre en scène des personnages perdus loin dans l’Univers, très loin, tellement loin que vous ne pouvez même pas imaginer les distances foutrement grandes qui nous séparent, nous terriens, de leur fier vaisseau aux reflets d’argent.
L’autre différence, sans doute plus profonde, c’est que là où SG-1 et Atlantis étaient plutôt orientées action-aventure, voire comédie, Universe est une série GRAVE, SÉRIEUSE et SOMBRE !

Le changement (volontaire) de ton entre les deux séries les plus récentes n’est pas arrivé suite à une perte drastique d’audience. Atlantis comme SG-1 fonctionnaient bien. Elles étaient funs et cheap, pas très profondes, mais les fans étaient nombreux, et elles remplissaient correctement les objectifs très limités qu’elles se fixaient.
À mon sens, ce changement radical de style a trois raisons. La première, c’est l’ennui de Robert et Brad, qui commençaient à tourner en rond après avoir fait exactement la même chose pendant des années. La deuxième, c’est une jalousie évidente du succès critique de Battlestar Galactica sur la même chaine, qui prouvait qu’on pouvait faire de la SF et être acclamé. La troisième, c’est justement la chaine, qui les a sans doute poussés avec insistance à s’inspirer de BSG.
Le résultat est passionnant.
Je ne parle pas de la série en elle-même. Stargate Universe c’est de la science-fiction correcte, bien interprétée, esthétiquement très soignée, et qu’on peut regarder d’un œil distrait sans avoir peur de louper quoi que ce soit. Non, ce qui est passionnant, c’est de voir Brad et Robert essayer de faire quelque chose de GRAVE, SÉRIEUX, et SOMBRE avec leur talent modeste.
Parfois, le résultat est réussi. Mais la plupart du temps, la série tombe tellement dans le pathos gratuits et les débats pseudo-philosophiques grandiloquents que ça en devient absolument hilarant. Ce qui, vous l’admettrez, est plutôt contre-productif quand on veut faire une série « adulte ». Dans l’Espace. Avec de méchants aliens bleus en images de synthèse.
Ceci étant dit, je le répète, la série a au moins le mérite d’être très bien réalisée. Certes, c’est tourné dans le noir, mais c’est soigné, le résultat est souvent impressionnant, et on n’est plus du tout dans le côté carton-pâte qui collait à Stargate.
Malheureusement, comme je l’ai dit plus haut, si l’emballage a changé, les producteurs sont toujours les mêmes. Et dix ans plus tard, on n’est pas beaucoup plus avancé sur certains points. Comme lorsque deux personnages ont été sacrifiés il y a deux semaines, d’un seul coup, juste pour choquer. Deux femmes, évidemment.
Trois séries, treize ans, dix-sept saisons. Toujours pas foutus d’écrire un personnage féminin convaincant, ou qui soit autre chose qu’une victime dont l’inévitable sacrifice serve uniquement à pousser les hommes (les vrais), à lâcher une larme, à lancer un regard enragé dans le vide, et à se venger en agissant comme des hommes (des vrais).
Pauvres types.
La Liste de la Semaine
C’est pas toujours rose : ces gays qui rendraient Elton John homophobe.



[1] la trainée qui est tombée enceinte en dehors du mariage à 16 ans
[2] ... American Idol. Saison 5. Plein de cheveux. Incapable du moindre talent mais a les faveurs du public. Ca ne vous dit rien ? Ah, ben voilà, ça se la raconte avec Sons of Anarchy et Boardwalk Empire, mais ça passe à côté des références incontournables de la pop culture US de la décennie !