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The Playboy Club - Avis sur le premier épisode de la série avec Amber Heard

The Playboy Club: Bambi parmi les chauds lapins

Par Blackie, le 26 septembre 2011
Publié le
26 septembre 2011
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Au bout de quatre ans d’un succès critique et public qui n’a cesse de grimper, il était normal que Mad Men attise la jalousie et fasse des émules. Si une petite chaine du câble méconnue et sans argent réussit a tout rafler, les grandes chaines des networks devraient facilement arriver a la même chose non ?

La tache est pourtant plus compliquée qu’il n’y parait. Il y a certes une question de talent derrière l’œuvre, mais aussi de contraintes. Le câble peut se permettre d’aller très loin pour tout ce qui concerne sexe, vulgarité, et autres sujets ennemis de la bonne morale. Des le départ, une série pareille est vouée a être un Mad Men light. En attendant de voir ce que fait ABC avec Pan Am, c’est la chaine de l’arc-en-ciel qui inaugure cette nouvelle tendance.

Qu’est-ce que c’est ?

Je me le demande encore... J’aurais dit que The Playboy Club était la dernière tentative de NBC de remonter son image de marque sans trop se fatiguer. Mais depuis j’ai vu l’épisode, et j’ai envie de dire que c’est juste une blague. Qu’elle soit coincée le Lundi a 22h entre The Sing-Off et Jay Leno était un signe pourtant difficile a rater.

C’est avec qui ?

La seule vraie raison de regarder The Playboy Club, c’est la magnifique Amber Heard. C’est tout. Apres Amber en maillot de bain dans Hidden Pams, place a Amber en costume de Bunny, Amber dans une chemise d’homme et Amber qui s’imagine chanteuse. Vous avez déja vu "All the Boys Love Mandy Lane" ? Non ? Alors regardez ce film tout de suite et on reparle du pourquoi il faut aimer Amber (un indice : ce n’est pas parce qu’elle mérite un Emmy).

Amber est entourée de ses copines Bunny que je ne connais pas, mais qui incarnent de charmantes cruches. Il y aussi des mecs horribles. Vous vous rappelez de la seule bonne blague de Jane Lynch aux Emmys sur sa raison d’être lesbienne ? Amber vous présente ses collègues.

Eddie Cibrian est passé sous un rouleau compresseur (et Leann Rimes) depuis Third Watch. David Krumholtz (Numb3rs, Serenity) a toujours eu cette tête-la, le pauvre. Sean Maher, lui, a trop peu de temps d’antenne pour faire rester le moindre Browncoat. Pour couronner le tout, quelqu’un a décidé de réveiller Hugh Hefner pour lui faire balbutier des banalités, et donner des envies de suicide a mon utérus au passage.

Ça parle de quoi ?

C’est plus ou moins l’histoire du premier Playboy Club créé par Hugh Hefner, en 1963 a Chicago. Non seulement on nous présente une version très édulcorée de ses employées et ses clients, mais les personnages vivent des intrigues aussi éloignées de la réalité que l’intérêt de Hef pour les brunes.

La belle Maureen (Amber !) débarque à peine qu’elle se fait attaquer par un mafieux, le tue a coup de talon aiguille dans la carotide, balance le corps dans la rivière, devient complice avec un avocat/client vedette et rend jalouse la Bunny en chef. Autour, il y aussi des prises de pouvoir entre une Bunny et le patron du club, une Bunny mariée a un gay, une Bunny demandée en mariage et un lapin en chocolat.

So. Much. Drama.

Et c’est bien ?

Vu au troisième degré, surement. Parce qu’il est impossible de regarder la chose avec le moindre sérieux.

Entre la découverte de cet univers par Maureen et la jetée du cadavre, il se passe littéralement cinq minutes. Sur le coup, j’ai cru que j’avais raté le début de l’épisode tellement ça m’a choquée (je regarde rarement en direct), et il a fallu que je le revois pour me rendre compte que j’avais effectivement raté... dix secondes.

L’attaque n’a aucun sens (on a un animal enragé à la place d’un homme), la complicité de Maureen et Nick est trop calculée, et cela frise le ridicule lorsqu’un avocat a les réflexes de Tony Soprano, mais surtout une chaine énorme bien pratique qui traine dans son coffre.

The Playboy Club n’est pas juste loin de Mad Men, elle va carrément lorgner vers les dernières saisons de Melrose Place. Au grand dam d’Eddie Cibrian, qui croit que ses yeux plissés arrivent à lui donner la carrure de Don Draper. Nick Dalton n’a pas juste un nom idiot, il ne démontre aucune raison d’être aussi convoite, si ce n’est que les personnages le disent. Lorsqu’il faut énoncer les traits de caractère au lieu de les montrer, il y a un gros souci d’écriture.

Maureen est présentée comme la fleur fragile et pure, qui ne fait rien que rêver de devenir chanteuse pendant les fêtes toutes propres et innocentes du manoir Playboy (ben voyons !). Tandis que les autres filles ont deux phrases chacune pour exprimer leurs désirs de devenir Playmate, de se barrer, d’être prise au sérieux ou d’être mangée a Pâques. Une véritable analyse de la difficulté de leur statut !

Ce qui est vraiment dommage dans tout cela, c’est que l’histoire de l’empire Playboy est suffisamment riche pour en tirer un drama passionnant, et non un soap de bas étage. C’est un univers dont l’envers du décor est peu connue et, aborde sans concession, deviendrait sombre et fascinant. Sexe, argent, pouvoir : un concept dur a vendre, hein ?

Puis quoiqu’on puisse penser d’Hefner, son influence durant cette période charnière de l’américaine du milieu du XXème siècle n’est pas si anecdotique. The Playboy Club essaie maladroitement de le rappeler, au milieu des roulements de cadavres dans les tapis, pour satisfaire l’ego de papi Hef. Brenda, l’auto-proclamée Chocolate Bunny, est sensée s’inspirer de la première Playmate noire, qui fut réellement découverte dans le club de Chicago.

Enfin, je crois. Je ne suis pas sure qu’il y ait une ségrégation dans l’univers de The Playboy Club. Ou alors une ségrégation gentille. C’est comme le sexisme, si personne s’en plains c’est qu’il n’y en a pas.

Blackie
P.S. Si cela vous donne la moindre indication, le créateur de cette merveille était apparemment aussi a l’origine de Runaway. Ce truc avec Donnie Wahlberg qui fuit avec sa famille. Franchement, qui a regardé Runaway ?