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Son - Avis sur le premier épisode d’une série turque bientôt adaptée sur FOX (et TF1)

Son: pErDUSA au Pays de l’Accent Circonflexe Inversé

Par Conundrum, le 13 mars 2015
Publié le
13 mars 2015
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De temps à autre, on aime sortir un peu de notre zone de confort. C’est pour cela qu’un site dédié aux critiques de séries américaines, pour coller au plus proche de leur diffusion, s’amuse avec des séries européennes ou reste aux États-Unis pour remonter bien loin dans le passé.

Tant qu’on dit du mal des séries et qu’on le pense, on peut un peu tout se permettre sur pErDUSA.

Alors qu’il y a des choses à dire sur la fiction américaine (en résumé : The Jinx, strobien / c’est moi ou Scandal est devenue grave zarb ces derniers temps ? / The Walking Dead, ça n’a pas repris ?), parlons plutôt d’une série de 2012 qui nous vient de Turquie, Son.

Qu’est-ce-que c’est ?

Son est une série diffusée en 2012 sur la chaine turque ATV.

La Turquie ? Mais…pourquoi ?

Son, "La fin" en turc, va avoir droit à plusieurs remakes dont un en France pour TF1 et un aux États-Unis pour la Fox sous le nom, Runner, prévus pour l’année prochaine. Le pilote étant aisément disponible en version originale sous-titrée en anglais, il était intéressant de se poser sur l’œuvre originale avant de découvrir la version US.

Mais surtout, les séries turques ont un rayonnement international méconnu en France. [1] Les séries turques s’exportent extrêmement bien dans les pays arabes et en Europe de l’Est.

La Turquie a une production télévisuelle riche et originale, qui propose même des adaptations locales de séries américaines. Desperate Housewives, Revenge et The O.C. ont toutes deux eu le droit à leur adaptation turques officielles.

Istanbul, Istanbuuuuul, Here I Coooome !

De quoi ça parle ?

La vie d’une jeune femme turque et de son entourage bascule lorsque l’avion de son mari s’écrase.

C’est avec qui ?

Avec plein d’acteurs turcs qui ont des trémas et des cédilles dans leurs noms : Yiğit Özşener, Nehir Erdoğan, Erkan Can, Berrak Tüzünataç et Engin Altan Düzyatan.

Et c’est bien ?

Oui, c’est plutôt pas mal.

Je dois avouer que ça commençait un peu mal pour moi. La série commence avec une scène en Iran avec une femme captive et l’appel du muezzin en fond sonore. Ce cliché m’agaçait déjà dans les séries européennes et américaines, j’espérais qu’une série turque réussirait à l’éviter.
Une fois pour toute, sur les cinq prières, il n’y a que deux appels à la prière en pleine journée, pourtant à chaque fois qu’une série veut nous faire comprendre que nous sommes dans un pays musulman, on l’entend systématiquement, cet appel. Il y a plus de chances d’entendre les cloches de l’église dans une ville française, que d’entendre l’appel du muezzin dans un pays musulman. Je n’ai jamais regardé Louis, La Brocante, mais je doute que les cloches retentissent à chaque changement du lieu d’action ! Passé cette légère déception de ton, Son se révèle être assez réussie, après un peu temps d’adaptation.

On voit rapidement la différence entre une série américaine et une série turque.
Son confirme l’impression que j’avais eu devant le très bon pilote de Muhteşem Yüzyıl, la série historique sur le règne de Soliman, le Magnifique. Il y a un goût prononcé pour le drame et le tragique, cela se traduit par un léger surjeu et une musique très enjouée, même si moins omniprésente que dans les productions US. Mais surtout, aussi épique que l’histoire puisse être, l’humain prime sur tout le reste.

Cela se voit par le traitement des intrigues. Le format long d’un épisode, près d’un heure et demie, permet une mise en place calme. Très calme, même. Trop calme parfois. Les différentes intrigues s’installent doucement. L’accent est mis sur les relations entre les personnages à tel point que l’un des éléments moteurs de la première demie-heure, celui qui met un couple au bord de la rupture, est la fête d’anniversaire du fils de l’héroïne de la série prévue pour le lendemain. Une fête d’anniversaire avec des ralentis, une musique avec des violoncelles, et une femme qui regarde tristement par la fenêtre alors que la fête bat son plein. Oui, les turques aiment le drame et ne s’en cachent pas. On a beau être dans une série d’espionnage, on affiche fièrement la filiation au soap-opera. C’est un peu comme si 24 était écrite par les homologues turcs d’Ed Zwick et Marshall Herskowitz. [2]

Il y a certes du surjeu, mais ce n’est jamais exagéré au point de totalement décrocher. On s’attache plus aux personnages qu’à l’action en elle-même. Un crash d’avion n’est pas montré par un avion qui explose mais par un ralenti sur le personnage qui l’apprend en regardant l’information. Et la grande révélation du pilote vient avec la caméra qui tourne de plus en vite autour de l’héroïne de la série. C’est un peu trop parfois et Son nécessite qu’on s’adapte aux modes narratifs turcs et à ses codes. Cette vision centrée plus sur les personnages que sur l’action en elle même crée d’ailleurs un star system important en Turquie où les acteurs sont un produit d’appel fort.

Malgré tout, le pilote met en place une conspiration intrigante. Les personnages principaux de la série sont suivis en voiture, et les personnages sont perturbés par des messages sur leurs portables qu’on ne montre pas au téléspectateur. Il n’y a rien d’innovant, mais c’est une manière efficace pour appâter le téléspectateur. Après une heure et demie, on ne sait quasiment rien du mystère de la série. Mais il y a assez d’éléments pour vouloir en savoir plus. Le mélange de conspiration et soap opera fonctionne même plutôt bien surtout que, à la grande différence avec les séries américaines, les œuvres turques ne visent pas une grande longévité. Son, bien que très populaire, n’a eu qu’une saison. Cela donne la garantie que l’intrigue ne s’étalera plus que de nécessité et se doit d’avancer assez vite.

Et au final, je comprends l’intérêt d’un remake américain ou français. Le pilote de Son est intéressant mais l’aspect soap de la série déstabilise un peu, et avec des épisodes d’une heure trente, Son demande un effort de la part du téléspectateur non habitué aux dramas turcs. Je ne pense pas continuer l’œuvre originale, mais je suis preneur d’une version américaine.

Conundrum
Notes

[1Sauf si vous lisez (et vous devriez) le site de Ladyteruki.

[2Ceux de Quarterlife, hein, pas ceux de Once and Again.