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Les Moments du Mois - Quatre moments qui nous ont marqués dans nos séries de mars

2016: Mars 2016 en Quatre Moments Séries

Par la Rédaction, le 1er avril 2016
Publié le
1er avril 2016
Saison Mars
Episode Mars
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Aujourd’hui, la personne qui écrit cette introduction chaque mois n’a pas spécialement envie d’écrire l’introduction du mois. A la place, je vais vous raconter une jolie histoire, puis on enchaînera direct sur les textes. C’est l’anarchie.

En ce moment, je regarde That ’70s Show.

Un épisode par jour, tranquille, c’est sympa, ça me rappelle ma jeunesse, tous les acteurs (Kutcher, Grace, Prepon, et surtout Kunis) font très jeunes, et Debra Jo Rupp est merveilleuse. Mais s’il y a bien quelque chose que je déteste dans cette série, c’est l’actrice qui joue la soeur de Forman : Lisa Robin Kelly. Elle est nulle.

Du coup, curieux de la voir disparaître sans explication au milieu de la saison 3, je me suis rendu sur Wikipédia pour savoir si les créateurs de la série aussi la trouvait nulle et l’avait virée. Et donc oui, elle picolait, elle a été virée.

Oh, et depuis, l’actrice est morte.

Une overdose à 42 ans.

Et sinon, en mars, on a regardé des trucs !

1 Supergirl

Saison 1 - Episode 18 – Worlds Finest

28 Mars / Friendship is SuperMagic
Par Blackie

J’allais vous parler de mon marathon Outlander, et puis l’équivalent d’une douzaine de bébés labradors me sautant dessus a déboulé avant notre deadline. Alors les tortures et viols près des menhirs écossais, j’y repenserai d’ici quelques semaines.

Kara et Barry étant déjà de grands gamins positifs et adorables dans leurs séries respectives, ce crossover allait forcément ressembler à une licorne découvrant un arc-en-ciel. C’est joyeux, chaleureux, et un peu aveuglant. Mais qu’est-ce que c’est chouette !

Supergirl a beau garder ses défauts habituels, en particulier dans la caractérisation de ses vilaines, ils sont ici facilement pardonnables tant l’ensemble fonctionne. Grant Gustin amène son humour et son charme communicatifs, et permet à Melissa Benoist de se lâcher. Leur duo est un pur bonheur, élevant très haut le facteur adorable. On rit devant ces deux nerds qui s’excitent sur leurs pouvoirs respectifs, les selfies devant les vaisseaux, et les blagues métas. C’est une candeur qui pourrait être à vomir, si sa formule ne provenait pas de The Flash, l’experte en la matière.

En plus d’amener quelques fans du Scarlett Speedster vers la Girl of Steel, qui mérite vraiment qu’on lui laisse sa chance, cet épisode est une antithèse parfaite à la noirceur des deux dépressifs sur grand écran. Berlanti devrait peut-être apporter des glaces à Snyder...

2 House of Cards

Saison 4 - Episode 6 - Chapter 45

4 mars / A Very Underwood Threesome, Part 2
Par Ju

Vous n’allez sans doute pas me croire. Vous n’allez sans doute plus me porter la moindre crédibilité. Mais il faut que je vous avoue quelque chose.

J’ai bien aimé la saison 4 de House of Cards.

Elle était réussie. Même pas comparée aux autres, dans le sens "moins nulle que d’habitude", mais réussie. Genre, avec de bons épisodes. Je sais, ça n’a aucun sens.

Pour vous remettre dans le contexte, pour moi jusque-là House of Cards c’était une première saison pleine de défauts mais très regardable, une seconde saison atrocement nulle, et une troisième saison moyenne.
La saison 3 était d’ailleurs assez intéressante, d’un point de vue critique, car si elle était objectivement plus réussie que la précédente, elle avait perdu tout ce qui faisait la spécificité de la série. Quant à savoir s’il faut mieux une série originale et ratée qu’une série banale et médiocre, c’est un débat pour un autre jour. Idéalement, pour l’année dernière... si je m’étais décidé à écrire dessus. Trop tard !

Donc, la saison 4 était bonne. Intelligemment, elle est séparée en deux moitiés bien distinctes : les premiers épisodes apportent une conclusion à la saison 3 (qui n’avait pas de fin) tandis que les suivants proposent un nouvel arc (et n’ont pas de fin).
Rien que dans sa construction, la saison 4 de House of Cards propose quelque chose de bien plus solide que le flou pseudo-artistique de la saison 3. Il y a de vrais arcs, identifiables. Il s’y passe des trucs.

J’ai conscience que mes compliments peuvent ressembler à des insultes déguisées, mais ce n’est pas (entièrement) vrai. Il se passe des trucs sympas dans cette saison, des trucs débiles, des trucs insultants pour l’intelligence du mec qui s’est encore fait piéger par Netflix, mais il se passe des trucs.

L’autre intérêt majeur de cette saison 4, c’est qu’elle donne vraiment l’impression que Beau Willimon comptait arrêter la série et que Netflix a refusé. C’est en tout cas ce qu’il est facile de deviner derrière sa démission et le fait que toute la saison clôt systématiquement toutes les intrigues et secrets mis en place dans les premières saisons.
Et après une troisième saison qui ne racontait rien de particulier, c’est très agréable. On a donc le droit au retour de TOUS les personnages secondaires de la série (sauf Liam McPoyle, étrangement), pour la plupart de façon organique au récit. Ils ont tous leur rôle à jouer et, chose étonnante, certains d’entre eux commencent même à se dire que, quand même, il est un peu louche ce Président Underwood.

Une belle victoire au royaume des demeurés manipulables de House of Cards.

Et donc, oui, pour en arriver à mon Moment du Mois, absolument tous les personnages secondaires reviennent hanter Frank Underwood, y compris Zoe Barnes et Peter Russo. Dans un pseudo plan à trois onirique filmé bizarrement, grotesque, rigolo, à la fois ambitieux, prétentieux et à côté de la plaque. En un mot : parfait.

3 Jane The Virgin

Saison 2 - Episode 15 – Chapter Thirty-Seven

21 Mars / Gendered Politics And The Politics Of Gender, A Memoir
Par Jéjé

Ce mois-ci, je n’avais vraiment pas d’autre choix.

Jane The Virgin rencontre le test de Bechdel.
Hiiiii !

Un petit clin, une référence, une allusion au test aurait été largement suffisant pour me remplir de joie. Mais Jane The Virgin n’est pas la meilleure série du moment pour rien.
Le test constitue non seulement un fil rouge humoristique et la touche inventive formelle de l’épisode (et j’ai applaudi des deux mains à chaque fois que symbole vert et croix rouge apparaissait à l’écran quand une scène passait le test ou non !), mais il est également utilisé comme un écho à la question centrale qui agite Jane durant l’épisode : est-il nécessaire pour être aimé ou validé de se conformer strictement aux attentes des autres ?
L’épisode montre que ces attentes, comme les principes du test, ne peuvent jamais être le moteur principal des actions du personnage, comme de notre intérêt pour une oeuvre, mais qu’en revanche, il est parfois utile d’y faire attention.

Que j’aime (et que j’admire) cette série.

Mon seul problème avec Jane The Virgin, c’est de devoir accepter qu’elle ne soit pas reconnue comme une oeuvre contemporaine majeure.
Je sais bien que c’est le lot des comédies, et que dans le système de valeurs communément admises, une comédie réussie ne sera jamais mise au même niveau qu’un drama réussi.
Mais quand même !
Je mets quiconque au défi de trouver une série américaine mieux écrite que Jane The Virgin. Qui pourrait égaler son niveau de régularité, de cohérence et d’inventivité sur 38 épisodes ?

4 The 100

Saison 3 – Épisode 7 – Thirteen

4 mars / Sex is bad, Gaysex is deadly
Par Feyrtys

Je ne vais pas mentir, je regarde la saison 3 de The 100 avec un œil distrait, retournant à mon téléphone lorsque la cylon-en-rouge 2.0 apparaît à l’écran ou que Bellamy se met très en colère pour des raisons que j’ai vraiment beaucoup de mal à saisir.

Je ne me suis pas particulièrement investie dans la relation entre Clarke et Lexa ; j’ignorais même qu’Alycia Debnam-Carey, qui joue Lexa, allait rejoindre le cast de Fear of the Walking Dead, et donc que son temps dans The 100 était compté.
Je continuais pourtant à faire la publicité de la série auprès mon entourage, en particulier auprès de mes copines lesbiennes et bies. Car croyez-le ou non (ironie inside), ce n’est pas tous les jours qu’on voit se développer à l’écran des histoires d’amour entre des personnages féminins un peu développés.

Récapitulons la chronologie pour ceux qui n’auraient pas suivi :

Clarke repousse les avances de Lexa en fin de saison 2 ; elles se quittent pour le moins fâchées
Clarke se teint les cheveux couleur rouge-exil, couche avec une meuf et a l’air d’aimer ça
Clarke et Lexa sont réunies et Clarke se rend compte qu’en fait, elle kiffe Lexa
Clarke et Lexa couchent ENFIN ensemble

Trois minutes chrono plus tard, Lexa prend une balle perdue qui lui est fatale.

POINPOINPOINPOIIIIIN

Pour être tout à fait honnête, sur le moment, la mort du personnage ne m’a ni mise en colère, ni choquée. J’ai juste été dépitée par le fait que l’un des rarissimes personnages lesbiens à la télé à l’heure actuelle venait de mourir dans un accident ridicule, quelques secondes seulement après avoir eu, je l’espère pour elle en tout cas, plusieurs orgasmes.

Je suis néanmoins passée à autre chose en me disant que cette mort faussement tragique et inattendue n’allait certainement me (re)donner envie de m’investir dans la série.

C’était sans compter sur la magie des Interwebz.

J’ai bien vu qu’il y avait du remue-ménage sur Twitter et que les gens n’étaient vraiment, mais alors vraiment pas contents. Rien à voir avec les fans de GoT qui se lamentent de la mort de Rob Stark ; là, on avait toute une communauté qui se faisait entendre.
J’ai ainsi découvert le trope Bury your gays et la longue, très longue liste de personnages lesbiens sacrifiés au fil des séries, souvent d’ailleurs dans des circonstances violentes. J’ai par ailleurs appris que le showrunner de The 100 et son équipe avaient eu une attitude assez critiquable envers leur fandom : ils ont activement cherché à promouvoir Lexa dans les forums LGBT en mode « on sait à quel point ce personnage est important à vos yeux et dans le paysage audiovisuel en général, on va la protéger, ne vous inquiétez surtout de RIEN ». Jason Rothenberg, via Twitter, avait même laissé croire qu’Alycia Debnam-Carey serait présente lors du tournage du season finale, histoire d’en remettre une couche.

Dick move, si vous voulez mon avis. Comme l’a très bien dit Mo Ryan, on ne manipule pas un fandom à sa guise pour renforcer son audimat sans aucune répercussion. Lexa n’était pas une Jon Snow de plus, un héros bien aimé : elle était devenue, avec la complicité active du showrunner, un personnage crucial pour toute une communauté discriminée, dont la représentation télévisuelle est très limitée et souvent frustrante. Elle était devenue un symbole.

Les excuses tardives et maladroites de Rothenberg n’ont rien arrangé et les ratings ont chuté lors de la diffusion de l’épisode 08. Je suis sûrement méchante, mais j’ai envie de dire que c’est un peu mérité.

la Rédaction