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Strike Back - Avis sur la première version de Strike Back, avec Richard Armitage

Bilan de la Saison 1: Who the fuck do you trust ?

Par Conundrum, le 19 août 2013
Publié le
19 août 2013
Saison 1
Episode 6
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Depuis le départ de Spooks et dans l’attente du retour de 24 l’été prochain, il y un manque à combler en matière de séries d’espionnage à l’action rentre-dedans.

Si vous ne l’avez pas encore fait, il serait temps de suivre les conseils avisés de Jéjé et de donner sa chance à Strike Back. En effet, alors que la série a commencé la diffusion de sa quatrième saison, revenons sur ses origines avec un bilan de sa première saison.

Cet article contient le minimum syndical de spoilers mais n’en est pas dépourvu pour autant.

La série est l’adaptation par la chaine anglaise Sky One d’un livre de Chris Ryan, un ancien membre de la Special Air Service britannique devenu écrivain, dont la biographie montre que sa vie est bien plus captivante que les missions décrites dans cette saison de Strike Back.

La saison 1 est une pure série anglaise dans tous les sens du terme. A ses débuts, elle n’est pas encore une coproduction anglo-américaine entre Sky One et Cinemax, et elle ne se compose que de six épisodes, ce fameux format qui sied si bien aux séries anglaises.

Comme Jéjé l’a si bien expliqué dans son texte de présentation de la série, la saison 1 de Strike Back rappelle une version allégée de Spooks en fin de vie.
Richard Armitage, qui a incarné un des nombreux agents du MI5 au générique de la série d’espions de la BBC, incarne John Porter, un militaire britannique, agent du MI6 cette fois-ci, dont la vie a basculé suite à une erreur de jugement lors d’une mission en Irak. Remercié par l’armée et séparé de sa famille, sept ans après cette mission, il saisit une occasion de réparer son erreur et de reprendre sa vie en main. Il devient alors agent de la section 20, une division secrète (et fictive) rattachée au MI6.

Contrairement à la belle époque de Spooks, Strike Back ne s’encombre pas trop de la vie personnelle de ses espions ou de complexes dilemmes géopolitiques. C’est une série d’espionnage aux intrigues simples (-istes ?) mais efficaces et qui ne boude pas son plaisir de montrer des explosions devant lesquelles notre héros plonge en ralenti pour y réchapper. Mais quand son héros est un Jack Bauer anglais qui troque le charisme d’un Kiefer Sutherland contre le jeu limité de Richard Armitage, la subtilité se doit d’être rapidement oubliée.

Cette première saison a la bonne idée de structurer ses intrigues en épisodes doubles. La chaine diffuse d’ailleurs deux épisodes par semaine en mai 2010. Cette première saison se divise donc en trois histoires. Cependant, malgré son faible nombre d’épisodes, Strike Back montre rapidement ses limites.
La colonne vertébrale des histoires est presque toujours la même. Porter doit sauver, localiser ou extraire quelqu’un. Il le retrouve mais la mission déraille et il se retrouve, en fuite, pourchassé avec sa cible. Du coup, nous ne sommes pas si surpris d’apprendre que Chris Ryan, l’auteur du livre, est connu pour être le militaire anglais ayant parcouru la plus grande évasion lorsque son régiment a été attaqué par les troupes irakiennes. Il en est d’ailleurs l’unique survivant.

En plus d’une structure narrative rigide, une ambiance paranoïaque règne dans la série où chacune des intrigues a un traitre ou une taupe.
La première mission révèle que les événements en Irak ne se sont pas déroulés comme Porter a été amené à le croire. Lors de la deuxième mission, Porter et son associé se font trahir par un agent local, et la dernière mission entraine Porter à la poursuite d’un britannique qui a rejoint les talibans. Dans ce bouquet final, on enchaine trahison sur trahison au point d’en être limite lassé. En gros, on nous martèle quasi continuellement qu’on ne peut faire confiance à personne dans cette série.
D’ailleurs, dans un retournement de situation assez bien amené on découvre qu’on ne peut pas nécessairement avoir une confiance aveugle en Porter.

En effet, la série a souvent recours aux flashbacks pour rafraîchir la mémoire du téléspectateur mais n’a pas tout le temps recours à des scènes déjà diffusées. Dans ce cas de figure, le vrai objectif de la mission de Porter ne nous est dévoilé qu’à la fin de l’épisode par l’intermédiaire d’un flashback.

Mais sur six épisodes et seulement trois histoires, on a un peu l’impression d’avoir le droit à des rediffusions où seuls les décors et les acteurs changent. Il est vrai que la série soigne ses tournages en extérieur filmés en Afrique du Sud, et qu’il est sympathique de voir aux côtés d’Armitage, quelques visages familiers comme Andrew Lincoln avant qu’il ne se mette à la chasse aux zombies dans The Walking Dead, un David Harewood pré-Homeland et Alexander Siddig de 24 et Star Trek : Deep Space Nine.
Cependant, il faut se rendre à l’évidence, cette première saison de Strike Back tourne rapidement en rond en bien trop peu d’épisodes. Ce n’est pas un bon signe d’être lassé par une saison qui ne compte que six épisodes et que trois histoires.

En plus de cela, si la série donne la part belle à l’action, c’est au détriment de développement psychologique de ses personnages. L’homme détruit qu’est Porter au début de la série n’a pas la rigueur mentale et la droiture d’un Jack Bauer, et n’est pas assez torturé pour éviter les one-liners un peu lourds.
Sa vie personnelle est tout juste mentionnée mais ne nous aide pas à nous attacher à Porter. Et aussi tragique qu’elle soit, même dans son pire moment, elle ne semble pas trop ébranler Porter. Un personnage principal mieux défini ou un meilleur acteur aurait sûrement permis de mieux faire passer la fainéantise dont les scénaristes de cette première saison font preuve. En plus d’un acteur principal qui n’a pas la carrure pour porter la série sur ses épaules, on se retrouve avec une écriture lourde et répétitive.

Même la confrontation finale tant attendue entre les deux antagonistes de la série est expédiée en une dizaine de minutes dans un dénouement que nous étions en droit d’attendre plus puissant. Encore une fois, ni les acteurs, ni les scénaristes ne prennent la peine de soigner un des moments qui aurait dû définir la série. La trame principale de la saison bouclée, la fin de saison 1 redéfinit le rôle d’un Porter dorénavant en fuite.

Cependant, lorsque la seconde saison commence, on découvre que, s’il est toujours bien présent dans la série, Richard Armitage n’est plus le premier nom crédité au générique. Même si les modifications de distribution sont monnaie courante dans les séries anglaises, on sait que la série devient une coproduction anglo-américaine, et ce changement de donne pourrait être un signe inquiétant. Mais la relégation au second plan du héros de la première saison, qui n’a jamais réussi à nous convaincre totalement, est plutôt bienvenue.

Parce que malgré tous ses défauts, l’adrénaline et l’action sont les forces de la série, il n’y a rien à redire à Strike Back sur ce terrain. Savoir que la saison 2 va revoir l’un des problèmes principaux de la série, à savoir Porter lui même, donne encore plus envie de poursuivre.

Conundrum