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The Good Fight - Bilan de The Good Fight après six épisodes

Social Media and Its Discontents: Une série dérivante

Par Conundrum, le 22 mars 2017
Publié le
22 mars 2017
Saison 1
Episode 6
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Durant une entrevue donnée lors d’une avant-première de la série, j’ai été surpris d’entendre Michelle et Robert King expliquer que The Good Fight n’était pas légalement une série dérivée de The Good Wife.

Noyée dans le flot des questions répétitives et bateau sur les accents de Rose Leslie et Cush Jumbo, sur l’impact de la défaite d’Hillary Clinton aux élections, sur la fameuse liberté de ton des séries en streaming ou du câble, ce point a retenu mon attention. Même si c’est pour des raisons de gros sous, cette distinction est perturbante, parce que aussi réussie que The Good Fight est, l’un de ses points forts mais aussi son principal handicap est sa relation avec la série mère.

The Good Fight n’est pas The Good Wife dans le sens où, même si la série a commencé il y a un peu plus d’un mois, nous sommes à un peu moins d’un mois de la fin de saison. La série n’a pas le luxe d’avoir 22 épisodes pour expérimenter ou gonfler sa galerie de personnages secondaires.
Elle donne la fâcheuse image de seulement vouloir continuer ce qui marchait dans The Good Wife plutôt que d’instaurer un univers neuf. Le savant dosage entre série originale et (pas) dérivée est difficile à trouver. Et le traitement de Diane en est un exemple majeur. Après sept ans au sein de la distribution principale de la série mère, il pourrait être compliqué de trouver du matériel neuf à Diane. Le personnage ayant été sous exploité, ce problème ne se pose pas ici. Surtout que le pilote capitalisait fortement sur elle. Mais arrivé au sixième épisode de la série, Diane semble être traitée comme si elle était toujours dans The Good Wife. L’importance de sa présence dans le pilote ne semble pas se retrouver dans les épisodes qui l’ont suivi.

Effectivement, la structure des deux séries n’est pas la même. The Good Wife se centrait sur Alicia, The Good Fight doit partager sa gestion entre trois personnages féminins principaux. Mais, elles sont loin d’être traitées avec le même intérêt. Et les trois gestions sont plus ou moins problématiques.
Maia ne semble exister que par l’intrigue avec ses parents et n’exerce jamais son métier. Lucca s’en sort mieux, cependant le personnage risque vite de devenir ennuyeux si elle n’existe que par sa relation amoureuse. Quant à Diane, elle semble être reléguée au second plan d’une série qui crédite son interprète en premier visuel du générique. L’intérêt du personnage venait de sa reconstruction, mais en six épisodes, l’intrigue ne recapture jamais l’intensité ou même l’intérêt du pilote.

Pire encore, la série semble s’installer dans une routine très différente du pilote. Il y avait une forme d’oppression, de noirceur, de tristesse bien particulière. Ce n’était jamais étouffant mais cela donnait un nouveau souffle. Il y avait l’idée de (re)découvrir un monde familier sous un nouveau prisme.
La routine de la série l’a fortement dilué pour se trouver dans une situation confortable bien trop proche de la série mère. La série a cédé à la facilité au point de se retrouver avec des scènes où, en lieu et place de personnages de The Good Fight, on se retrouve avec des personnages secondaires de The Good Wife. Matthew Perry se retrouve à jouer le Michael J. Fox du pauvre, et aussi sympathique qu’est Carrie Preston, Elsbeth Tascioni ne mérite pas qu’on la retrouve aussi vite.

Ce qui était bienvenu dans une série établie, à 22 épisodes par saison, qui avait besoin de personnages secondaires pour aérer une distribution de personnages qu’on ne connaissait que trop bien, n’a pas sa place dans une série qui a n’a quasiment rien donné à faire aux nouveaux personnages de la série. The Good Fight ferait mieux de donner à Barbara quelque chose d’autre que réagir à des intrigues où s’inquiéter du rôle de Diane plutôt que de nous donner des scènes réchauffées avec des anciens invités de The Good Wife. Au final, aussi plaisant qu’est cet univers, le pilote semblait nous donner une série plus vive que la série mère. Il est trop tôt pour The Good Fight de rentrer dans la routine de The Good Wife.

Il est tout de même difficile de faire ce type de reproches à la série.
Il est normal pour une série qui cherche à garder une audience connue de jouer sur des codes connus. C’est le principe d’une série dérivée. Et dans l’ensemble, malgré ses défauts, The Good Fight est une franche réussite... principalement parce qu’elle capitalise sur les qualités de The Good Wife.
Les cas de la semaine sont très intéressants parce qu’ils collent à l’actualité et continuent de l’explorer sous l’angle de la technologie, et c’est dans ces intrigues là que les personnages sont les mieux utilisés. Et même sur sa trame directrice, j’ai beau être agacé par l’importance donné à Perry et Preston et la mise en retrait de Diane et Barbara, le lien entre la vie du cabinet et celle personnelle des Rydell est bien amenée.
Enfin, il faut reconnaître que The Good Fight a montré bien plus d’intérêt que The Good Wife à ses débuts.

Même s’il ne s’agit pas d’une série dérivée.

Conundrum