Et nous sommes très heureux d’annoncer qu’à 2000 notes (et 125 séries) près, nous avons réussi notre pari.
Le classement des meilleures séries du semestre
(Presque) Comme tout le monde
Avec l’augmentation vertigineuse du nombre de séries produites aux US depuis quelques temps et notre esprit qui n’a jamais cessé d’osciller entre la mauvaise foi et le complexe de supériorité, on attendrait d’un TOP 10 perdusien des meilleures séries du moment qu’il soit une liste baroque de pépites improbables et méconnues.
Et pourtant, à première vue, comme l’année dernière, à la même époque, nous voici avec un haut de classement archi consensuel, qui ressemble aux nominations des Golden Globes avec leurs lots de dramas sérieux Very Prestige TV et de nouveautés qui brillent dans la nuit.
Et cette fois-ci, pas de Real Housewives pour affirmer une quelconque identité.
Il y a bien The Middle, mais après tant d’années sur les marches du podium, elle ne peut à elle seule atténuer le sentiment de notre participation à un chœur des louanges un peu myope.
On va s’en remettre, hein, d’autant que The Leftovers et The Handmaid’s Tale sont parmi les saisons les plus mieux notées depuis l’histoire de nos tableaux et qu’on pourrait vous vanter avec un enthousiasme sans faille les mérites des huit autres pendant des heures [1].
En regardant le tableau de la fin 2016 avec un TOP 10 constitué uniquement de comédies moins "évidentes", on se dit qu’il a des raisons de calendrier à tout ça : avec la deadline pour les Emmys fixée au début du mois de juin, les diffuseurs jouent toutes leurs cartes prestigieuses au même moment et qu’il y ainsi plus de chance de trouver au premier semestre de la Prestige TV réussie au vu de la quantité déversée...
Et de la Prestige TV comme The Leftovers, The Handmaid’s Tale ou Big Little Lies, on en redemande [2].
On se dit aussi qu’avec l’offre pléthorique actuelle, on finit par ne découvrir que des séries qui fonctionnent dès les premiers épisodes sur des chaînes qui ont fait leurs preuves dans le passé (HBO, FX...) ou sur les plateformes de streaming récentes, attirés que l’on est par leur côté "transformateurs du secteur" et des réussites artistiques indéniables (Netflix, Amazon, Hulu...).
Parce que le temps n’est pas extensible, on ne s’est pas intéressé (ou a pensé pouvoir remettre à plus tard) ce qui s’est passé sur de nombreuses petites chaînes de basic cable : au doigt mouillé, on a regardé 20 à 25% de l’offre des networks, des grosses pointures du streaming et du Premium Cable. En ce qui concerne le dit Basic Cable, on tourne à 5%, et on n’a pas regardé Underground sur WGN, on n’a pas regardé Green Leaf sur OWN, Lopez sur TVLand, Angie Tribeca sur TBS, 12 Monkeys [3] sur Syfy...
Finalement, une spécificité de ce tableau dans ce contexte, c’est l’absence de trois grosses pointures de la production dont/que tout le monde parle/regarde :
— Fargo (personne n’a dépassé les premiers épisodes d’une saison qui semblait partie pour un remake sans souffle de la première)
— Twin Peaks, parce que comme le dit Drum, le seul à la regarder, Ta Gueule David Lynch, T’es Moche
— Better Call Saul (là, y’a pas vraiment d’explication...)
TOP 10 Bis
Un gros intérêt de ce tableau réside probablement dans les séries que l’on a classées de la 11ème à la 20ème position. Ce sont des séries qui ont beaucoup moins fait parler d’elles, qui n’auront jamais l’étiquette "chefs d’œuvres absolus" , qui ne draineront pas une cohorte de fanatiques dévoués, mais qui, progressivement et discrètement, en s’appuyant sur les formats éprouvés du récit sériel, tissent des univers et des groupes de personnages divers, originaux et attachants.
Donc, si après les mastodontes du TOP 10, il vous reste du temps, regardez du côté du personnel d’une grande surface, d’actrices hollywoodiennes vieillissantes, de la famille cubano-americaine d’une ado lesbienne, de flics amusants de Brooklyn, c’est la garantie de trouver le plaisir des "bonnes séries".