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The Wire - Critique de l'épisode 5 de la saison 5

React Quotes: Pas de commentaire

Par Jéjé, le 12 février 2008
Par Jéjé
Publié le
12 février 2008
Saison 5
Episode 5
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Si à brûle pourpoint, il fallait que je nomme mes dix personnages favoris de The Wire, vous pourriez être sûr qu’il ne ferait pas partie de ma liste...
Allez, vas-y, donne la nous, ta liste, t’en meurs d’envie.
Non, mais ce n’est pas pour ça que j’ai écrit cette phrase d’introduction, c’est pour...
Oui, voilà, c’est une coïncidence, donne ta liste, tu verras, ça ira mieux après...

Bon d’accord...
A brûle pourpoint, là, comme ça...
Alors, je dirais...
Cedric. Omar. Michael. Rhonda. McNulty. Kima. Lester. Stringer Bell. Burrell et Noreese.

Je ne me trompais pas, Bubbles est loin d’être un personnage que j’associe immédiatement à la série. Je peux même dire que c’est l’un de ceux que j’aime le moins.
Je sais qu’il est essentiel à la série. Qu’il donne le contrepoint nécessaire aux intrigues complexes qui prennent place dans les réseaux de l’économie parallèle de la drogue à Baltimore et dans les mondes qui y sont associés. Qu’il est notre point d’attache aux simples drogués, aux usagers. Qu’il ramène le spectateur à l’horreur du quotidien des premières victimes de tous les systèmes (légaux et illégaux). Pourtant, pendant plus de trois saisons, Bubbles n’a été pour moi qu’une satisfaction intellectuelle. Le personnage qui a sa place dans le récit, dont la présence est justifiée, dont l’absence serait un manque. Rien de plus...Jusqu’à la saison dernière, je n’étais pas vraiment attaché à ce Bubbles.
Sa chute décrite en saison 4 – c’est qu’il y a de bien avec The Wire, c’est que lorsque l’on pense être arrivé au plus bas, la série nous montre qu’il n’y a pas de fond, que l’on peut toujours s’enfoncer, qu’il y a toujours pire et ça, c’est une belle leçon qui donne le moral pour se lever le matin – était aussi pathétique que le destin de Randy : ces deux histoires font partie de ce que j’ai pu voir de plus triste à la télé.
J’ai la larme facile, je sais. Pourtant, ça n’a rien à voir. J’arrive à pleurer devant Dawson ou Melrose Place, mais que ce soit au cinéma, au théâtre ou à la télé, il en faut beaucoup pour me serrer le coeur. Si je devais faire une liste de dix moments où cela m’est arrivé devant une oeuvre de fiction, et bien, rassurez-vous, je n’en serai pas capable.

Allez. La scène où la mère fait tomber les livres après l’enterrement de Matteo dans Nos Meilleures Années. La mort du père dans Au nom du Père. L’enterrement de quelqu’un [1] dans Six Feet Under. Randy amené au foyer par Carver. Et Bubbles qui comprend pourquoi Sherrod est mort.

A peine cinq.

Bref, dans l’épisode de cette semaine, il y a une scène de cet acabit.
Quand Bubbles apprend qu’il est séronégatif pour le VIH.
Le plus fort, c’est que dans les premiers plans où il va voir son parrain, je me suis dit : « Vache, il joue pas super bien le gars ! Il a pas l’air vraiment angoissé... Ca ne sonne pas très vrai son histoire d’incertitude autour de son statut sérologique. »
Et voilà ce qui arrive quand on se met à douter de The Wire.
On prend une grande claque.
Bubbles est déçu de ne pas être séropositif. Il envisageait cette possibilité non comme un fardeau supplémentaire, mais comme une conséquence sinon positive du moins juste de ses actes, la punition que lui a refusé la police et ceux qui persistent à ne voir dans la mort de son camarade qu’un accident involontaire. C’est déchirant et magistral. (Je me retiens depuis le début de ces reviews d’utiliser des superlatifs, mais là, quand même, je ne peux pas faire autrement.)

Je commence à envisager des parallèles entre Bubbles et Dukie... (Et ce ne me plait pas beaucoup !)
Lorsque, à la salle de boxe, pour le réconforter à la suite de brimades et de désillusions, Cutty explique que les règles de la rue ne s’appliquent pas au reste du monde, Dukie lui demande alors comment parvenir à ce reste du monde. Un grand silence s’en suit.
J’ai l’impression que cette scène marque pour Dukie le moment où il commence à s’avouer qu’il n’est pas fait pour la rue (comme il ne l’était pas pour l’école) et qu’il n’a pas sa place à Baltimore dans ce qui lui est accessible. Que peut bien suivre ce genre de prise de conscience, à part le suicide ou la prise de drogue ? Je ne suis pas sûr que la dépression nerveuse suivie par le médecin de famille soit une possibilité pour Dukie.
Après avoir suivi la quotidien d’un drogué, puis les efforts pour se sortir de sa dépendance, je vois bien The Wire boucler la boucle en nous montrant ce que l’on n’a pas vu de Bubbles, ses premiers pas vers les injections.

Heureusement que Lester est là pour nous remonter le moral en appelant Marlo sur son téléphone portable et lui commander à manger.
Car ça avance, ça avance vite du côté de la police. L’intrigue du serial killer fusionne avec celle de l’enquête sur les meurtres des taudis grâce à un concours de mensonges entre Templeton et McNulty.
Mais du point de vue de la vie privée de ce dernier, ça s’annonce moins rose (bien que je sois assez lucide sur l’évolution de l’affaire). Beadie vient demander des conseils à Bunk tandis que Elena, son ex femme, le supplie d’ouvrir les yeux et de se rendre compte qu’il est en train de gâcher sa relation. On notera que dans un épisode où les intrigues principales avancent à grand pas on prend le temps de s’attarder sur les à-côtés de leurs mondes, sur les victimes de leur quotidien (même si les positions de Beadie et Elena sont bien plus enviables que celles de Dukie et Bubbles).

Reste la grande question de l’épisode. Où est passé Omar ?
Il échappe à un piège tendu par Marlo, Chris, Snoop et... Michael en sautant du balcon d’un immeuble. Et pas du premier étage. Pourtant, son cadavre ne gît pas au sol. A la déception... et la surprise de ses assaillants.
Je n’ai aucune idée de ce qui s’est passé, je n’ai pas de théorie complexe, ni de blagues à faire... (Enfin si, mais évoquer Torchwood ou Heroes dans une review de The Wire ne me paraît pas bien sérieux). Alors le mieux que j’ai à faire, c’est d’aller voir de suite l’épisode suivant.

Jéjé
P.S. Oui, je suis en retard.
Notes

[1Pour ne pas spolier ceux qui n’aurait pas vu le 5.10