50 Shades of Aziz Anzari
La série n’a jamais caché sa volonté de s’adresser au féminisme, ou plutôt aux féminismes. Elle le fait frontalement et, en toute connaissance de cause et comme depuis ses débuts, choisit d’ancrer son récit dans une actualité brûlante, l’ère #MeToo.
Mais plus spécifiquement, cette semaine, elle nous ramène à l’affaire Aziz Anzari, récemment accusé par une ancienne partenaire d’un soir d’avoir couché avec elle en forçant son consentement. Ici, The Good Fight reprend peu ou proue la même histoire dans un contexte similaire : une femme accuse un homme et nous avons les deux versions de l’histoire, chacune questionnant la perception de la réalité d’une situation.
Elle soutient qu’il l’a forcée à avoir une relation sexuelle, il pense que tout était consenti parce qu’il n’a pas reçu de signaux physiques ou verbaux explicites. The Good Fight met les pieds dans le plat et cristallise le débat grâce à ses personnages, notamment Marissa qui prend la défense de la plaignante, mordicus, jusqu’à semer la zizanie dans le cabinet avec ses discussions enflammées.
Et au final, il importe presque peu d’avoir le fin mot de l’histoire.
Ce qui est pertinent, c’est la manière dont la série s’adresse à cette histoire rapidement passée sous silence alors qu’elle reflète parfaitement ce que le combat féministe a à sortir du silence. C’est aussi le pluralisme des points de vue qui peut exister sur la question et sur le féminisme en général, non pas celui des prédateurs ou masculinistes mais des femmes elles-mêmes. Une Diane n’envisage pas la question soulevée ici (et sa réponse judiciaire, bien différente de sociale) de la même manière que Liz ou Marissa. La série se permet de convoquer tout un spectre qu’il est rare de voir interagir.
De fait, The Good Fight ne cherche même pas à faire dans la subtilité mais se transforme radicalement avec cette seconde saison dans une plateforme de débat amenant chaque téléspectateur à se faire son opinion ou à réveiller sa conscience sur ce genre de sujet. Ce qui pouvait donc apparaître en début de saison (à moi notamment) comme de la paresse ou maladresse scénaristique est simplement un changement de ton que l’on ne perçoit que plus tard.
Si The Good Fight n’est pas The Good Wife, c’est parce que, comme l’ère Trump le met en pratique, elle a mis les gants blancs au placard et y va avec ceux de boxe, moins gracieux, moins subtils mais plus efficaces dans la société actuelle.
Dans la série, “Diane à la ferme”
L’épisode n’en oublie pas ses personnages et fait des avancées plus ou moins significatives et pertinentes. Diane reprend peu à peu le contrôle de sa vie à la dérive après qu’Adrian se soit fait tirer dessus. C’est l’électrochoc dont elle avait besoin, la menace devenue réelle, pour se sortir les doigts du micro-dosing. Donc après avoir eu "Diane apprend à tirer", "Diane regarde la TV", nous avons "Diane fait de l’aïkido". Mais cette activité, somme toute commune, lui apprend à trouver un équilibre dans sa vie, équilibre qu’elle applique à sa vie privée avec Kurt (tout en s’assurant qu’il n’a pas voté pour Trump, critère de sélection que tout à chacun appliquera désormais, même nous petits français) mais aussi à sa vie professionnelle.
Il faut faire le ménage et reprendre les rênes et par là, son association avec Liz prend la bonne direction : deux femmes à la tête de la firme, qui résolvent les problèmes un par un, sans avoir besoin d’aide, redoutables. J’ai cependant un peu de mal avec le fait que tout se passe sans accroc parce qu’elles s’associent, s’asseyant ainsi sur leurs opinions divergentes.
Cet aspect mériterait donc un épisode à lui-même, plutôt que d’être éludé au détour d’un coucou à l’hôpital.
Lucca Florrick 2.0.
De son côté, Lucca continue à réécrire l’histoire d’Alicia Florrick avec la campagne de Colin. Dans l’optique qu’il va gagner et déménager à Washington, elle devient l’objet des convoitises de plusieurs firmes locales, chasse au talent orchestré par la mère Moretti, encore une fois. Cush Jumbo est une nouvelle fois exquise par l’aplomb qu’elle apporte à son personnage mais l’intrigue peine à se démarquer de ce qui a été fait précédemment et quand bien même elle peut l’être par moments, a pleinement intéresser. De plus, elle réitère l’isolement qu’Alicia avait pu subir quand la série développait son intrigue politique et c’est bien dommage de ne pas apprendre de ses erreurs tant Lucca est une caution modérée dans son cabinet et une avocate compétente que j’adore voir au travail.
Ainsi, The Good Fight maîtrise totalement son ton et son propos en cette seconde saison, elle a mis seulement du temps avant de le révéler comme tel et c’est dommage.
Il reste à espérer maintenant qu’elle parvienne à se renouveler suffisamment pour garder son mordant.
[1] Enfin la semaine dernière, vous aurez compris que les reviews de The Good Fight s’inspirent de Timeless pour la publication. D’ailleurs : #RenewTimeless.