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Rectify - Avis sur les premiers épisodes de Rectify, la deuxième série de Sundance

Rectify: How To Live With Your Parents (After Death Row)

Par Jéjé, le 3 mai 2013
Par Jéjé
Publié le
3 mai 2013
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La petite ville isolée où le temps semble s’être arrêté a été le décor de nombre de séries marquantes dans les années 90. On se souvent de Gilmore Girls, de Ed [1], de Everwood, de Northern Exposure

Et bien, The Sundance Channel a décidé de remettre au goût du jour ce thème cher aux perdusiens… en y ajoutant sa touche toute particulière de naturalisme.

Qu’est-ce que c’est ?

Après les Gilmore Girls chez les pédophiles Néo-Zélandais, voici venu le temps des Violeurs Réhabilités à Everwood.

Pour sa première série produite toute seule aux Etats-Unis (et créé par un certain Ray McKinnon), The Sundance Channel creuse ainsi le sillon joyeux amorcé par Top of The Lake.
Avec succès, puisque Rectify a été déjà été renouvelée pour une deuxième saison alors que la diffusion de ses six premiers épisodes n’est pas encore achevée.

De quoi ça parle ?

Rectify suit le retour à la maison de Daniel Holden, l’ainé d’une famille vivant dans ce que l’on appelle facilement l’Amérique profonde, incarcéré pendant 19 ans dans un couloir de la mort pour le meurtre et le viol de sa petite amie et qui est libéré suite à de nouveaux tests ADN dans les premières minutes du pilote.

Ce retour déstabilise la vie d’une partie du village, qui s’ajuste à la situation avec autant de difficultés que Daniel lui-même.

Léger, hein ?

C’est avec qui ?

Une distribution principale d’acteurs très solides mais pas vraiment connus.

Je n’étais vraiment familier que d’Adelaide Clemens, la lumineuse suffragette amoureuse de Benedict Cumberbatch dans le génial Parade’s End.

Et c’est bien ?

C’est formidable.
Mais plus important, c’est une série très agréable et très facile à suivre.

Je ne vous cache pas que j’ai mis un peu de temps à me décider à la regarder.
Je crois même que l’enthousiasme unanime des critiques américains a alimenté autant que le sujet même de la série mes réticences initiales.
J’avais peur d’être face une série "importante", une de ces oeuvres qui tire plus ses mérites de la gravité de son propos et de la solennité de son ton que de ses personnages et de ses intrigues.
J’avais même peur d’être face à une série géniale à la Treme, celles qui ne s’offrent pas immédiatement et qui demandent l’effort de s’immerger pendant plusieurs heures dans la rudesse et la noirceur de situations avant d’appréhender la beauté des personnages.

Et bien, j’avais complètement tort.

Rectify est d’un abord très simple.

C’est en premier une chronique familiale presque banale où la vie est (un peu) perturbée par un événement inattendu, la série s’attachant principalement aux personnages qu’elle met en scène et à leurs relations.
Leur situation n’est pas un prétexte à de hautes considérations sur la justice, la mort, la faute, le doute, même si ces thèmes parcourent bien évidemment la série.
Et pour l’instant, après trois épisodes, ce qui compte, c’est la façon qu’ont les personnages de tenter d’aborder Daniel, replié sur lui-même, et comment sa présence les fait changer.

Rectify, c’est également une chronique politico-judiciaire, une réflexion sur le temps qui passe, sur le temps qui est passé, sur les époques qui changent, sur les hommes qui restent les mêmes…
Le tout dans une ambiance lumineuse (on est très loin de l’atmosphère poisseuse et des images ternes de Top of The Lake - que j’avais adorée, soyons bien clair.)
C’est simple, complexe et formidable.

Et c’est une vraie série télé.
A l’heure où les discussion sur le binge-watching, Netflix et le retour des mini-séries valorisent pour les oeuvres feuilletonnantes la disparition de l’épisode (de simple série) au profit du chapitre (d’un long film), Rectify montre la force d’un formatage classique de la narration, avec des prologues, un générique et des cliffhangers/conclusions intermédiaires, même pour une saison de 6 épisodes.

Jéjé
P.S. J’ai un peu peur du thème que va choisir The Sundance Channel pour sa troisième série...
Notes

[1Une série sur laquelle Drum s’est enthousiasmé seul pendant longtemps, c’était un peu son Parenthood de l’époque...