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Nikita - Critique du premier épisode de la nouvelle série Nikita

Nikita: La Femme Pas Sydney Bristow

Par Ju, le 12 septembre 2010
Par Ju
Publié le
12 septembre 2010
Saison 1
Episode 1
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Vous savez ce qui fait de moi le rédacteur de pErDUSA le plus apte à vous parler de Nikita ? Rien du tout. Je ne connais rien de cet univers. Luc Besson me sort par les yeux. Je n’ai pas vu les films ou la série précédente. Je sais à peine de quoi ça parle. En réalité, tout ce que je sais après avoir vu ce premier épisode, c’est que Alias me manque. Beaucoup.

Reviens, Sydney ! Je ferais des efforts ! J’ai changé ! Je te laisserai même me dire, encore et encore, que tu t’appelles Sydney Bristow, que Front Plissé est ton contact à la CIA, et que tu travailles pour l’ennemi que tu croyais combattre !

Reviens !

Qu’est-ce que c’est ?

Nikita est la nouvelle série de la CW, diffusée le jeudi soir après The Vampire Diaries.

Pour faire simple, c’est un reboot nouvelle génération de la série dérivée (de 1997) du remake (de 1993) du film éponyme de Luc Besson (de 1990). En bref, du jamais vu. Une série super originale. J’ai même envie de parler d’une explosion merveilleuse d’idées neuves et de trouvailles ingénieuses inédites dans vos têtes.

Rien que ça.

C avec qui ?

C’est avec une belle brochette d’acteurs que vous avez déjà vu ailleurs.

Dans le rôle titre, on retrouve Maggie Q , sans doute mieux connue pour son rôle de Gigi dans Hainan ji fan. Le reste du cast est composé de Lyndsy F (Colleen Carlton dans Les Feux de l’Amour), Shane W (Doug dans California Dreams), Melinda C (l’inspecteur Abby Gordon de Nash Bridges), et enfin Xander B (le père adoptif de John Connor dans Terminator 2 : Judgment Day).

De quoi ça parle ?

Melinda Clarke tient le rôle d’Amanda, une mère célibataire d’une quarantaine d’année qui doit élever seule sa fille adolescente Nikita (interprétée par Lyndsy Fonseca), depuis que son mari est mort dans un terrible accident d’hélicoptère miniature (le mari est joué par Xander Berkeley, qui apparaitra dans chaque épisode sous la forme d’un fantôme bienveillant).

Ensemble, ce duo mère/fille combat le crime, tout en apprenant peu à peu à se connaitre. A la fin de chaque épisode, elles se tombent dans les bras en pleurant, parlent chaussures, et mangent des chocolats.

Bravo au casting, la ressemblance est frappante

Bon, sinon, Nikita c’est une tueuse ultra entrainée anorexique avec des principes  [1], qui veut se venger de ses anciens patrons.

Ah... si seulement quelqu’un avait bien voulu acheter ma super version mère/fille spéciale pouffiasses superficielles...

Et c’est bien ?

D’après les critiques télé américains, ce premier épisode de Nikita est « un pilote efficace », « une bonne entrée en matière », « une réinvention réussie portée par une Maggie Q parfaitement convaincante ».

Il s’agirait même d’un des meilleurs pilotes de cette rentrée...

Ok. Si vous me le permettez je vais vous donner mon avis sans détour : ce premier épisode est une catastrophe. Nul. Moche. D’une bêtise totale. S’il n’y avait qu’une seule chose à sauver, ça serait Lyndsy Fonseca et le retournement de situation qui la concerne. Celui-là, je ne l’avais pas vu venir. Du tout. Et c’était chouette. Le seul souci, pour continuer à vous parler franchement, c’est que si je ne l’avais pas vu venir c’est uniquement parce que j’étais loin de m’imaginer que les escrocs sans talent à l’origine de ce remake fadasse possédaient les deux neurones nécessaires pour terminer leur épisode sur un rebondissement.

Nikita, c’est un nouveau concept, le remake tellement moche et ringard qu’il donne l’impression d’avoir été réalisé à la même époque que l’original. L’intrigue (mal foutue, déjà vue, dénuée de la moindre idée originale), comme la réalisation (classique, visuellement pauvre), donnent l’impression d’avoir fait un bond quinze ans en arrière. Les scènes d’action et les combats sont à peine chorégraphiés (et filmés avec des moufles). La musique, à la fois omniprésente et à côté de la plaque, tombe sans aucune raison dans le grandiloquent et le cliché. Les dialogues, plats, sont interprétés mollement par des acteurs médiocres.

Malgré tous ses efforts, j’ai reconnu Shane West derrière son déguisement raté de Timothy Olyphant. Melinda Clarke a la chance d’être Melinda Clarke, et donc de m’être immédiatement sympathique dans tout ce qu’elle fait, même avec un rôle aussi plat que celui qu’elle tient ici. Vraiment, seule Lyndsy Fonseca s’en sort, sauvée de justesse par le retournement de situation expliquant a posteriori son personnage peu convaincant.
Le pire, c’est du côté du personnage principal qu’il faut le chercher. Pour rester poli, je pense que Maggie Q est une actrice extrêmement limitée... même s’il est un peu dur de se faire idée de son jeu avec ce qu’elle nous offre dans ce pilote. Il faut dire qu’elle n’est pas aidée par le scénario : Nikita est tellement monolithique et dépourvue de personnalité qu’il est absolument impossible de se soucier de ce qui lui arrive. Même dans le flashback vers son terrible passé, intégré à l’intrigue spécifiquement pour nous faire voir une autre facette de son personnage, Maggie Q reste impassible.

D’ailleurs, en parlant de ça, le pauvre fiancé qui se fait assassiner à cause du boulot secret de sa chérie, ce qui la pousse à se retourner contre ses employeurs, ça me rappelle vaguement quelque chose. Un conseil, pour quiconque voudrait réaliser le pilote d’une série d’action-espionnage : je doute que ça soit une bonne idée d’inviter les comparaisons, forcément peu flatteuses, avec celui d’Alias.
Car Sydney Bristow avait au moins la chance de hurler devant une baignoire pleine de sang, divisant ainsi à tout jamais ceux qui trouvent que Jennifer Garner pleure bien, et les autres. Maggie Q, elle, demeure stoïque. Toujours. Et bien fade. Résultat, tout le monde se fout complètement de ce qui peut lui arriver. Et encore plus quand ses ennemis sont une bande d’incompétents absolus, mis en échec par un mannequin emperruqué complètement immobile au-dessus d’une tombe depuis trois jours. Vive le défi.

On est donc bien loin de l’excellent pilote d’Alias. On est bien loin, aussi, d’une bonne série.

Même en étant réceptif au genre espionnage, thriller, complot, le pilote de Nikita reste un premier épisode sans saveur ni imagination. C’est du vide. C’est un blockbuster bien lourd, sans ambition, et complètement fauché, qui ne mérite pas qu’on s’y attarde.

Reviens, Sydney !

Ju
Notes

[1Merci, Jéjé et Feyrtys !