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Ma Semaine à Nous - Critique de l'épisode Semaine de la saison Semaine

N°62: Semaine du 17 au 23 mars 2008

Par la Rédaction, le 23 mars 2008
Publié le
23 mars 2008
Saison Semaine
Episode Semaine
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On tient comme on peut, à ce niveau-là. On ne peut pas dire que la reprise de How I Met Your Mother ou The Big Bang Theory nous ait inspiré. L’épisode de Lost de la semaine n’était ni complètement nul, ni réussi. Survivor est devenu beaucoup moins intéressant depuis le départ d’un certain concurrent... Le moral de la rédaction de pErDUSA est à l’image de cette semaine télévisuelle : tout mou ! Bon, il reste tout de même Jéjé pour nous parler de Miss/Guided, Joma de teen shows et de comics, Ju du Paley Festival et Feyrtys d’HBO.

Pour que l’amour qu’on saura se donner nous donne...
Jéjé se sent proche de Miss/Guided

C’est l’histoire de quelqu’un qui avait un appareil dentaire au lycée, qui était en ce lieu - disons pour être gentil - transparent, qui fort de cette expérience enrichissante a décidé d’y passer sa vie professionnelle et qui s’y comporte, alors qu’il en a deux fois l’âge, comme un lycéen...
Non, je ne suis pas en train de rédiger le quatrième de couverture de mon autobiographie. (De toute façon, auparavant, il faut que je change son titre. Apparemment, Pareil que Feyrtys, je suis d’accord avec elle n’est pas très vendeur.)
C’est juste le pitch de Miss/Guided, la nouvelle comédie d’ABC, avec Judy Greer dans mon rôl... dans le rôle d’une conseillère d’orientation un chouïa désespérée.
Avec un tel point de départ, Miss/Guided s’est immédiatement rangée dans la catégorie des "séries que j’ai envie d’aimer". Le souci, c’est qu’en général, aveuglé par mon enthousiasme, je réussis à conforter mes à-priori positifs devant le pilote. "Waouh, l’avion qui s’écrase et les ours polaires et la voix en français". Mais le déni n’arrive pas à se maintenir longtemps et au bout de quelques épisodes, je me résous à faire face à la réalité. "Tous les personnages doivent mourir. Et Aaron Sorkin avec".
Heureusement, le pilote de Miss/Guided s’est révélé assez moyen. La plupart des blagues sont prévisibles et la dynamique entre les différents personnages assez bancale. Résultat, plus d’attente irraisonnée pour la suite. J’aborde l’épisode suivant sans attente particulière. Et paf, une vraie réussite. Je vous assure. Ashton Kutcher est drôle dedans, c’est dire !
Résultat des courses, j’aime la série que j’avais envie d’aimer. Je suis content !


Angleterre 1 – USA 0
Joma compte les points de la guerre... des teen shows

Vous vous demandez de quoi je vais bien pouvoir parler avec un titre pareil, je vous rassure, moi aussi.
En regardant les derniers épisodes de One Tree Hill je me suis fait la réflexion que ces intrigues d’adultes (au mieux marrantes, au pire pitoyables) de la série ne changeaient pas vraiment de celles des années lycée.
Je me suis alors demandé si, dans cette quatrième saison de One Tree Hill, on avait des ados transposés dans la vie active, ou si dans les trois premières saisons on avait des adultes transposés au lycée.
Plus j’y pense et plus la seconde option me paraît être la bonne.

Et puis en y réfléchissant un peu plus je me suis demandé si les ados étaient aussi bien représentés que cela dans les teen shows US.
J’ai beau aimer The O.C., South of Nowhere ou Gossip Girl, la représentation des jeunes ne correspond pas à mon souvenir de ce que je pouvais faire, ou voulait faire, en étant adolescent. On pourrait bien sûr me faire la réflexion que les ados de The O.C. ou Gossip Girl ne sont pas vraiment dans la norme au vu de l’état financier de leurs parents. Mais ce qui me gène (gène est mot un peu fort, disons m’interpelle) n’est pas qu’ils aient des problèmes de riches (sauf quelques intrigues bien sur comme la boulimie de Blair dans GG) mais bien leur manière de se sortir de ces problèmes, ou de s’y mettre, qui ne fait pas "adolescent" pour moi en général. Cela en fait de bon personnage, par contre.
Les préoccupations des personnages de ces séries me semblent assez loin de celle d’un ado moyen (bon quand même South of Nowhere fait un peu mieux que les autres à ce niveau) et leurs comportements parfois plus matures que les adultes... Surtout si on les compare aux ados de la série anglaise Skins qui passent leur temps à aller en boite, gober des ecstasys et baiser à tire-larigot. Un comportement qui me semble plus en adéquation avec ce qu’est un ado. Et ne me faites pas croire que c’est juste de la solidarité européenne qui me fait dire que les anglais s’amusent comme nous... Enfin comme moi, je ne sais pas trop pour vous.
Finalement pour voir des fêtes au lycée qui sont différentes d’une soirée mondaine, il faut aller sur ABC Family et regarder Greek mais là encore on est loin de la folie de Skins.

La question que je me pose est alors de savoir si ces versions de l’adolescent qui nous sont montrées sont dues à la pression des chaînes de ne pas montrer les excès de la période 15-20 ans et son corolaire, le fait d’être sur une chaîne payante ou un grand network.
Il semble évident qu’un grand network ne pourra se permettre de montrer des jeunes fumant de l’herbe ou buvant plus que de raison – ou bien le montrer mais suivi d’un discours moralisateur derrière - sous peine d’avoir un nombre de complaintes d’association de gens bien pensant cherchant à protéger la virginité de nos chères têtes blondes.
On a donc une vision des jeunes qui me semble aseptisée, et qui représente bien plus l’âge des acteurs choisis (bien souvent 20 à 25 ans) pour jouer des 15-20 ans. Cela ne veut pas dire que The O.C.ou Gossip Girl sont de mauvaises séries – de mon point de vue cela serait même le contraire – mais juste que j’ai du mal à y voir de véritables adolescents dans leurs personnages ; ils leur manquent une certaine folie que l’on possède à cet âge.
Si justement Skins peut se montrer honnête avec sa vision de l’adolescent : immature, obsédé sexuel, amateur des paradis artificiels (tout ce que j’étais quoi, parce que ne me faites pas croire que la majorité des jeunes sont des Dan Humphrey ou des Summer Roberts) c’est bien parce que c’est une chaîne payante et que la liberté que cela procure lui donne les moyens de ne pas tricher. C’est à se demander ce que donnerait un teen show sur HBO par exemple ? Au vu de Claire dans les premiers épisodes de Six Feet Under et du personnage de Sophie dans In Treatment ça pourrait être vraiment intéressant.
Il y a aussi peut-être un phénomène culturel. Je me sens plus proche des personnages de Skins parce que, même si les films ou séries US ont façonné ma vision des adolescents, un habitant des USA sera toujours plus étranger qu’un européen même si celui-ci a un caractère insulaire bien trempé, limite prise de tête.
Encore une fois il ne s’agit pas pour moi de dire que telle série est meilleure que l’autre, ou que les personnages sont meilleurs puisque plus vrais que nature. Je prend autant de plaisir à regarder Gossip Girl que Skins, mais la vision entre les deux continents de cette période qu’est l’adolescence est montrée différemment et que je trouve ça assez amusant.
Il n’empêche, en attendant le retour de Greek la semaine prochaine, jetez-vous sur la seconde saison de Skins, elle vaut vraiment le détour.


Le Paley Festival, bah j’y étais pas
Ju se moque

Cette semaine et la semaine prochaine, à Los Angeles, il y a toute une série de chouettes conférences sur les séries auxquelles je ne suis pas allé. Mais ça a l’air tellement chouette, ce Paley Festival, que je ne peux pas louper l’occasion de vous dire ce que je n’y ai pas fait, vu que je n’y étais pas.

J’espère que ça va vous plaire.
Parce que de toute façon, j’ai rien d’autre à vous raconter.

Donc, en y étant pas, je n’ai pas pu entendre de vives oreilles (une expression tout ce qu’il y a de plus classique, et qui existe surement) les blagues de Chi McBride de Pushing Daisies sur la difficulté d’être un père noir dans un pays où il est si difficile d’envoyer ses enfants à l’université. Ou un truc dans le genre.
Je n’ai pas eu non plus l’occasion de demander gentiment, mais fermement, à Josh Schwartz de faire disparaître les deux employés insupportables de Chuck dans l’explosion malencontreuse mais définitive du Buy More.
Enfin, je n’ai pas pu non plus savourer les allusions à la saison 3 de Friday Night Lights (qui va se faire, mais chut, c’est un secret), ni admirer le professionnalisme des sympathiques acteurs de la série.

Le professionnalisme des sympathiques actrices

Pour terminer, ne pas avoir été au Paley Festival, c’est surtout avoir raté une occasion de tomber dans la douce béatitude nostalgique provoquée par la réunion de tout le cast de Buffy ou presque. Les voir tous ensemble sur les vidéos m’a fait assez bizarre, surtout Gellar et Whedon cote à cote, et j’avoue que même l’allusion, inévitable dans ce genre de rassemblement, à un film Buffy ne m’a pas plus dérangé que ça. Déjà parce que ça serait toujours mieux que le truc mal dessiné qui tient de saison 8 et que j’ai le bonheur tout relatif de lire tous les mois, et ensuite parce que je sais pertinemment que ça ne se fera jamais, donc ça ne coûte rien de rêver.
Mais même s’ils voulaient vraiment le faire, il faudrait voir à ne pas trop tarder. Parce que je ne voudrais pas être méchant, mais les chiffres de mentent pas. Ils sont tous vieux !

Buffy, the Geriatic Slayer

En attendant, vivement Dollhouse et Michelle dans Gossip Girl !


DMZ
Joma est démilitarisé

Les séries c’est vachement bien, de la balle, tip top, mais il n’y a pas que ça.
La BD c’est aussi un bon moyen pour faire travailler son imagination et même réfléchir sur le monde qui nous entoure. Si, si c’est vrai.
Après avoir parlé de Murena qui avait un rapport même lointain avec les séries, je vais parler d’une BD qui n’a aucun rapport avec les séries : DMZ. Mais c’est l’avantage de bosser à pErDUSA : on parle de ce qu’on veut.
Après une guerre civile qui coupe en deux les USA, Manhattan se retrouve comme zone démilitarisée, une DMZ donc, faisant face aux deux armées rivales. Dans cette ville qui ressemble désormais plus à Beyrouth, Sarajevo ou Bagdad qu’à une citée prospère des Etats-Unis, survivent les gens qui n’ont pu être évacués. Souvent les plus pauvres sont coincés entre les snipers de l’armée US, armée des "Free State", et mercenaires de grandes compagnie similaire à Halliburton. Au milieu de tous ces gens, Matthew Roth est un apprenti journaliste, parachuté seul dans ce merdier et qui va tenter de faire son boulot en toute objectivité. Seulement rien n’est plus difficile que cela.

Brian Wood, le scénariste, n’y va pas de main morte : manipulation des médias, violence militaire, charge contre la politique des USA ou les grandes compagnies complices avec l’état, mais aussi passion pour NY et ses habitants, rien n’est oublié.
Si DMZ est une bonne série, elle passe carrément à "géniale" avec les cinq numéros de "Friendly Fire" (N°18-22) et son final déprimant. Une histoire de militaires US tirant sur une foule, réminiscence du massacre de Boston, un des nombreux incidents entre la couronne anglaise et les treize colonies qui allaient finir par donner naissance à la révolution américaine.
Et si vous voulez un rapport avec la télé, le massacre de Boston est couvert par le premier épisode de la mini-série sur John Adams diffusé par HBO avec un Paul Giamati en père fondateur.
Le dessin de Riccardo Burchieli est parfait et donne une vision saisissante de Manhattan après les combats.
Voilà, la prochaine fois je vous dirai pourquoi Tara Chace, l’héroine de Queen & Country est plus cool que Sydney Bristow.


Décadence annoncée d’une chaîne
Feyrtys croit toujours en HBO

Depuis que ses séries estampillées "hit" se sont terminées, et avec la diffusion du series finale de The Wire, on entend un peu partout sur Internet qu’HBO est comme morte, qu’il est plus que temps de reprendre en main la chaîne câblée "qui ne fait pas de la télévision" et d’y instiller du sang nouveau.
Cette semaine, HBO a annoncé le départ de Carolyn Strauss de son poste de responsable de l’unité Entertainment de la chaîne, et on a pu lire, sur le blog de la célèbre Nikki Finke : "Heck, HBO hasn’t had a new hit series in, like, forever." Nikki se félicite de cette décision, explique qu’HBO a besoin de nouvelles têtes, que Strauss semblait ne travailler qu’avec les six mêmes personnes… Bref, qu’elle avait fait de bons choix à une époque mais que c’était terminé, qu’il fallait passer à autre chose, et bye bye chorizo [1].

Je me demande, faut-il vraiment un "hit" à HBO pour que les journalistes arrêtent de dire que la chaîne a perdu son "mojo" ? Est-ce vraiment aussi facile que cela ?

Rome aurait pu être un hit, au même titre que Six Feet Under. C’est une série somptueuse, brillamment écrite et servie par des acteurs phénoménaux. Une série difficile à oublier. Carnivàle et Deadwood possédaient les mêmes qualités, si ce n’est qu’elles étaient un peu plus difficiles d’accès. Mais Oz ou The Wire l’étaient tout autant, de mon point de vue. Quant à The Comeback, elle n’a eu aucune chance, et pourtant, je la trouve bien meilleure qu’Entourage, qui a touché le fond lors de sa dernière saison…
Tout ce qu’il a manqué à ces "hits en puissance" était une audience fidèle. Si Rome avait eu autant de téléspectateurs que Six Feet Under, peut-être en serions-nous en train d’assister au règne de Néron à l’heure qu’il est.
Je ne sais pas ce qui pousse des gens à regarder les Sopranos et à ne pas regarder The Wire. J’avoue que cela me laisse très perplexe. De la même façon, je ne comprends pas pourquoi Entourage fait des records d’audience pour la chaîne, ou pourquoi personne aux Etats-Unis ne semble avoir regardé Carnivàle ou The Comeback.
Je sais qu’il y avait un certain "sex-appeal" aux séries à succès d’HBO. Sex-appeal qui n’existe plus tellement aujourd’hui, et qui semble avoir bel et bien disparu depuis le series finale de Rome.

Question sex-appeal, c’est sûr que l’on peut faire mieux. La chaîne a mis à l’antenne, ces derniers mois, une série cryptique de surfeur-prophète (John From Cincinnati), une série sur l’intimité sexuelle et émotionnelle de quatre couples (Tell Me You Love Me) et une série sur un thérapeute et quelques-uns de ses patients (In Treatment). Je n’ai pas aimé la conclusion de John From Cincinnati, mais je reconnais que la série possédait un certain attrait. Je ne suis pas non plus tombée follement amoureuse de Tell Me You Love Me mais pour moi, HBO a pris son plus grand risque avec cette série étonnamment ambitieuse. Quant à In Treatment, je suis complètement sous le charme et je la considère comme une immense réussite, et ce, sur tous les plans (écriture, jeu, thème, développement). C’est une adaptation, certes, mais une belle adaptation tout de même. Toutes ces séries sont difficiles à aimer au premier abord, et c’est sûrement leur plus gros défaut. Il faut quelques épisodes avant de rentrer dans leur atmosphère souvent dense et inhospitalière, et leurs personnages à la limite de l’antipathie. Même si c’est pour mieux les adorer par la suite...

Bien sûr, In Treatment ou TMLM n’ont pas le côté romanesque et grandiose des épopées humaines et historiques qu’étaient Rome, Carnivàle ou Deadwood. Il n’y aura pas de grandes histoires portant des héros vers leurs destinées dans In Treatment, mais est-ce pour autant une mauvaise série, ou une série qui prouve qu’HBO a perdu son flair pour les œuvres télévisuelles importantes ? In Treatment n’est pas sexy, se vend mal, demande un engagement incroyable de la part de ses téléspectateurs, mais c’est une série qui vaut la peine, comme Big Love, comme TMYLM. C’est une série qui récompense le téléspectateur et le laisse parfois, laissez-moi vous le dire, dans des états pas possibles. In Treatment l’a encore prouvé cette semaine.

On compare très souvent HBO à Showtime et à FX dans la presse, et on explique que les autres chaînes câblées ont pris la relève. Je crois que les gens qui avancent ces déclarations n’ont sûrement pas regardé Showtime et FX de très près. A part Dexter, qu’est-ce que nous avons ? Weeds ? Les Tudors ? Pitié. Sur FX, ce n’est guère mieux. The Shield est un petit bijou perdu au milieu de Dirt et de cette catastrophe ambulante qu’est devenue Nip/Tuck. Damages est sortie du lot, mais peut-on parler de prise de risque ou d’ambition quand on met à l’antenne un thriller avec Glenn Close ? La seule chaîne câblée à avoir pris des risques, me semble-t-il, est AMC, avec Mad Men et Breaking Bad, deux séries innovantes et très demandantes pour les téléspectateur.

Et puis quand bien même, HBO n’avait plus la prérogative des séries "différentes", de l’imagination et de la prise de risque ? Quand bien même, Showtime, FX et AMC se mettaient à ne diffuser que des bijoux d’intelligence de subtilité et de créativité ? HBO n’a pas non plus à prouver qu’elle est meilleure que tout le monde. Je me contente largement des séries hors-normes qu’elle continue à me proposer, et je lui serai éternellement reconnaissante de m’avoir permis de voir Gabriel Byrne cinq jours par semaine pendant plus deux mois.

Et je persiste à dire que si je ne devais en (re)garder qu’une, ce serait HBO. Rien d’autre.

la Rédaction
Notes

[1désolée, je viens de finir une énième intégrale d’Arrested Development